• PMA étendue

     

    Toute la période durant laquelle se sont déroulés les débats puis le vote sur la loi du mariage pour tous, a pris des allures de psychodrame national.
    Partant de ce constat, nous pouvons tabler que les débats qui aborderont le sujet de la PMA étendue, puis plus tard, celui de la GPA, ne seront probablement pas  beaucoup plus sereins !

    Le point le plus gênant, lorsqu’il est question d’éthiques, c’est que la commission du même nom ne répond pas à toutes les questions.
    Le flou ouvre des failles et les débats finissent par être confisqués par deux camps au militants :
        
    - Le camp de ceux qui s’érigent en gardien d’une morale conforme à une certaine orthodoxie ancestrale, 
    et,
    - Le camp de ceux qui vivent un drame personnel, et qui au nom de leur ressenti estiment qu’aucune limite ne peut être opposée à leur demande.

    Il y a un match tendu entre idéologie et pulsion, avec les politiques dans le rôle de l’arbitre.

    Les trois compères s’imposent et mettent hors-jeu toutes les positions équilibrées tendant à rechercher l’objectivité raisonnable.

    Il nous parait donc utile d’émettre rapidement une opinion avant que les vociférations emplissent tout l’espace médiatique et que la raison soit obligée de se retrancher aux abris.

    Nous souhaiterions ici introduire le point de vue d’un monde que l’on ne consulte jamais, sous prétexte qu’il est silencieux et qu’il ne semble pas être partie prenante.
    Nous parlons pourtant de ce qui est au cœur de la condition humaine, le monde psychique, celui-là même qui n’a d’autre objectif que l’essor du vivant.

    Les trois thèmes qui sont en jeu, lorsqu’on parle de PMA étendue et de GPA sont ceux de la pulsion, de la filiation et de la cohérence. 

    Il convient de préciser que le monde psychique et les processus inconscients figurent le réel à l’état brut, l’objectivité tout nue au moment même ou elle sort du puits.

    Cela veut dire que le psychique est indépendant de toute idéologie.
    Il ne cherche pas à faire du politiquement correct, il ne cherche pas à faire la morale et il cherche encore moins à coller aux canons des pensées dominantes ; 
    Bien que construit avec les briques de l’inconscient collectif, il est fait d’indépendance et de singularité à l’état natif.   

    Commençons par la pulsion, et ce « désir d’enfant » si souvent évoqué.

    Que savons-nous de la pulsion ?

    Il est établi qu’intrinsèquement la pulsion est innocente ;
    cela veut dire qu’elle est naturelle et que le message qu’elle délivre ne peut être évalué par aucune morale collective ni par aucune philosophie.
    Ce message ne peut être que constaté et évalué à l’échelle de l’individu, il est personnel, chacun d’entre nous le reçoit et se détermine vis-à-vis de lui selon ses critères propres. 

    Tant qu’il n’y a pas d’acte, tout reste dans les têtes et dans les cœurs et appartient à chacun.

    Il est également établi que les pulsions sont équivalentes entre elles.

    A titre d’exemple, une pulsion qui porte une image sociale positive, comme le désir d’enfant, est absolument équivalente à une pulsion socialement moins bien vue, telle que la pulsion sexuelle, qui selon certains clichés, se teinte d’une connotation plus ou moins menaçante.  

    Psychiquement parlant, il n’existe aucune hiérarchie de valeur pour les différencier ;
    il n’y a pas de bonnes ni de mauvaises pulsions, ce n’est que la façon dont chacun se détermine par rapport à elles qui peut être évalué en termes de bon ou mauvais, de légal ou d’illégal.

    Lorsqu’on se détermine, nos actes entrent dans le champ de la conscience sociale, et là, ils peuvent alors être légitimement évalués par la morale collective et par la loi.

    D’où vient la pulsion ?

    La pulsion est généralement liée à la chimie du corps, elle agit comme une balise qui nous renseigne de là où nous en sommes sur le cadran de notre horloge biologique.  

    En l’absence de toute pathologie, la pression pulsionnelle influe plus ou moins subtilement sur nos centres d’intérêts.
    De fait, nous devenons enclins à rechercher un environnement social favorable aux rencontres et à la réalisation de nos désirs.

    Si nous restons sur les exemples vus plus haut, la pulsion sexuelle orientera notre socialisation vers des rencontres qui permettront, entre autres, d’avoir une sexualité épanouissante, et le désir d’enfant, orientera, entre autres, notre socialisation vers des personnes pour lesquelles la notion de foyer est importante.

    Qu’est-ce qu’un foyer ?

    L’idée de foyer tourne autour d’un sentiment fondateur, d’un nouveau point de départ dans l’existence.  Il contient l’idée d’une nouvelle origine à partir du sentiment de se sentir en famille avec quelqu’un que l’on a connu à l’extérieur. (Extérieur, par opposition à la famille d’origine connue depuis la naissance).   

    Ces notions existent indépendamment de tous les standards de représentation traditionnels. 
    Les préférences sexuelles n’entrent pas en ligne de compte, tout foyer qui diffuse cet environnement familial, quel que soit sa composition, est légitime par le simple fait qu’il existe, il n’y a aucune exception.  

    Il est à noter que l’avènement non pathologique d’une réalisation dont la pulsion est le ressort, passe toujours par une rencontre.

    Le corolaire est que la réalisation d’un désir impliquant une autre personne, sans qu’il y ait d’échange sensible avec elle, est totalement pathologique et porte nom.

    Le fait de vouloir interférer avec autrui sans qu’il y ait échange sensible s’appelle « la réification de l’autre ». 
    Pour faire simple, l’autre est vu et/ou utilisé comme un simple objet au service de l’assouvissement de sa pulsion. 

    Nous voyons tout de suite de quoi il s’agit lorsque nous parlons de l’assouvissement d’une pulsion sexuelle.
    Passer à l’acte, sexuellement, à sa seule initiative comme si l’autre n’était qu’un objet est objectivement amoral. Le viol et l’abus sont caractérisés et sur le plan légal il s’agit d’un crime.

    Par contre, lorsqu’il est question d’une autre pulsion, celle du désir d’enfant ;
    même quand la dimension de la rencontre est absente,  
    même quand l’individu n’a fondé aucun foyer et veut assouvir son désir sur sa seule volonté, 
    il demeure très difficile de convaincre du fait que nous sommes, là aussi, devant un grave dysfonctionnement qui peut, à bon droit, être vu comme abusif.      

    Pourtant, il est flagrant que dans ce cas-là, la notion de foyer utilise l’enfant comme élément fondateur.

    Que le foyer existe pour l’enfant, on veut bien l’entendre ;

    Mais…., que le foyer existe par l’enfant, psychiquement parlant, ça fait des cours circuits partout !

    En effet, dans un tel schéma, l’enfant devient un membre fondateur du foyer, au même titre que le serait un conjoint, ce qui est une aberration psychique.    

    Lorsqu’un foyer existe PAR l’enfant, au niveau symbolique, c’est comme s’il était son propre père, la maman ayant conçu le foyer avec lui.  

    Malheureusement, le problème ne s’arrête pas là.

    Lorsqu’on est dans cette configuration, la relation parent/enfant se fait happer dans un complexe incestuel qui crée de la confusion à tous les niveaux. 

    Ce sont des confusions qui ne sautent pas tout de suite aux yeux et la mauvaise foi des idéologies peut en nier les effets.

    Cependant, sur le strict plan analytique, sans référence à la morale ou à l’idéologie, lorsqu’une femme célibataire, et soyons bien précis, je ne parle ici que des célibataires pures et dures qui rejettent toute notion de foyer, que ce soit avec avec un homme ou avec une autre femme, veut bénéficier d’une PMA pour constituer une famille faite d’elle et de son enfant, …..
    Tous les voyants de la bonne règle psychique se mettent au rouge !

    Bien sûr, la pulsion a un côté impérieux qui peut donner l’impression d’être irrépressible, mais s’il est demandé à toute personne civilisée de comprendre sa pulsion sexuelle, de l’apprivoiser et de la mettre en perspective avec la réalité  du monde, ce qui peut parfois conduire à s’abstenir, 
    la dignité humaine commande que l’on attende la même chose vis-à-vis de toutes les pulsions, y compris celle qui concerne le désir d’enfant.

    Soyons clair : Une certaine pensée idolâtre semble aujourd’hui vouloir sacraliser la pulsion du désir d’enfant alors qu’elle n’est jamais qu’au même rang que toutes les autres.

    Intéressons nous maintenant au sujet de la filiation.

    Même si l’adoption n’est pas au cœur de notre sujet, on ne peut se passer de l’évoquer dès lors que l’on parle de filiation.

    Nous savons que le monde psychique est capable d’adaptation et qu’il œuvre dans le sens de la croissance et de l’épanouissement.

    Lorsque pour X raison des parents laissent des orphelins, ces derniers doivent trouver des images parentales de substitution pour leur construction.

    Dans l’absolu, c’est parmi les adultes du cercle familial proche que les orphelins peuvent être idéalement recueillis.

    Ces adultes là ne sont pas demandeurs, ils n’ont pas le statut d’adoptants, mais ils s’adaptent au coup du sort qui a fait des orphelins et tiennent leur rôle.

    Dans ce cadre-là, les couples proches, ou à défaut des adultes seuls, grand frère, oncle grand père… ou sœur, tante, grand-mère… peuvent devenir des refuges familiaux très adaptés, même s’ils sont célibataires.

    Lorsque, par contre, il n’existe plus aucune filiation biologique et qu’il est question de chercher au dehors des parents adoptifs, là, les candidats célibataires, homme ou femme, posent problème. 
     
    Même si l’adoption n’est pas la PMA, adopter en tant qu’adulte célibataire recrée le même schéma que vu précédemment avec la création d’un foyer par l’enfant.
    Nous avons déjà vu à quel point une telle situation est intenable.   
      
    Par contre, dès lors que le foyer est déjà constitué la capacité d’adoption s’émancipe des représentations familiales traditionnelles, l’homosexualité ne disqualifie pas un couple pour ce qui est d’accueillir, de protéger et d’éduquer.
    Même au sein d’un couple du même sexe, la psyché de l’enfant saura trouver le vecteur qui le liera à l’archétype maternel et celui qui le liera à l’archétype paternel. 

    Des trois thèmes induits par le sujet de la PMA étendue, celui de la filiation est le plus facile à cerner puisqu’il est universellement acquis que la filiation peut s’émanciper de la lignée biologique et s’inscrire dans une lignée familiale fondée par un foyer.

    Il nous reste maintenant à nous intéresser au thème de la cohérence. 

    L’angle le plus souvent évoqué pour justifier la PMA étendue est qu’au nom de l’égalité des droits, on ne peut pas dire oui à des femmes engagées dans des relations hétéro et non à des femmes engagées dans des relations homosexuelles.

    Sur le plan du droit, l’argument est incontestable, sa logique est implacable et notre sens de l’égalité républicaine nous le fait approuver sans réserve.

    Par contre, sur le plan de l’entendement psychique, c’est une toute autre histoire. 

    La cohérence est un élément fondamental de l’équilibre psychique.

    Tous les ordinateurs du monde affichent des messages d’erreur si dans un programme de calcul on demande la division d’un produit par zéro. 
    C’est incohérent, c’est une opération impossible, ils ne peuvent pas la faire, 

    De la même façon, toutes les psychés du monde entrent en stress foncier lorsqu’on leur demande d’admettre que l’amour de deux femmes entre elles peut être biologiquement féconds.

    Lorsqu’on dit oui, pour la PMA à une femme impliquée dans un foyer hétéro, on donne un coup de main à la nature pour réaliser ce qu’elle aurait dû réaliser s’il n’y avait pas eu un obstacle quelconque.
    La sphère psychique ne s’en trouve pas perturbée puisque tout reste dans l’ordre connu des choses.

    Lorsqu’on dit oui pour la PMA à une femme impliquée dans un foyer ou le sentiment amoureux se réalise auprès d’une autre femme, on met la psyché en face d’une double contradiction, la première vis-à-vis du sentiment amoureux, la seconde vis-à-vis de la cohérence.

    Le sentiment amoureux est mis à mal par une conception qui ne peut pas être due à l’être aimé. 

    La conception vient d’un géniteur extérieur au couple, ce qui jette une ombre sur la sérénité du sentiment amoureux.
    Le sentiment amoureux se trouve hanté par une présence invisible étrangère au foyer, ce qui crée nécessairement et mécaniquement un stress diffus dans la relation.

    Là aussi, les mauvaises fois et les convictions passionnelles peuvent nier ce point parce que ça les arrange de le faire, mais personne de sérieux ne peut occulter la présence et le parasitage du père fantôme dans l’inconscient du couple homosexuel qui a bénéficié d’une PMA.

    La cohérence est aussi mise à mal, la filiation biologique au sein d’une relation qui ne peut pas la permettre soulève interrogation.

    Vouloir obliger l’être à enfanter à partir d’une relation par nature infertile revient à l’obliger à diviser par zéro, à faire quelque chose d’impossible.

    Si les constructions mentales peuvent s’accommoder d’une telle situation et construire des discours idéologiques qui justifient la PMA pour les couples homosexuels, la psyché ne sait pas composer avec l’impossible et les conditions névrotiques se mettent discrètement en place avec la bénédiction de la loi.

    Avec l’extension de la PMA, le législateur pense mettre fin à une injustice alors qu’il participe au trouble sociétal en aidant certaines personnes à fuir leur réalité et à s’émanciper de tout questionnement  philosophique ou moral. 

    C’est un peu comme si, là aussi, la pulsion était un commandement divin devant lequel tout devait se soumettre, quitte à briser la cohérence du psychisme et du sentiment.

    Dans le sujet qui nous intéresse, l’homosexualité fait partie du monde instinctif, l’amour homosexuel fait partie du psychique, la parentalité qui échoit de fait à des individus, à des couples d’individus, qu’ils soient hétéro ou homo fait partie du psychique et de ce qu’il sait appréhender. 

    Par contre, ce que le psychique sait, parce que cela fait partie de sa base de données structurelles, c’est que l’amour homosexuel n’est pas fertile.

    Vouloir imposer au psychique une réalité qui n’est pas la sienne et qui ne devient  possible qu’au travers d’une lourde intervention médicale ou d’une transaction avec un tiers revient à assassiner le sens et à forcer le psychique.

    Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme !
    L’incohérence détruit.
    Au fil du temps, des débris faits d’amertume et rancœur  sédimentent dans le marigot social et finissent par le scléroser.   


    Violences, hystérie, frustrations, superficialité, fuite en avant, égoïsme, irresponsabilité sont la rançon de toutes les incohérences que les sociétés imposent à leur membre.

     

    Les psychanalystes n’iront pas manifester contre la PMA étendue, elle n’est qu’une incohérence qui s’ajoute à toutes celles qui naviguent déjà dans l’inconscient collectif.


    Ils ne sont que les porte-parole du psychique, et comme lui, ils n’imposent rien, ils parlent un temps puis ils se taisent, laissant chacun développer sa pensée personnelle ou se diluer dans le grand n’importe quoi d’une pensée dominante délétère qui élude toute question sur le sens.



     


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  • Il y a des clés à connaître pour comprendre et démanteler ces situations.

    Sur le plan psychique,
     toutes les violences sont phalliques, archétypale et aliénantes. Cela veut dire qu'une violence quelle qu’elle soit; y compris la violence carentielle malgré son apparente passivité, a très exactement les mêmes conséquences psychiques qu’une agression sexuelle factuelle. 

    Sur la caractéristique phallique :

    Si toutes les atteintes sexuelles et toutes les violences n’ont pas le même impact selon qu’elles s’imposent par la force, par la ruse, par la séduction ou par l’injonction, elles ont toutes des traits communs, à commencer par celui d’être imposées.

    C’est le fait de pénétrer un espace physique ou psychique en s’imposant qui caractérise l’aspect phallique de l’acte.
    Peu importe que ce soit à l’aide de coups, à l’aide d’un objet, d’un pénis ou à l’aide d’injonction, nous avons de toute façon à faire, sous une forme ou sous une autre, à une pénétration forcée de notre espace privatif.    

    Sur la caractéristique archétypale :

    Il convient de savoir que de façon tout à fait indépendante, à la fois de notre volonté et de notre pensée consciente, mais exclusivement selon un automatisme logique, le simple fait que nous soyons des êtres mortels qui ne connaissent pas l’heure de leur mort, nous subordonne à une autorité archétypale.

    Attendu que la nature ne tolère pas le vide, pas plus le vide physique que psychique ou que philosophique, le fait de ne pas contrôler la survenue de ce dernier moment, bien que nous ayons la certitude qu’il va survenir, induit automatiquement, selon la logique psychique, le sentiment que quelque part, ailleurs, hors de nous-même, ou en tout cas hors de portée de notre conscience, quelqu’un sait.  

    Quelqu’un d’autre que nous, peut-être aussi nous, mais autre que tel que nous nous connaissons, sait ce que notre conscience ignore.
    Et, parce que ce quelqu’un sait ce que nous ignorons concernant la poursuite ou pas de notre vie, et que d’une certaine façon  il tient notre vie entre ses mains, il est auréolé d’une supériorité hiérarchique que le psychisme reconnait et respecte.
    Cette instance supérieure douée d’un savoir que nous n’avons pas génère une influence, un courant, une pression, un flux, face auquel nous devons nous déterminer.
    En d’autres termes cette instance est de nature archétypale et il ne s’agit ici de rien d’autre qu’un des aspects de l’archétype paternel.   

    Même si nous refusons cette allégation de toutes nos forces au nom de notre dignité libertaire qui ne veut ni Dieu ni Maître, même si elle révulse notre fond laïque républicain, qu’il se carapace d’athéisme ou pas, cette réalité est un pilier inamovible du psychisme.
    Comprenez bien que nous ne parlons pas d’une réalité objective.
    Je ne sais pas si quelqu’un quelque part tient notre vie entre ses mains, ce que je dis c’est que le psychisme fonctionne comme s’il s’agissait pour lui d’une réalité flagrante et qu’il s’organise autour de cette réalité.
    Et, parce que le psychisme est ce qu’il est, nous n’avons pas d’autre choix que de composer avec lui puisque nous ne maîtrisons pas la mise en place de ses structures.
    C’est cette particularité psychique liée à la hiérarchie du savoir et à la propension naturelle au respect envers celui qui sait, que les malveillants connaissent, puis  détournent et manipulent en vue d'asseoir une position d’autorité sur leurs victimes.

    Le jargon psychanalytique utilise justement le terme de "sachant" pour qualifier le pervers qui met en œuvre une emprise psychologique sur autrui au moyen d’une prétendue connaissance irréfutable puisque inspirée, voire sacrée.  
       

    Sur la caractéristique aliénante :    

     

    On peut parler d’aliénation chez un sujet lorsqu’il interrompt ou dévie de sa trajectoire personnelle sous l’influence d’une pensée étrangère à lui.
    Nous ne parlons pas ici d’une adaptation à un milieu qui change, ni d’un conseil ou d’une suggestion que le sujet évaluera et suivra ou pas, nous parlons d’une pensée étrangère qui ne laisse pas le choix, qui s’impose et induit un tempérament, une manière d’être et une manière de penser qui ne correspondent ni à la nature du sujet ni à ce qu’il aurait fait ou pensé s’il n’avait pas été sous influence.  
     
    Nous parlons clairement ici d’une emprise, d’une prise de contrôle, l’aliénation c’est ça, et peu importe que l’emprise soit la conséquence d’un autoritarisme assumé ou d’une carence qui la délègue à autrui, le résultat est que le sujet passe à côté de sa vie aussi longtemps qu’il ne se révolte pas contre ceux qui s’ingénient à le rendre malheureux.


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  • Le rêve que nous allons analyser est celui de Louise, une petite fille de 11 ans, ou tout au moins qui avait 11 ans lorsque le rêve m’a été confié. Les parents qui me l’avaient présentée pour des raisons inutiles de préciser ici ont accepté de participer à un travail familial et c’est après une dizaine de séances que ce rêve est survenu.

     Louise voyait une île sur la mer où se trouvait un jardinier.

     L’île était partagée en deux : d’un côté se trouvaient des palmiers, de l’autre des sapins.

     Louise se retrouve sur l’île à côté du jardinier et une nuée noire de canards approche soudain de l’île.

     Louise et le jardinier se réfugient sur un palmier mais ne peuvent ensuite ni monter ni descendre car les canards noirs bloquent le haut et le bas.

     Puis au loin s’approche une immense raie volante dans le ciel et qui s’arrête à hauteur du tronc.

     Louise et le jardinier montent sur la raie, Louise prenant des objets de sa grand-mère.

     La raie vole alors vers la maison de la GM paternelle.

     Cette dernière ouvre la porte, elle est maussade, sombre…

     Louise se dirige vers une chambre qui est l’ancienne chambre de son père.

     Elle y dépose les objets.

     Ensuite la raie s’envole avec le jardinier et ils retournent sur l’île.

     Louise, elle, se retrouve avec plusieurs autres enfants dans une rue sombre qui mène à son école. Approchant de l’école, cette dernière est éclairée, normale, accueillante.

     

    Le rêve démarre comme un rêve initiatique.

    Il y a une île sur la mer que Louise voit, c’est-à-dire que le moi de la petite fille émerge à la conscience au fur et à mesure qu’elle grandit et sort de l’enfance et qu’elle est invitée à voir ce phénomène qui la concerne intimement.

     

    Le jardinier représente l’instance psychique qui est à l’œuvre pour la faire croitre et cultiver ses potentiels personnel.

    Il est une image de son animus.

    Compte tenu de son âge, l’animus n’apparaît pas sous les trais d’un amoureux ou de tout autre personnage masculin

    érotisé, Il apparaît sous celui d’une figure bienveillante non sexuée mais quand même masculine, c’est-à-dire encore sous l’influence de l’image paternelle.

     

    L’île était partagée en deux : d’un côté se trouvaient des palmiers, de l’autre des sapins. 

    Il convient de préciser que le père de Louise est originaire d’une ville de la riviera méditerranéenne connue pour ses palmiers et que sa maman est originaire d’une région de montagne, couverte de sapins.

    Riche de ces éléments, il est facile de conclure que les deux types d’arbres représentent les lignées de ses ascendants et qu’à l’aide de son ami le jardinier Louise est en train d’inventer sa culture personnelle, bien à elle, à partir de ses deux héritages.

     

    Louise se retrouve sur l’île à côté du jardinier et une nuée noire de canards approche soudain de l’île. 

    Ici, les ennuis commencent puisque une nuée noire vient obscurcir le ciel tranquille.

    Nous devons comprendre que la sortie de l’enfance et les premiers pas vers l’âge adulte et l’autonomie déclenchent

    des angoisses qui menacent l’émergence du moi.

    Le fait de sortir de l’enfance est un fait naturel qui n’est pas anxiogène en soi.

    Nous devons donc comprendre qu’il y a quelque part dans l’inconscient de quelqu’un qui lui est proche, le refus ou

    la crainte de la voir grandir.

     

    Pour donner quelques explications sur les canards il faut savoir que le père de Louise avait grandi dans un quartier populaire, que sa scolarité avait été quelque peu conflictuelle et qu’il s’était fait longtemps traiter de vilain canard…Et que même aujourd’hui, quelque part il se vivait encore comme un vilain canard.

     

    On peut donc, à ce stade soupçonner que les angoisses que subit Louise sont induites par le papa…mais nous verrons que ce n’est pas si simple, ou en tout cas que ce n’est ni tout à fait vrai ni tout à fait faux…

     

    Louise et le jardinier se réfugient sur un palmier mais ne peuvent ensuite ni monter ni descendre car les canards noirs bloquent le haut et le bas. 

    Là, Louise est vraiment cernée et le jardinier, son moteur psychique, ne peut pas l’aider en l’état.

    Les canards noirs bloquent le haut, cela signifie que Louise ne peut pas trouver de solution par la réflexion.

    Les canards noirs bloquent le bas, cela veut dire que les instincts non plus ne peuvent venir la secourir.

     

    Puis au loin s’approche une immense raie volante dans le ciel et qui s’arrête à hauteur du tronc. 

    C’est ici qu’on voit que la vie est bien faite…Alors que Louise est bloquée dans sa croissance, la voilà qui est secourue par son devenir.

    Souvenez-vous, le jardinier a planté du potentiel d’épanouissement et avec la raie nous voyons arriver les fruits de

    ce qui a été planté.

    La raie est une représentation de sa féminité naissante et du pouvoir par le charme que cette féminité procure.

     

    Louise et le jardinier montent sur la raie, Louise prenant des objets de sa grand-mère. 

    La raie ici peut être comparée par la forme et par la fonction au tapis volant des contes orientaux.

    Le charme procure de la confiance en soi et donne la capacité d’atteindre ses buts.

     

    Je vous demande ici de bien regarder car il y a une transformation : Les angoisses ne sont plus là, puisque la raie offre un échappatoire, et dès lors que l’on est plus sensible à la menace, les nuées sombres et mouvantes représentées par la

    multitude des canards apparaissent désormais sous forme d’objets immobiles qui représentent toujours l’angoisse, mais une angoisse dépassée, contrôlée, contenue, identifiée.

     

    Nous comprenons que ces objets facteur d’angoisses sont ceux de la grand-mère, c’est-à-dire que si nous soupçonnions le papa tout à l’heure, nous nous apercevons maintenant qu’il n’est pas la source originelle de ces angoisses mais qu’il en a été la victime et aussi le porteur puisque c’est à travers lui que Louise les a rencontrées.

     

    La raie vole alors vers la maison de la GM paternelle. 

    Puisque Louise a identifié ce qui la préoccupe, elle sait désormais à qui aller demander des comptes, et elle ne se gêne pas pour y aller.

     

    Cette dernière ouvre la porte, elle est maussade, sombre… 

    Il faut savoir que la grand-mère paternelle de Louise est aussi originaire de la riviera et que dans la vraie vie, au quotidien c’est quelqu’un d’enjoué et de jovial….Mais comme ici Louise est de l’autre côté du miroir, qu’elle a accès au-dessous des cartes, elle voir désormais tout ce qui se cache derrière les apparences joyeuses de la grand-mère.

     

    Louise se dirige vers une chambre qui est l’ancienne chambre de son père. Elle y dépose les objets. 

    Nous pourrions qualifier ce segment du rêve de retour à l’envoyeur.

    Par son attitude décidée et son geste précis Louise dit en substance à son père et à sa grand-mère qu’elle n’est pas concernée par leurs histoires, qu’elle remet les choses à leur place et que la mère et le fils n’ont qu’à régler leurs problèmes entre eux sans chercher à lui faire porter le fardeau !

     

    Ensuite la raie s’envole avec le jardinier et ils retournent sur l’île. 

    Louise, elle, se retrouve avec plusieurs autres enfants dans une rue sombre qui mène à son école. 

     

    Approchant de l’école, cette dernière est éclairée, normale, accueillante. 

     

    Une fois que les objets intrus ont été remis à leur place, l’union sacrée entre conscient et inconscient, ce moment intense et exceptionnel lié à la menace n’a plus lieu d’être, chacun peut retourner à ses occupations dans son propre monde.

    Le jardinier, dans le monde inconscient, retourne à son travail de croissance sur l’île.

     

    Louise, dans la vie de tous les jours retourne à l’école, et c’est ici que nous voyons la dernière transformation :

    Cette rue sombre qui mène à l’école, c’est-à-dire cette difficulté à grandir au quotidien, avec des incidences réelles sur la scolarité, ce passage sombre, débouche sur un lieu lumineux et accueillant, c’est-à-dire qu’après l’épreuve passée avec succès se trouve la récompense de se sentir bien dans sa peau en phase avec soi-même et confiant en son devenir.

     

     


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  • Suite aux événements de la nuit de Noël à Ajaccio, une foule en colère s’en est pris à la population du quartier ou s’était produite l’attaque contre les pompiers.

    La foule reprochait à ces habitants d’être des agresseurs, des arabes, des musulmans.    

    Pour faire bonne mesure, les manifestants ont dévasté une mosquée, ce qui a constitué le point d’orgue de la violence physique.

    A ce stade, si nous mettions en parallèle une attaque de pompiers avec les enjeux qui secouent le monde, nous pourrions convenir qu’il y a une dramatisation disproportionnée pour des incidents relativement communs.

    Il s’en produit tous les jours en Europe et il n’y a peut-être pas besoin de faire toute une analyse psychologique là-dessus…

    Quoique !

    A Ajaccio, nous avons assisté à une première fois.

    Tous ces incidents ont tous commencé par une première fois, timide et maladroite, puis ils sont montés crescendo en puissance et en sophistication.

    Ils font tellement partie des choses établies qu’on ne se souvient déjà plus très bien ni ou, ni quand, ni en quelles circonstances ils ont commencés.

    Du coup, il est extrêmement rare de voir un tel phénomène apparaître pour la première fois,  et il est extrêmement intéressant de pouvoir l’analyser dans son état natif.   

    De plus, il suffit de constater la réaction des habitants d’Ajaccio, sans parler de l’émoi national, pour constater que nous touchons à un sujet universel et sensible.

    On ne peut pas tout mettre sur le tempérament Corse, les enjeux sont beaucoup plus profonds et beaucoup plus fondamentaux qu’une simple poussée de fièvre sociale dans une ville réputée paisible sur ce plan là.

    Il convient maintenant de poser ceci : Il arrive que l’on puisse être gêné par la lecture psychanalytique d’un évènement, dans la mesure où cette vision, parfois,  peut sembler amorale.

    Il est certain que l’angle selon lequel la psyché contemple un sujet n’est pas toujours politiquement correct, mais, cela ne signifie pourtant pas qu’il soit amoral.

    Nous devrions plutôt parler d’un point de vue naturel, totalement émancipé de contingences diplomatiques, et il est logique qu’il en soit ainsi puisque ce qui est en jeu, c’est la façon dont notre moi profond analyse en première instance une situation objective.

    Notre détermination première est instinctive.

    Nous ne nous déterminons pas en première instance en tant qu’être social, mais en tant qu’être vivant qui veut le rester et qui compte exclusivement sur lui pour ça.

    Ce temps instinctif est très court, il n’est contenu que dans une fraction de seconde, mais il constitue le noyau de notre conviction. 

    Après, bien sûr, nous réglons notre attitude sur le sentiment général, mais même ainsi, nous ne censurons nos sentiments les plus primaires et recommençons à fonctionner en être social, altruiste, que dans un second temps.

    De fait, la toute première question réflexe  que l’on se pose face à un événement  n’est pas :
    <<qu’est-ce que les autres attendent de moi en ces circonstances ?>>
    Ou :
    <<Que dois-je penser pour être en phase avec le sentiment général et continuer à être socialement intégré ?>>

    La toute première question réflexe  est :

    <<Quel impact cet événement a-t-il sur moi, comment dois-je le comprendre et quelle conclusion dois-je en tirer pour le meilleur de mes intérêts ?>>

    La fonction qui nous fournit cette première analyse brute, instinctive et réflexe à partir de laquelle se détermine notre sentiment intérieur s’appelle l’intuition.

    Avant d’aller plus loin, la bonne pratique analytique nous conduit à observer un fait significatif des événements d’Ajaccio:

    Au cours de cette manifestation de colère spontanée, il y a eu des situations d’affrontement potentiel avec les habitants du quartier.

    Certains manifestants voulaient entrer dans les immeubles et en découdre, ou,  exfiltrer manu militari les responsables présumés pour leur faire un sort, mais d’autres les en ont dissuadé.

    Il n’y avait pas consensus, toute la foule ne voyait pas les habitants comme la cible utile de leur indignation.

    Là où il y a eu consensus, ce fut pour la dégradation de la mosquée.

    Là, oui, cette dégradation avait quelque chose de cathartique.

    Pour les manifestants, les choses prenaient tout leur sens et chacun se sentait  apaisé par cet acte ressenti comme un fait de justice.

    Traditionnellement, lorsqu’il touche  un groupe important de personnes, ce sentiment instinctif qui permet d’être renseigné sur un sujet à partir d’une simple base intuitive est appelé " La sagesse populaire".

    On pourrait s'insurger et en dire: C’est totalement irrationnel, on ne peut absolument pas reconnaître et donner droit à ce type d’intuitions, regardez le résultat : des insultes, du racisme, de la destruction…. Ce n’est pas de la sagesse populaire, c’est de la folie populaire !

    En tant que psychanalyste, nous nous devons de préciser les choses :

    -       Oui, le contact soudain et abrupt avec l’inconscient peut troubler le discernement et conduire à des actes insensés et détestables……Mais, ce n’est pas pour autant que le message, lui, ne serait pas intéressant et vrai.

    Cette assertion peut sembler troublante, mais considérez ceci :
    Lorsque des contenus inconscients impactent directement et brutalement la conscience ils changent de milieu sans transition.
    Il se crée de fait une réfraction et les choses ne sont plus vues comme elles sont.
    Ce qu’on voit est vrai, mais on ne le voit pas de la bonne  façon.

    Soyons plus concret : Tout le monde a fait l’expérience de tenir un objet droit, un bâton par exemple, et de le tremper à moitié dans l’eau.
    A l’œil, le bâton parait brisé en deux, mais bien sûr, il ne l’est pas, ce qu’on voit, n’est pas ce qui est, c’est la réfraction qui donne une fausse impression.

    De la même façon, dans les circonstances d’intuition directes, ce qui est dit par l’inconscient n’est pas entendu comme il le faudrait par le conscient, mais ce n’est pas pour autant que ce qui est dit est faux.

    Figurativement parlant, on pourrait considérer que l’inconscient contient des messages utiles, mais, qu’il agit comme un alcool fort sur la conscience lorsqu’il les délivre.

    Recevoir un message intuitif direct, c’est un peu comme recevoir un papyrus dans un cruchon de vodka, on ne peut accéder au message qu’après avoir englouti tout l’alcool.

    En d’autres terme : Lorsque les manifestants insultent,  menacent et cassent, ce sont des actes d’ivrognes, c’est l’effet de la vodka…..

    Mais avoir compris qu’à la base, l’agression des pompiers un soir de Noël relève du champ religieux, ça, c’est avoir reçu le bon message du papyrus.

    Il y a un autre point qui mérite d’être souligné concernant la puissance significative des intuitions premières :

    Ceux qui ont  agressé les pompiers n’ont pas crié de slogans pour se faire reconnaître comme musulmans et les personnes agressées ont juste témoigné du fait qu’elles avaient été confrontées à des jeunes du quartier. 

    Certes, les manifestants en colère savaient que les jeunes du quartier étaient pour la plupart arabes, mais ça restait insuffisant pour faire le lien avec la mosquée.

    Le fait d’être arabe n’est pas systématiquement associé au statut de musulman, on peut être arabe, libre penseur et concevoir la vie autrement qu’en se référant à l’islam.

    Pour autant, les manifestants ont spontanément associé ces deux statuts.

    Or, il n’y a que deux raisons qui font que l’on se rende avec autant d’immédiateté à de telles certitudes :

    Soit la réflexion intelligente  a été rendue inopérante par le poids d’apriori débilitant, et dans ce cas, les pensées sont mécaniquement aspirées, sans censure ni filtre,  vers une pente idéologique.
    Cette propension à l’idéologie est de nature destructrice, elle agresse le vivant et finit par s’extérioriser sous forme de violences multiformes envers autrui. ….

    Soit, il existe en chacun de nous un savoir intuitif inébranlable sur lequel il se fonde mordicus. 

    Une fois que l’on a vu ça, les choses se simplifient.

    En effet, pour nous déterminer en conscience par rapport à ces événements nous n’avons plus qu’à sonder deux hypothèses :

    1)    Soit la foule des manifestants fait ces raccourcis et amalgames parce qu’elle est constituée d’individus résolument xénophobes et racistes.
    Leur violente dangerosité entre en résonance avec les heures les plus sombres du fascisme et il faut absolument dénoncer et poursuivre ces groupes pétris de stéréotypes qui ne sécrètent que du venin…..  

    2)    Soit, la foule a dérapé inconsidérément par un excès d’émotivité et de colère, ce dont elle doit rendre compte devant la loi le cas échéant, mais, parallèlement à ça, elle dispose de données suffisamment établies sur lesquelles elle peut légitimement fonder sa conviction.
    Cette conviction accuse certains musulmans d’avoir commis une agression au nom d’une certaine vision de l’islam, ce qui en fait définitivement une affaire religieuse, une atteinte à la laïcité qu’il est indispensable de dénoncer et de poursuivre avec la même vigueur que lorsqu’on dénonce et poursuit le fascisme, le racisme et la xénophobie.

    Il convient donc  de décrypter les événements de la nuit de Noël.

    Nous devons chercher à savoir si des islamistes ont voulu créer un précédent à Ajaccio, ou si des gamins farceurs ont juste poussé le bouchon un peu trop loin.

    Nous pouvons mener notre analyse à partir des acquis dont nous disposons.

    Il est acquis que les actes de simple incivilité ne contiennent pas de messages collectifs.
    Les incivilités sont l’extériorisation d’un état intérieur, elles ne s’expriment que lorsqu’un individu ou un groupe d’individu  est en phase d’excitation ou de crise.

    Un tel état est imprédictible dans la mesure où c’est le vécu récent qui est le principal déterminant des dispositions émotives de ces sujets.

    Or, nous savons, par les premiers éléments de l’enquête, que l’attaque avait été préméditée, que des objets inflammables tels que des palettes avaient été stockés dans le quartier comme préparatif à l’incident.

    La préméditation permet d’éliminer en partie l’hypothèse d’une banale crise de groupe puisqu’elle ne cadre pas avec l’imprédictibilité d’une délinquance d’humeur.

    En partie seulement car à côté de l’incivilité d’humeur il existe la possibilité d’un rébellion  d’adolescents envers des adultes qui se serait symboliquement projetée vers l’extérieur en s’attaquant à des instances sociales structurantes ( Pompiers ) et d’autorité ( police ).    

    Ceci étant, une telle crise  se déclare à n’importe qu’elle date plutôt qu’à une date symbolique comme le 24 décembre, même si elle peut aussi se produire un 24 décembre par pure coïncidence, mais il n’y a qu’une chance sur 365 pour que ce soit le cas.

    Sur ce sujet, nous savons aussi que les conflits de rancunes entre générations, qu’ils restent dans le domaine privé ou qu’ils soient projetés sur des figures symboliques extérieures, fonctionnent par cycles.
    Ils sont constitués de phases de montée en pression, qui sont les prémices d’une crise à venir, et de phases de paroxysme qui sont l’expression de la crise elle-même.

    Or, nous savons qu’il n’y a eu aucun événement précurseur qui aurait pu donner à penser qu’un feu était en train de couver.
    Nous sommes directement passés d’une situation calme  à une attaque violente qui a fait des blessés sans aucun signe avant-coureur.

    Cet ensemble de données nous permet d’établir que nous sommes en face d’un incident qui a été réfléchit et mis en œuvre avec l’intention de transmettre un message.

    Maintenant, jouons encore un peu les naïfs, et posons-nous la question : Ce message est-il islamiste ou est-il social ?

    A partir du moment où les auteurs décident de lancer un message, ils veulent qu’il ait le plus d’audience et d’impact possible, d’où le choix de s’en prendre à des symboles au niveau de la cible et au niveau de la date.

    Commençons par le choix de la date et prenons deux exemples imaginaires pour bien illustrer le sens que peut avoir une date choisie pour ce qu’elle représente symboliquement :

    Si les troubles s’étaient volontairement déclenchés le premier mai ou en conjonction avec d’autres dates d’actions syndicales, on aurait pu imaginer un message de dépit par rapport à une situation économique qui causait des problèmes ;

    S’ils s’étaient déclenchés le 14 juillet, on aurait pu imaginer de la défiance envers une république qui ne répartissait pas la liberté l’égalité et la fraternité à juste parts envers tout le monde….

    Le fait de déclencher les troubles le soir de la fête chrétienne par excellence  a pour conséquence de priver une société entière de son intime et peut être unique moment de paix et d’unité de l’année. 

    Avec Noël, nous parlons bien de la racine fondatrice d’une culture.
    Il s’agit d’une valeur abstraite mais quand même significative, au point que l’on peut, allégoriquement, parler d’âme culturelle, ce qui nous ramène, même allégoriquement parlant, à une notion de sacré.

    Cette teinte de sacré, lorsqu’elle irradie au sein d’une mosaïque nationale laïque, et qu’elle parvient à créer une même osmose entre croyants et mécréants, on peut à bon droit l’appeler une religion, dans ce sens où elle fait l’unité en reliant les gens.

    Ce n’est pas une religion classique, c’est plutôt un climat, c’est la France d’aujourd’hui avec ses limites et ses fractures, mais ce climat fait qu’un peuple vibre à l’unisson, dans une certaine euphorie communicatrice, le temps d’une soirée.

    Ce qui est attaqué le 24 décembre, c’est à la fois la chrétienté traditionnelle et l’humanisme unificateur français.

    Selon la loi des affinités et des prééminences, cette voix qui contredit le droit à l’existence de ces deux religions, ne peut être que la voix d’une autre religion, une religion concurrente qui veut parler plus fort que les autres, qui se veut exclusive et qui entends effacer tout ce qui n’est pas elle.

    Voilà que nous venons d’établir qu’il ne s’agissait donc pas d’un message social mais bien d’un message religieux de défi, même s’il n’apparait ici qu’à son stade embryonnaire, n’oublions pas que nous en sommes à la toute première fois ; mais peut-on pour autant parler d’islamisme ?

    Ce qui agace les savants coraniques, c’est que dans le mot islamisme il y a le préfixe islam.
    Ils ne tiennent absolument pas à ce que leur religion soit associée à un prosélytisme agressif ou à une violence antisociale, voire meurtrière…..

    Pour nous convaincre, ils nous expliquent avec véhémence que l’islam ce n’est pas ça, mais alors vraiment pas ça du tout, et qu’au contraire leur religion est un monde de paix, de tolérance et de respect……

    A priori, nous n’avons aucune raison de ne pas les croire.

    Du coup, nous voilà perplexe ! Ce serait donc une religion non identifiée qui serait passée à l’attaque le soir de Noël ? 
    Si nous comprenons bien, il s’agirait d’une religion qui détournerait et usurperait les codes de l’islam, une sorte de religion "ombre" de l’islam.

    Soit !

    En psychanalyse, l’ombre n’apparaît jamais de façon isolée, elle est toujours liée à la personne dont elle émane.
    C’est l’étendue et la qualité de la conscience qui fait que l’ombre puisse tendre à devenir autonome et menaçante ou bien rester circonscrite et stimulante.

    De fait, la position des savants traditionnels de l’islam est assez difficile à tenir lorsqu’ils nous déclarent la main sur le cœur que les djihadistes n’ont absolument rien à voir avec eux, mais alors, vraiment rien de rien…..

    Nous aurions un peu tendance à penser  qu’ils sont dans le déni et l’évitement, mais faisons leur crédit et disons qu’une religion ne puisse pas être regardée comme un regarde une personne ou un groupe social non religieux.

    Quoique il en soit,  quel que soit le nom qu’on lui donne ou qu’on lui refuse, ce dont nous devons prendre acte, c’est que nous sommes objectivement en face d’une mystique prosélyte, sure de sa force, qui se découvre et passe à l’action.

    Nous savons qu’elle est sure de sa force parce qu’elle attaque frontalement les symboles de l’état et les symboles de la religion  "autochtone".
    Attaquer frontalement cela signifie que l’on est pénétré de la certitude de vaincre.

    Attaquer frontalement c’est ne rien laisser en réserve, c’est être dans le tout ou rien, c’est la certitude de vaincre totalement et irrémédiablement sans laisser aucune place à l’autre.

    D’une certaine façon c’est une manière de contraindre le destin à accoucher d’un moment de vérité, ou plus exactement de contraindre le destin à entériner la vérité que nous voulons.   

    C’est au travers de cette volonté que la stratégie de ces sectateurs d’un nouveau type devient flagrante.

    Attendu que sur le terrain des religions ils sont certains de leur suprématie, le seul obstacle à leur consécration est la laïcité.

    Vous avez bien lu, nous n’avons pas dit l’état, nous avons dit la laïcité.

    L’état est constitué d’hommes et d’appareils politiques, or, ces hommes et ces appareils d’essence démocrate et républicaine vont  déjà chercher une part du financement  de leurs campagnes électorales dans les monarchies religieuses du golfe persique.

    Alors que ces monarchies se livrent à des exécutions à la chaîne et exposes leurs œuvres devant leur population, ces hommes et ces appareils d’état qui représentent le pays des droits de l’homme ne réagissent que d’un froncement de sourcils contrit. 

    Définitivement, les sectateurs de cette mystique, ombre de l’islam, savent que les hommes politiques peuvent se corrompre ou à défaut, s’accommoder d’idéologies assez diverses du moment qu’elles leur garantissent la position de pouvoir à laquelle ils aspirent.
    Ils savent que même dans une société moderne et occidentale, ils trouveront toujours des politiciens divers et efficaces, pour collaborer avec eux et faire accepter leurs valeurs……

    De fait, si les hommes et les appareils ne sont pas en eux même un rempart au déferlement de l’emprise de cette mystique "ombre de l’islam", les principes républicains inspirés par les lumières, eux, le sont, et c’est pour cette raison que les sectateurs activistes s’en prennent aux bases même des structures de la république, celles qui sont directement au contact de la population.

    Si les structures de force, de sécurité et de coordination d’une société peuvent être humiliées et présentées comme impuissantes et vulnérables, le sentiment d’insécurité s’installe,  la défiance envers les édiles s’installe, la société se délite jusqu’à ce qu’un certain fatalisme résigné s’empare des mentalités et les prépare aux multiples résignations.

    L’emprise idéologique devient alors un jeu d’enfant, un aboutissement naturel qui finalement satisfait tout le monde puisque là où il n’y a plus de résistance, il n’y a plus de conflit……

    De manière à ne surtout pas en arriver là, nous voudrions rappeler une campagne télévisée qui passait sur les écrans des grandes chaines TV il y a quelques mois de cela.
    Il s’agissait d’inciter les français à faire des tests de dépistage pour le cancer du côlon.

    Le message consistait à dire que même une maladie puissamment létale comme le cancer du côlon pouvait se guérir dans 9 cas sur 10 lorsqu’elle était dépistée à temps.

    Plus largement exprimé, le message était : Rien ne doit nous effrayer ni nous démoraliser dès lors que nous sommes capables de faire le bon diagnostic et de prendre de bonne heure les mesures appropriées.

    Ce qui est vrai pour le cancer du côlon l’est également pour les idéologies mortifères, quelque soit la puissance de fascination que leurs mystiques inspirent

    Il n’est pas douteux que les principes des lumières et les valeurs culturelles, soient des outils efficaces pour indiquer aux enfants de la république la manière de trouver librement le chemin de leur épanouissement personnel……

    A condition de ne pas faire d’erreur de diagnostic et à condition de ne pas faire l’autruche lorsque l’analyse du réel dérange et contrarie notre vision un peu trop illusoire du monde.

    C’est donc du courage de verbaliser le réel dont il est question ici.

    En corse comme ailleurs, Il est encore largement temps de reprendre les choses en douceur et d’apporter de l’éducation là où il faut, encore et encore, avec toute la patience qui convient…..

    Mais on n’a plus le droit de ne pas vouloir regarder la réalité en face ni d’accepter la mauvaise foi et l’indignité comme une façon admissible de faire de la politique ou de l’information…..

    On n’a plus le droit d’être indulgent envers des responsables qui se cachent sans cesse, il ne peut pas y avoir des zones de non droit mystique ou idéologique à partir desquelles un système meurtrier se déploie.    

    Il est impérieux de briser les deux certitudes qui habitent les sectateurs de cette religion ombre de l’islam.

    Ils ont la certitude que les occidentaux sont des gringos qui ne connaissent pas la  réalité humaine, qu’ils peuvent être aisément trompés, et que le fait de simuler et dissimuler pour mieux les trahir est un acte pieu.

    Ils ont la certitude d’avoir quelque chose de magique en eux qui leur confère un certain pouvoir d’invisibilité, un peu comme si leurs intentions ne pouvaient pas être captées et comprises par les gringos.

    Ces deux certitudes sont deux fausses idées.

    Le diagnostic est fait, ils n’ont rien de magique, et la conscience les arrête, par le verbe et par la loi.      


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  • Rêves de Manon

    J'ai souvent rêvé que Miguel était avec une autre femme, et une amie me dit que c'est peut-être que je préférerais que la cassure vienne de lui, probablement pour ne pas me sentir coupable de vouloir aller vers autre chose. Même Miguel m'a dit que malgré tous ces rêves, c'était probablement moi qui le quitterais!

    Manon approche de la soixantaine et Miguel est son mari.

    Si l’on veut tenir compte de nos rêves pour éclairer notre vie, il y a des petites choses à savoir pour que cela soit vraiment utile.

    La plus importante consiste à se débarrasser des fausses idées.

    Ainsi, même s’il est acquis qu’un rêve porte toujours un message objectif et éclairant, il faut savoir que ce message n’est JAMAIS inspiré par un sentiment conscient.

    Le rêve s’exprime selon un point de vue intérieur resté hors de portée de la conscience et ne fait aucun commentaire sur ce que nous ruminons plus ou moins confusément dans nos pensées.

    Un rêve ne nous renseigne sur la pertinence de nos pensées qu’à partir du moment ou celles-ci sont devenues objectives pour lui, c’est-à-dire à partir du moment où elles sont incarnées dans nos actes ou suffisamment intégrées dans notre nature profonde pour devenir des éléments avec lesquels il peut interférer.

    Dans le cas particulier de ce rêve, il faut comprendre qu’inconsciemment Miguel est accaparé par une autre femme que Manon, une femme sacrée et secrète à laquelle il ne peut pas faire d’infidélité car elle retient magiquement son cœur.

    En conséquence, Miguel ne peut évidemment pas épanouir de romantisme et d’enthousiasme amoureux envers son épouse !

    Bien entendu, cette fameuse femme dont nous parlons n’est pas une femme de chair, il s’agit d’une figure mythique qui habite sa psyché.

    L’amour qui lie un homme à une figure mythique est de nature régressive.

    Cette femme secrète qui possède le cœur de Miguel est une figure maternelle dont il ne s’est pas détaché et qui s’est érotisée avec le temps, lorsque l’enfant qu’il était est devenu homme sans pour autant vraiment mûrir sur le plan émotionnel.  

    Il est difficile, sans connaître l’enfance de Miguel, de définir si ce complexe fusionnel a pris racine sous l’inspiration d’une mère surprotectrice, autoritaire ou carencée mais toujours est-il qu’il est prisonnier de cette figure et de fait,  handicapé dans l’expression d’émotions stimulantes et imaginatives envers sa femme.

    Le rêve informe Manon de cet état de fait, et soulève le problème de sa place à elle auprès d’un mari qui physiquement vit à ses côtés mais qui intérieurement est absorbé par une fascination anesthésiante.

    Le questionnement de Manon tourne autour de toute la frustration que peut induire une présence sans échange stimulant et joyeux, et surtout de toute la désespérance qu’induit l’absence de toute perspective à voir les choses changer.

    Il semble utile de se servir de ces rêves pour initier des conversations avec Miguel.
    Il est important qu'il prenne la mesure de ses responsabilités en tant qu’adulte et en tant que mari, de manière à mettre l'accent sur les besoins du réel.
    Le but est que la contrainte et l'attrait du concret crée un appel d'air et devienne un centre d’intérêt  qui contrarie et détourne la puissance de fascination de cette la figure maternelle parasite.

     

     


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  •  

    Selon la conception Junguienne, la psyché serait autant un véhicule qu’un lieu de manifestation, c'est-à-dire qu’elle serait à la fois le faisceau projeté et l’écran révélateur du contenu.

    Dans ce cadre, la parfaite loi des causes et des conséquences nous semble être un outil adéquat pour tenter de bien comprendre la tragédie de Charlie Hebdo.

    Il nous parait correct de poser que lorsqu’un évènement est causé par des actes dont la justification est un contentieux intellectuel entre groupes personnes, les conséquences, sont des entremêlements de destins tels qu’une loi traditionnelle ancienne en tisse les schémas. 

    Dès lors, puisqu’il ne s’agit pas de victimes choisies au hasard mais bien de sujets ciblés par rapport à la liberté de pensée qu’ils incarnent, on ne peut pas s’empêcher d’envisager que cette issue paroxysmique entre mécréants assumés et djihadistes radicaux, aurait déjà pu avoir été forgée de longue date dans les matrices de l’histoire.

    On ne peut pas s’empêcher de penser qu’une même racine du genre humain aurait pu conduire à l’émanation de compères  ennemis et à leur affrontement fatal en dernière logique.

    Indiscutablement, ces deux visions du monde se contredisent et se font ombre.

    Or, une vérité est universelle ou n’est pas, et lorsque deux idéologies opposées revendiquent un statut universaliste, il y en a forcément une de trop.

    Vu de notre fenêtre, nous pourrions même dire qu’il y en a deux de trop puisque nous savons que l’universalité unit les contraires et transcende le vivant sans jamais rien exclure de ce qui est.

    Vouloir être universel en excluant, c’est de la triche et du raccourci.
    Plus précisément, c’est de la limite intellectuelle, de la limite sensible et de limite philosophique. En un mot, c’est d’immaturité dont il s’agit.


    Force est de constater que nos deux familles de chercheurs de vérité ont basculé dans la combine, dans la triche et dans les expédients et qu’une dimension humaine fondamentale leur manque sans que cela ne le gêne beaucoup.

    En effet, pour en arriver à tout prix à leurs fins et bien faire coller la réalité du vaste monde à leur petite réalité idéologique privée, chacun accepte l’idée d’en arriver à être hégémoniques et destructeur.

    Commençons par les djihadistes :

    Les djihadistes radicaux sont des tricheurs parce que pour faire valoir leur point, ils importent dans le monde matériel, de manière littérale et concrète, des éléments figuratifs issus de l’intériorité  archétypale, auxquels ils donnent abusivement matérialité et sens raisonnable. 

    Le problème n’est pas d’accorder de la richesse ou pas à l’intériorité telle que la voie musulmane la conçoit, le problème – la triche – c’est de brusquer cette intériorité de nature mythique, éternelle, infinie, pour en déloger des fragments et les exhiber  hors contexte, dans le monde physique, ce qui induit nécessairement confusion et perte de sens.

    La triche c’est de faire passer pour explicite et objectif ce qui est symbolique et figuratif, la triche c’est de mettre sur le même plan ce qui est intérieur et ce qui est extérieur, ce qui est personnel et ce qui est collectif, ce qui est psychique et ce qui est matériel.

    Cet ailleurs, ce hors contexte où ces fragments d’intériorité sont exhibés, c’est notre  monde quotidien, ordinaire, visible, structuré par la matière, par l’actualité et par le temps, un monde différent de l’intériorité mythique et inadapté à ses contenus dissolvants surgis de l’inconscient comme des diables d’une boite.

    Les outils de la raison et de la conscience ordinaire ne sont pas faits et ne seront jamais faits pour être directement au contact des archétypes.

    Un contenu psychique est fidèle à lui-même.
    Lorsqu’il est archétypal il est irradiant, fascinant.

    Lorsque ces contenus débordent naturellement sur la conscience, comme dans le cas du délire par exemple, même si le phénomène est étrange et déroutant pour ceux qui en sont témoins, il reste gérable par la raison car nous pouvons rationnaliser la chose en disant « c’est quelqu’un de malade, ce n’est que du délire et je ne me sens pas impacté par ce qu’il dit ou ce qu’il fait. »

    Par contre, lorsqu’en dehors de toute régression maladive et involontaire, ces contenus inconscient sont, au contraire, introduits volontairement et en conscience dans le monde quotidien, les témoins du phénomène n’ont pas le temps de comprendre ou de rationaliser, l’impact est frontal, et ce contact direct et violent à l’archétypal génère de l’hébétude, de la fascination, il aspire littéralement comme par magie les consciences fragiles dans cette fausse réalité hallucinante et exalté.

    Cette propriété psychique n’a pas échappé aux djihadistes qui l’utilisent et en tirent le profit maximum.

    Ils savent qu’en important, et en incarnant le monde archétypal, ils lui donnent prise et pouvoir sur le monde rationnel, pouvoir qu’ils utilisent pour impressionner, déboussoler et manipuler les âmes mal ancrés dans le réel jusqu’à enfin les enrôler irrémédiablement dans les fantasmes de leur chaos mental et dans leurs actions meurtrières dans le monde.

    C’est en cela que consiste une partie de leur tricherie.   

    L’autre aspect de leur tricherie consiste à installer durablement le monde mythique dans l’espace réservé au monde matériel, à le fixer, puis à normaliser cette présence en ce lieu qui n’est pas le sien.

    Ils agressent abusivement un espace objectif et l’envahissent avec des réalités qui lui sont nuisibles, d’où de très graves dissonances dans les deux mondes et entre eux.

    Cela crée une dissonance dans le monde de l’intériorité qui n’a de réalité utile que lorsqu’il reste enfouis, et qui dysfonctionne dès lors qu’on l’ampute d’une partie de lui-même….

    Cela crée aussi une dissonance dans le monde matériel qui dysfonctionne dès lors qu’un  corps  étranger déraisonnable et chaotique l’envahit et menace sa réalité objective…..

    Cette double dissonance  affecte durablement le moral des sociétés modernes et mine la capacité de chaque individu à être objectif et tolérant.

    Bien  sûr, la raison, et la solidité mature des personnes d’expérience peuvent  préserver la société des conséquences de ces manœuvres manipulatrices.

    Le plus grand nombre a encore suffisamment de force instinctive et de culture pour garder de la distance s’en défendre.

    Pour autant, les djihadistes littéraux ont une stratégie qui leur assure un maximum d’impact sur les êtres délaissés et dans l’errance…..Mais très curieusement et très paradoxalement cette stratégie piège aussi les responsables gouvernementaux sensés pourtant être l’élite lucide de la nation.

    Les djihadistes savent créer autour de leurs actes, un sanctuaire idéologique, un monde inapprochable par la raison et inattaquable par la pensée.

    Ils ont trouvé le truc pour gagner le jackpot à tous les coups, ils utilisent un mot qui paralyse le bon sens commun et tient toute pensée critique à distance, il s’agit du mot « sacré ».

    Dès que le mot sacré est avancé, presque plus personne ne s’autorise à s’immiscer et encore moins à contredire.

    Or, de la manière intellectuellement malhonnête dont ils l’utilisent, le terme « sacré » ne désigne bien évidemment plus rien de sacré.
    Le terme « sacré » devient juste un masque pour couvrir le mot « prosélytisme ».

    Dans cette configuration, le terme sacré sécrète une carapace faite de tabou derrière laquelle s’épanouit un prosélytisme  bien à l’abri de toute investigation interpellatrice.

    Ces conditions permettent le développement d’une idéologie toxique bien protégée par les propres lois de cette société.

    C’est la parfaite illustration de l’expression « couver un nid de vipères en son sein ».

    Dans ce contexte de paralysie de l’intelligence sociale et de l’action politique, les nihilistes disposent de leur côté d’un espace médiatique inespéré puisqu’il n’y a quasiment plus qu’eux qui parlent haut et qui contestent frontalement le jihad littéral.

    Voyons donc comment de leur côté comment nos Charlie’s mettent en œuvre leur tricherie !

    La caricature s’appuie sur trois leviers : La perspicacité, le raccourcit et l’accentuation.

    A la base, la caricature est comme l’art du chansonnier, elle est un jeu, une comédie, c’est du théâtre.
    Le jeu peut être caustique et la parodie cruelle, mais  tant qu’il n’y a que du raccourcit et de l’accentuation, il n’y a jamais de doute, chacun sait que le caricaturiste anime une figure et que ce qu’il lui fait dire  reste une vérité de ventriloque, travestie, déformée, moquée, on reste dans le divertissement.

    Tout cela peut être très vexant, parfois choquant, mais cela ne trompe personne et chacun reste très distinctement à sa place, personne n’est manipulé contre son grès, chacun a le droit de rire ou pas, d’apprécier ou pas, et surtout de faire la part des choses entre la vérité parodiée par le caricaturiste et la vérité exprimée publiquement et dans son contexte par le caricaturé…

    La ou les choses deviennent inquiétantes et n’ont plus rien d’inoffensif, c’est lorsque la caricature perds sa perspicacité et que ses principes s’en trouvent modifiés.
    Elle finit alors par se prendre au sérieux en revendiquant un statut de vérité officielle.

    Il ne s’agit plus ici d’éclairer les choses sous un certain angle pour amuser la galerie ou pour stimuler la réflexion et la critique des esprits libres, il s’agit d’ériger la caricature en dogme fondateur d’une philosophie indiscutable, jusqu’à voir émerger un sacré d’une nouvelle sorte, celui d’un nihilisme devenu inamendable.  

    Nous avons dit que la caricature amusante qui ne leurrait personne était faite de raccourcit et d’accentuation.

    Maintenant, voici le processus qui transforme  les docteurs Jeckyll du dessin en Mister Hyde inspirateur de haine :  Ils utilisent une formule magique, ils remplacent, sans le dire,  le mot accentuation pas le mot exclusion.

    Ça n’a l’air de rien, mais pourtant ça change tout.
    C’est par cette nuance  que la caricature perds son sens du jeu et tends à devenir assassine.

    La caricature consiste maintenant à choisir un aspect et un seul d’un personnage ou d’une situation complexe, à ne garder que cet aspect et à exclure tous les autres alors que bien sûr, ils en sont  des composantes constitutives nécessaires et indissociables.

    Une fois ces composantes exclues, l’image du personnage ou de la situation caricaturée change d’identité, elle n’est plus elle-même et subit l’emprise du caricaturiste qui en fait sa possession.

    Nous comprenons bien qu’à partir d’ici nous avons changé de dimension, il n’est plus question d’amusement mais bien de toute-puissance portée sur un sujet, non plus pour l’accentuer et en rire, mais bien pour le vider de ce qu’il est et le remplir de ce qu’il n’est pas.

    En d’autre termes, le sujet caricaturé devient le support des projections névrotiques du caricaturiste, ce dernier y exerce la même toute puissance malsaine que celle des djihadistes dans leur domaine.

    Pour aller jusqu’au bout de la combine et être parfaitement efficaces, nos tricheurs rajoutent au dispositif un élément supplémentaire qui s’appelle la fixation.

    Cette fixation est obtenue en se perchant sur le principe de la liberté d’expression et en prenant la posture de ses défenseurs.

    L’aura de liberté dont le caricaturiste se pare rend sa parole indiscutable, inattaquable et tout aussi fondatrice du réel que celle  contenus  dans les divers textes religieux.

    Ce que dit un dessinateur  se trouve sur le même pied d’égalité que ce que disent les divers textes prêtés à Dieu et aux divers prophètes….On a beau se savoir simple mortel et se sentir cool et modeste, c’est quand même quelque chose.
    Etre en une telle compagnie et être en situation d’égal de Dieu comporte le risque d’une perte de lucidité.

    C’est justement parce que nos caricaturistes revendiquent les mêmes privilèges que les Jihadistes, à savoir la sacralisation de leur parole que cette dernière devient fixatrice de vérité.

    Oui, le sacré fixe la parole dans le réel, c’est pour ça qu’il est tant recherché.

    Si la parole est sacrée, elle a un pouvoir fixateur constructeur du réel, c’est une sorte d’officialisation.

    Celui dont la parole est sacrée a la capacité de construire le réel ; Or, pouvoir construire le réel et convertir toute l’humanité à sa vision personnelle du monde, c’est le Saint Graal de tous les névrosés de la terre !

    Pour en revenir à nos Charlie’s, le principe de leur caricature redevient triple et se formule comme suit : Raccourcit, exclusion ET  fixation.


    Il n’y a plus de mouvement dans leur expression dès lors qu’il n’y a plus de jeu.
    Le jeu permet d’inviter l’autre dans un monde imaginaire et d’échanger avec lui.
    Le JE, lui, est tout seul, il impose une vision du monde, il est hégémonique  et vide, il porte une tendance débilitante à tout remplir par du rien.

    Lorsque ce rien est fixé, les sujets caricaturés en sont remplis pour la plus grande gloire des nihilistes qui collectionnent leurs trophées numéro après numéro.

    Ils tuent en transformant un élan de vie en coquille vide.

    Soyons clairs, le journal CHARLIE HEBDO perdait de plus en plus de lecteur.

    Ce n’est pas le manque d’humour du public qui en était la cause, pas plus que son manque d’appétit envers la critique et la liberté.

    Ce qui était en cause c’était que ce processus d’exclusion quasi suicidaire à l’œuvre dans les caricatures du journal était une insulte à l’intelligence et à la liberté de penser.

    L’exclusion, quelle qu’elle soit, est une insulte à l’intelligence et à la liberté de penser. La grande escroquerie intellectuelle des Charlies était de se prétendre les chantres de la liberté de pensée alors qu’ils étaient les grands fixateurs qui crucifiaient le vivant sur du papier.

    On pourrait dire que c’est le talent qui détermine tout.

    A leur manière de barbare, les djihadistes caricaturent la recherche spirituelle, ils ont des comportements de chercheurs de raccourcis, de fixateurs shootés à la toute-puissance.
    Ils compensent leur manque de talent à s’exprimer intellectuellement par la réalisation de brutalités objectives et par le contrôle d’un monde qu’ils réifient…….

    Tandis que les Charlie’s sont les même assassins de vérité, les même chercheurs de raccourcis, les même shootés à la toute-puissance qui réifient le monde,  mais leur  talent et leur capacité à s’exprimer intellectuellement sur un support média les exonère de passer à l’acte.

    On ne peut évidemment pas conclure sans avoir souligné ce point fondamental :

    Si dans l’absolu nous présentons les Charlie’s et les Jihadistes comme autant d’assassins de vérité et comme autant de névrosés hégémoniques, nous ne pouvons pas occulter le fait que de passer à la moulinette de CHARLIE HEBDO ne conduit pas au cimetière……

    Mais nous ne pouvons pas occulter non plus le fait que les tempéraments suicidaires qui mettent de la pulsion de mort dans tout ce qu’ils expriment  créent les conditions pour que le cimetière vienne à eux.

    Entendons-nous bien, il ne s’agit surtout pas d’avoir un jugement partisan ou moral et de dire que les Charlie’s n’ont eu que ce qu’ils méritaient, ce n’est absolument pas ça !

    Ce qu’il s’agit de dire c’est que le fait de s’approcher de la substance des êtres, ce n’est pas neutre, c’est une responsabilité impliquante, créatrice de destin.

    Lorsqu’on le fait au travers de la caricature, mais que l’on prend le risque de s’émanciper du jeu de l’esprit et du rôle d’amuseur qui nous autorise à le faire, c’est la névrose et la pulsion de mort qui mènent la danse.   

    La tragédie de Charlie Hebdo ne peut évidemment pas se voir comme une justice immanente liée à un jugement moraliste, mais on peut l’analyser comme le point de rencontre entre des nihilistes qui appellent la mort en vidant toute chose de son élan de vie, et des et des assassins perdus, empressés de justifier leur raison d’être.

     

    Elle est le point de retrouvailles entre des compères qui ont besoin d’ennemis pour se sentir exister et qui ne se réalisent que dans la destruction.   


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  • Rêves Juin 2015

    Rêve 1:  Le perce-oreilles

    Tu n'es pas sans savoir que j'ai fait pas mal de ménage, ces derniers temps, entre autre dans mon garde-manger, où plusieurs aliments étaient périmés. J'en ai donc profité pour tout nettoyer. Ce qui m'a pris passablement de temps. Mais faut bien qu'une fille s'occupe! ^^

    Bref, j'étais assez fière de moi, chaque nouveau produit ayant trouvé sa place et chaque contenant étant maintenant adéquatement identifié.

     

    Alors, qu'elle ne fut pas ma surprise et mon désarroi lorsque, un beau matin, j'aperçu un énorme perce-oreilles qui déambulait lentement sur le plancher du garde-manger.

    (Je ne sais pas si vous avez chez vous, mais cet insecte, qui mesure une douzaine de millimètres, est très rapide et se tient normalement dans le jardin. Je n'en ai jamais eu dans la maison.) Il mesurait au moins trois centimètres et possédait une paire d'antennes très longues qui effleuraient le sol. J'ai presque eu l'impression qu'il me regardait, avant de continuer son inspection des lieux, avec la même lenteur, ce qui est passablement inusité de la part de cet insecte.

    J'étais découragée, venant à peine de terminer mon grand ménage, me demandant où j'avais fait une erreur et d'où venait cet intrus.

    Normalement, je l'aurais écrasé, mais pas dans mon rêve. Comme si j'étais trop estomaquée pour réagir. Sinon, je me suis réveillée trop rapidement...

    Le pince oreille est bien connu des analystes, il fait partie des « nettoyeurs » tout comme la fourmi.

    Ces insectes sont nos alliés, ils représentent une fonction primaire de l’inconscient, celle qui consiste à démanteler tout ce qui encombre, à réduire les grosses choses inutiles en toutes petites pièces recyclables et assimilables dans le circuit naturel du compostage et de la fertilisation psychique.

    C’est une fonction qui permet d’être finalement délivré des fruits immangeables issus de nos choix mal avisés, ce qui vaut toujours mieux que de se les trimbaler inutilement toute notre vie.

    Ici notre nettoyeur vient considérer quelle nouvelle corvée tu viens lui imposer !

    Ce rêve signifie que même  si ta révolution alimentaire bio part d’un bon  sentiment, à elle seule, elle ne peut te faire que du bien médicalement parlant.
    Si tu mises tout sur elle, sur le plan psychique elle reste un acte d’évitement et de mise à distance par rapport aux vrais sujets qui représentent des enjeux émotionnels pour toi.

    Le rêve te dit :" Ne croit pas avoir tout réglé avec ta révolution bio car elle n’est que bio, il y a d’autres sujets psy dont tu ne peux pas t’exonérer et que tu dois définitivement dépasser pour qu’enfin tu produises des fruits d’âme vraiment comestibles et enrichissants qui n’auront plus à être abandonnés aux nettoyeurs".  


    Rêve 2:  Un léopard sur mon balcon

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     
    Une photo en bonus, afin de mieux comprendre mes explications.

    Comme je l'avais mentionné, j'ai fait installé du plexiglas au lieu des traditionnels barreaux. Sans être opaque, sa couleur (brun fumé) obstrue un peu la vue mais permet de deviner une forme.

    Je reviens donc de je ne sais où et monte l'escalier qui mène à la porte d'entrée. Je perçois une forme, du côté droit, et je me dis qu'il s'agit probablement d'un chat. Je suis fort surprise en constatant qu'il s'agit d'un jeune léopard, étendu sur le balcon, calme et serein, me dévisageant sans animosité. Je ne sais plus trop comment réagir, restant bouche-bée mais sans crainte réelle. Plus étonnée qu'inquiète, disons.

    Je le trouve très beau, surtout son regard, mais son pelage me semble un peu pâle.

    Et je me réveille...

    Ici, nous avons un merveilleux rêve très dynamique qui répond à celui du perce oreille.

    Tu sais, le léopard ou le jaguar sont des symboles très utilisés dans les sociétés traditionnelles sud-américaines, ils  représentent le mana, l’énergie originelle, le feu primordial constitutif de la vie.

    Le rêve te dit qu’à la porte de chez toi, c’est-à-dire en toi et avec la plus grande disponibilité pour toi, se trouve une ressource naturelle et puissante, issue de la vie psychique qui ne demande qu’à socialiser et à coopérer avec toi pour ton plus grand bénéfice.

    Ici le rêve souligne bien toute la différence qu’il y a entre le domaine de la matière pour lequel un changement d’alimentation est profitable et le domaine de l’intériorité pour lequel des apparences ou des changements superficiels ne suffisent pas et qui exige un autre type d’approfondissement pour que tu jouisses enfin d’un vrai équilibre et d’un vrai bonheur.

    Par chance, cette capacité d’approfondissement et cette capacité à distinguer le matériel du spirituel, l’intérieur de l’extérieur, et bien tu l’as !

     

    Elle est  représentée par le léopard.


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     Le cas DSK

     

    I           Introduction
    II          Parlons complot
    III         Parlons instruction
    IV        Parlons enfumage
    V         Parlons des victimes
    VI        Parlons idéologie
    VII       Parlons méthodes
    VIII      Parlons vrai ! 

     

    I  Introduction

     Souvenons-nous !

    Après l’affaire du Hilton, le retour en France de DSK était très attendu.

    Ce fût Claire Chazal dans son journal de 20h qui eut la primeur de ses déclarations.

    Tout le monde se souvient de ce rapport exhibé à l’envie, de ces explications pleines d’assurances, qui convergeaient vers une conclusion naturellement évidente, à savoir que ce rapport qu’il tenait, là, dans sa main, était tout simplement vide de toute accusation de viol, et qu’au surplus, il y avait non-lieu !

    Devant tant de conviction et devant l’extraordinaire de la situation, la journaliste a alors interrogé son invité sur la possibilité d’un complot dont il aurait pu être victime.

    Tout le monde garde en mémoire cette gestuelle explicite et cette intonation grave, solennelle selon laquelle DSK suggérait que la violence politique pouvaient atteindre de tels degrés que selon lui, tout était possible…. Et que même s’il ne pouvait rien affirmer pour l’instant, il se réservait le droit d’investiguer sur le sujet.

    A l’heure où nous parlons, cette affaire n’est plus dans l’actualité ce qui nous laisse toute la tranquillité qu’il faut pour pouvoir l’examiner sur le fond sans être taxé d’être de vils récupérateurs et surtout, pour enfin apporter toutes les réponses que l’on n’espère plus aujourd’hui alors que tant de questions brûlaient les lèvres en 2011.

    En ce début 2015, quasiment plus personne ne s’intéresse au fait de savoir s’il y eu complot ou pas, abus sexuel ou pas, mais nous, cette envie de connaître la vérité vraie, elle nous titille toujours !

    Alors parlons d’abord complot et lançons l’analyse !

    II    Parlons complot

     Nous nous aiderons de l’interview de Pascal Quint, secrétaire général du groupe Accord, parue dans LEMONDE.FR du 08/12/11 dont voici un extrait. 

    Plutôt que de raconter immédiatement à son supérieur ce qu’il s’était passé avec l’accusé, la plaignante a questionné son responsable sur un hypothétique problème concernant le droit des clients à imposer des choses aux membres de l’équipe, et a rapporté les faits avec l’accusé seulement quand son responsable l’y a obligée.

    Elle répétait « I’m gonna lose my job ! » [« Je vais perdre mon travail »]. Elle était terrifiée à l’idée de dénoncer un client VIP. Elle n’était pas sûre de vouloir qu’on appelle la police. Au total, il s’est donc passé une heure pour écouter et comprendre ses explications et qu’elle accepte que la police soit appelée.


    Vous trouverez l’interview complète ici :
    http://www.lemonde.fr/dsk/article/2011/12/08/affaire-dsk-le-groupe-accor-s-explique-sur-les-zones-d-ombre_1615401_1522571.html

    Le point notable et signifiant qui au moment des fait n’a pas bénéficié de toute l’attention qu’il méritait, c’est que l’affaire N.D / DSK a tout simplement failli ne jamais exister !

    En effet, lorsque nous observons attentivement les évènements, nous constatons que  ND n’a jamais demandé à ce que la police soit impliquée.
    Il a fallu longuement la questionner et la pousser dans ses retranchements pour qu’elle cède et laisse finalement la direction de l’hôtel appeler.

     

    Les choses sont aussi simples que ça : Si la direction du Hilton avait été moins insistante, si, pour elle, la parole de leur salariée avait moins compté, cette affaire ne serait tout simplement jamais sortie.

    Ce détail est doublement éclairant, car s’il révèle que c’est l’écoute et l’insistance de la hiérarchie qui ont tout déclenché, il révèle aussi que ND était plutôt partie pour se résigner à prendre l’évènement sur elle.
    Nous constatons une attitude qui à priori semble plus relever du trouble, de la colère apeurée et d’un certain fatalisme que du  jeu d’une rouée ourdisseuse de complot……

    On pourrait bien sûr se dire qu’elle possédait au plus haut degré l’art de la manipulation et que cette résistance n’était que stratégie finement menée, mais nous nous apercevons que durant la longue session qui suit les faits, ND reste constamment sous l’influence de sa direction, elle n’est jamais en situation de diriger l’entretien ni même de l’orienter, ni même d’y peser.

    Elle n’induit pas, elle cède, et à ce stade, l’objectivité nous commande à minima d’envisager que ND n’avait probablement aucune intention hostile préméditée à l’endroit de DSK.

    C’est d’autant plus envisageable que si nous nous plaçons dans l’hypothèse inverse et si nous envisageons qu’elle jouait un jeu écrit à l’avance, nous devrions retrouver, ne serait-ce qu’à l’état de traces, des éléments de scénario construit, à commencer par des indices du contrôle du timing.

     

    Nous pouvons nous référer à tous les précédents de l’histoire, que ce soit  des attentats ou des pièges visant à mettre brusquement fin à une carrière.
    Il n’existe aucun exemple de complot ourdi envers une cible célèbre, dont l’emploi du temps est chargé, sans un contrôle minutieux du timing.

     

    Or, dans cette histoire, non seulement il n’apparait aucun fil conducteur pouvant lier le discours et l’attitude de ND avec le timing selon lequel DSK a quitté l’hôtel, mais il n’existe aucun évènement qui porte la marque du moindre contrôle.

     

    En effet :

    1)  La séquence d’échange entre ND et sa direction se déroule sur un mode dont la durée est non suspecte.
    Il s’agit du temps naturel que prend chacun des acteurs pour en arriver à une prise de décision.

    Il apparaît clairement, autant sur les images que sur les comptes rendus, que chacun réfléchit et prend le temps d’évaluer au mieux la situation avant de se forger une opinion et de prendre la décision d’appeler la police ou pas.

    2)  Personne ne s’est pressé pour appeler la police alors que DSK filait vers l’aéroport !

    3)  Personne ne pouvait savoir combien de temps la police allait mettre pour arriver sur place, ne serait-ce que par rapport aux conditions de circulation à N.Y, et personne ne s’en est inquiété.

    4)  Personne ne pouvait non plus savoir combien de temps la dite police allait mettre pour prendre la déposition de ND et du staff de l’hôtel, puis de juger de l’opportunité de faire intercepter DSK ou pas.

     

    Quant à l’interpellation de DSK, elle a eu lieu dans l’avion alors que tous les passagers avaient embarqués et il ne s’en est fallu que de quelques minutes pour qu’il n’ait plus été possible de l’interpeller aux USA.

     

    En ce qui concerne cet évènement, une chose est claire : Le contrôle du temps n’a pas été raté ou réussit ; Il n’y a tout simplement pas eu de contrôle du temps du tout !

     

    Or, dans un complot-attentat, le contrôle du timing est la clé essentielle.

     

    Ici, la neutralisation de la carrière de DSK a été brusque et violente, si cette neutralisation était vraiment l’œuvre d’un tiers, elle entrerait dans la catégorie  attentat.

    Concernant cette catégorie, le critère du contrôle du timing peut être appliqué avec pertinence pour déterminer s’il y a complot ou pas.

    Or, nous venons de le voir, ce contrôle n’existe pas et la conclusion est assez flagrante : Pas de contrôle du timing veut dire qu’il n’y a pas de volonté cachée et  personne en coulisse qui tire les ficelles. Donc……. Pas de complot ! 

    Ce point étant acquis, changeons maintenant de sujet et intéressons-nous à l’instruction car nous constatons qu’elle regorge d’éléments qu’il est indispensable de décrypter.

    III     Parlons instruction

     Cyrus Vence est un procureur expérimenté, les preuves matérielles à sa disposition sont solides, et dans le cadre de sa future réélection, ses intérêts personnels vont plutôt dans le sens de satisfaire la communauté noire de NY. 


    Sous cet aspect-là, le dossier de ND était plutôt bien engagé.

    Pour autant, chose à priori surprenante, il n’y a pas eu instruction d’un procès pénal.

    Trois raisons semblent pouvoir justifier une telle décision :

    1.      Les faits établis ne coïncident finalement pas avec les accusations et ne permettent pas à Cyrus Vence d’instruire un procès pénal crédible.

    2.      Le procureur n’était pas si indépendant que ça et a reçu des instructions suffisamment impérieuses pour que le risque de ne pas être réélu devienne secondaire.

    3.      Les avocats de DSK ont gagné la bataille de l’intimidation et le procureur a sombré, perdant ainsi tout discernement.

    Bien entendu, nous ne nous intéresserons qu’à la première hypothèse.

    Elle est la seule officielle et elle est la seule sur laquelle nous ayons des données concrètes à disposition.

    Pour autant, cela suffit car si nous l’analysons correctement, les deux autres hypothèses s’en trouveront révélées si elles existent ou s’évaporeront toutes seules si elles n’existent pas. 

    Le premier point intéressant concernant le rapport du procureur est l’importance qu’il accorde à l’étude de personnalité de la plaignante et de l’accusé.

    Ce n’est pas la teneur de ces études qui en elle-même attire notre attention, ce qui nous interpelle, c’est la disparité entre l’intérêt porté à la personnalité de N.D et celui porté à celle de DSK.

    Quasiment le tiers du rapport du procureur, qui fait quand même 19 pages, tend à démontrer le manque de fiabilité de N.D, sa propension à mentir et à changer de version.
    Il y est également très largement mentionné à quel point elle a de mauvaises fréquentations.


    Voici quelques éléments chiffrés concernant des qualificatifs utilisés pour décrire ND dans le rapport :
     
    - Pas honnête
    - Malhonnête
    - Non fiable
    - Mensonge
    - Mentir
    - Contre-vérité
    - Non crédibilité
    - Manque de sincérité
    - Fausse déclaration

    Tous confondus, ces termes ont été utilisés 37 fois en 19 pages à l’endroit de ND, ce qui en soi dénote d’un certain soucis d’insistance par la répétition, mais  à priori, cela n’a pas suffi à Mr Cyrus Vence pour faire valoir son point puisqu’il éprouve en plus le besoin d’en rajouter pour décrédibiliser la plaignante avec des phrases comme celle-ci :

    Mais la chose la plus considérable est sa capacité à raconter une invention comme un fait avec une totale conviction. 

    Même si le rapport se veut objectif et même s’il faut accepter de regarder en face ce qu’a rencontré le procureur, cela a fait beaucoup d’énergie et d’argument déployés pour décrire la plaignante sous un jour qui ne lui est pas exactement favorable.

    Bien entendu, ce regard porté sur ND pourrait parfaitement être admit tel qu’il est si parallèlement à cela, le même désir de froide objectivité avait aussi concerné l’étude de la personnalité de DSK. 

    Or, la grande disparité de traitement met en relief une anomalie qui déséquilibre le rapport et éveille le soupçon.
    Pour rester prudent, disons qu’à ce stade nous pouvons à minima penser que le portrait de la plaignante tel que dressé par le procureur est pour le moins excessif, si ce n’est subjectif.

    Voici pourquoi nous disons cela :

    7 pages du rapports sont dédiés à la description défavorable de ND ( la moitié de la page 1, la moitié de la page deux, les pages sept huit, neuf, dix onze douze et une partie de la page 18 ), et nous l’avons vu, des qualificatifs extrêmement péjoratifs ont été utilisés 37 fois à son endroit.

    ( Le rapport complet est en bas de page, il s’agit de la traduction faite par : Maryne Cervero, Aurélie Champagne, Blandine Grosjean, Valentine Pasquesoone, Pascal Riché, Lucile Sourdès, Sara Taleb.
     )

    En revanche, les éléments remarquables notés par Cyrus Vence concernant DSK se cantonnent à six petites lignes mentionnant superficiellement l’affaire banon et la traitant comme anecdotique.

    Extrait de ces six lignes :
    Il paraît cependant peu probable que les avocats de la partie civile soient autorisés à introduire dans leur dossier le témoignage relatif à l'attaque supposée.

     

    Nous voulons bien croire le procureur, nous voulons bien entendre ce qu’il dit et la manière dont il le dit, mais L’épisode de NY se passe peu après celui du FMI dans lequel on n’a pu sauver les apparences que grâce à une « négociation » avec Piroska Nagy.

    Mais même ainsi, même après avoir accepté des compensations en échange de sa discrétion, celle-ci n’a pas pu s’empêcher d’exprimer publiquement des propos durs et explicites à l’égard de DSK :

    Je pense que M. Strauss-Kahn a abusé de sa position dans sa façon de parvenir jusqu'à moi. Je vous ai expliqué en détail comment il m'a convoquée plusieurs fois pour en venir à me faire des suggestions inappropriées. [...] Je pense que M. Strauss-Kahn est un leader brillant, qui a une vision pour affronter la crise financière mondiale en cours. C'est également un homme agressif, bien qu'il soit charmant. [...] Je crains que cet homme ait un problème pouvant le rendre peu adapté à la direction d'une institution où des femmes travaillent sous ses ordres. »

    ( L’article complet est ici :http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2009/02/cher-m-smithje-crois-que-je-dois-vous-%C3%A9crire-apr%C3%A8s-l%C3%A9bruitement-d%C3%A9sastreux-dans-la-presse-de-certains-%C3%A9l%C3%A9ments-de-vot.html  )

    En dehors du FMI et des propos de Piroska Nagy, on peut comprendre sans avoir à faire trop d’investigations que l’histoire n’est pas un cas isolé et que l’abus de position d’autorité envers les femmes est bien une tendance lourde chez DSK.

    Les multiples confidences « off » des socialistes français pullulent d’anecdotes précises qui vont dans ce sens, sans parler des cas avérés de calls girls qui le rejoignent dans ses chambres d’hôtel.

    Cyrus Vence a beaucoup creusé pour se renseigner sur le passé ND, mais il n’y avait pas besoin de beaucoup se fatiguer pour connaître ce qu’il y avait à retenir d’important sur DSK dans une affaire comme celle-ci.

    Pour autant, le peu qu’il y avait à faire, il ne l’a pas fait et son rapport sanctuarise carrément la personne de DSK.

    Les termes inconduite, abus, harcèlement suggestion ou agressivité n’y apparaissent jamais alors que pourtant ils sont notablement attachés à la personnalité du directeur du FMI.

    On est allé chercher assez loin pour éplucher l’ancienne vie Africaine de ND, mais personne ne s’est intéressé au  quotidien visible et connu de DSK.

    Soit !

    Nous ne voulons pas tirer de conclusions à ce stade concernant cette étonnante différence de traitement, mais nous la posons ici comme étant une anomalie assez voyante.   
      

    Passons maintenant à un second point absolument passionnant que l’on pourrait nommer « La doctrine Pasqua ».

     

    IV       Parlons enfumage

     Charles Pasqua était un expert très reconnu de l’enfumage judicaire dont l’habileté a inspiré beaucoup d’imitateurs. 

    Quelle était sa doctrine, que disait-il ?

    Il disait ceci, et il s’agit d’une citation :
    "Quand
    on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire, et si nécessaire une autre affaire dans l’affaire de l’affaire jusqu’à ce que personne n’y comprenne plus rien."

    Bien, riche de cet enseignement, commençons par regarder qui est ND dans son cadre professionnel.

    Le procureur lui-même précise dans son rapport
    que pour la direction du Hilton, N.D est depuis son engagement, trois ans plus tôt, une employée modèle sans rapport d’incident ou problème disciplinaire.

    Ce Hilton de New York est un hôtel de luxe, hautement sécurisé.
    Ni la petite délinquance ni la loi de la rue n’y ont  accès, leur influence ne s’y exerce pas.

    Les seules lois qui s’y appliquent sont celles de la législation américaine sur le travail et le règlement intérieur de l’hôtel.

    Ce sont des règles qui s’appliquent à chaque employé selon son grade et sa fonction, elles contribuent à ce que tous les salariés forment un ensemble homogène, une équipe qui donne à la clientèle le standard de qualité de service qu’il attend. 

    N.D fait partie depuis trois ans de cette équipe.

    En d’autres termes, ce travail au Hilton permet à N.D de se réaliser professionnellement avec un fort sentiment d’appartenance dans un sanctuaire ou le droit de la personne est respecté et ou aucun petit ami, aucun huissier, aucun officier de l’immigration ne vient perturber son fonctionnement et nous savons, sa direction est formelle, que dans cet environnement normalisé et sécurisant, N.D est une personne autant fiable qu’honnête.

    Nous disons aussi que trois ans de travail sans la moindre faille c’est long, d’autant plus que le milieu hôtelier est un milieu exigent.

    Une salariée ne peut perdurer sur une si longue période que si elle est capable, adaptée à l’ordre, à la discipline, à la politesse, à la propreté.

    Comprenons bien, car ceci est très important et doit être mis en balance avec la façon dont le procureur décrit ND :

    Elle opère à l’étage VIP de son hôtel.
    C’est un étage de prestige, surveillé par camera, qui réclame un travail particulièrement soigné auquel seul des employés de confiance peuvent être affectés; Une confiance qui vaut autant pour leurs compétences professionnelles que pour leur courtoisie envers les clients.

    Cette confiance ne se gagne pas en un jour.

    Nous voulons en venir au fait que ND est une employée qui a été évaluée sur la durée par l’équipe compétente d’une chaîne d’hôtel internationale de haut standing dont les profils de postes sont standardisés et précis.

    Il est à noter que tous les aspects du profil doivent être vérifiés pour qu’une employée, même une femme de chambre, soit déclarée bonne pour le service, et justement ND a satisfait à tous ces critères et s’est vu confié cet emploie en ce lieu.

    Nous pouvons donc poser ici à bon droit que ND a été reconnue digne de confiance par une maison sérieuse qui s’y connaît en matière d’évaluation d’employés et qui exerce au surplus une surveillance par caméra.

    Nous pouvons également établir que dans l’accomplissement de ses fonctions il n’existe aucun antécédent concernant un quelconque incident envers la clientèle. On n’a jamais entendu parler d’indiscrétion, d’intrusion intempestive ou d’acceptation de flirt et encore moins de tentative de séduction de la part de N.D envers la clientèle.

    Aucune caméra n’a enregistré d’attitude suspecte, aucun client ne s’est plaint de ND et ND ne s’est plaint d’aucun client.
    Son parcours professionnel est irréprochable, il s’inscrit dans une trajectoire stable et constante depuis sa date d’embauche.

    En résumé, sa trajectoire est très limpide, tout ce qu’elle fait depuis trois ans lorsqu’elle rentre dans une suite du Hilton, c’est le ménage, elle ne fait que ça et elle le fait bien puisque bien notée par sa direction.

    Ceci posé, les choses sont limpides :

    Si nous figions et isolions la situation à ce stade, si nous nous contentions de mettre sur un plateau de la balance la parole de la ND que nous venons de décrire dans le cadre de son travail et sur l’autre plateau la parole du DSK autoritariste et libertin connu, couvert d’opprobre par Piroska Nagy, Tristane Banon et consort, ce dernier serait grillé, frit, bouilli, le prédateur flagrant qu’il paraîtrait alors n’aurait aucune chance de s’en sortir.

    Vue comme cela, la situation ressemble à un boulevard qui s’ouvre au profit de ND pour l’ouverture d’un procès d’école avec des perspectives de dédommagements record….. sauf que deux choses viennent brouiller cet horizon :

    1)    L’entrée en scène des avocats de DSK

    2)    Le comportement extraordinaire de ND durant les entretiens de l’instruction.

                              
    Les avocats de DSK sont des grands fans de Charles Pasqua, ils ont parfaitement assimilé la technique de l’enfumage par l’affaire dans l’affaire et par l’affaire dans l’affaire de l’affaire.


    Ils s’empressent de parler de l’Afrique, des mensonges pour entrer aux états unis, du visa qui n’était pas le sien, des fausses histoires racontées au services de l’immigration, des mensonges pour obtenir un HLM, du petit ami dealer, du prêt de son compte bancaire et pourquoi pas des commissions qu’elle touche sur les sommes qu’il y fait transiter…….


    Bref, ils font tout ce qu’il faut pour qu’on regarde partout ailleurs plutôt qu’à l’hôtel ou pourtant les seules choses qui comptent vraiment, se sont passées ! 

    V   Parlons des victimes

    Sur le comportement erratique de ND durant l’instruction, l’analyse nous fait apparaître deux raisons qui justifient une attitude si irrationnelle.

    La première est que oui, après que la police ait été impliquée, après que ND ait pris la mesure de la personnalité de DSK et de la dimension que pouvait prendre cette affaire, elle a sans doute pensé aux avantages financiers qu’elle pouvait tirer de la situation.

    Il est fort probable que le poids des enjeux et les mauvais conseils de son petit ami délinquant pour décrocher le jackpot par voie de justice lui ont mis une certaine pression qu’elle a eu du mal à gérer.

    Nous devons admettre cet opportunisme qui ne s’inspire pas de la plus haute moralité du monde, mais si nous en parlons, c’est surtout pour bien démontrer que nous acceptons de regarder les choses d’une façon équilibrée, sans apriori angélique envers ND.

    Il y a cependant un deuxième aspect des choses qui est beaucoup plus déterminant pour expliquer cette attitude contreproductive qui a tant décontenancé et irrité le procureur.

    Cyrus Vence sait qu’il y a eu contact sexuel, aucun des protagonistes ne le conteste, ce qu’il doit découvrir c’est si ce contact a été consenti ou pas, et visiblement, l’attitude de ND, sans parler de ce que les avocats de DSK déterrent de son passé lui posent problème.

    Ici, le problème qui conduit ND à dysfonctionner vient de ce que sa parole est mise en doute et qu’elle n’a absolument pas les connaissances qu’il faut pour répondre à tel dénie, ce qui provoque chez elle un grand stress, la fait paniquer et parfois répondre irrationnellement.

    A notre époque, le fait d’exiger des blessures bien visibles comme seules preuves de contraintes est autant dépassé qu’agressif envers la victime mise en doute dans sa parole.

    Bien sûr la contrainte se réalise le plus souvent par la force physique, mais nous savons qu’elle peut aussi se réaliser au travers de l’emprise mentale, de la fascination ou de la menace, sans qu’il n’y ait besoin d’engager de lutte.

    Nous voudrions également rappeler ici l’état de figement biologique qui peut survenir chez certaines personnes surprises par un danger immédiat, qui les rend incapables de résister ou de fuir.

    Ce sont des états observés chez le chevreuil au milieu de la route qui reste figé, fasciné par les phares et le rugissement du moteur du véhicule qui va le percuter.


    Le phénomène vaut autant pour les mammifères humains que pour les mammifères chevreuils.

    Nous voudrions aussi rappeler la fascination quasi hypnotique qu’une personne  puissante, agressive et sure d’elle peut exercer sur quelqu’un d’habitué à obéir à tout ce qui incarne l’autorité. 

    C’est selon ce phénomène, que des enfants peuvent être détournés par des prédateurs, ou que des adultes surpris ou fragilisés peuvent être abusés.

    Le processus d’emprise hypnotique la plus répandue consiste à créer une grande confusion dans l’esprit chez la victime.

    Il s’agit de proposer en alternance précipitée, sous forme de phrases courtes des sollicitations sous forme d’invite et de séduction, puis d’injonction autoritaire puis de menace, et de recommencer le cycle, tout en avançant physiquement sur la victime, comme pour l’envahir et la forcer.

    La victime n’a pas le temps de prendre la mesure d’une attaque et de s’en prémunir, qu’une autre très différente survient, puis encore une autre et ainsi de suite avec des séquences très rapides, et toujours le prédateur qui avance et agit, jusqu’à obtenir le résultat souhaité, la déconnection totale de la conscience, le figement et la soumission.

    Concernant la puissance de la suggestion et du conditionnement, voici une illustration : Il est sorti il y a quelques semaines, une affaire ou plus de 200 entreprises françaises d’envergure ont été escroquées de sommes très sérieuses sans arme ni violence.

    Un imposteur se faisait tout simplement passer pour le patron de la société et intimait à un employé habilité à le faire, de transférer une coquette somme d’argent sur un compte à l’étranger.

    Il n’y avait aucun motif logique pour ce transfert qui semblait autant farfelu que suspect, mais l’employé s’exécutait, subjugué par le ton impérieux de son interlocuteur et conditionné par son devoir d’obéissance envers ses chefs. 

    Voir ici : http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/arnaques-aux-virements-bancaires-200-entreprises-victimes-en-3-ans-0502-77728.html

    (laissez passer la pub s’il y en a une, le reportage de BFM TV est juste après).

    Nous sommes bien d’accord que des employés habilités à intervenir sur les comptes de société qui manipule des millions ne sont pas vraiment recrutés parmi un échantillon représentatif d’idiots du village !

    Et pourtant, ils l’ont quand même fait, il y en a eu plus de 200 personnes très intelligentes qui ont fait perdre beaucoup d’argent à leur société pour des raisons irrationnelles, sur simple injonction et par réflexe de soumission !

    Je ne veux surtout pas faire de lien entre les idiots du village et ND mais je voudrais souligner que le procureur déclare à son sujet qu’elle est inconstante, incohérente et que ses raisonnements s’effilochent.

    Quitte à oser poser sans frémir ce type de jugement, ne devrait-il pas au moins aussi en tirer des conclusions ?

    Ne peut-il pas en déduire qu’une personnalité de ce type  n’a pas grand chance de peser bien lourd, en huis clos, devant la détermination d’un agresseur qui déploie toute sa puissance d’intimidation ?

    DSK n’a-t-il pas le profil pour en imposer à ND ? La menacer du regard ?  La surprendre ? L’embrouiller ? La figer ?

    ND n’a-t-elle pas le profil d’une personne vulnérable aux intimidations ? Aux injonctions ? A l’emprise ?

    Nous insistons là-dessus, l’absence de structure compétente et adapté qui aurait permis d’interroger ND dans des conditions confortables pour elle a fait qu’elle se sente en grand danger de ne pas être crue.

     

    Ce qu’a été la vie de ND a induit la manière dont elle s’est construite et la manière dont certains réflexes se sont ancrés en elle.

    Oui, elle obéît à des réflexes conditionnés qui parasitent encore son raisonnement lorsqu’elle se trouve bousculée ou prise dans des circonstances qui la dépassent.

    Le fait que le procureur n’ait pas la moindre connaissance du pouvoir d’emprise qu’exerce un prédateur puissant ni ne tienne compte des particularités de sa sensibilité de victime expliquent sa panique et son comportement erratique.

    On peut d’autant mieux comprendre les angoisses de ND que le procureur a sur l’affaire une position intellectuelle qui nous semble assez désastreuse.

    VI        Parlons idéologie 

    Voici les fais de départ :

    - Nous savons, preuves scientifiques à l’appui, qu’il y a eu « contact » sexuel entre ND et DSK, et que ce contact a duré entre 7 et 9 minutes.

    - Nous savons que DSK a déclaré que ce « contact » était mutuellement consenti.

    - Nous savons que ND a déclaré qu’il y a eu viol

    - Quand au procureur, il en dit ceci :

    Les preuves physiques, scientifiques et d'autres natures, indiquent que l'accusé a engagé un acte sexuel précipité avec la plaignante, mais elles ne permettent pas de dire si l'acte a eu lieu sous contrainte et sans consentement. Mis à part la plaignante et l'accusé, il n'y a pas d'autre témoin de l'incident. 

    A la lumière de ces déclarations répétées d'absence de blessures physiques, aussi bien qu'au regard des constatations médicales, aucune charge attestant d'une blessure physique ne pourrait être invoquée dans une plainte criminelle ou devant un grand jury.

    Il constate donc qu’un acte sexuel précipité a bien eu lieu, mais que l’absence de blessure chez la présumée victime peut mettre en doute l’aspect contraint de ce contact, et il constate aussi qu’il n’y avait pas d’autres témoins que les protagonistes.

    Moralité : sans blessures, sans témoins, le doute doit profiter à l’accusé.

    Voilà une position qui conditionne tout.

    Dans l’absolue, elle est vraie et raisonnable, le doute doit toujours profiter à l’accusé.

    Cependant, lorsqu’on est en présence du loup et de l’agneau, sans déroger à ce principe, il n’est pas imprudent de douter du doute et d’envisager l’hypothèse d’une éventuelle ruse.

    Il aurait été important de le faire car dans cette situation, c’est un peu comme si le procureur avait dit :

    Il y a si peu de traces de crime, qu’on ne peut même pas véritablement établir qu’il y a eu un, et puisqu’il en est ainsi, autant dire qu’il n’y en a pas eut !

    Cela sous-entend qu’à N.Y, il est maintenant officiel, c’est quasiment une jurisprudence pour dire que toute personne qui saura créer des conditions de huis clos et saura contrôler sans violence une cible bien choisie, sera assurée que non seulement la justice n’ira pas chercher plus loin mais qu’en plus elle garantira son impunité.

    Voilà qui ouvre des horizons dorés à certains !

    C’est pour cette raison qu’il n’aurait pas été absurde que le procureur tienne compte des antécédents respectifs de DSK et de ND en matière de dérive sexuelle, et aille un cran plus loin en se posant une question de plus.

    Y a-t-il des éléments induits ou indirects, au-delà des faits immédiatement constatables, qui peuvent tendre à rendre la parole de l’un plus vraisemblable que celle de l’autre ?

    Y a-t-il des éléments dont la séquence ou la logique permettrait de confondre le menteur ?

    Répondre non d’entrée de jeu, ou ne carrément pas se poser la question du tout favorise le menteur.


    Pourtant, si DSK dit vrai, il fait face à une accusation mensongère insupportable et il a droit à une décision plus tranchée et plus honorable qu’un simple non-lieu, et si ND dit vrai, elle a droit de voir son agresseur comparaître au pénal.

    C’est vraiment important pour DSK s’il est vraiment innocent, il lui faut un blanchiment total qui lui rende son honneur, pas un glauque accord furtif par lequel il semble acheter sa tranquillité.  

    Alors, il va de soi que même si DSK a tout à fait le profil et les antécédents d’une personne capable de le faire et de passer à l’acte, et même si ND a tout à fait le profil d’une personne formatée à l’obéissance et intimidable, cela ne prouve pas formellement que dans ce cas précis DSK est coupable.

    Par contre, cela semble suffisamment interpellant pour que le procureur ait pu percuter là-dessus et il est assez frustrant qu’il ne l’ait pas fait.

    Mais revenons-en à l’essentiel, puisque nous ne sommes pas là pour faire le procès des limites de la justice américaine ni de l’impéritie de ses procureurs, mais bel et bien pour découvrir la vérité vraie selon nos méthodes analytiques.

     

    Les deux méthodes que nous allons utiliser sont celle de la cinétique et celle de la modélisation.

    VII       Parlons méthodes

    La méthode cinétique correspond à la comparaison des trajectoires de chacun des protagonistes, et nous semble être un bon critère d’évaluation quant à la culpabilité ou à l’innocence des personnes lorsqu’il y a à trancher entre deux paroles.

    Comprenons-nous bien, il ne s’agit pas d’accorder bêtement notre confiance à celui qui a le casier judiciaire le plus clean, il s’agit de voir, par rapport à une situation donnée quelle trajectoire l’emporte sur l’autre et quelle est la signature de la trajectoire qui ne dévie pas.

    Nos amis physiciens sont formels :

    Lorsque les trajectoires de deux bolides se croisent et qu’ils se heurtent, ils sont à la fois impactant et impacté.

    C’est celui qui a l’énergie cinétique la plus faible qui dévie le plus et bien sûr, c’est celui qui possède l’énergie cinétique la plus puissante qui dévie le moins, voire pas du tout.


    Lorsque nous transposons les choses en terme psychique, c’est la trajectoire et l’impact des volontés que nous comparons.

    La volonté de l’individu qui subit une situation dévie énormément de ses habitudes et en arrive à faire des choses qu’il n’a jamais faites jusqu’à l’impact avec une volonté dominante.


    La volonté de l’individu qui prend le pas sur l’autre reste dans des domaines d’action qui lui sont communs, habituels.

    Dans notre cas, nous devons alors chercher lequel des deux protagonistes a fait quelque chose d’extraordinairement excentrique par rapport à ses habitudes et lequel a cheminé dans une certaine routine.

    Nous avons très largement débattu des trois ans d’activités de ND au sein de son hôtel et de la façon dont sa hiérarchie la notait et nous savons que la seule et unique chose qu’elle a faite pendant trois ans dans les chambres du Hilton, c’est le ménage.

    Est-ce que pour ND, le fait de recevoir sur elle une coulée de sperme de la part d’un client est quelque chose de tout à fait habituel pour elle, où, s’agit-il d’un fait unique, totalement à l’écart de ses habitudes ?

    D’un autre côté, nous avons été un peu plus intéressés que le procureur concernant la personnalité et les habitudes de DSK et nous pouvons dire que lorsqu’il descend dans un hôtel c’est pour y travailler, y dormir et s’y ébattre sexuellement ; Les coulées de sperme dans les chambres d’hôtel font partie de son folklore.

    Il n’y a pas besoin d’un décodeur surpuissant pour conclure que la personne qui a dévié de sa trajectoire, c'est-à-dire qui a subis la volonté de l’autre c’est ND et que la personne qui s’est imposé à l’autre en restant dans le cours ordinaire de ses habitudes c’est DSK.

    Nous reconnaissons que cette méthode est un peu lapidaire, voire caricaturale et que, même si nous pensons qu’elle reste un révélateur très simple et très efficace, elle ne couvre pas tout le spectre des possibilités.

    En effet, même si cette hypothèse est hautement improbable, nous ne pouvons intellectuellement exclure la possibilité du coup de passion, du magnétisme irrépressible de deux corps qui s’attirent mutuellement et qui auraient poussé ND à s’affranchir de sa réserve, de sa prudence, de son professionnalisme, pour se jeter fiévreusement sur le french lover !

    La méthode cinétique ne réussit pas à contredire cette possibilité et donc DSK peut s’en emparer et crier à son innocence en affirmant que c’est très exactement comme ça que ça s’est passé, et que maintenant, il faut qu’on le laisse tranquille avec cette histoire !


    Par chance, la méthode suivante, est beaucoup plus élaborée et donne des résultats beaucoup plus étoffés qui couvrent absolument tous le spectre des possibilités et va enfin nous apporter LA réponse ! 

    VIII      Parlons vrai ! 

     LA CONSTRUCTION DU MODELE :
     

    C’est une méthode semblable à celle qu’utilisent les agences de renseignement militaire.

    C’est très mathématiquement que les services secrets du monde entier sont à même de connaître le déroulement de faits qui ont échappé à leurs caméras ou à leurs grandes oreilles, ou même de connaître les décisions qui ont été prises au cours de réunions en pays étrangers, auxquelles ils n’ont pas participé.

    Cela s’appelle le système de regroupement des données.
    Il s’agit de la mise en équation de l’ensemble des éléments connus d’une affaire et de ses acteurs.

    Il est tenu compte pour chaque élément, de sa dynamique, de son antériorité, de ses horizons, de son langage et de ses interactions avec la société.

    Cela conduit à une modélisation du réel à laquelle peuvent être confrontées les versions et les hypothèses de chacun.

    Les versions ou les hypothèses qui intègrent le plus des données du modèle sont celles qui ont le plus de probabilité d’être les bonnes…… Et lorsqu’une version ou une hypothèse intègre TOUTES les données, sans en contredire aucune, elle s’affranchit de toute probabilité, C’EST la bonne.


    Bien entendu, la quantité de  données recueillies est un facteur clé.
    Pour être consistant, un modèle doit être construit avec un ensemble suffisant de données sur l’ensemble des lieux, des personnes, des circonstances et des interactions publiques.


    Dans le cas qui nous intéresse les investigations des avocats, du procureur et la visibilité médiatique de DSK, nous avons une abondance de données suffisamment fournies pour constituer un modèle solide.


    Alors n’attendons plus, présentons là, puisqu’elle existe, cette hypothèse qui intègre toutes les données sans en contredire aucune !

    Sur les circonstances :

    Nous avons vu que l’hypothèse du complot était contredite par la manière dont ND avait déclaré l’incident et par l’absence de contrôle qu’elle pouvait exercer sur la suite des évènements.

    A titre de confirmation, deux ans après, alors qu’il aurait été du plus grand intérêt de DSK de pouvoir désigner à l’opinion publique l’ennemi sournois qui l’avait ainsi écarté de la course à la Présidence, il n’existe toujours aucun embryon de piste pouvant laisser envisager qu’il y a eut complot.
    Nous retiendrons donc que c’est selon une circonstance d’opportunité de situation que les choses se sont déroulées.

    Sur le consentement mutuel :

     
    Nous avons vu que professionnellement, ND fait un sans-faute depuis son embauche trois ans plus tôt et nous avons déterminé que cet emploi est pour elle un enjeu majeur.

     
    Nous savons que le temps d’intervention du personnel dans une chambre est standardisé, limité, et nous savons qu’il y a les caméras de surveillance pour rappeler aux employés que ces temps d’intervention doivent être respectés.

    Nous savons donc que le temps de séduction dont disposait DSK pour infléchir et faire succomber ND était très court, sans parler du temps de l’acte lui-même qui doit être retranché du temps disponible total.


    L’importance que représente cet emploi pour N.D et la discipline qu’elle y met depuis trois ans contredisent l’assertion qu’il aurait suffi d’une cour express de la part d’un inconnu pour que ND prenne le risque de se faire licencier, juste pour le plaisir de flirter un bref instant avec un client de l’hôtel.

    Sans vouloir nous immiscer dans l’intimité des personnes ni nous mettre à leur place, il reste raisonnable de penser qu’ici le rapport risque/bénéfice est disproportionné tant le risque est grand pour ND et minime son bénéfice. ( sauf respect aux talents de DSK )


    De plus, le fait que ND ne se satisfasse pas de la situation et se plaigne à sa direction, contredit l’assertion qu’il y ait pu avoir brève entente, brève complicité ou bref accord entre les deux protagonistes.  

    Cela veut dire au contraire que le sentiment d’injustice et d’abus ressenti par ND était plus fort que sa peur d’être licenciée, ce qui n’est pas rien quand on mesure ce fait à l’aune de l’importance qu’elle accorde à son travail.

    Nous retiendrons donc qu’il n’y a pas eu consentement mutuel et que la relation a été imposée par DSK à N.D.

    Sur la vraisemblance des versions:

    Nous savons, par ce que nous avons vu des trajectoires des deux protagonistes, que les hôtels, en général, sont pour DSK un lieu naturel d’ébats érotiques, alors que cet hôtel particulier est le lieu de travail de ND. 

    Nous savons que ND bannit tout érotisme de son travail et que les caméras sont là pour y veiller.

    Nous savons que les avocats de DSK qui ont déployé des moyens extravagants pour enquêter sur ND n’ont trouvé ni tâche, ni faille dans son professionnalisme.

    Nous rappelons qu’avec toute la puissance de leurs moyens d’investigation les avocats n’ont décelé aucune trace de complot.


    A côté de ça, nous savons que le fait de solliciter sexuellement des femmes dans un contexte inapproprié en s’appuyant sur son statut est coutumier à DSK.

    Nous pouvons donc établir que si DSK et ND ont eu un rapport sexuel opportuniste dans cet hôtel, cela cadre plus avec un but visé et atteint par le style de vie de DSK plutôt que par celui de ND.

    Cela nous amène à la conclusion que l’implication du hasard dans le fait que ND aurait perdu toute prudence et aurait dérogé à toute discipline JUSTEMENT le jour ou DSK était là et pas un autre jour, et JUSTEMENT avec lui et pas avec quelqu’un d’autre, est inenvisageable.

    Le facteur déclenchant est nécessairement DSK.

    Attendu qu’il ne peut s’agir ni d’un hasard, ni de la volonté de ND, nous retiendrons que seule la version de l’abus est vraisemblable.

    Sur l’emprise:

    Nous savons que DSK est conscient de sa puissance et de son autorité et qu’il sait en jouer auprès des femmes.

    Nous savons que ND est susceptible d’être vulnérable, mais nous savons aussi qu’après coup elle a pu trouver la ressource de signaler l’anomalie des faits à la direction. ( ND n’a pas directement et immédiatement déclaré à sa direction qu’elle avait été abusée, elle a interrogé sa direction pour savoir si ce genre de chose était normal ).

    Nous pouvons en déduire que le degré de contrainte et d’intimidation qui a pesé sur ND a été modéré.

    Attention : Nous ne sommes pas en train de minimiser l’emprise et la responsabilité de DSK.

    Si nous parlons de modération c’est exclusivement pour bien démarquer les faits qui se sont déroulés ce jour-là au Hilton de ce qui peut se produire dans le cadre d’agressions violentes avec menaces de mort.

    Par contre, nous pensons que c’est justement parce qu’il n’a pas été extra violent et parce qu’il n’est pas dans sa nature de menacer quelqu’un de mort que DSK s’imagine autorisé à pouvoir parler de séduction et de consentement mutuel.

    Mais il ne suffit pas de ne pas être violent pour ne pas être un abuseur, il y a des degrés dans la menace et l’intimidation.

    Même si l’emprise est modérée ou contenue  de telle façon qu’après quelques minutes ou heures, une victime puisse retrouver ses sens, cela n’enlève rien à la qualification d’agression et d’abus.

    Nous retiendrons donc que le degré d’emprise a été suffisant pour permettre l’abus, mais qu’il a été aussi modéré puisque ND a repris assez vite la maîtrise d’elle-même.

    Sur l’instruction:

    Nous avons pu constater que même si ND était la plaignante, c’est quasiment une instruction à charge contre elle qui a été menée.

    Pour cette raison, nous avons longuement examiné l’abondance de vidéos disponibles, concernant Cyrus Vence, lorsqu’il s’exprimait sur cette affaire. Nous n’avons décelé aucun indice comportemental ni aucune distorsion dans la logique de ses discours ou de son rapport qui puisse laisser soupçonner que le procureur n’ait pas été indépendant.

    Il se peut qu’il ait été un fantastique comédien incroyablement rodé à l’auto contrôle, mais il faut savoir que la psyché se distord lorsque l’intellect lui impose un point de vue qui n’est pas en phase avec son sentiment naturel, ce qui conduit l’inconscient à compenser.

    Cette compensation ne passe pas inaperçu en terme de manifestations de toutes sortes.

    Elle se révèle au niveau du langage écrit et parlé, mais aussi au niveau comportemental et biologique.

     Autant nous avons pu observer chez Cyrus Vence de la rigidité, de l’idéologie, du refoulement et de l’immaturité émotionnelle, autant nous n’avons pas trouvé chez lui la moindre trace d’allégeance ou de soumission aux instructions d’une autorité occulte concernant cette affaire.

    Nous retenons que c’est donc bien selon l’inclinaison de sa propre représentation du monde que ce procureur a mené cette instruction.

    Il n’a été à la botte de personne, il a juste été…ce qu’il était ; Le produit de son éducation, de son adaptation à la bonne société Newyorkaise, avec très peu d’idées personnelles.

    C’est  cette vision du monde qui fait que si à la place du Directeur du FMI, il y avait eu un livreur de pizza du Bronx, SA PERSONNALITE AURAIT ETE ETUDIEE ET IL AURAIT ETE TENU COMPTE DE SES ANTECEDENTS.

     

    Sur l’attitude ND:

    Il va de soi que les changements de versions sont tout à fait caractéristiques de la confusion post traumatique.

    Nous pouvons aussi tabler sur le fait que la solennité des interrogatoires, la personnalité du procureur et l’inaccoutumance de ND à de tels personnages et à de tels environnement aient pu apporter encore plus de confusion à sa confusion pour achever de la déstabiliser.  

    Mais nous passerons assez vite sur tous ces facteurs connus pour aller directement au point qui a interpellé tout le monde, à savoir la propension de ND et de son avocat à essayer de faire de l’argent avec cette affaire.

    Nous n’occultons pas qu’à un certain moment de l’évolution de l’affaire, un certain nombre d’intervenants ont flairé l’opportunité de s’enrichir de la situation.

    Nous pensons particulièrement au petit ami de ND, à ND elle-même et à son avocat.

    Nous n’occultons pas non plus les multiples récupérations par les différents lobbies ethniques et sociaux.

    Maintenant, souvenons-nous que c’est le procureur lui-même qui a refusé d’instruire au pénal.

    De fait, la seule question qui pouvait alors être posée était : A défaut d’aller au pénal, existait-t-il une alternative à une transaction financière pour compenser ND ?

    Et la réponse était non !

    L’empressement de ND et de son entourage à tirer un avantage financier de la situation, aussi voyant et aussi peu sympathique soit-il, ne doit pas occulter que ND est une victime.

    En plus d’avoir été abusée, elle faisait face au déni de son agresseur,
    il n’y avait ni aveux ni excuses de sa part sur la base desquels elle aurait pu s’apaiser.

    Nous retenons que le versement d’une somme d’argent restait le seul élément concret de reconnaissance de son statut de victime, et donc, qu’il était bon à prendre.

    En synthèse:

    Nous avons déterminé sans que rien ne puisse contredire ces conclusions :

    Que Madame ND et Monsieur DSK qui ne s’étaient jamais rencontré ont eu l’occasion de faire connaissance dans une chambre de ce Hilton de NY.


    Que Monsieur DSK a saisi cette opportunité pour imposer à Madame ND un contact physique qu’elle ne recherchait pas et n’approuvait pas, ce qui en soi est un abus.

    Que le mode selon lequel ce contact sexuel a été imposé est à minima celui de l’intimidation et de l’emprise.

    Que l’intensité de cette emprise a été suffisamment forte pour que l’abus puisse se produire, mais suffisamment modéré pour que Madame ND puisse assez rapidement retrouver ses esprits et signaler les faits.

    Que l’instruction a plutôt été déséquilibrée dans la mesure où le procureur  n’a accordé que très peu d’intérêt à la personnalité et aux antécédents de DSK tandis qu’il a laissé libre cours à son sentiment personnel concernant les femmes noires, immigrées modestes, qui vivent dans les quartiers populaires, et dont les circonstances de vie ont fait qu’elles ont déjà été prises en défaut de mensonge, de simulation….. 

    Que ce sentiment est visiblement défavorable puisque, semble-t-il, rien de bon ni de vrai, selon Cyrus Vence, ne peut être attendu de ces « gens-là ».

    Que la transaction financière stoppe l’action de la justice mais ne blanchit pas DSK.

    Pour finir:

    L’analyse de cette affaire nous a permis de passer en revue l’aspect psychique d’un certain nombre de phénomènes liés à l’abus de pouvoir, à l’emprise, au mensonge et à la manipulation.

    Il nous a semblé utile de le faire dans la mesure où le plus souvent ces phénomènes sont mal connus bien que très aliénants pour ceux qui les subissent, et que les affaires médiatisées n’ont malheureusement pas le monopole de ce genre de comportements, puisque la sphère familiale et les collectifs de toutes sortes peuvent aussi en devenir le cadre.

    Nous avons pu nous rendre compte qu’il n’y avait rien de nouveau sous le soleil de la justice américaine et que même à notre époque, il valait toujours mieux être un homme blanc, bien pensant, riche, très diplômé et très haut placé plutôt qu’une femme noire, immigrée, modeste, avec des fréquentations douteuses.

    Rien de nouveau sous le soleil de la politique française non plus.
    Sur la large palette qui va des speedés aux mollassons en passant par les arrivistes de tous poil, le déni reste une arme redoutable au service de la toute-puissance.

    Il va de soi que cette analyse qui est fondée sur un système de regroupement de données et sur une appréciation psychique des éléments factuels ne vaut que pour ce qu’elle est.

    Elle s’adresse à l’être, au bon sens de chacun, à sa sagacité personnelle, et c’est à l’aune de son sentiment intérieur que chacun pourra juger de sa pertinence.

     

    Nous espérons que le sujet vous a plu et dans la mesure du possible nous nous efforcerons de répondre aux questions s’il y en a.

    RAPPORT Cyrus Vence

    Inculpation No. 02526/2011.

    Au nom du peuple, l'Etat de New York demande l'abandon de l'inculpation de l'accusé, telle qu'elle est désignée ci-dessus, pour agression sexuelle sur la plaignante dans un hôtel du centre de Manhattan, le 14 mai 2011.

    La nature des accusations exige que l'on soit en mesure de prouver avec certitude que l'accusé a engagé un acte sexuel avec la plaignante sous la contrainte, et sans son consentement. Après enquête approfondie, il apparaît que la preuve de deux éléments essentiels – l'usage de la force et l'absence de consentement – ne peut reposer que sur le témoignage de la plaignante lors d'un procès.

    Les preuves physiques, scientifiques et d'autres natures, indiquent que l'accusé a engagé un acte sexuel précipité avec la plaignante, mais elles ne permettent pas de dire si l'acte a eu lieu sous contrainte et sans consentement. Mis à part la plaignante et l'accusé, il n'y a pas d'autre témoin de l'incident.

    Pour que le jury déclare l'accusé coupable, il est donc nécessaire qu'il soit convaincu, au-delà de tout doute raisonnable, que la plaignante est digne de foi. L'affaire dépend en effet entièrement de son témoignage.

    Au moment de l'inculpation, toutes les preuves disponibles nous ont laissé penser que la plaignante était fiable. Mais d'autres éléments recueillis durant l'investigation ont gravement remis en cause sa fiabilité dans cette affaire. Que des individus aient menti dans le passé ou commis des actes criminels ne fait pas nécessairement d'eux des gens indignes de notre confiance et cela ne nous empêche pas de les appeler à la barre des témoins durant le procès.

    Mais, quelle que soit la réalité des faits dans cette affaire, le nombre et la nature des mensonges de la plaignante nous empêchent de faire confiance sa version des faits au-delà de tout doute raisonnable. Si nous ne pouvons la croire sans douter, nous ne pouvons pas demander à un jury de le faire.

    Nous avons résumé ci-dessous les circonstances qui nous ont amenés à cette conclusion. Il ne s'agit pas d'une affaire où nous imposons à la plaignante des investigations excessives ou des critères élevés. Au contraire, nous sommes confrontés à une situation dans laquelle il est apparu de plus en plus clairement que la crédibilité de la plaignante ne résistait même pas à l'évaluation la plus basique.

    En résumé, la plaignante a donné des versions changeantes et contradictoires des événements concernant la supposée agression sexuelle, et par conséquent, nous ne pouvons pas être certains de ce qui s'est passé le 14 mai 2011, et nous sommes incapables de savoir quelle version la plaignante donnerait durant le procès.

    Au cours de chaque entretien avec des procureurs, alors qu'il lui était simplement demandé d'être sincère, elle ne l'a pas été, que cela soit sur des détails ou sur des faits importants, certains mensonges portant sur son passé et d'autres sur les circonstances même des faits incriminés.

    Dans deux entretiens, par exemple, la plaignante a évoqué de façon saisissante, et avec de nombreux détails, un viol dont elle aurait été victime dans son pays d'origine, viol dont elle admet aujourd'hui qu'il a été entièrement inventé. Elle a également admis avoir menti lorsqu'elle a raconté aux procureurs et au grand jury ce qu'elle avait fait immédiatement après l'agression.

    Cette tendance à dire des contre-vérités ne date pas des contacts de la plaignante avec le bureau du procureur. Notre investigation a montré que la plaignante avait déjà fait dans le passé de nombreuses fausses déclarations, dont certaines inscrites dans les fichiers du gouvernement et faites sous serment ou sous peine de parjure. Tous ces mensonges devraient, évidemment, être révélés au jury durant un procès, et leur accumulation aurait un effet dévastateur.

    Enfin, nous avons conduit une minutieuse investigation dans le but de découvrir des éléments permettant d'en savoir plus sur la nature de l'acte sexuel engagé entre l'accusé et la plaignante. Tous les éléments recueillis, qui auraient pu être pertinents pour statuer sur les questions de l'usage de la force et de l'absence de consentement, se sont révélés non concluants.

    Nous ne faisons pas cette recommandation à la légère. Notre scepticisme vis-à-vis de la crédibilité de la plaignante nous rend incapables de savoir ce qui s'est véritablement passé dans la suite de l'accusé, le 14 mai 2011, et empêche donc de continuer les poursuites judiciaires. Par conséquent, nous conseillons respectueusement que l'accusation soit levée.

    Critères des poursuites judiciaires

    Le pouvoir substantiel accordé aux procureurs leur donne aussi des responsabilités spécifiques. Plutôt que d'agir uniquement en avocat zélé au service d'un client, les procureurs ont un vaste ensemble d'obligations envers la communauté, la victime et l'accusé :

    « Le [procureur] n'est pas le représentant de telle ou telle partie dans une controverse, mais celui d'une souveraineté dont l'obligation de gouverner de façon impartiale est aussi irréfutable que son obligation de gouverner tout court ; et, par conséquent, dont les intérêts dans une poursuite judiciaire ne sont pas de gagner l'affaire, mais de rendre justice. Ainsi, il est d'une certaine façon le serviteur de la loi, et son but est double : le coupable ne doit pas s'échapper, ni l'innocent souffrir. »

    Les règles de conduite professionnelle de New York qui, comme les codes d'éthique ont cours dans toutes les juridictions, et l'American Bar Association's Criminal Justice Standards, se basent sur la même croyance selon laquelle la tâche du procureur est d'obtenir justice, et pas de simplement gagner des procès.

    Les procureurs doivent également respecter les règles spécifiques qui reflètent notre rôle particulier dans le système judiciaire. Plus précisément, une condamnation ne doit être prononcée que si la culpabilité est prouvée sans doute possible. Cette exigence est « basée sur la croyance fondamentale de notre société selon laquelle il est bien pire de condamner un innocent, que de laisser partir un coupable ».

    Cette exigence guide les décisions des procureurs, qui doivent décider s'ils doivent ou non poursuivre une enquête, au-delà de la décision des jurés de condamner ou non. Au début d'une affaire, les procureurs sont souvent appelés à porter des accusations avant que tous les éléments de l'enquête soient connus, ou que toutes les étapes de l'investigation exigées pour le procès soient remplies.

    Selon les règles éthiques de New York, les accusations peuvent être utilisées à charge de l'accusé si elles se basent sur des causes probables. Mais pendant des générations, avant de déterminer si une affaire devait être menée jusqu'au tribunal, les procureurs criminels du comté de New York ont insisté sur le fait qu'ils devaient être personnellement convaincus, sans aucun doute possible, de la culpabilité de l'accusé, et qu'ils devaient se savoir capables de prouver cette culpabilité à un jury.

    Les normes qui gouvernent la conduite des procureurs fédéraux, ainsi que l'American Bar Association's Criminal Justice Standards, prennent aussi en compte le besoin pour les procureurs de jouer le rôle de gardiens, en leur permettant d'évaluer librement les preuves et les éléments disponibles avant de décider de l'ouverture d'un procès.

    Ces principes essentiels, que ce Bureau respecte, sont donc clairs. Si, après un minutieux examen des faits, le procureur n'est pas convaincu que l'accusé est indubitablement coupable, il ou elle doit abandonner le procès. Bien qu'une certaine empathie pour les victimes d'un crime soit un attribut essentiel pour chaque procureur travaillant dans ce Bureau, cette empathie ne doit pas éclipser notre obligation d'agir en se basant exclusivement sur des preuves et des faits, en toute conscience de la haute importance des preuves dans une affaire criminelle.

    Cadre procédural

    L'accusé a été placé en détention provisoire le 14 mai 2011, et le jour suivant, a été identifié par la plaignante parmi d'autres individus, puis arrêté par les services de police de New York. Au nom du peuple, il a été déposé une plainte pour crime le 15 mai 2011, accusant le prévenu des mêmes crimes pour lesquels il a été plus tard inculpé, qui sont spécifiés plus bas.

    Le 16 mai 2011, l'accusé a été traduit en justice à la cour d'assises, et malgré une demande de mise en liberté sous caution, a été placé en détention provisoire sur demande du représentant du peuple. Suivant les codes du CPL, paragraphe 180.80, il a été demandé au représentant du peuple de présenter des éléments à un grand jury dans un délai de 144 heures, afin d'éviter que l'accusé ne soit remis en liberté.

    En se basant sur les éléments disponibles à ce moment-là, il a été estimé au nom du peuple que l'affaire devrait être présentée à un jury. Cette présentation a eu lieu le 18 mai 2011 ; l'accusé a choisi de ne pas témoigner durant la procédure. Le jury a décidé une mise en examen ce même jour.

    La mise en examen (numéro 02526/2011) portait sur le prévenu, Dominique Strauss-Kahn :

    • deux accusations d'acte sexuel criminel aggravé, en infraction au paragraphe 130.50 du code pénal ;
    • une accusation de tentative de viol aggravé, en infraction aux paragraphes 110 et 130.55 du code pénal ;
    • une accusation d'abus sexuel aggravé, en infraction au paragraphe 130.65 du code pénal ;
    • une accusation de détention illégale sans préméditation, en infraction au paragraphe 135.05 du code pénal ;
    • une accusation de relation forcée, en infraction au paragraphe 130.52 du code pénal ;
    • et une accusation d'abus sexuel au troisième degré, en infraction au paragraphe 130.55 du code pénal.

    Le 19 mai 2011, l'accusé a réitéré sa demande de libération sous caution, et la caution a été portée à 1 million de dollars, plus une garantie de 5 millions. Les conditions de libération incluaient la remise du passeport de l'accusé aux autorités, sa détention à domicile dans le comté de New York, et le port d'un bracelet électronique à ses frais.

    Il a été traduit en justice le 6 juin 2011, a plaidé non-coupable. Le procès a été reporté au 18 juin 2011.

    Le 30 juin 2011, dans une lettre destinée à l'avocat de la défense, il a été révélé une information à décharge, concernant la plaignante, conformément aux obligations du procureur sous CPL 240.20, la règle 3.8 des règles de conduite de New York, Brady v. Maryland, 373 U.S 83 (1963).

    L'affaire a été avancée au 1er juillet 2011 pour des raisons de renouvellement d'une demande de caution, pour laquelle cette cour a libéré l'accusé sur son propre engagement, à la demande de ce dernier et avec le consentement du procureur, à la condition que celui-ci garde possession du passeport et des documents de voyage de l'accusé.

    Le 7 juillet 2011, l'affaire a été administrativement ajournée, sur consentement des deux parties, du 18 juillet 2011 au 1er août 2011, afin de permettre la poursuite de l'enquête des deux côtés. Le 26 juillet 2011, l'affaire de nouveau été ajournée au 23 août 2011.

    Déroulé de l'enquête

    A - Enquête initiale et acte d'accusation

    Le 14 mai 2011, la plaignante, une femme de chambre de l'hôtel Sofitel, situé sur la 44e rue Ouest à Manhattan, fait état au service de sécurité de l'hôtel, puis plus tard aux forces de police new yorkaises (NYPD), qu'elle a été agressée sexuellement par l'accusé dans sa suite d'hôtel.

    Elle l'a tout d'abord signalé à son responsable, peu de temps après son interaction avec l'accusé, étant chargée de nettoyer sa suite (suite 2806). Son responsable a ensuite convoqué un responsable supérieur, à qui la plaignante a répété sa réclamation. Ce dernier a informé la sécurité de l'hôtel et la direction du personnel, qui a en retour informé la police new yorkaise.

    Des agents de la police de New York et des inspecteurs ont interrogé la plaignante, avant de l'emmener dans un hôpital du quartier pour un examen médical, plus tard dans l'après-midi.

    En substance, la plaignante a rapporté aux inspecteurs de la police de New York, puis aux procureurs par la suite, que peu de temps après être entrée dans la suite de l'accusé pour effectuer ses tâches de ménage, celui-ci est sorti nu de sa chambre, s'est approché d'elle et a attrapé ses seins sans son consentement.

    Selon la plaignante, l'accusé a fermé la porte de la suite, l'a forcée à entrer dans la chambre, l'a poussée sur le lit, et a tenté d'introduire avec force son pénis dans sa bouche, ce qui a entraîné un contact entre son pénis et les lèvres fermées de la plaignante. Celle-ci a déclaré que l'accusé l'a ensuite entraînée de force plus loin dans la suite, en la poussant à terre dans un couloir étroit.

    Selon elle, il a arraché son uniforme, a baissé ses bas, a atteint sa culotte puis a violemment saisi son sexe. Enfin, la plaignante a rapporté que l'accusé l'a mise à genoux de force, a introduit de force son pénis dans sa bouche, a tenu sa tête, puis a éjaculé.

    Selon la plaignante, cet acte sexuel a eu lieu au fond du couloir de la suite, à proximité de la salle de bain. La plaignante a affirmé avoir immédiatement craché le sperme de l'accusé sur la moquette du couloir de la suite, et l'a fait à plusieurs reprises alors qu'elle fuyait.

    Le département de police new yorkais a découvert que l'accusé devait prendre un vol Air France [note de bas de page 8 : les enquêteurs ont auditionné les employés de l'hôtel qui ont effectué le check-out de l'accusé aux alentour de 12h28 et ils ont également auditionné le concierge de l'hôtel] à l'aéroport John F. Kennedy, à destination de l'Europe. Il lui a été demandé de descendre de ce vol à 16h45, par des inspecteurs assignés au « Port Authority Police Department », avant d'être arrêté.

    [Note de bas de page 9 : jusqu'au 6 juin 20011, la défense n'a pas révélé l'endroit précis où l'accusé se trouvait entre son départ de l'hôtel et son arrivée à l'aéroport. Il s'agit du restaurant situé dans la sixième avenue entre la 51e et 52e rue].

    Le jour de l'incident et les jours qui ont suivi, la plaignante a été interrogée par des inspecteurs de la brigade des victimes de la police de New York (NYPD's Manhattan Special Victims Squad) et par d'autres enquêteurs et procureurs expérimentés, y compris des membres de l'unité spéciale pour les crimes sexuels du bureau (Office's Sex Crimes Unit).

    Comme dans toutes les affaires où la parole d'un témoin est essentielle pour prouver le crime, les procureurs ayant interrogé la plaignante lui ont expliqué que ses situations passée et présente seraient minutieusement examinées. La plaignante a exprimé sa volonté de coopérer avec les procureurs et d'être honnête.

    Lors de ces premiers entretiens avec les procureurs et la police, qui ont enquêté sur les détails de l'incident ainsi que sur la situation et l'histoire de la plaignante, la plaignante est apparue honnête. Son compte-rendu de l'incident était convaincant, et, comme elle l'a répété à plusieurs reprises aux inspecteurs et procureurs de l'unité spéciale aux victimes, il était matériellement cohérent.

    L'enquête, entre la date de l'incident et le 18 mai, n'a pas révélé de signaux d'alarme dans les origines de la plaignante. Elle travaillait à l'hôtel Sofitel depuis plus de trois ans, son dossier de salarié ne contenait aucun rapport d'incident ou problème disciplinaire, et ses responsables ont indiqué qu'elle était une employée modèle.

    Elle n'avait pas d'antécédents criminels, et a obtenu l'asile par la Cour de l'immigration des Etats-Unis. Bien qu'elle ait noté être entrée, à l'origine, avec un visa et des documents délivrés à quelqu'un d'autre, elle a reconnu ce fait sans hésitation.

    Les éléments dont nous disposons indiquent enfin que la plaignante n'avait pas connaissance au préalable du séjour de l'accusé à l'hôtel, ce qui lui aurait permis d'organiser une rencontre entre eux, et qu'elle est entrée dans la suite de l'accusé pensant qu'elle était vide. D'autres preuves étaient cohérentes avec l'idée d'une relation sexuelle non-consentie entre la plaignante et l'accusé.

    Comme décrit ci-dessus, la plaignante aurait laissé éclater son désarroi face à ses deux responsables. Tous deux ont été auditionnés par un procureur dans les premières 48 heures de l'enquête, et ont rapporté qu'elle était apparue bouleversée.

    Un résultat préliminaire des tests d'ADN conduits par l'Office of Chief Medical Examiner (OCME) a établi que plusieurs taches situées sur la partie supérieure de l'uniforme d'hôtel de la plaignante contenaient du sperme qui fournissait l'ADN de l'accusé.

    Bien que ce résultat d'expertise préliminaire n'ait pas déterminé si la relation sexuelle entre la plaignante et l'accusé était forcée, il a établi que l'accusé avait pris part à un acte sexuel avec la plaignante. Une enquête rapide a également indiqué que la rencontre entre la plaignante et l'accusé fut brève, suggérant qu'il était peu probable que l'acte sexuel soit le produit d'une rencontre consensuelle.

    L'enquête précédant la mise en accusation a indiqué que l'accusé avait quitté l'hôtel de façon précipitée, mais l'on ne savait pas à ce moment-là où l'accusé était allé directement après son départ de l'hôtel. Ce qui était connu, cependant, est que plus tard dans l'après-midi du 14 mai 2011, l'accusé avait embarqué à bord d'un vol Air France à l'aéroport John F. Kennedy, à destination de l'Europe, et qu'il était un citoyen français.

    Avant la lecture de son acte d'accusation, il était aussi établi qu'en tant que citoyen de nationalité française, il ne ferait pas l'objet d'une extradition pour motif de poursuites criminelles aux Etats-Unis.

    En se fondant sur de multiples entretiens avec la plaignante et une évaluation de toutes les preuves disponibles à l'époque, les inspecteurs de la police de New York et procureurs qui ont parlé avec la plaignante pendant la phase initiale de l'enquête sont arrivés, individuellement, à la même conclusion. Chacun a trouvé la plaignante crédible et était convaincu que les charges criminelles étaient fondées. En conséquence, l'affaire a été présentée devant un grand jury et l'accusé a été inculpé.

    B - Enquête ultérieure

    De la date de l'acte d'accusation jusqu'à ce jour, le bureau du procureur de la République a continué de mener une enquête complète et de grande envergure sur l'accusé, la plaignante et les faits de cette affaire.

    Cette enquête a inclus les résultats d'examens physiques sur la plaignante et l'accusé, et les tests scientifiques d'expertises médico-légales obtenues de chacun d'eux et de leurs vêtements.

    Agents de police, enquêteurs, témoins, personnel médical, médecins légistes et experts médicaux ont été interrogés. Documents, comptes-rendus et autres preuves ont été regroupés et analysés, y compris des rapports de communications électroniques, des rapports financiers, des rapports d'entreprise, des rapports médicaux, des enregistrements des caméras de vidéo-surveillance de l'intérieur de l'hôtel Sofitel et d'autres endroits, des rapports de police et autres rapports d'agences gouvernementales et de maintien de l'ordre.

    Etant donné qu'un témoignage crédible de la part de la plaignante était nécessaire à l'établissement des charges criminelles, procureurs et inspecteurs ont interrogé la plaignante de façon répétée, au sujet de son histoire personnelle, de sa situation actuelle et des détails mêmes de l'incident.

    Lors des entretiens menés entre le 14 mai et le 7 juillet 2011, la plaignante a fourni aux procureurs et enquêteurs des informations détaillées concernant l'incident, son histoire personnelle et sa situation actuelle.

    Le 7 juin 2011, l'avocat de la plaignante a signalé aux procureurs que celle-ci n'avait pas été honnête au sujet de son histoire personnelle, y compris concernant son compte-rendu d'un précédent viol présumé. Lors d'entretiens complémentaires menés les 8,9 et 28 juin 2011, la plaignante a elle-même admis ne pas avoir été honnête avec les procureurs sur certains aspects de son histoire personnelle et de sa situation actuelle.

    Au cours de l'entretien datant du 28 juin, en présence de son avocat, de trois procureurs et d'un enquêteur, la plaignante a non seulement admis avoir été malhonnête avec les procureurs au sujet de ses activités faisant suite à l'incident, mais également qu'elle avait menti au grand jury sur ce point important. Dans une lettre datée du 30 juin 2011, le Bureau du procureur a dévoilé les fausses déclarations et autres informations potentiellement à décharge à la cour et à l'avocat de la défense.

    Du 1er juillet 2011 jusqu'à ce jour, le Bureau a continué d'enquêter sur l'affaire, y compris en interrogeant davantage de témoins civils, de scientifiques, d'experts médicaux, en analysant d'autres résultats d'expertises médico-légales fournis par l'OCME, et en évaluant des informations supplémentaires fournies par les avocats de la plaignante et de l'accusé.

    Les procureurs ont également rencontré la plaignante une nouvelle fois, le 27 juillet 2011 ; la plaignante a alors de nouveau modifié son compte-rendu de ce qui s'était déroulé immédiatement après sa rencontre avec l'accusé.

    Raisons de la préconisation d'un non-lieu

    Au procès, l'accusation a en charge de prouver la culpabilité d'un accusé, au-delà d'un doute raisonnable. Pour une multitude de raisons, y compris celles présentées ci-dessous, les mensonges de la plaignante ne permettent pas de lui accorder de la crédibilité.

    Parce que nous ne pouvons pas donner du crédit au témoignage de la plaignante au-delà d'un doute raisonnable, nous ne pouvons demander à un jury de faire de même. Les preuves restantes sont insuffisantes pour justifier les poursuites criminelles. Nous sommes par conséquent obligés, au regard de questions aussi bien légales qu'éthiques, de nous diriger vers le non-lieu.

    Le témoignage de la plaignante au procès ne peut compter pour établir une preuve au-delà d'un doute raisonnable.

    Au cours de nombreux entretiens, la plaignante a donné des versions incompatibles avec ce qu'il s'est passé immédiatement après sa rencontre avec l'accusé, ce qui ne nous permet pas d'établir ce qui s'est réellement passé ni de se reposer sur l'honnêteté du témoignage de la plaignante à cet égard. Elle a également fait plusieurs fausses déclarations, que ce soit aux procureurs ou dans le passé. Certaines de ces déclarations ont été faites sous serment ou peine de parjure, ce qui constitue pour certaines d'entre elles des actes frauduleux.

    A. Les incessants récits contradictoires de la plaignante sur l'incident

    Première version. Depuis la date de l'événement jusqu'au 28 juin 2011, la plaignante a affirmé, a plusieurs reprises, qu'après l'acte sexuel avec l'accusé, elle s'est enfuie de la suite de l'accusé et est allée au bout du couloir du 28e étage.

    La plaignante a affirmé ensuite qu'après avoir craché sur le tapis du couloir du 28e étage, elle est restée sur place, terrorisée, jusqu'à ce qu'elle tombe par hasard sur son responsable. A ce moment, ils sont entrés tous les deux dans la suite 2806. Elle a alors commencé à raconter à son responsable ce qu'il s'était passé entre elle et l'accusé, et a répété sa version des faits lorsqu'un deuxième responsable est arrivé.

    Lorsque les procureurs lui ont demandé pourquoi elle était restée dans le couloir du 28e étage plutôt que de fuir dans une chambre vide de ce même étage pour téléphoner à ses responsables ou à la sécurité, elle a affirmé que toutes les autres chambres de l'étage indiquaient la mention « Ne pas déranger », ce qui les rendait inaccessibles.

    Deuxième version. Lors d'un entretien mené le 28 juin 2011, en la présence de son avocat, la plaignante a donné une version sensiblement différente de ses agissements après les faits dans la suite de l'accusé. Au début de cet entretien, elle a admis pour la première fois qu'elle avait été malhonnête à propos de ce point-clé avec les procureurs et qu'elle avait menti dans son témoignage face au grand jury.

    La plaignante a donné une nouvelle version de ces faits, affirmant qu'après avoir quitté la suite de l'accusé, elle est allée directement dans une autre chambre (la 2820) pour finir de la nettoyer. Elle a donné des détails précis, disant qu'elle avait passé l'aspirateur et nettoyé les miroirs ainsi que d'autres meubles dans la chambre. Elle a ensuite affirmé qu'après avoir fini ses tâches ménagères dans la chambre 2820, elle est retournée dans la chambre de l'accusé et a commencé à la nettoyer.

    Elle a rapporté que lorsque par la suite, elle s'est dirigée vers une armoire à linge dans le couloir du 28e étage pour récupérer des fournitures, elle a rencontré son responsable, et qu'ensuite ils sont allés tous les deux dans la chambre 2806.

    Plutôt que de raconter immédiatement à son supérieur ce qu'il s'était passé avec l'accusé, la plaignante a questionné son responsable sur un hypothétique problème concernant le droit des clients à imposer des choses aux membres de l'équipe, et a rapporté les faits avec l'accusé seulement quand son responsable l'y a obligée.

    Etant donné l'importance de cette nouvelle version – qui était en désaccord avec son témoignage sous serment devant le grand jury –, les procureurs l'ont beaucoup interrogée à ce sujet au cours de l'audition du 28 juin.

    La plaignante ayant affirmé qu'elle était entrée dans la chambre 2820, le cabinet du procureur a obtenu l'enregistrement électronique des badges de cette chambre. Ces enregistrements, qui ont aussi été donnés à l'avocat de la plaignante par quelqu'un d'extérieur à ce bureau, indiquent que la plaignante est entrée dans la chambre 2820 à 12h26, et est aussi entrée dans la suite de l'accusé à la même minute (12h26).

    Le laps de temps extrêmement court que la plaignante a passé dans la chambre 2820 contredit le fait qu'elle affirme avoir accompli plusieurs tâches ménagères dans cette chambre avant de rejoindre la suite de l'acccusé.

    Troisième version. Dans une audition ultérieure menée le 27 juillet 2011, la plaignante a de nouveau changé sa version concernant ses actes immédiats après la rencontre avec l'accusé.

    A cette date, elle a déclaré avoir nettoyé la chambre 2820 plus tôt dans la matinée du 14 mai. Immédiatement après les faits, elle a affirmé avoir quitté la suite 2806 et couru jusqu'à l'angle du couloir, comme elle l'avait d'abord indiqué, sans aller directement à la chambre 2820.

    Après avoir vu l'accusé prendre l'ascenseur, elle est entrée momentanément dans la chambre 2820 pour récupérer des fournitures. Concernant les propos de la plaignante du 28 juin, elle les dément et affirme qu'il y a dû avoir une erreur de traduction de la part de l'interprète ou une incompréhension des procureurs.

    [Note de bas de page 11 : la plaignante a fait la démonstration de sa capacité à parler et à comprendre l'anglais au cours de plusieurs entretiens avec les enquêteurs et les procureurs. En effet, par moments, elle a corrigé les traductions de ses remarques faites par l'interprète. Chose qu'elle n'a notamment pas faite sur ce sujet précisement lors de l'entretien du 28 juin.]

    Mais cette revendication n'est pas crédible à la lumière des nombreuses questions complémentaires posées concernant ce point, ainsi que l'insistance de la plaignante le 28 juin sur le fait que la version donnée ce jour-là était honnête.

    D'un point de vue critique, sa volonté de nier avoir tenu ces propos à ces mêmes procureurs qui l'ont entendue les tenir le 28 juin met sa crédibilité en question à une étape des plus importantes.

    [Note de bas de page 12 : il y a au moins un doute sur le fait que la plaignante est tout de suite sortie de la suite après que l'accusé a éjaculé. Le rapport du Sexual Assault Forsenic Examiner (Safe, examinateur assermenté médico-légal des agressions sexuelles) qui a examiné la plaignante à l'hôpital le jour des blessures décrit la version de la plaignante sur l'éjaculation de l'accusé et déclare : « La plaignante rapporte qu'il s'est habillé et a quitté la chambre et qu'il ne lui a rien dit durant les faits ».

    Ce rapport suggère certainement que l'accusé a quitté les lieux en premier, bien que l'examinateur reconnaît la possibilité que le rapport regroupe différentes parties du récit de la plaignante dans la même phrase.]

    En l'absence de preuve disponible, le procureur reste incapable de tirer un récit cohérent de la plaignante concernant ce qu'elle a fait après les faits – des problématiques qui pourraient être centrales au procès.

    Non seulement cela affecte sa fiabilité en tant que témoin, mais ces versions différentes compliquent la tâche d'établir ce qu'il s'est réellement passé dans le laps de temps crucial entre 12h06 et 12h26 ; et nous n'avons aucune confiance en la plaignante et sur l'honnêteté de ses propos si elle était appelée comme témoin au procès.

    B. Le choix persistant de la plaignante à faire de fausses déclarations, incluant les fausses versions d'un précédent viol.

    1. Fausse version d'un viol 

    En réponse aux questions des procureurs le 16 mai 2011, la plaignante a indiqué qu'elle avait déjà été violée par des soldats qui avaient envahi sa maison en Guinée. Dans un entretien le 30 mai 2011, elle a donné des détails précis et importants sur le nombre et la nature de ses assaillants et la présence de sa petite fille de 2 ans durant la scène qui, a-t-elle dit, a été enlevée de ses bras et jetée à terre.

    Pendant les deux entretiens, elle a identifié certaines cicatrices visibles sur elle, qui selon elle proviennent de l'attaque. A ces deux occasions, la plaignante a raconté le viol avec beaucoup d'émotion et de conviction : elle a pleuré, parlé avec hésitation, est apparue – chose qu'on peut comprendre – bouleversée, et pendant la première audition, elle a plongé son visage entre ses bras posés sur la table devant elle.

    Lors d'entretiens ultérieurs menés les 8 et 9 juin 2011, la plaignante a avoué aux procureurs qu'elle avait entièrement inventé cette attaque. Lorsqu'on lui a demandé pourquoi, elle a d'abord dit qu'elle avait menti sur ce viol collectif parce qu'elle avait inclus ce fait dans sa demande d'asile et qu'elle avait peur de ne pas dire la même chose que dans ladite demande. Elle a aussi ajouté qu'au moment où elle a affirmé cela, elle n'était pas sous serment.

    Lorsqu'elle a été confrontée au fait que sa demande d'asile écrite ne mentionnait pas de viol collectif, elle a assuré avoir inventé le viol collectif, comme d'autres détails de sa vie en Guinée, avec l'aide d'un homme non nommé qu'elle a consulté lorsqu'elle préparait son asile.

    Elle a dit aux procureurs que cet homme lui avait donné une cassette incluant la mention d'un viol fictif, mention qu'elle a mémorisée. Au bout du compte, elle a dit aux procureurs qu'elle décidait de ne pas faire référence au viol dans sa demande écrite.

    [Note de bas de page 14 : lors de ses auditions des 9 et 28 juin, la plaignante a déclaré qu'elle avait en effet été violée dans le passé dans son pays natal, mais dans un contexte complètement différent de celui qu'elle avait décrit lors de ses auditions précédentes. Nos auditions de la plaignante n'ont rien donné permettant d'enquêter sur ou de vérifier ce fait.]

    Il est clair que, dans le cas où une plaignante accuse un suspect d'agression sexuelle, le fait qu'elle ait donné précédemment une fausse version d'une autre agression sexuelle est hautement significatif. Ce qui a été dit aux procureurs comme un mensonge intentionnel, et fait d'une manière complétement persuasive – manière identique à celle que la plaignante a adoptée pour raconter la rencontre avec l'accusé – est aussi hautement significatif.

    Mais la chose la plus considérable est sa capacité à raconter une invention comme un fait avec une totale conviction.

    Les procureurs avancent souvent au jury que le comportement d'un témoin est un facteur-clé dans l'évaluation de la crédibilité, et un juge donne la même instruction aux jurés d'un point de vue législatif . Dans ce cas, la preuve des éléments de l'usage de la force et d'un manque de consentement reposent sur un seul témoin, la plaignante.

    Le fait qu'elle ait précédemment convaincu des procureurs et des enquêteurs aguerris qu'elle avait été la victime d'une autre agression sexuelle, sérieuse et violente – mais fausse –, avec la même attitude qu'elle aurait sûrement eu au procès, est fatal.

    Sachant que son attitude convaincante ne peut être le signe fiable de son honnêteté, et ajoutés à cela les nombreux mensonges lors de nos entretiens avec elle, nous sommes obligés de conclure que nous ne sommes plus convaincus de la culpabilité de l'accusé au-delà d'un doute raisonnable, et ne pouvons demander à un jury de condamner sur la base du témoignage de la victime.

    [Note de bas de page 15 : à certains moments, les mensonges de la plaignante étaient accompagnés de dramatiques étalages d'émotions. Au cours d'une des auditions, le procureur a interrogé la plaignante sur une circonstance personnelle particulière, et elle a calmement répondu par la négative à la demande.

    Dans une audition deux jours plus tard, elle a été interrogée de manière plus poussée sur le même sujet. En réponse, elle s'est laissée tomber sur le sol, puis s'est roulée en pleurant ; après s'être ressaisie, elle a dit ne pas connaître la réponse à la question du procureur. Encore dans un autre entretien, le procureur a reposé ses questions. Cette-fois, la plaignante a répondu par l'affirmative, d'une manière factuelle, à la question.]

    2. Faux témoignage sous serment 

    Egalement significatif, la plaignante a admis avoir fait une fausse déclaration sous serment, dans un témoignage devant le grand jury qui a décidé de la présente inculpation, et aussi dans des déclarations écrites, et dont la non-sincérité est soumise à des peines de parjure vis-à-vis du gouvernement fédéral.

    Dans un cas comme celui-ci, où le témoignage de la plaignante est crucial pour prouver les accusations de crime au-delà de tout doute raisonnable, le fait qu'elle ait fait un faux témoignage devant un grand jury à propos des faits incriminés et qu'elle ait fourni de faux documents soumis à des peines de parjure est hautement problématique.

    3. Autres contre-vérités 

    En plus des faux récits de la plaignante sur un viol et les fausses déclarations faites sous serment ou sous risque de peine pour parjure, elle a manqué de sincérité vis-à-vis des enquêteurs à propos de tant d'autres éléments que nous ne pouvons plus lui faire confiance.

    Par exemple, elle fait de nombreuses déclarations (qui, admet-elle maintenant, étaient frauduleuses) pour proroger son droit à résider dans un logement à loyer modéré, déclarations dans lesquelles elle omettait de déclarer ses revenus du Sofitel. La plaignante a également manqué de sincérité à de nombreuses reprises, sur des sujets divers touchant à son passé et ses relations personnelles.

    Ce n'est pas tout : en réponse à des questions de routine des procureurs concernant ses sources de revenu, la plaignante n'a pas évoqué des flux d'argent – 60 000 dollars au total – déposés sur son compte bancaire par d'autres personnes de quatre autres Etats. Quand elle a été interrogée sur ces transactions, elle a déclaré qu'elle avait autorisé son fiancé en Arizona à utiliser son compte courant pour y faire des dépôts pour ce qu'elle croyait être, a-t-elle déclaré, un commerce de vêtements et d'accessoires.

    [Note de bas de page 16 : le fiancé de la plaignante a été condamné en Arizona pour trafic de cannabis, après avoir livré 36 500 dollars à des policiers en civil [se faisant passer pour des vendeurs, ndlr] afin d'acquérir ce cannabis. La plaignante a déclaré qu'elle n'avait pas connaissance du fait que les fonds déposés sur son compte étaient issus du trafic de drogue.]

    A l'époque, a-t-elle déclaré, il lui avait demandé de retirer des sommes qu'il avait déposées et de donner l'argent à un partenaire commercial situé à New York. Elle a affirmé ne pas savoir combien d'argent avait transité sur son compte de cette façon. Bien qu'elle nie avoir profité d'aucune de ces transactions, des parts de chaque dépôt restaient fréquemment sur son compte.

    Par ailleurs, dès le 16 mai 2011, la plaignante a été interrogée sur ses potentielles motivations financières, sachant qu'elle avait recruté un avocat spécialisé dans les affaires civiles. Elle a déclaré sans équivoque qu'elle n'avait pas saisi la justice en vue d'obtenir de l'argent. Elle a maintenu cette position au cours d'auditions qui ont précédé ou succédé à l'inculpation [de Strauss-Kahn, ndlr], déclarant avec émotion, à une occasion, que personne ne pourrait « l'acheter ».

    Mais à une date très proche de ces déclarations, la plaignante a eu une conversation téléphonique avec son fiancé incarcéré, dans laquelle a été mentionné le potentiel gain financier qu'il était possible de tirer de l'événement du 14 mai 2011.

    [Note de bas de page 17 : cet appel a été traduit et certifié conforme par deux traducteurs peul-anglais. Bien que divergents dans le mot-à-mot précis, les deux traductions sont sur le fond similaires sur la question de gagner de l'argent avec l'assistance d'un avocat spécialisé au civil. Le 8 août 2011, la plaignante a introduit une plainte au civil contre l'accusé, demandant des dommages et intérêts dans des proportions non spécifiées.]

    Bien qu'il n'y ait rien de répréhensible à chercher une réparation financière à l'occasion d'une poursuite civile, le fait que la plaignante ait démenti avoir un intérêt financier contribue à affecter sa crédibilité.

    En résumé, la plaignante a manqué de sincérité de façon persistante et parfois inexpliquée dans sa description de faits, tantôt de grande, tantôt de petite importance. Dans nos entretiens avec elle, la vérité complète sur les faits incriminés et sur son passé est restée pour cette raison difficile à cerner.

    Les preuves physiques et les autres preuves ne permettent pas d'établir un usage de la force ou d'absence de consentement.

    Les preuves physiques, médicales ou autres qui sont disponibles dans cette affaire ne sont pas de grande valeur sur la question clé de l'usage de la force et de l'absence de consentement. Elles établissent de façon concluante que l'accusé a eu des contacts sexuels avec la plaignante le 14 mai 2011. Elles ne prouvent cependant pas que ces contacts ont été imposés par la force ou étaient non-consentis, et elles ne corroborent pas certains aspects du récit, par la plaignante, des faits incriminés.

    A. Les preuves sur les lieux des faits

    Sur la base du récit initial, par la plaignante, des faits incriminés, deux lieux à l'hôtel Sofitel ont été identifiés et examinés par les enquêteurs de la police criminelle de New York : la suite 2806, où les faits ont eu lieu, et la zone au bout du couloir du 28e étage où la plaignante affirme, dans ses premiers récits, qu'elle s'est réfugiée immédiatement après les faits.

    [Note de bas de page 18 : parce que la plaignante n'a pas indiqué avant le 28 juin 2011 qu'elle était entrée dans la chambre 2820, cette chambre n'a pas été examinée par les enquêteurs de la criminelle.]

    L'unité de police criminelle a identifié cinq zones, dans l'entrée de la suite 2806, qui recèlent potentiellement des secrétions biologiques telles que de la salive ou du sperme.

    [Note de bas de page 19 : les enquêteurs ont prélevé des échantillons de chacune de ces zones pour un examen plus approfondi au laboratoire de biologie médico-légale OCME. Ces échantillons ne recelaient pas la présence de sperme ou d'amylase, enzyme contenu dans la salive, le sperme et d'autres sécrétions biologiques, y compris les sécrétions vaginales.]

    Le jour suivant, l'unité de la police criminelle a retiré la moquette de l'entrée de la suite, ainsi que du papier peint du mur de cette entrée, et a livré ces éléments au laboratoire médico-légal OCME. Les tests préliminaires conduits par l'OCME ont permis d'identifier cinq zones sur le tapis qui contenait des sécrétions biologiques.

    Une de ces taches, qui a été localisée à environ 2 mètres du lieu où la plaignante affirme que le contact sexuel a eu lieu, recelait la présence de sperme et d'amylase et contenait un mélange d'ADN de l'accusé et de la plaignante. Aucune des autres traces sur la moquette ou sur le papier peint ne contenait de traces d'ADN de l'accusé ou de la plaignante.

    [Note de bas de page 20 : trois des autres taches sur la moquette contenaient le sperme et l'ADN de trois autres hommes non identifiés, et une tache contenait de l'amylase et un mélange d'ADN de trois autres individus non identifiés. La tache sur sur le papier peint contenait du sperme et l'ADN de quatre autres hommes non identifiés. Comme rien n'établit qu'une autre personne était présente durant les faits incriminés, les circonstances de la présence de ces traces d'ADN non identifiées n'ont pas de lien avec l'enquête.]

    Le 14 mai 2011, l'uniforme de la plaignante, qui consiste en une robe et une blouse, a été retrouvé par elle, à la demande de la police, et envoyé au laboratoire medico-légal de l'OCME. Trois traces sur la partie supérieure de l'uniforme ont été identifiées comme contenant du sperme ; deux des trois contenaient de l'amylase pouvant provenir de sperme, salive ou sécrétion vaginale. Seul l'ADN correspondant à celui de l'accusé a été obtenu de ces trois traces.

    D'autres prélèvements sur le corps de la plaignante, dans le cadre de l'examen matériel des preuves d'une agression sexuelle potentielle n'ont pas permis d'identifier de sperme ou d'amylase et donc n'ont donné aucun résultat ADN. De même, des prélèvements sous ses ongles n'ont pas donné de résultat.

    Les prélèvements sous les ongles de la main gauche de l'accusé contenaient son propre ADN ; ceux sous les ongles de sa main droite n'ont donné aucun résultat.

    Un prélèvement pénien sur l'accusé recelait du sperme et contenait de l'ADN de ce dernier, de même qu'une trace sur un caleçon retrouvé après son arrestation. Deux petites tâches de sang sur le caleçon contenaient également le propre ADN de l'accusé, de même qu'une petite tache de sang sur le drap du dessus de la suite de l'hôtel. Au cours de l'enquête, les taches sont apparues comme étant sans lien avec les faits incriminés, car au moment de son arrestation, l'accusé souffrait d'un problème de peau qui entraînait des saignements sur la peau de ses mains.

    A aucun moment la plaignante n'a affirmé avoir saigné pendant les faits, ou qu'un des deux avait subi une quelconque blessure entrainant un saignement ; de même, aucune trace de sang n'a été trouvée sur les vêtements ou le corps de la plaignante.

    Au moment des faits, la plaignante portait deux paires de collants (une plus sombre, une plus claire). 

    [Note de bas de page 21 : quand elle a été présentée à l'OCME, la paire claire était à l'intérieure de la paire sombre.]

    Sous les deux paires, elle portait une culotte. Le 14 mai 2011, la police s'est fait remettre ces effets par la plaignante, après qu'elle a été accompagnée à l'hôpital, et les a faits suivre pour examen à l'OCME. L'ADN de l'accusé, provenant de tissus cellulaires, a été trouvé sur la bande élastique des deux collants et sur celui de la culotte.

    L'ADN de l'accusé, également provenant de tissus cellulaires, a aussi été trouvé sur l'entrejambe des collants clairs, mais pas sur celui des collants sombres ou de la culotte.

    Parce qu'un individu peut toucher des textiles sans obligatoirement y déposer de l'ADN, ces résultats suggèrent que l'accusé à touché les sous-vêtements de la plaignante mais ils ne contredisent ni ne confirment les déclarations de la plaignante, qui affirment que l'accusé a placé sa main à l'intérieur de ses sous-vêtements et touché directement son sexe.

    Le 16 mai 2011, la police criminelle est retournée à l'hôtel, dans la suite, et a, entre autres examens, effectué des prélèvements dans le lavabo de la petite salle d'eau et a collecté des mouchoirs en papier dans la salle de bain proprement dite.

    La plaignante a déclaré qu'après l'incident et pendant qu'elle était dans la suite le 14 mai 2011 avec sa supérieure, elle avait craché dans l'évier de la salle d'eau. Les deux prélèvements dans l'évier et les mouchoirs ont été livrés à l'OCME ; ils n'ont pas révélé la présence de sperme mais d'amylase. L'OCME n'a pas pu extraire un matériel suffisant des prélèvements dans les éviers pour établir un profil ADN.

    B. Les preuves médicales

    1. Examen physique  

    Au moment de l'incident, la plaignante a été examinée par une infirmière assermentée qui est une examinatrice expérimentée et certifiée Safe à l'hôpital Roosevelt de St Luke. Pendant cet examen initial, l'examinatrice n'a noté aucune blessure visible faite à la plaignante et a relevé qu'elle ne souffrait de traumatisme ni sur son corps, ni dans sa cavité orale.

    Le seul constat physique que l'examinatrice a relevé est une « rougeur » qui a été observée lors de l'examen gynécologique. L'examinatrice n'a pas pu affirmer avec un degré raisonnable de certitude médicale que cette « rougeur » était une conséquence directe des faits incriminés, ni même que c'était une blessure ou un hématome. L'examinatrice a déclaré que cette rougeur pouvait être la conséquence des faits décrits par la plaignante, mais pouvait également être liée à une série d'autres causes.

    Pendant la période qui a suivi l'inculpation, nous avons sélectionné et consulté un deuxième expert médical, hautement expérimenté sur les questions liées aux agressions sexuelles. Cet expert a examiné le dossier médical de la plaignante postérieur au 14 mai 2011 et a abouti aux mêmes conclusions de l'experte certifiée Safe, à avoir que la coloration rouge était un élément non-spécifique, qui pouvait être attribué à de nombreuses causes autres qu'un traumatisme : friction, irritation, ou inflammation de la zone.

    Cet expert a confirmé qu'on ne pouvait exclure que la rougeur ait été causée par la façon dont la plaignante affirme avoir été saisie, mais c'est selon lui peu probable.

    2. Blessure à l'épaule 

    A l'hôpital, la plaignante a d'abord évoqué une douleur à son épaule gauche, qu'elle évaluait à 5 sur 10 sur l'échelle de la douleur. Comme il est rapporté dans son dossier médical, la douleur a clairement diminué lors des heures passées aux urgences.

    L'examen médical de la plaignante n'a pas révélé de luxation, et il n'a pas été effectué de radio. Une déchirure musculaire et une contusion ont été diagnostiquées, bien qu'aucun bleu ni gonflement n'aient été observés sur son épaule. Aucun anti-douleur ne lui a été prescrit à l'hôpital, ni aucun autre traitement.

    Dans les jours suivant les événements incriminés, il a été demandé à la plaignante à plusieurs reprises si elle souffrait de blessures à la suite des faits, et de façon constante elle a répondu que son épaule avait été douloureuse le jour des faits incriminés mais qu'elle allait beaucoup mieux dès le lendemain.

    Au cours de ces premières auditions, la plaignante n'a pas montré d'apparente souffrance et ne s'est pas plainte verbalement de douleur ni d'inconfort. Elle a même effectué de vigoureux mouvements en présence des enquêteurs.

    A la lumière de ces déclarations répétées d'absence de blessures physiques, aussi bien qu'au regard des constatations médicales, aucune charge attestant d'une blessure physique ne pourrait être invoquée dans une plainte criminelle ou devant un grand jury.

    Le 13 juin 2011, le défenseur de la plaignante a notifié au procureur que sa cliente souffrait assez sérieusement de son épaule pour devoir recevoir un traitement médical immédiatement qui l'empêchait de se rendre aux auditions.

    Le 22 juin 2011, son chirurgien orthopédique a diagnostiqué via un IRM un choc de type 2 sur l'épaule gauche, accompagné de tendinite, mais il s'est montré incapable de déterminer la date de la blessure ni son origine.

    Après avoir constaté d'autres symptômes, parmi lesquels engourdissement et picotements dans ses doigts, la plaignante a vu un deuxième médecin pour une évaluation de sa colonne vertébrale. A notre connaissance, ce médecin n'a pas dressé de diagnostic.

    Par la voix de son avocat, la plaignante a lors assuré au procureur que sa blessure à l'épaule (choc type 2) résultait de sa rencontre avec le défendant. Elle n'a pas fourni aux services du procureur le document permettant d'avoir accès à son dossier médical antérieur aux faits, ce qui aurait permis de savoir s'il existait une blessure à l'épaule.

    Plus important, le cabinet du procureur s'est adjoint les services d'un éminent expert orthopédique afin d'examiner tous les documents relatifs à la blessure de l'épaule. Cet expert a conclu qu'avec un degré de certitude médicale raisonnable, cette blessure, s'il s'agit bien d'une blessure, était plutôt causée par « un usage répété à la verticale de son avant-bras lors de gestes rotatifs et vifs », « comme ceux que peut effectuer un sportif lorsqu'il lance un poids en hauteur ».

    [Note de bas de page 23 : bien qu'il ne puisse pas donner une opinion définitive, l'expert a noté que les conclusions de l'IRM devraient être de l'ordre du normal. Du point de vue de l'expert, « son expérience et celle des autres indiquent que les comptes-rendus de l'IRM fournis par les radiologues ont tendance à trop diagnostiquer les déchirures du labrum (ligament entourant la cavité de l'épaule). Il est relativement possible que les résultats notés sur l'IRM soient considérés comme une variante normale, étant donné que les déchirures postérieures du labrum sont connues pour être présentes en l'absence de pathologie associée, c'est à dire comme variante normale.]

    L'expert en conclut donc que dans le cas où la blessure révélée par l'IRM aurait été causée lors d'un seul traumatisme, tel qu'elle l'a décrit, il aurait dû être accompagné “ d'une douleur importante, pas seulement au cours des douze premières heures, mais également lors des jours suivants ”.

    De plus, l'expert ne pense pas plausible que la douleur qui aurait disparu en 48 heures ressurgisse près de 28 jours plus tard.

    A la lumière de ces différents facteurs liés à la déclaration d'une blessure physique, et plus remarquablement suite aux conclusions de l'expert, la blessure à l'épaule ne vient pas corroborer l'accusation d'agression sexuelle.

    [Note de bas de page 24 : dans un entretien mené le 27 juillet 2011, la plaignante a affirmé pour la première fois qu'en conséquence du fait que l'accusé ait violemment saisi son sexe, elle avait souffert de douleurs en urinant lors des premiers jours suivant l'incident. Les rapports médicaux ne font pas état d'une plainte de cet ordre, la plaignante ne l'ayant pas non plus rapporté aux procureurs avant le 27 juillet, contrairement à ce qu'elle affirme désormais.]

    3. Les trous du collant 

    Comme indiqué plus haut, au moment des faits incriminés, la plaignante portait deux paires de collants.

    Il a été noté, au moment où elle a été recueillie, et plus tard à la police scientifique, que le le plus clair des collants avaient des trous. Un de ces trous mesurait approximativement 7,5 centimètres et était situé dans l'entre-jambes, tout près de la couture du vêtement. L'autre, située en haut du collant, mesure environ 4 centimètres.

    Comme les collants étaient recouverts au départ, la plaignante a volontiers admis devant le Safe examinateur, puis devant la police et le procureur qu'elle ne savait pas si ces trous étaient le résultat ou non de la conduite du défendant ou s'ils n'avaient aucun lien avec les faits incriminés.

    L'expérience commune indique que les collants en nylon peuvent être troués pour de multiples raisons, y compris un usage normal. Pour ces raisons nous sommes dans l'impossibilité de prétendre devant un jury que les trous observés sur les collants de la plaignante corroborent l'accusation d'un rapport sexuel non consenti.

    C. Chronologie de l'attaque supposée et les actions de l'accusé dans les suites immédiates

    La relative brièveté de la rencontre entre l'accusé et la plaignante a d'abord suggéré que l'acte sexuel n'était probablement pas consentant. Spécifiquement, les enregistrements des passes d'accès à l'hôtel indiquaient que la plaignante avait d'abord pénétré dans la suite 2806 à 12h06. Les enregistrements téléphoniques ont montré plus tard que l'accusé avait téléphoné à sa fille à 12h13.

    [Note de bas de page 25 : le jour de l'incident, il y a eu un possible décalage de deux minutes entre le temps indiqué sur le compte-rendu des entrées par clé électronique de l'hôtel et le temps réel, les temps enregistrés pouvant être antérieurs de deux minutes aux temps réels. Bien que nous ayons été informés que les temps des appels dans les comptes-rendus des téléphones portables sont synchronisés aux temps réels, le passage exact du temps ne peut pas être déterminé avec certitude du fait du décalage de l'hôtel.]

    Par conséquent, il apparaissait que, quoi qu'il se soit passé entre l'accusé et la plaignante, les événements s'étaient déroulés approximativement entre sept et neuf minutes.

    Mais à la lumière des défaillances de la plaignante à offrir un récit précis et constant de l'immédiat après-rencontre, il est impossible de déterminer la durée de la rencontre elle-même.

    Que l'accusé ait pu passer un bref coup de fil à 12h13 n'indique pas de manière infaillible quand la rencontre a eu lieu, quelle que soit sa durée, ni où se trouvait la plaignante entre 12h06 et 12h26.

    Toute déduction qui pourrait se concevoir quant à la chronologie de la rencontre est nécessairement affaiblie par l'impossibilité de consolider la chronologie elle-même.

    D. La preuve de la réaction qui a immédiatement suivi les faits

    Les témoins de la réaction qui a immédiatement suivi les faits ont été entendus de manière répétée et sont apparus fiables. Les témoins ont indiqué que la plaignante était apparue bouleversée au moment de raconter sa rencontre avec l'accusé.

    Mais à la lumière de notre impossibilité, précisée ci-dessus, d'accréditer le récit de la plaignante, de même que la capacité de celle-ci à mobiliser des émotions pour faire de l'effet, la force et l'effet des preuves relatives à sa réaction immédiate sont grandement diminués.

    Il est aussi notable que la version courante de la plaignante de sa réaction immédiate auprès de son premier superviseur n'est pas compatible avec certains aspects du compte-rendu du superviseur lui-même.

    E. Autres allégations d'inconduite sexuelle par l'accusé

    Pendant l'instruction de l'affaire, il a été porté à l'attention du Bureau l'existence d'une autre agression sexuelle supposée commise par l'accusé sur la personne d'une autre femme en France. D'après l'accusation rapportée publiquement dans le cadre d'une interview en France en 2003, l'accusé avait tenté de la violer dans un appartement vide.

    [Note de bas de page 26 : Claire Chartier & Delphine Saubaber, “Pourquoi je porte plainte contre DSK”, L'Express, le 4 juillet 2011.]

    Il paraît cependant peu probable que les avocats de la partie civile soient autorisés à introduire dans leur dossier le témoignage relatif à l'attaque supposée.

    Conclusion

    Pour tous les faits précités, le procureur demande que l'accusation No. 02526/2011 soit annulée. Aucune précédente demande de réparation n'a été faite devant aucun juge ou tribunal.

    New York, le 22 août 2011

    Joan Illuzzi-Orbon, assistant du procureur

    John (Artie) McConnell, assistant du procureur

    Traduction : Maryne Cervero, Aurélie Champagne, Blandine Grosjean, Valentine Pasquesoone, Pascal Riché, Lucile Sourdès, Sara Taleb.

    Rectifié le 23/8/2011 à 23h25 : faute de frappe dans le montant des sommes déposées sur le compte de Nafissatou Diallo (60 000 dollars et non 6 000).

    Note de la rédaction : les notes de bas de page ont été traduites, à l'exception de celles se référant à des textes de loi.

     

     

     


    1 commentaire
  • Si nous voulons parler de la mauvaise conscience,  nous devons la distinguer de sa proche cousine l’angoisse.

    Vues de loin, angoisse et mauvaise conscience peuvent se ressembler, mais dès lors que l’on s’intéresse de plus près à leurs natures respectives, ce qui les différencie devient flagrant.

    Ceci dit, à un certain degré elles peuvent en arriver à fusionner et devenir semblables, mais nous verrons alors dans quel cas et sous quelles conditions.

    La différence principale tient en ce que la mauvaise conscience prend ses racines dans le monde de l’intériorité, elle est une sensation privée qui ne nous concerne qu’individuellement ;
    Tandis que l’angoisse, au contraire, naît de notre environnement, elle est une sensation liée à notre commerce avec le monde.

    Même si nous la ressentons à titre personnel,  même si elle peut aller jusqu’à nous habiter et nous envahir,  elle ne naît pas de nous et dépend d’un mode collectif situé hors de nous-même.

    La mauvaise conscience est un renseignement sensoriel donné par l’instinct.
    Notre instinct analyse en continu la façon dont nous nous déterminons par rapport au monde et par rapport à nous-même.

    S’il advient que l’harmonie de l’être se brise, une dissonance désagréable se fait jour.

    La rupture d’harmonie dont il est question ici est celle qui découle d’une transgression envers notre nature dans son aspect moral, émotionnel, affectif ou sensuel, ou bien encore d’une trahison que nous commettrions envers la vie au sens large.

    C’est le ressenti  de cette dissonance qui porte le nom de mauvaise conscience.           

    S’il advient que nous fassions le choix de rester insensible à cette alerte, indifférent aux conséquences de cette rupture d’harmonie  et  totalement sourds à nos rêves, les instincts montent alors d’un cran l’intensité du message et le rende explicitement constatable  par somatisation.

    Ce type de somatisation n’est pas un symptôme,  il s’agit de l’expression insistante d’un message  dont les manifestations précédentes, plus subtiles et exclusivement émotionnelles sont demeurées incomprises ou non suivies d’effet.

    Il est intéressant de poser à ce stade les deux grandes familles de somatisations.

    1)   I) La somatisation liée à la mauvaise conscience, somatisation ou le corps se fait messager pour porter plus explicitement une information incomprise jusqu’alors.

    Cette somatisation n’est ni un symptôme ni une conséquence mais un mode de communication voulu par la psyché qui le juge comme devenu indispensable.

    II) La somatisation liée à une atteinte extérieure anxiogène ( l'angoisse ), somatisation qui en arrive à atteindre le corps si la conscience ne perçoit pas la menace ou n’entame aucune action pour protéger l’être.

         Dans ce cas, par contre,  la somatisation est bel et bien  la conséquence d’une souffrance psychique, elle est bien le symptôme d’une insécurité, d’une carence,  d’une menace, d’une maltraitance subie par la psyché.

    Sur le plan analytique, le fait de ne pas savoir, pouvoir, ou vouloir faire le distinguo entre le langage et le symptôme, entre l’exprimé et le subi,  peut devenir la source de graves malentendus et conduire à de funestes erreurs de diagnostic……  

    Pour continuer et finir sur la mauvaise conscience, le fait de persister encore et encore et  de ne pas écouter ses sensations, ses rêves, son corps,  peut conduire à des situations extrêmes d’effacement de soi avec perte de sens et errance.

    D’errances en errances, à ne plus s’écouter,  à ne plus se considérer, on tend, en bout de course, à ne plus exister en tant qu’individu.

    C’est lorsque la notion d’individu n’éveille plus aucun écho en nous et ne trouve plus aucune parcelle de conscience pour se réaliser qu’est atteint le point de non-retour, à savoir le reniement, l’oublie  de nous-même et de ce qui nous constitue.

    C’est à ce niveau extrème, étant devenu extérieur à nous-même et de fait dépourvu d’intériorité connaissable, que la mauvaise conscience confine à l’angoisse et se confond avec elle puisqu’il n’y a plus ni intérieur ni extérieur mais juste un chaos impersonnel.

    Les facettes de notre déchéance peuvent alors prendre des teintes multiples et variées ; Elles peuvent aller de la clochardisation pour les personnalités les plus délitées, à la plus grande dépravation en passant par les fanatismes les plus obstinés pour les personnalités toujours debout mais sous influence totale.

     

    L’aiguillage vers le fanatisme ou la dépravation se faisant au grès des circonstances et des milieux fréquentés.


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    Voici deux peintures réalisées par la même personne.
    Elles datent d’une période ou l’artiste, qui est une femme, ne se souvenait plus de ses rêves, et selon ses propre mots, elle peignait comme elle aurait fait un rêve éveillé.

     

    Comme pour certaines histoires qui s’écrivent en plusieurs chapitres, ces deux tableaux, sont deux parties d’un même thème. 

    Arbre mort, animus prisonnier

     

    Arbre mort, animus prisonnier

     

     
    Le premier tableau désigne les origines du trauma, le second en exprime les conséquences. 

     Dans le premier tableau, qui présente un certain fondu de ton et de paysage, l’impact traumatique pourrait presque passer inaperçu !

    De gauche à droite, dans les deux tiers de l’espace, la scène est harmonieuse et calme.      
    Un couple s’aime, protégé par des collines, bien centré entre soleil et rivière.
    Tout le cosmos symbolique est en configuration paisible et l’amour s’annonce explicitement fécond. 

    Le dernier tiers de l’espace montre pourtant que la conclusion de l’histoire n’est pas si idyllique que ça.

     

    L’arbre symbolique du nouveau-né est stérile, sans feuille ni fleur, la sève de la vie n’y passe pas et sa mère nourricière est représenté sous la forme d’un prédateur nocturne, le loup.

    Le tableau nous parle de l’artiste, elle est donc cet enfant nourrit au lait de louve.
    Nous comprenons que la fonction maternante de sa propre mère est troublée, et le don, au travers du sein, nous parle d’une transmission, d’un héritage.
    Il s’agit donc d’un trouble trans-générationnel.

     

    En langage plus psychique, nous pouvons dire que cette mère assèche l’aspect  mythique, symbolique de la vie et ne nourrit que son aspect physique, matériel.

    La part sacrifiée de l’être, cette part dévorée par cette mère-louve est probablement ce qu’il y a de meilleur dans la nature humaine : La capacité à accueillir l’autre, et plus particulièrement celui qui est fondamentalement autre, et ici, pour cette petite fille  "l’amoureux". (L’animus ).
    C’est cette capacité à pouvoir se relier au sexe opposé selon une relation d’amour qui est asséchée dès la naissance et qui ne laisse à la sexualité que sa fonction matérielle de reproduction et de plaisir physique.

    Nous pouvons donc voir venir les choses d’assez loin et comprendre que le fait de dissocier le sentiment amoureux de la sexualité a pour conséquence d’évaporer tout le côté joyeusement magique de l’amour et de n’en garder que l’aspect fonctionnel.

     

    Cela a pour conséquence d’étouffer dès la naissance l’élan naturel de la petite fille à rechercher son autonomie et à se projeter hors de la famille pour se réaliser.

    Sans cet élan intime, il n’y a plus de possibilité personnelle, et c’est tout automatiquement qu’elle acceptera de déléguer au clan le soin de lui choisir un époux, envers lequel, bien sûr, selon l’honorable tradition, elle assurera bon soin,  plaisirs et  descendance.   

    Encore une fois, ce n’est pas la vie de l’enfant, dans le sens biologique du terme qui est dévoré par la mère-louve, mais c’est sa future capacité à l’autodétermination, c’est sa future capacité à s’appartenir et à s’accomplir librement une fois devenu adulte.

     

    Dans cette configuration, le sujet pourra toujours inspirer des sentiments amoureux à des "galants" mais il rejettera systématiquement les avances dans la mesure où elles seront ressenties  comme étrangères et anxiogènes.

    Par contre, même si nous n’étions  pas strictement dans un cas ou la famille choisirait un mari pour elle, elle ne nouerait  de toute façon des relations amoureuses qu’avec des partenaires plus rassurants, au profil en phase avec les principes du clan, faits de patriarcat au seul service du patriarcat.

    Que les choses soient bien claires : il s’agit d’un véritable formatage.

    Ces principes destructeurs envers la dimension mythique de la  féminité induisent la soumission systématique à la force physique et à l’intellect raisonneur.

    L’artiste est née et a vécu en pays musulman, dans un milieu intellectuel et politique. 
    De fait, le rapport de force lui a autant été imposé de manière indirecte, véhiculé par la pression sociale, que de manière ouverte et assumée par l’idéologie familiale.

    Dans son besoin de reconnaissance, l’artiste a été très tôt un petit prodige de l’écriture et de l’intellectualité, en phase avec ce que l’on attendait d’elle.

    Ce n’est que plus tard dans sa vie, lorsque mère à son tour elle a refusé que les archaïsmes patriarcaux emprisonnent sa propre fille dans leur idéologie qu’elle s’est révoltée contre le système…..et que s’est déclenché la tourmente !

    Plus techniquement, ce que l’on entend par "dévorer" (détruire) la capacité d’accueil » correspond à neutraliser, à castrer l’archétype de liaison, l’animus.

    Lorsque l’animus est castré, par réflexe de survie, l’inconscient se replis automatiquement sur un mode de dépendance à l’autorité masculine.

    Castrer l’animus c’est couper les ponts entre les instincts et la croissance, c’est briser le lien entre la sexualité et l’amour et c’est briser l’élan qui permet au jeune adulte de s’émanciper.

    Tel est l’héritage psychique dans lequel sa mère l’a enfermée dès sa conception et dont elle s’est évertué à parachever le blindage au travers de son éducation : En accord avec le patriarcat, les femmes peuvent être des amantes, des mères au sens reproducteur du terme, mais pas surtout pas des êtres émancipés et libres d’aimer en dehors des préceptes du clan.

    Passons maintenant au deuxième tableau que nous rappelons ici :

    Arbre mort, animus prisonnier

     

    Nous retrouvons notre fameux amoureux mythique, l’animus, selon CG Jung.

    Nous retrouvons également l’autre extrémité de l’arbre de vie, toujours sans sève, sans fleur, ni feuille.

    Par le fait que nous sommes dans le psychique, nous savons que les contenus ne meurent pas.

    Malgré toute la férocité de la louve, l’animus n’est pas mort, il est comme la belle au bois dormant, juste endormi en attendant le baiser magique !

    Nous pouvons constater qu’il a encore des ailes.
    Ces ailes sont l’attribut exclusif de la mythologie et de la sphère archétypale ou elle évolue.

    Nous pouvons également constater qu’il n’est pas confortablement lové au milieu de son abri mais juste au bord, à cheval, pour moitié à l’intérieur, pour moitié à l’extérieur.

    Nous pouvons comprendre qu’il a bien été appelé au moment de la naissance, au même titre que l’ensemble de tous les autres archétypes de l’être, mais que contrairement aux autres organes psychique, lui, n’a pas pu emprunter le chemin vers la conscience et qu’il est resté entre deux.

    Il n’est plus totalement au centre de la vie mythique, mais il n’a pas basculé non plus vers le monde de la conscience et de la chair.

    L’arbre de vie est l’axe symbolique le long duquel l’animus évolue, faisant la liaison entre la conscience et la psyché profonde.

    Ce que la louve dévore, c’est la sève, et cet arbre en est mort.

    Or, la vie ne peut être portée que par la vie et l’animus, qui est justement la quintessence du vivant ne peut pas l’emprunter dans ces conditions.

    La planète terre, que l’on voit, figures ici le corps de l’artiste vu du centre de la psyché, le lieu ou l'animus doit "descendre".

    Les autres éléments, en dehors du support ou repose le personnage, forment le complexe disparate de la féminité dissociée, son potentiel distinct (corps féminin) et moins distinct (planètes).
    Ils sont tous les contenus propres à la nature de l’artiste, à son identité.
    Ils sont ce qui avait vocation à s’intégrer à la conscience au fil du temps et à se réaliser dans le monde physique et qui stagne dans ce "no man's land" psychique, faute d'être porté vers la conscience par cet animus qui ne fait que dormir !
     
    Il reste à notre héroïne à se libérer de cette ancienne souffrance, de s’affranchir de cette dépendance à sa mère biologique, et surtout à apprendre à s’aimer, puisque la personne qui avait été désignée pour le faire ne l’a pas fait.
    Qu’elle apprenne à s’aimer pour qu’elle devienne sa propre ressource et qu’elle devienne, en quelque sorte, son propre parent.

    Il doit en être ainsi pour que la sève circule à nouveau dans l’arbre de vie et que son potentiel sentimental se réveille et la rejoigne enfin, ici et maintenant, SUR TERRE, à son âge et à ce moment de sa vie.

    Elle le vaut bien ! 
     

     

     
     

     

     

     

     


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  • La personne qui rêve est une jeune femme, dans la trentaine.

    Alors qu’elle était étudiante, elle a subis un viol qui a eu pour conséquence d’instaurer dans sa vie un trou noir de 6 mois.

    Elle a repris conscience d’elle même alors qu’elle était en cours mais n’avait plus le moindre souvenir de ce qu’elle avait fait ou dit entre cet instant et les faits survenus 6 mois plus tôt.

    Il n’y a pas eu de plainte de déposée.

    Une des raisons invoquées est qu’elle connaît l’auteur, qu’il a des enfants et qu’elle ne veut pas gâcher la vie de sa famille. ( Ce sont ses paroles ).

    Il s’est passé des années entre le moment ou nous avons pour la première abordé le sujet en privé, hors cadre analytique, et le moment, ou la réflexion a mûrit et la démarche a été entamée.

    Voici une série de trois rêves tels qu’ils sont survenus après la première séance.

    On parle de série car il y a un vrai plan de progression ou chaque rêve ouvre la porte au déroulement du suivant, ce qui suggère de les aborder tous les trois à la suite.

     

    Premier rêve 
    Alors ça se déroule dans une caserne de pompiers, nous sommes quelques uns a en faire la visite, les pompiers nous expliquent les différents cas auxquels ils sont confrontés. L'instant d'après nous sommes tous à table en train de déjeuner. La table est très longue, des pompiers sont tous assis, hommes, femmes. Certains portent leu casques d'autres juste leur uniforme replié sur les hanches. Puis un des pompiers apostrophe une autre personne et lui reproche de ne pas porter son uniforme, que c'est idiot car il ne serait pas prêt en cas d'alarme, il rappelle qu'on a très peu de temps pour réagir et être prêt à partir au feu. Cela m'agace et je prends la défense de celui qui est apostrophé, j'explique qu'il n'a pas besoin d'être en tenue, car tout comme moi, il n'est là qu'en visite et qu'il ne s'agit pas d'un pompier même pas volontaire. Puis l'alarme retentit, et on se lève tous, tout le monde file vers les camions et l'on part. et le rêve se termine ainsi

     La caserne de pompier représente un lieu d’aide, d’assistance, de secours, il est une métaphore du contexte analytique et de ce que nous en avons dit depuis que le sujet s’est installé dans nos conversations.
    Elle représente aussi le monde de la psychothérapie en général.
    La notion de visite de type touristique-informatif figures ta position initiale par rapport à l’analyse, la façon dont tu la considères, avec une certaine curiosité intéressée, mais sans vraiment la prendre au sérieux.
    Le problème du contexte analytique, c’est qu’il est impliquant.
    Dès lors qu’on l’aborde, on entre dans une dynamique de conscientisation.
    Cette dynamique s’oppose à notre propension à fuir ou à refouler certains aspects de notre vie.
    A partir du moment ou tu participes ( à la même table ), c'est-à-dire, une fois que tu es entrée en analyse, il s’instaure une perspective qui rend possible le dialogue intérieur.
    Au début, il est de type conflictuel, lorsque la frange libre de l’être reproche à celle aliénée de ne pas prendre la notion de secours au sérieux.
    Elle critique ce sentiment intérieur qui dit encore : « Bon, ok, je fais ça parce que ça a un côté intéressant, mais je n’en ai pas vraiment besoin »
    La voix de la conscience dénonce cette sous-évaluation de la situation.
    Mais les circonstances finissent par vaincre tes résistances.
    Ton avancée en age et l’évaporation de certaines illusions font que l’activité du trauma se révèle et que se révèle aussi le danger de ne rien faire.
    Tu décides alors de partir avec les pompiers, ce qui veut dire que tu collabores désormais pleinement à la démarche et que tu participes toi-même activement au sauvetage de ton territoire intérieur aliéné.



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    Second rêve 
    Nous sommes dans une sorte de grands amphithéâtre de pierre fermé, on dirait presque souterrain. Nous sommes quelques dizaines: hommes, femmes, enfants. Nous avons tous le visage gris, comme couverts de terre, l'air éreinté , on porte tous des baluchons, des valises, des sacs. Un homme prend la parole et nous harangue. 
    Il explique que nous sommes tous là, réunis par la même volonté de nous révolter contre l'ordre établi, que l'on ne veut plus de cet individualisme qui marquent notre société. Que nous allons remettre en place les règles d'une vraie vie communautaires où la voix de chacun sera entendu et aura le même poids que celle des autres. 
    Je prends a mon tour la parole, et je donne des ordres pour que les gens puissent s'installer dans les diverses chambres de la demeure qui se révèle être un vieux manoir aux couloirs nombreux et aux chambres tout aussi nombreuses. Qu'il faut établir des tours de garde afin de pouvoir se défendre en cas d'attaque extérieure. 
    Tout se déroule comme prévu, je me vois ensuite faire une inspection dans les couloirs, remettre de l'ordre dans un où des jeunes gens se disputent. 
    Ensuite, y a une vision de l'extérieur, avec des soldats qui rampent dans les buissons tout autour. Des ordres sont donnés et l'assaut est lancé, et je me souviens que l'on fuit ensuite par des tunnels. 

     

    Ce rêve ressemble à une saga historique ou légendaire.
    Il y a une grande analogie entre les peuples qui vivent sous le joug d’un tyran, et entre les psychés qui vivent sous l’emprise d’un trauma.
    La résistance est souterraine, le désir de vivre murit au plus profond de l’être, il prend forme derrière le visage de ces enfants qui savent être sage pour qu’on les laisse rêver, ces enfants qui savent se protéger des évidences ternes et des destins tout faits auxquels leur entourage les prépare.

    Résister est épuisant.

    Le trauma est égoïste, destructeur, mécanique, il consomme beaucoup d’énergie sans jamais rien donner d’utile au vivant, il ne sait que prendre et tuer, il est une puissance morbide qui vampirise l’être.

    Dans ton rêve, ce qui figure la tyrannie du trauma et son monde d’illusion, c’est l’image d’un capitalisme débridé, amoral, qui désagrège la société et génère de l’individualisme.

    A l’inverse, une société comme celle à laquelle tu aspires,  ou la voix de chacun a le même poids que celle des autres, c’est une société démocratique, propice à l’épanouissement, à la  "vraie vie".

    Ton désir de justice nourrit ton rejet de la dictature ; En clair, la soif de te réaliser librement te fait haïr et rejeter tous les schémas stéréotypés dans lesquels tu es enfermée depuis l’enfance.

     

    Ce rêve souligne qu’avant même qu’il ne t’arrive ce qui t’es arrivé, ton éducation avait contribué à affaiblir ton élan personnel et à te tenir dans l’acceptation de règles collectives ou la loi en vigueur est celle d’un ordre établis.
    Un ordre dans lequel la femme a une position secondaire par rapport à l’homme.

     En quelque sorte, ta vulnérabilité avait déjà été inconsciemment organisée par la famille.

    Un homme harangue, c'est-à-dire que ton animus (homme intérieur) donne le ton, il est l’élan, la ressource intime.
    Il est l’aspect intact de ta relation au masculin, la part constructive en qui tu as confiance et sur laquelle tu t’appuies.

    Tu prends la parole pour que ce soit la fin du non-dit, pour que les vieilles règles qui se sont illégitimement installées au fil du temps soient dénoncées comme caduques, et pour que l’être réinvestisse son domaine.
      
    Dans l’idée, tout est bien, la bonne volonté et l’enthousiasme semblent suffisants….
    Mais voilà, on ne se libère pas du trauma juste en s’y opposant avec de beaux idéaux et des positions intellectuelles volontaristes !

    Il est un principe en mouvement qui n’abandonne pas sa proie facilement et ta détermination ne l’impressionne pas beaucoup puisqu’il encercle tes troupes et donne l’assaut.
    Mais il y a ici un changement fondamental.
    Ni toi ni tes amis ne voulez rentrer dans le rang et vous rendre.
    Ici, la fuite est une stratégie, elle consiste à d’abord refuser la soumission, puis de continuer la lutte autrement, sur un autre terrain.
    Cela veut dire comprendre, se réorganiser, se renforcer …..Mais surtout pas se rendre, non, surtout pas ça, la soumission, c’est fini à jamais.  

    Plus psychiquement, tu as rapidement intégré la nécessité de reprendre ta vie à ton compte et la conscience t’a tout aussi  rapidement fourni les ressources intellectuelles pour le faire…..Jusqu’au moment où tu t’aperçois que le combat ne se mène pas que dans le domaine du conscient et de la raison, mais aussi à un autre étage, dans la dimension symbolique de l’inconscient, là où toutes les peurs font régner leurs lois, mais tu l’acceptes courageusement, si c’est là que ça doit se passer, c’est là que ça se passera !



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  •  Alors, je suis dans une salle enfermée avec d'autres femmes. La peur et la panique se lisent sur tous les visages, beaucoup s'inquiètent de leur mari ou de leurs enfants. Pendant que certaines discutent avec deux autres femmes nous réussissons a ouvrir une brèche dans le mur et j'ai le temps de me sauver mais pas les autres, des soldats entrent et les font sortir à l'extérieur. je me retrouve derrière le bâtiment. il est gris fait de grosses briques. ON entend des ordres qui sont donnés des soldats qui marchent au pas, il fait nuit. des braseros éclairent et projettent des ombres inquiétante. 
    Je trouve un escalier de secours et je grimpe, je me retrouve dans un couloir d'un internat, j'entends des voix, un soldat arrive, je le frappe et lui prend son arme, je ne sais si je le tue ou pas, en tout cas je poursuis mon chemin, je continue et je tire sur deux autres soldats, j'arrive dans un grand dortoir et libère des hommes et des femmes qui sont là. on décide de s'attaquer à tous ceux qui sont dans le bâtiment, je trouve un homme assez jeune et je le prends en otage, il n'est pas tué. puis je m'approche d'une des fenêtre qui donne sur la cour. 
    Dans cette cour, il y a une sorte d'estrade sur laquelle il y a un trône et un homme assis dessus. Les femmes sont alignées face à lui et entre elles et l'homme une rangée de soldats. Ca ressemble a un peloton d'exécution. Puis une longue file d'enfants fait son apparition entourée par des soldats, je reconnais ma fille et mon fils. L'homme hurle après les femmes, et leur demande de révéler la cachette des hommes qui se sont cachés, si elles se taisent les enfants seront tués un a un jusqu'à ce qu'elles se décident à parler. Mais elles gardent toute le silence. Pendant ce temps les hommes que j'ai libéré ont pu s'armer et se placer à divers points. Je casse alors la fenêtre et j'apostrophe l'homme , j'exige de lui qu'il relâche les enfants sinon je tuerai son fils, mon prisonnier. 
    Il y a un long moment de silence, je frappe alors mon prisonnier et place une arme à feu contre la tempe. Le général ou gradé, donne un ordre, les enfants sont relâchés. Je crie à ma fille de guider les enfants dans la cachette , celle dont elle ne devait pas parler. Ma fille prend son frère par la main et entraine tous les enfants dans le bâtiment qui fait face a celui ou je me trouve. 
    A ce moment là du rêve, je suis la progression des enfants, ma fille les fait descendre en sous-sol, ouvre une porte cachée sous l'escalier et fait entrer tous les enfants puis elle les emmène dans un tunnel. Retour sur moi et mon prisonnier, je compte lentement dans ma tète , jusqu'à mille. Puis j’esquisse un sourire, je sais qu'ils sont libres et qu'ils sont en sureté. Un grand sentiment de fierté vis à vis de mes enfants m'envahit. Puis je m'adresse désormais aux hommes et je leur dis de tirer a vue. Ce qu’ils font les femmes qui étaient dans la cour tentent de s'enfuir dans la confusion. ça tire dans tous les sens. Il y a des cris de la fumée, des explosions. je me retrouve a descendre l'escalier de secours et a gagner la cour, des combats au corps a corps ont lieu. Je ressens une violente douleur et je m'effondre. Et je me réveille.

     

    Nous en arrivons ici au cœur du sujet.
    Un viol n’est pas un acte sexuel qui a mal tourné.
    Il est un acte initié par une pulsion de mort dans lequel le sexe est utilisé comme une arme.
    L’acte est porteur de mort, l’analyse nous fait revenir sur le refoulé et le rêve restitue l’état émotionnel du moment.

    Mais il n’y a pas que ça.
    Nous pouvons constater que malgré la panique, ton instinct de survie, lui, est en action.
    Sa vitalité est puissante, il a trouvé des brèches et perçu les faiblesses de l’emprise.
    Une partie de ces femmes ( toi dissociée par la violence et la peur ) reste aliénée et soumise, mais l’autre partie s’oppose, fuit, et cette fuite en elle-même est déjà un combat, elle est le front du refus.
     
    Le viol n’est pas non plus qu’une simple affaire individuelle.
    Il s’agit bien sûr d’une situation subie par une personne, mais cette personne n’est pas qu’un corps isolé.
    Elle est aussi une femme dans toute sa dimension symbolique, c'est-à-dire que même lorsqu’elle n’est désignée que sous son statut d’individu, ce statut est indissociable du fait qu’elle représente aussi un principe qui concerne toute les femmes.
    Elle représente et incarne le principe qui porte et transmet la vie, la femme-individu héberge en elle tout le potentiel d’une lignée qui elle-même est une branche de l’arbre de toute la vie.

     Quitte à paraître un peu mélodramatique, nous pouvons dire à bon droit qu’un crime porté sur une femme parce qu’elle est femme est un crime contre l’humanité dans son ensemble.
    Nous pouvons le dire car un violeur n’est pas qu’un homme qui force sexuellement une femme.
    C’est aussi quelqu’un qui durant un moment fait régner une loi ancestrale, monstrueusement archaïque : La loi du plus fort.
    Il porte et incarne l’idéologie de la supériorité du genre masculin et s’arroge le droit d’exercer sa domination sur le féminin.
    Il est durant un moment, un adorateur de la violence et de la destruction contre ce qu’il y a de plus précieux au sein du vivant, contre le genre auquel il a été confié de porter la vie.

    Maintenant, prenons quelques instants pour nous attarder sur ce fameux « moment » d’absence.

    Que les choses soient définitivement clarifiées :

    En matière de viol, Il n’y a pas et il n’y aura jamais de personnes dépassées par leurs pulsions qui agissent sans savoir ce qu’elles font.

    Il n’y a et il n’y aura toujours que des personnes qui s’adonnent à ces pulsions. Il n’y a et il n’y aura toujours que des personnes qui s’y glissent volontairement et jouissent de la toute-puissance qu’elles leur confèrent.
    Pour la poursuite de ce plaisir, elles peuvent aller jusqu’à se mettre en narcose, c'est-à-dire qu’elles peuvent se laisser complaisamment envahir et enivrer par ces pulsions, sans leur résister une seule seconde.

    Bien au contraire, elles se rendent mentalement disponibles à cette montée de l’inconscient, exactement   de la même façon qu’une personne violente mais maîtresse d’elle-même se laisse aller à boire jusqu’à se désinhiber, jusqu’à perdre le contrôle et  se permettre de passer enfin à l’acte sans être contrarié par son éthique.   

    Et pourquoi disons-nous cela ?
    Pourquoi ne semblons-nous pas prêts à admettre qu’il puisse exister des pauvres malheureux incapables de se maîtriser et véritablement victimes de leurs désordres intérieurs ?      
    Comment pouvons-nous affirmer que ces narcoses mentales ont des racines conscientes, que ces agissements sous l’emprise de pulsions ne sont jamais qu’un choix volontaire de leurs auteurs ?

    Nous pouvons le dire, parce que justement nous savons ce que sont les vrais malheureux qui subissent involontairement des débordements inconscients, et parce que nous savons ce qu’ils vivent.

    Nous savons qu’une phase maniaque peut survenir de façon impromptue, à tout moment, autant le jour que la nuit, autant en public qu’isolément, et qu’elle est déclenchée par un facteur objectif, ou subjectif ou biologique….. Et il en est de même pour les délires schizophréniques ou chroniques..…

    Il est très important de noter que l’expression de ces troubles, parfois très impressionnants, est aléatoire…… et parce qu’elle est aléatoire, elle peut aussi survenir en public sans que le sujet ne s’inquiète du « qu’en diras-t-on » !

    Or, personne, absolument personne, jamais, à aucun endroit et en aucun cas n’a jamais pu être témoin d’un viol réalisé sur la place publique par un somnambule ou par une personne délirante qui ne se soucie pas du qu’en dira-t-on !

    Lorsqu’il y a trouble, vraiment trouble et non pas simulation, le sujet ne choisit JAMAIS ni le moment ou le trouble va se produire ni l’environnement dans lequel il va se produire et c’est pour ça qu’il peut aussi se produire en public.

    Dans le cadre d’un viol, même lorsque l’auteur est devenu soi-disant irresponsable de par la pression de ses pulsions, l’évènement se produit TOUJOURS en huis clos, TOUJOURS en l’absence de témoin, TOUJOURS dans des circonstances organisées, et il est TOUJOURS l’aboutissement de séquences qui s’emboitent comme le mécanisme d’un piège.

    Il n’y a JAMAIS d’aléatoire dans un viol, il n’y a JAMAIS d’aspect fortuit ou spontané, il y a TOUJOURS une intention qui se réalise au travers de différents actes préparés à l’avance, donc volontaires, et de fait, l’intention, la racine consciente et voulue de l’acte est totalement incontestable. L’évocation d’une quelconque irresponsabilité ne tient pas.

    Même dans les cas de viols opportunistes, c'est-à-dire dans les cas où l’auteur ne connaît pas sa victime et ne lui tends pas de piège personnalisé, nous pouvons vérifier qu’il s’est tout de même embusqués dans des lieux qui à certains moments de la journée garantissaient le huis clos et offrent de bonnes probabilités de passage.

    A titre d’illustration, nous pouvons évoquer certains évènements survenus à New York dans un Hilton, mais il y a aussi des vestiaires, des sorties de cours du soir, des derniers métros…aussi d’autres lieux ou d’autres auteurs étaient à peu près sûrs de pouvoir se retrouver en huis clos avec une femme vulnérable tout en faisant semblant d’être là par hasard. 

    Et au cas où il resterait encore quelques incurables qui pourraient suggérer que c’est possiblement la situation de huis clos qui déclenche des pulsions irrépressibles, qu’ils comprennent bien que le huis clos est une condition recherchée et organisée, et en aucun cas un déclencheur,  et ceci est vérifié par le fait que le huis clos en question ne survient JAMAIS aléatoirement, mais TOUJOURS selon une pensée prédatrice qui anticipe les faits et qui recherche le secret.

    Il n’y a pas de hasard malheureux, il n’y a pas de femme qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment, un viol, même opportuniste, procède TOUJOURS d’un piège ou d’une embuscade.
    Il n’y a jamais ni irresponsable ni innocent, mais un acte en deux temps :
    1) Créer les conditions du pièges
    2) Se mettre en narcose pour étouffer toute sensibilité gênante, toute compassion gênante, toute humanité gênante, et de surcroît, passer pour un irresponsable !

    Un dernier point : La durée de cette perte de moyen est très pratique puisqu’elle dure très précisément le temps de l’acte.
    Par un miraculeux hasard, l’auteur retrouve toujours ses esprits assez rapidement pour pouvoir disparaître vite fait du lieu du crime.
    As-tu déjà entendu parler de violeurs assouvis, et donc libérés de leurs pulsions, qui s’émeuvent de ce qu’ils viennent de faire et qui emmènent précautionneusement leur victime à l’hôpital ?....Et qui se dénoncent spontanément ?

    Mmmm ?

    Pour en revenir plus littéralement au rêve, tu es cette fois entrée dans la lutte frontale avec les injonctions du trauma, tu es sur son terrain, dans le lieu qu’il occupe et auquel tu as accédé par l’escalier de secours, à savoir, le passage au symbole.
    La violence nécessaire à la libération n’est plus réelle, n’est plus physique, elle est symbolisée, ce qui ne veut pas dire moins prenante, puisque c’est le genre de rêve à la suite duquel on se réveille très fatigué, ni moins efficace.

    On est dans une version un peu personnelle de « la belle au bois dormant », il y a beaucoup de monde dans les dortoirs, hommes, femmes, toutes tes relations, tous tes collègues et toute ta vie étudiante qui était restée endormie pendant tes 6 mois d’absence.

    Vient ensuite le moment de la confrontation avec le tyran.

    C’est un moment tendu, solennel, avec un enjeu majeur.
    Il n’est plus seulement ici question de vie ou de mort pour toi, il est question de vie ou de mort pour tes enfants et pour toute une multitude.

    Et cette multitude fragile et vulnérable est sous ta responsabilité.

    Le tyran-violeur s’était appuyé sur son égoïsme et sur la faiblesse physique des femmes pour déployer sa toute-puissance…..

    Le voilà qui expérimente maintenant la force de caractère du féminin au service de la puissance d’amour, au service de la sauvegarde de la vie, au service du devenir de l’humanité.

    Et cette force, c’est toi qui la porte.

    Et c’est lui qui cède.

    Et à partir du moment où il cède et quand le devenir est en sécurité commence la grande bataille…..ta lutte contre lui….avec le ressouvenir de la souffrance, des émotions terrifiantes.

    Si tu connais autour de toi des femmes qui de par leur histoire personnelle peuvent se sentir dévitalisée au fond d’elle-même, tu as toute légitimité pour leur faire part de ton témoignage.
    Le féminin est doté d’une puissante capacité à lutter contre l’injustice et la tyrannie, à reconquérir les pans les plus profondément meurtris de l’être et surtout d’y restaurer toute la fécondité infinie de la vie.  

     


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  • " La grande méduse Bleue "

    -Je regarde la vue depuis la fenêtre d'un immeuble.                  
    En bas coule une belle et grande rivière poissonneuse et au fond de celle-ci, une immense et magnifique " méduse " bleue se déploie…
    Sur l'autre rive, un petit camp africain où différents animaux
    ( domestiques et sauvages ) et une famille de Noirs se côtoient en harmonie, à l'ombre d'un grand arbre.
    Puis des bruits, cris, paroles fortes se propagent, venant en
    amont de la rivière…
    Une grosse pirogue s'approche avec des hommes blancs dessus, genre chasseurs.
    L'un d'eux repère la méduse, crie " une baleine ! ", plonge avec un harpon et blesse l'animal.
    Panique dans le camp !             
    La grande méduse s'échoue en partie sur la rive et de suite
    un petit enfant noir s'approche d'elle et lui retire le harpon.
    La méduse se contorsionne alors et, au niveau de la partie
    blessée, une forme apparait et semble s'extraire…une femme bleue.
    En surimpression devant mes yeux, un homme ( Laurent, frère ainé d'Anne ? ) me dit : " Ceci est la conséquence de…l'argent ? "
    Deux policiers arrivent ensuite et me disent de circuler.

    Le rêveur est un artiste qui s’intéresse de près à l’œuvre de Jung et  aussi, plus généralement à tous les sujets liés à l’intériorité.
    Ce grand rêve lui a laissé une impression très agréable, pour ne pas dire émerveillée.

    C’est pour cette raison, en plus de ce que la configuration du rêve nous permet déjà de comprendre, que même si nous savons que la méduse est un prédateur aveugle, urticant et vorace, nous n’interprèterons pas ce symbole comme une pulsion de mort rodant dans l’inconscient.

    C’est selon l’historique et la dimension sensible du rêveur que nous évaluerons ce qu’elle figure.

    Ce dernier est en phase avec un concept archétypal d’organisation de la psyché et nous devons en tenir compte.

    La méduse vit de plancton et de lumière.

    Au sens le plus le plus haut du symbole, le voyage du plancton parmi les océans apparaît comme une représentation de la migration des âmes, et la méduse, elle-même, représente ce lieu mythique vers lequel elles se dirigent.

    Au sens plus individuel, le plancton figures les contenus psychiques que le soi diffuse au fur et à mesure que la vie se déroule et la méduse représente l’intégration, le patrimoine personnel du rêveur, son être profond qui s’enrichit au fur et à mesure de son vécu.

    La fenêtre en haut de l’immeuble représente la hauteur des pensées.

    Lorsque les pensées ont une certaine hauteur, la profondeur de la vie se révèle.

    La scène africaine avec homme et animaux représentent l’émergence des contenus du soi en voie de se présenter à la conscience.
    Ils sont nos composantes psychiques préconscientes enclines à s’insérer dans notre actualité à tel moment de notre vie.
    L’aspect « primitif » marque le fait que ce monde n’est pas encore advenu, mais qu’il est déjà structuré pour l’être.

    Au sens large, la pirogue, les hommes blancs et le tumulte représentent la société dans son aspect le plus matérialiste, celui qui ne connaît que les rapports de force et la puissance de l’argent.
    Elle est cette dynamique aveugle qui méconnaît ce qui n’a pas de valeur marchande et qui réduit le vivant à l’état de chose négociable.
    Elle est cet aspect de la société qui ne connaît que ce qu’il peut dominer et s’approprier.

    Qui peut lier richesse et mort ?
    Qui d’autre qu’un sinistre marchand peut voir une baleine, source de revenu une fois tuée, là où il y a symbole de richesse intérieure immatérielle non négociable ?

    Au sens plus général, cette confusion des valeurs est la dynamique de la raison raisonneuse, elle est ce mental qui veut tout contrôler et  tout comprendre en refusant systématiquement de se laisser atteindre par des valeurs sensible, elle est cette rationalité qui ne veut surtout pas se laisser interroger par l’invisible.

    En faisant taire la nature, on fait taire la voix intérieure, celle qui nous interpelle au sujet de la forme que peut prendre le vivant au-delà de ce que nous en voyons et comprenons.
    Lorsqu’on réussit à étouffer cette voix, toute chose est ramenée à un état plus rassurant, bien plus facile à comprendre et que l’on peut enfin maîtriser à sa guise, un monde sans mystère que l’on peut acheter et vendre selon les rapports de force de la puissance financière.
    ( Sur ce même sujet, voir ici : http://grandreve.eklablog.com/20-000-chiens-de-traineau-a3339337 )

    Sur un plan plus individuel, cette pirogue et les gens qui s’y trouvent représentent la vie d’avant, son orientation, toutes les blessures et tous les affects infligés par l’environnement de l’époque à l’enfant qu’il était.

    L’enfant sauvage qui intervient au niveau de la méduse blessée atteste de ce que le reste de la vie, ce qui n’est pas encore advenu, contient la ressource nécessaire au rétablissement de l’être dans son harmonie et son intégrité.

    Ce qui sera fait à partir de maintenant aura la valeur et la force suffisante pour rétablir dans son entier le processus de vie.

    Dans l’ordre des choses de ce grand rêve, l’apparition de la femme bleue n’est rien de moins qu’une vision mariale.
    Bien entendu, c’est une apparition qui est à considérer selon un point de vue psychique et dénué de toute religiosité.

    Pour autant, elle figure la consolatrice des êtres en souffrance, elle est la mère mythique et absolue de tous ceux à qui il manque quelque chose, de ceux dont la mère biologique a eu des carences dans sa façon de les porter, de les accueillir et de les aimer.

    Elle est l’instance psychique qui irradie d’amour pour ceux qui n’ont pas eu leur compte.
    Elle apparaît là où se trouvent les blessures.

    "Ceci est la conséquence de l’argent" signifie que les parents suivaient d’abord l’inclinaison de leurs intérêts personnels, ce qui avait pour conséquence d’ignorer en partie ses intérêts à lui, alors que pourtant il dépendait totalement d’eux en tant qu’enfant.

    Encore une fois, il ne s’agit pas ici de privation de nourriture ou de bien matériel de quelque sorte que ce soit, et encore moins de gestes d’affection….
    Il s’agit de carences que l’on ne peut mesurer qu’après avoir franchi l’écran des apparences.  

    Les gendarmes sont une queue de comète, la trace d’une dernière survivance des anciennes injonctions, ils représentent l’ordre, le paraître.

    La famille dysfonctionne, les enfants sont perdus en eux même, mais aux yeux du monde, tout à l’air normal, et au sein même de la famille, tout à l’air normal, tous est en ordre.

    Mais on ne peut vraiment y croire que si on n’y réfléchit pas….
    Les gendarmes, ici l’influence éducative, usent de leur autorité pour que l’on passe vite et que contradictions et incohérences ne viennent pas semer le doute dans l’esprit, pour que l’enfant reste enfant et continue à croire à ce qu’on a envie de lui faire croire.

     

     


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  • Le cabinet sera fermé du 18 Décembre 2013 inclus au 06 Janvier 2014 inclus.


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  • Pour l'analyse, le télé-entretien est une option.

    Nous parlons ici autant d'échanges par webcam, pour ceux qui se sentent à l'aise avec ce média, que d'échanges simplement audio, ou encore d'échanges écrit par chat, Skype, en ce qui me concerne.

    Outre le fait de permettre à deux personnes géographiquement éloignées d'avoir un entretien avec tout l'effet d'immédiateté voulu, le télé-entretien offre d'autres atouts.

    Le principal est celui de la trace écrite concernant le chat, quand aux autres types d'entretiens ils peuvent être enregistrés et réécoutés à loisir.

    Limiter la perte des contenus est l'aspect le plus précieux de l'entretien à distance.

    Maintenant, cet intérêt majeur ne doit pas occulter les faiblesses du chat par rapport à un entretien classique face à face.

    L'aspect le plus thérapeutique de l'analyse repose sur un échange d'inconscient à inconscient dans lequel la gestuelle, les regards et la présence ont une vraie importance. 

    Ceci étant, après plus de cinq ans de pratique régulière avec des profils d'analysant très différents, le niveau d'intensité des séances des entretiens à distance et le degré de catharsis atteint sont en tout point identique à ceux des entretiens "physiques".  

     

     


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  •   

    Voici un grand rêve accompagné de quelques associations.
    Pour l’apprécier à sa juste mesure, il convient de connaître un des grands traits du tableau de vie du rêveur.
    Enfant mal porté dès la gestation, il a vécu jusqu’à son indépendance professionnelle, dans la broyeuse du désamour familial.
    Issus d’un milieu socioprofessionnel plutôt au-dessus de la moyenne, les parents  ne s’accordaient vraiment que pour le martyriser moralement, parfois physiquement, et pour l’envahir de morbide.
     

     Dévalorisation, castration, déstructuration ainsi que toutes les autres variantes du désir de mort porté sur enfant étaient son lot quotidien.
    Summum du raffinement, lorsque même arcbouté dans ses derniers retranchements, le rêveur ne s’effondre toujours pas, vexée par cette résistance et cet acharnement à survivre, la famille fait appel à la cavalerie et tente de le faire interner.

    Mais rien n’y fait, le rêveur ne se résigne pas et échappe aussi à cette psychiatrie qui s’était faite complice des vrais fous.

    Ce rêve intervient après que l’analyse a suffisamment étayé l’estime de soi et considérablement affaibli la puissance des injonctions parentales dans les schémas mentaux, l’analysant recouvrant une brillante et très encourageante autonomie de pensée.
     

     Il y a une grande maison, isolée, à la campagne, entourée de forêt. (1)
    Mais elle est en fait située aux portes de Paris, près du 5e arrondissement. (2)
    La ville ne comprend pas les arrondissements périphériques, seulement ceux du centre. Et on passe directement, sans transition, du centre-ville à une campagne presque sauvage. Il n'y a pas de banlieue.
    Je ne suis pas dans la maison.

    Un homme, non identifié et aux contours flous, vivant peut-être dans cette maison, ou la gardant, me fait part d'une découverte récente. Il m'indique l'existence d'une voie ancienne qui part de la maison et va directement à Paris.
    Il s'agit d'un chemin en pierre, bien droit, d'origine romaine ou médiévale. (3)
    J'emprunte cette voie.
    Elle traverse en fait un marécage, qui forme donc la frontière entre la campagne où se trouve cette maison, et la ville.
    Je crois que des animaux dangereux vivent dans les eaux de ce marais, peut-être des sortes d'anguilles carnivores.
    J'aime traverser cette voie en pierre ancienne, bien droite, dure et stable, où je suis en sécurité, tout en ressentant le frisson du danger. (4)

    Puis je vois un ruisseau, presque un torrent. (5)
    Des rigoles en partent, ce ruisseau est utilisé par les habitants de la ville pour leur usage personnel. De manière ingénieuse, mais en respectant la nature, sans artifices et aménagements lourds.

    Ensuite je montre cette voie et ce ruisseau à un groupe de gens.
    Je crois qu'il y a S., et de manière plus sûre ma mère et mon beau-père.
    Mais peut-être que j'en parle mentalement, en me voyant en parler à des gens, et non réellement.

    En plus du chemin ancien en pierre, plusieurs voies connexes en partent une fois que ce chemin est arrivé à Paris. Des voies plus petites et plus courtes. Et c'est assez confus, embrouillé.
    Je visualise mentalement cette voie antique sur une carte, et je me dis, ou on me dit, ou je dis, que sur une carte elle se verrait à peine, elle passerait inaperçue, un tronçon noyé dans toutes sortes de signes graphiques représentant les différents éléments du paysage urbain, tandis que dans la réalité, quand on y est, elle est clairement visible et importante, et même impressionnante.

    Puis je me trouve dans Paris, aux portes de la ville, près de la campagne, mais manifestement dans le 5e arrondissement (où je vis actuellement dans la réalité).
    Il s'agit d'un espace urbain peu dense, avec une certaine présence de la nature, comme les abords d'une petite ville.
    je me fais la réflexion que je ne vois pas le périphérique, alors que je me trouve aux marges de la ville, près de la "banlieue", cela m'intrigue, je me demande si je ne le vois pas, où il peut être, ou s'il n'existe pas à cet endroit.
    J'observe notamment un groupe d'arbre alignés, des sapins de différentes tailles et différentes couleurs, qui montent droit vers le ciel (qui est bleu).
    Je m'interroge sur la place de la nature dans la ville. Je me fais la réflexion que ces arbres jouent un rôle bénéfique dans l'espace urbain, notamment en produisant de l'oxygène, mais que d'un autre côté ils ne suffisent pas à assainir l'air, et qu'ils subissent la pollution, en me demandant s'ils sont bien à leur place.

    Ce rêve m'a fait une forte impression, me laissant des sensations agréables et un sentiment de quelque chose de mythique, fondamental.

    Ce rêve, dont j'ai tenté une interprétation, me semble très important !

    (1) : Cette maison m'évoque vaguement la maison de mon oncle et ma tante (soeur jumelle de ma mère) à l'orée de la forêt de F., où nous allions souvent dans mon enfance et mon adolescence.
    (2) : Je vis actuellement, dans la réalité, dans le 5e arrondissement.
    (3) : Cela me rappelle, quand je me suis marié, à la mairie du 5e arrondissement, que l'adjoint au maire, lors de son discours, a dit, sachant que j'étais historien, que le 5e arrondissement était chargé d'histoire, en insistant sur l'ancienneté de la longue rue Saint-Jacques.
    (4) : Cela me rappelle quand, adolescent, je suis allé en famille aux Etats-Unis. Nous étions dans les marais des Everglades, en Floride. Nous avons traversé les marécages sur un ponton en bois au-dessus de l'eau, où vivaient de nombreux alligators. Un orage tropical avec une pluie très intense et très chaude s'est abattu sur nous. Nous nous sommes réfugiés dans une tour d'observation. J'ai adoré ce moment, tous ses éléments (en regrettant de le vivre seul, sans pouvoir le partager, bien qu'étant en famille).
    (5) : L'eau vive et claire du ruisseau contraste avec les eaux troubles, stagnantes, fangeuses et inquiétantes des marais.
    Et cela me fait penser que lorsque je me promène à la campagne avec S., j'adore entendre et voir l'eau couler, surtout des ruisseaux, et je retrouve des sensations d'enfance où déjà cela m'émerveillait.

    Il y a un peu de l’esprit du Petit Poucet dans le scénario de ce rêve tant nous savons comment les parents abandonneurs et maltraitants ont essayé de perdre le rêveur en lui-même pour mieux l’engloutir dans l’inconscient familial malade.

    L’abandon, l’annihilation et la désespérance infligés n’étaient que des variantes de la dévoration et du cannibalisme psychique évoqués dans les contes.
     

     Se sortir du chaos de la famille actuelle et retrouver sa place dans la chaîne des générations saines, substituer la famille symbolique de la lignée à ce simulacre de famille qu’il a connu au cours de sa vie, voilà les thèmes principaux de ce rêve. 

     Centre-ville et campagne sont au contact, nous comprenons, de fait, qu’il ne s’agit que d’une seule et même chose qui apparaît sous deux aspects différents.
    La maison à la campagne correspond à l’origine psychique du rêveur.
    Celle-ci réside en un lieu intemporel, elle contient la somme des consciences accumulées par cette lignée particulière qui est la sienne.

    Lui n’est pas dans la maison car elle se situe, bien sûr, dans l’inconscient.

    Le cœur de la ville, le cinquième arrondissement, correspond, par contre, à la part de la psyché qui elle est portée par sa conscience d’aujourd’hui, celle qui s’inscrit dans le fil de son quotidien.
     

     Cette voie qui relie passé et présent, conscient et inconscient est bien ancienne, et même si jusqu’à ce jour le rêveur pressentait son existence, même si l’analyse la lui avait  annoncée, il l’a, cette fois, découverte et elle constitue désormais pour lui  une réalité objective bien vivante dans sa psyché.

    Elle vient du passé, elle vient de toujours, et elle mène directement à lui, il en est issu et il en est  le prolongement.

    L’homme qui est attaché à la maison a des contours flous car le rêveur n’a pas eu de parents au sens mythique du terme, il ne peut mettre ni image ni visage, il ne sait pas à qui ou à quoi peut ressembler l’ancêtre bienveillant.
    Il en est à son premier contact avec les chainons d’origine, c’est un peu sa rencontre du troisième type à lui !
     

     Traditionnellement, ce sont les parents qui enracinent l’enfant dans la lignée et lui confèrent ce sentiment d’appartenance au travers de rassemblements familiaux et autres rites d’initiations comme les voyages, les discussions, les jeux, les promenades, les visites au musée…..

    Ainsi se passe l’intégration à la chaine des vies d’une famille particulière qui elle-même participe à la construction de l’enfant et favorise, plus tard, sa réalisation dans le monde des adultes.

    Mais cette famille qui a été la sienne, où est-elle ?
    Ses parents selon l’état civil, où sont-ils ?
     

     Ils sont ce marécage, ce trait d’union raté entre les origines et l’essor des nouvelles  générations.
    Ils sont ce piège stagnant, posté à l’affut du passage de ceux qui évoluent et croissent, dont le rêveur est en train de se sauver.
    Le passage est au-dessus, hors d’atteinte, même s’il reste de la méfiance en lui envers la dangerosité du marigot et des bestioles qui le hantent. 
     

     Le ruisseau est la condition et la raison de sa survie.
    Le chant du torrent a été la voix de la voie.
    Durant toutes les années de broyage, il a été ce fil d’Ariane souterrain qui a irrigué le rêveur, son seul lien au sens dans son mode insensé.

    L’eau vive est naturellement sensée, elle coule de haut en bas elle a la logique de la vie pour trouver les passages cachés, la force d’emporter les obstacles, la patience pour les éroder.

    Toutes ces qualités et cette logique ont été celles du rêveur, durant ses années d’expositions à la fureur familiale.

    On peut s’amuser à faire une petite digression pour comparer les habitants des eaux vives et ceux des marécages.

    Le natif traditionnel des torrents est le saumon mythique qui nait dans le calme des sources, descend jusqu’à la mer y vivre sa vie puis remonte le courant jusqu’à la source pour y pondre y mourir, accomplissant ainsi le cycle.

    Les habitants des eaux mortes sont sortis du cycle du vivant, leur monde se situe dans un nulle part entre conscient et inconscient et leur participation à la vie ne consiste qu’à noyer les innocents dont ils nourrissent les anguilles carnivores.

    C’est l’image de la régression.
    (Il s’agit ne s’agit que d’une comparaison symbolique, les étangs et zones humides sont de grandes et belles choses naturelles et pleines de vie.) 

    Le bon usage que font les habitants de la ressource du ruisseau, cette harmonie entre l’être et la source représente la vie intime du rêveur, cette construction intérieure  qu’il sest appliqué à lui-même et qui s’est développée dans la profondeur de l’être.

     Le rêveur est généreux et il a la naïveté des héros familiaux traditionnels, c’est ainsi qu’il cherche la reconnaissance de ceux pour qui il n’était personne, et de celle pour laquelle il n’a pas encore suffisamment le sentiment d’être quelqu’un, en leur montrant ce chemin dans le rêve. 

     Il y a ensuite de nombreuses voies annexes qui partent de ce chemin, la conscience se ramifie, la vie l’assaille, elle explore, se nourrit de la diversité du monde, mais charge à elle de se discipliner, de faire le tri entre l’accessoire et l’essentiel, tel est le nouveau challenge. 

     La voie est minuscule sur une carte, car le passage est ténu, profondément imbriqué dans l’enchevêtrement des multiples sollicitations, expériences et schémas qui constituent sa psyché.

    Quelles que soient la force et la qualité de la nature du rêveur, on ne passe pas impunément autant d’années de résistance, de compensation et de refoulements massifs sans accumuler des strates et des strates de réflexes conditionnés, de fausses idées, de souffrances, de rancœurs inavouées….

    Cet ensemble peut en arriver à constituer une masse critique.

    Alors oui, la voie est toute petite, presque insignifiante lorsqu’on la considère du haut des préoccupations de la vie moderne.

    Par contre, lorsqu’elle a été le seul chemin que l’on pouvait emprunter pour échapper à l’engloutissement, on comprend qu’elle peut aussi être toute la vie.

    Les dernières scènes du rêve posent l’étape de l’intégration.
    La campagne émerge dans la ville, la nature s’y développe, l’inconscient collabore avec le conscient et participe à l’élévation du quotidien, à son sens, à sa croissance, à sa saveur…..

    Les questionnements parasites ne sont jamais très loin, mais ils ne prennent plus toute la place, ils n’étouffent plus rien.

    C’est désormais la vie qui est au centre de l’être.
     

     

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  • Voici un "grand" rêve, non pas à cause de la longueur du récit, mais parce la psyché y est jaillissante, elle s’y dévoile sur un mode très affirmé, le rêve est précis, intense et extrêmement typique.

    L’analyse en elle-même restera d’une certaine façon en retrait, tout au moins très incomplète par égard à la densité du contenu et de ce qu’il serait possible d’en dire, mais le « rêveur » n’a donné que peu d’indications sur lui-même et n’a fait que peu d’associations.

    Pour cette raison elle ne retient que les aspects les plus universels de ses représentations.

    Au début du rêve, je suis dans un bâtiment avec des gens. Dans le cadre d'une réunion. Peut-être en rapport avec l’enseignement et/ou la spiritualité.
    Puis je sors dehors, dans la nature.
    Il y a des restes de neige, qui fond.
    J’arrive au bord d’un cours d’eau. Il y a mon ami d’enfance Sylvain. J’ai la vague impression que c’est une partie de moi.
    Nous regardons le cours d’eau, qui coule vers la droite (donc a priori vers l’est). Il y a des bancs de terre près de la berge. Je lui montre, sous l’eau, une sorte de grosse abeille qui nage.
    Puis je repars. Je vois quelque chose, peut-être un gros insecte (ou un poisson ?) qui vole.

    Ensuite je suis dans le métro, sous terre.
    Je suis à la station Châtelet-les-Halles, je dois prendre une correspondance. Je dois prendre la ligne 1.
    Mais je me trompe, je descends trop loin, trop bas. Je suis au niveau du RER A, où en plus il y a plein de possibilités, et je peste un peu.
    Je suis sur le quai, il y a des gens. Je vois un train arriver (qui va vers la droite), avec d’énormes roues à pneus noirs, je me dis que si je descendais sur la voie, je serais écrasé bien proprement par ces roues. Il y a un autre train derrière, à l’arrêt.
    Au moment où je repars du quai pour remonter, j’ai en tête l’image d’un noir costaud, et juste après j’en vois un.
    Je me fais alors un petit dialogue dans ma tête. Où je chercherais à convaincre un ami et un de ses amis que j'avais rencontré de l’existence des synchronicités, ou du moins à leur expliquer. Je prends un exemple où quelqu’un parle de chat, puis je vois le mot chat dans un livre que je viens de lire, puis je vois un vrai chat apparaitre.
    Puis je remonte, par le moyen d'un escalator, pour aller prendre la ligne 1.

    Ensuite je vois, et par moments je suis, un bandit mexicain, appartenant à un groupe. Le groupe est dans un grand garage, dans la pénombre, comme si on était réfugiés, ou on se cachait, ou on était remisés là. Mais je ne vois pas ce petit groupe, je suis seul dans le garage.

    Le bandit mexicain est réputé pour ses frasques sexuelles. Je vois même de brèves images projetées comme dans un film de ses exploits, comme des preuves. J’entends aussi des rires. C'est grivois et obscène, mais l'ambiance est joviale et bon enfant.

    Au fond du garage il y a comme un puits, ou plutôt une bouche d’égout, qui descend très profondément dans la terre. J’y descends. Je suis au fond ou très bas, et le niveau d’eau remonte. Je remonte à la surface, par une échelle constituée de barreaux métalliques contre la paroi, sans non plus avoir peur ou me dépêcher. Je crains quand même un peu que l’eau me rattrape, mais elle reste en-dessous de moi, je ne suis même pas mouillé.

    Arrivé en haut, je referme plusieurs couvercles, mais qui ne ferment même pas entièrement l’ouverture, qui est ronde. Ces couvercles, au moins certains d'entre eux, dont le dernier, sont carrés. Je vois l’eau, stagnante, ou sale, arrivée presque jusqu’en haut, mais sans déborder.

    Je vois un chat qui est au-dessus de l’eau, sur les couvercles. Il s'agit non d'une chatte noire dont j'ai déjà rêvé, mais d'une chatte de couleur grise, avec des rayures, qui vivait chez moi, que j'adorais et avec qui j'avais une relation fusionnelle. Je suis surpris de la voir, mais je ne m'approche pas d'elle.
    Elle se nomme Trésor.
     

    Il s’agit d’un vrai grand rêve qui tourne autour  des phénomènes de l’évitement et de la recherche de raccourci, et plus exactement du complexe particulier que forment l’évitement et la recherche de raccourci lorsque ceux-ci œuvrent en tandem dans une dynamique conjointe.

    L’évitement, lui,  naît de la peur d’une menace.

    La recherche de raccourci, elle, naît du caractère du sujet et de son refus de se laisser contraindre par cette menace. 

    Nous avons en quelque sorte ici, la coexistence  de la peur et du refus d’avoir peur.

    La difficulté, source de l’évitement, est campée dans le début du rêve qui lui-même campe la venue au monde du rêveur.   
    Si le volet biologique de la naissance a correctement fonctionné, ce n'est pas le cas du volet psychique.   

    L’être est blessé au niveau du sentiment.

    Certains psys appellent ce phénomène « le syndrome de l’enfant mal porté. »

    C’est comme si la gestation psychique n’était pas allée à son terme et que certains aspects de l’identité émotionnelle n’étaient tout simplement pas "venus au monde".

    Il faut bien comprendre techniquement, la différence qu’il existe entre des ressources disponibles mais qui restent  inexploitées parce que la conscience ne les a pas encore intégrées, et des ressources qui, elles, restent inaccessibles par ce qu’elles n’ont pas du tout été données au départ.

    Nous sommes ici dans le deuxième cas.

    La chaleur est une composante fondamentale de la venue au monde, elle est portée par le désir d'accueillir et le désir de donner la vie.
    Les traces de neige qui fond ( froideur ) nous informent sur ce manque de désir envers l’enfant.
    Nous ne pouvons dire à ce stade, faute de connaître le tableau de vie du rêveur s'il s'agit de l'expression du regret d'être enceinte ou d'un excès de possessivité, mais ce que nous dévoile le rêve, c'est bien une absence de désir dans accueil ou dans le don.

    C’est ce manque de désir qui prive le rêveur de l’intégralité de son patrimoine émotionnel et fait naître en lui un sentiment  inconscient associé, celui d’être partiellement rejeté par le monde féminin.


    En complément de la neige, Sylvain (Sylvain = « la forêt » qui nait « toute seule » de la terre) est l’enfant de la nature, c'est-à-dire l'enfant sans autre parent que la nature elle même.

    Autrement dit : bien vivant physiquement mais porté sans amour ou en tout cas sans tout le désir nécessaire à ce moment-là de sa vie.
     

    Il est à noter que le rêve ne revient plus du tout, par la suite, sur cet aspect des choses.
    Cela nous donne à penser qu’après la naissance, l’accueil de l’enfant aura été bien plus favorable que ce qu’il en avait été durant la grossesse.
    Il semble assez vraisemblable que pour la maman, le fait d’élever un enfant aura été plus facile à gérer que le fait de le porter.

    Pour autant, le rêveur a passé les stades de sa croissance avec cette blessure faite de dépendance et de crainte envers le mode féminin, associé à la préoccupation constante de dépasser cette crainte.

    L’entrée en scène  des instincts sexuels comme composante active de la psyché fournit l’énergie de la métamorphose, celle à partir de laquelle le sujet se sépare de son statut d’enfant, prend possession de lui-même et exprime son identité en devenant adulte.

    Le métro est phallique, il figure le stade de la croissance où la pression de la sexualité, mais surtout la gestion de cette pression, détient un rôle majeur dans la réalisation de l’être.
    Cela se situe quelque part dans l’adolescence et c’est à cette problématique que le rêve nous ramène.
    Cette pression qui vient de l’intérieur  éprouve l’organisme, elle en révèle les failles et les faiblesses, et surtout elle ramène le refoulé vers la surface.

    Le refoulé apparaît ici sous deux aspects :

    1) Sous l’aspect de l’homme noir associé à l’hypothétique écrasement sous le métro.
    2) Le garage et les bandits mexicains.

    1) La couleur noire est liée à la profondeur, à ce qui vient de l’inconscient profond et qui n’a pas encore été éclairé par la conscience.
    L’homme noir est l’émergence de l’identité profonde du sujet qu’il rencontre de façon coordonnée avec l’arrivée du métro.

    Plus exactement, il a l’intuition qu’il va le rencontrer et ne finit par le voir qu’après avoir fait face à sa crainte et pris la mesure de sa dangerosité, les deux vont de pair, l'un permet l'autre.

    Il est à noter que cette homme noir, il ne le rencontre pas vraiment, il ne fait que le voir.
    Mais il est à noter aussi qu’il y a un deuxième train, plus loin, en attente, comme en réserve.
    Il est en réserve, pour le futur, il est là, dans l'attente que tombent les peurs.
    Il est disponible pour venir  à quai ( à hauteur, en phase, à niveau….à la vie…..) lorsque la situation aura muri, après que le train des peurs sera passé.

    Le rêveur pourra alors faire mieux que simplement s’apercevoir ou se deviner.

    Ce train en attente est la promesse de ce qu’il pourra se rencontrer lui-même et vraiment se réaliser dans l’intime identité  de son être, loin des manques, des doutes et des inquiétudes.

    2) Le garage représente la matrice psychique, la voie de garage, le lieu où reste prisonnière la part de l’être qui n’est pas née à la naissance, cette part qui a été "retenue" par la carence d’amour maternel.

    Lorsqu’il est écrit "pas né à la naissance", il faut bien comprendre qu’il s’agit d’une part dissociée de la psyché qui demeure à l’extérieur du processus classique de croissance et qui se développe de son coté à l’écart de toute influence consciente.
    Elle se développe sans murir ( les bandits mexicains immatures ) et parasite l’attitude consciente.

    Il est à noter que les dispositions intellectuelles du sujet ainsi que sa nature personnelle forment un contenant qui circonscrit  les bandits mexicains dans un espace d’où ils ne débordent pas.
    En d’autres termes, si les ressources devenues autonomes dans l’inconscient manquent à la richesse du sujet et à son bonheur personnel, elles ne représentent pour autant pas une nuisance pour lui-même ou pour les autres.

    Pour finir, c’est bien un puits qu’il y a au fond du garage, avec de l’eau, source de vie, et plus précisément ici la représentation du mystère de la féminité porteuse du mystère de la vie.

    C’est le trauma initial qui colore la vision du rêve et en présente une image dégradée en forme de bouche d’égout. 

    La descente dans le puits marque la propension à investiguer et la capacité de le faire.
    Elle est la dynamique qui rejoue la scène de la naissance en vue de la dépasser et de faire enfin naître au monde l'être prisonnier de la matrice. 

    Malheureusement, le mouvement de descendre vers la profondeur induit la remonté de l’eau « sale », c'est à dire troublée par la problématique maternelle.
      
    Sa puissance menaçante contrôle encore et toujours les velléités de liberté et les fixe dans l'espace de leur prison.
    L'eau ne déborde pas, elle ne cherche pas à noyer.

    La problématique maternelle n'est pas mortelle, elle n'est pas constituée d'un désir de mort porté sur l'enfant que le sujet a été, mais il est le butin dont la nature maternelle ne veut pas se séparer; la nature maternelle se contente de possessivité et d'enfermement.

    Ce n'est pas pour autant que sa dangerosité n'est pas redoutable et que son cannibalisme latent n'en est pas avéré.
    Le sujet ne s'y trompe pas.

    Il préfère ne pas s'approcher de cette chatte dont les désirs le garde toujours prisonnier.

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    Voici le rêve d'un homme adulte.

    Des gens bavardent dans la rue d’une ville, il y a des immeubles autour.
    Au sommet de l’un d’entre eux se trouve une grande éolienne blanche, ses pales émergent au-dessus d’une plateforme entourée d’une rampe.
    Ils entendent le bruit d’un avion à hélice, un vieux modèle poussif, lent et bruyant.
    Il semble que le pilote ait du mal avec sa trajectoire, il fonce droit vers l’éolienne qu’il percute.
    Il est éjecté, il bascule par-dessus la rampe et se fait rompre le cou par les pales.
    On voit qu’il porte une robe de moine, le vent la soulève, on voit ses fesses, puis la robe retombe, il ne bouge plus, il est mort.
    Les gens qui ont assisté à la scène sont hilares, tout ça les a bien amusés, ils sont heureux.


    Le rêveur est un homme qui revisite certains épisodes de son passé.
    Si l’analyse lui permet de prendre la mesure des disfonctionnements d’alors, le rêve, lui, apporte la dimension du dépassement et de la remise en ordre de la psyché.

    L’avion représente la volonté et l’intellect excessif de l’homme qu’il était alors.

    Tel que dans le rêve, l’avion est un engin qui demande la mise en œuvre d’une grande complexité mécanique et la consommation de beaucoup d’énergie en vue d’une élévation artificielle poussive et bruyante.

    La robe de moine ainsi que l’histoire personnelle du rêveur nous informent de ce que l’élévation spirituelle et la mystique étaient les enjeux d’alors pour lui.

    Sa spiritualité était artificielle car elle ne tenait que par le raisonnement sans correspondre à la moindre expérience vécue.

    Elle était poussive car elle n’allait pas plus loin que les lieux communs

    Elle était bruyante car il en faisait beaucoup et à défaut de pouvoir se convaincre lui-même, il cherchait à convaincre le monde entier qu’il était un grand sage.

    L’éolienne représente ce qui n’a pas d’autre volonté que de s’adapter aux forces de la nature et d’en tirer toute l’énergie utile à la cité.
    Elle représente l’universel, la pensée qui coopère avec ce qui est en le comprenant et en interagissant.
    Il s’agit d’une spiritualité intégrée qui correspond à une vraie connaissance du milieu.

    L’élévation devient alors cette capacité à tirer son énergie d’un plan invisible.
    Il ne s’agit plus d’une posture de hauteur et de singularisation par rapport aux autres gens, il s’agit de la présence agissante de l’invisible ( du plan spirituel ) dans la vie quotidienne du sujet qu’il met au service de tous. ( la ville, la psyché unifiée )

    Si le rêve dénonce les chimères et décrit la mort d’un vieux système de pensée qui violentait la nature, il marque aussi un passage.

    Ce n’est pas n’ importe où que l’ancien système s’achève, c’est sur l’éolienne.
    C’est un acte rituel d’allégeance.
    L’ancien système reconnaît que c’est par le nouveau qu’il n’est plus et que les fausses valeurs qu’il véhiculait ne viendront plus jamais parasiter l’harmonie de l’universel.

    Il en est ainsi car elles ont été sacrifiée sans regret ( La foule rit et est heureuse ).

    Il arrive toujours un moment, dans une analyse, ou l’analysant est entre deux eaux.

    Il a parfaitement conscience de ce qui est en train de naître en lui, mais les vieux schémas forgées par le trauma ne se laissent pas éliminer facilement, ils demeurent lancinants et perturbants.

    Le sujet sait parfaitement vers quoi se tourner, mais il y a encore un blocage en lui.
    Ce blocage est la manière dont l’inconscient s’est constellé après des années de formatage par le trauma.
    Ce dernier cherche toujours à contrarier les métamorphoses, à maintenir son influence et même, pourquoi pas à redéployer sa puissance si l’occasion se présente.

    Vient alors ce type de rêve ou la vieille volonté égoïste, cette part aliénée de la psyché n’a plus la force d’évoluer en solo.
    Elle est alors piteusement ramenée à son point de départ, comme un élastique qui se détend, et les faux semblants dont elle se parait se révèlent pour ce qu’ils sont.

    Le rêve réordonnance le ciel psychique, il remet en phase conscient et inconscient.
    C’est la fin des blocages et des agitations stériles.

    A la base, le rêveur avait raison, intrinsèquement, il est un homme de qualité.
    Son histoire a toutefois fait qu’il a eu besoin d’un moi très fort pour s’extirper de certaines situations et que par la suite, ce moi puissant lui a joué des tours.

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    J’exerce à Paris dans le 10ème arrondissement en tant qu’analyste après avoir été l’analysant de Bernard Lempert.

    Voici des questions que l’on me pose tous les jours :

    Que veulent dire mes rêves ?
    Comment dépasser dans la durée une crise avec mes proches ?
    Comment me débarrasser d’une crainte ou d’une angoisse qui me hante ?
    Comment ne pas les transmettre à mes enfants ? 
    Comment être moins en colère, moins souffrir ?
    Comment trouver ma place et me faire respecter en société ou dans ma famille ?
    Comment trouver la force de faire face, de ne plus me laisser faire, de me libérer ?
    Comment sortir de ma prison de verre, sortir de ma timidité, de mon sentiment d'impuissance….. ?
    Comment choisir ?
    Comment prendre ma vie en charge ?
    Comment me comporter avec mon enfant difficile, dominateur, ou encore effacé ? Mon enfant autiste, cyclotimique ?
    Comment ne plus être addict ?
    Et même:      ......Pourquoi vivre ?

    Ma pratique consiste à décrypter une situation donnée et d’en dévoiler les enjeux conscients et inconscients.

    Elle consiste aussi parfois à identifier les éventuels processus parasites élaborés par un entourage privé ou professionnel qui tendrait à vouloir profiter de nous d'une manière ou d'une autre, consciemment ou pas.....et dont les effets sont une sorte d'emprise qui nous affaiblit.  

    Cette meilleure connaissance de soi devient alors le point de départ d’un approfondissement personnel.

    Il se crée un espace de conscience et de maîtrise que l'analysant s'approprie, un espace vraiment privatif et intime  qui se fera, au fil du temps et du travail psychique, de plus en plus libératoire, restaurateur, cathartique, unificateur, et pourquoi pas transcendant.

     Dès lors, les richesses de l’inconscient deviennent disponibles et les solutions sur la manière de réaliser notre potentiel deviennent plus nombreuses, plus pratiques, plus constructives, plus intéressantes, et aussi, ce qui n'est pas rien, plus joyeuses.

    L’analyse de rêve, pour ceux qui en ont, mais aussi l’imagination active et la symbolisation sont des éléments de travail, mais le langage, en lui-même, l’analyse et le décryptage en sont les autres moyens.

    Avoir fréquenté Bernard Lempert a naturellement induit chez moi une proximité avec l’inconscient, de la sensibilité envers la mémoire traumatique et le souci de la lutte contre toutes les violences.

    Les circonstances ont aussi fait que je rencontré des sujets bipolaires avec une problématique qui m’a immédiatement passionné.

     Cet intérêt particulier pour la bipolarité à une double origine.

    La première réside en la nature proprement fascinante des sujets qui dans leurs phases hautes vivent des expériences hors du commun à la tangibilité marquante et riche de sens dont le contenu est véritablement digne d'intéret.
     
    La seconde réside en ce profond sentiment d’injustice face à l’abandon dont ils font l'objet.

    Nous sommes un peu dans une situation ou la seule stabilisation médicamenteuse d'un état  serait la réponse nécessaire et suffisante à la bipolarité.
    L'aspect psychique du trouble et toutes les améliorations que peut apporter un travail sur la profondeur sont totalement niés alors que la bipolarité n'est pas un trouble exclusivement clinique. 

    Les atteintes faites à l'être sont tout autant au cœur de la problématique bipolaire, et dans la durée, ce sentiment se vérifie.

    Je crois, qu’il est possible de créer des ponts entre le sujet "bipos" et les parties aliénées de leur psychisme…..Même si au début ce ne sont que des ponts de corde.
    Il suffit qu’une seule part d’être se libère de l’aliénation en empruntant ce pont pour que la vie ait une meilleure saveur, plus de gaité, de clarté et de sens.

    Et rien que ça, ça vaut la peine. 
     


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  • La symbolique des saltimbanques

    La symbolique des saltimbanques

     

    On distingue qu’un processus naturel d’évolution a été contrarié, par la constatation que ce qui devait être intégré, au fil de ce processus, ne l’a pas été.


    On distingue que ces éléments psychiques ne sont pas intégrés lorsque la conscience d’un sujet est parasitée par des stéréotypes comportementaux sans vie ni imagination ni sens ni joie…..

    Ce qui contrarie le processus naturel peut être vu, au sens large, comme le trauma.

    C’est sous l’effet du trauma que cette substance psychique brute,  destinée à vivre et à s’épanouir au sein de l’être conscient, se perd et erre sans fin.

     

    Ces contenus ne peuvent plus retourner à leur source car le fleuve de la vie ne coule que dans un seul sens.
    Ils déambulent alors dans des lieux indéterminés de l’inconscient et animent certains rêves, de façon à ce qu’on ne les oublie pas.

    Ils apparaissent souvent, alors, au fil de ces rêves ou de l’imaginaire, figurés par des saltimbanques.

    Les saltimbanques sont des apatrides, des enfants de l’errance.

    Les saltimbanques font des tours extraordinaires.
    Ils indiquent ainsi qu’ils sont porteurs des qualités merveilleuses que confère l’inconscient, qu’ils appartiennent à sa nature et en sont ses messagers.
    Ils indiquent par leurs tours merveilleux que même abandonnées, leurs valeurs perdurent et même se bonifient.

    Mais comme on le sait maintenant, ce qui a été écarté n’est pas perdu, et le jour viendra où par thérapie naturelle ou thérapie aidée, les fils de l’errance retrouveront leur rang, dans la lumière de la conscience, et viendront enrichir de leurs dons extraordinaires et joyeux la vie de ceux qui n’auraient jamais dûs en être prives. 
      

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    Le rêveur est un homme adulte en entretiens depuis deux ans.
    C’est un homme qui a été violé pendant des années par son beau-père alors qu’il était enfant et cela a duré jusqu’à sa préadolescence.
    Son beau-père le conviait à venir se coucher près de lui, sous des tas de prétextes ( siestes, repos….), puis déplaçait lentement sa main sur la cuisse du garçon qu’il était.
    La main s’immobilisait ainsi pendant quelques secondes, puis commençait alors l’emprise sexuelle.

    Cette personne eut un jour ce rêve.
     
     J'étais couché dans un lit et vous, (moi, son thérapeute) étiez couché à côté de moi.
     Vous souleviez votre main et la déplaciez lentement jusqu’à ma cuisse.
     Vous la laissiez déposée là, pendant un moment, puis la retiriez et la rameniez à vous.
    Il ne se passait absolument rien d’autre que ça.
    Le rêveur en ressentait une puissante libération cathartique.

    C’est ce que l’on appelle un transfert réussit.

    La main baladeuse en prémices à l’agression sexuelle était l’image que le rêveur avait associée au trauma, elle était ce qui hantait sa psyché et l’aliénait à sa souffrance.
    Ce geste était le début de l’agression, le signe par lequel il savait qu’elle allait se produire,c'était la "main mise" qui le paralysait et le tenait soumis.
    C’était une image à évacuer absolument car elle était le véhicule à partir duquel le trauma lançait ses injonctions anxiogènes.

    Il a fait face à cette main qui se posait sur lui et il a constaté que ce geste était devenu neutre, qu’il n’y avait plus ni souffrance ni aliénation qui y restait associée.

    A l’issue du travail thérapeutique, le trauma a été expurgé et l’homme a reconnu que le trauma avait été expurgé.

    Il est à noter que le violeur est aujourd’hui décédé et qu’il l’était déjà au moment où la personne est entrée en thérapie.

    Lorsque en son temps il avait été demandé au rêveur pourquoi il n’avait pas déposé plainte ou pourquoi il n’avait pas entamé plus tôt un travail thérapeutique, la réponse a été le même : La peur.

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    Samedi 25 Février à 15:27 

    Question par Entonin
    Je voulais aussi te soumettre une hypothèse que je n'exclue pas:
    les structures génétiques, on peut penser que mes gènes effectivement ou ma combinaison de gènes font que je suis bipolaire, ensuite je dois être plus sujet à etre traumatisé par les événements traumatiques, on peut penser ainsi qu'au départ la structure est génétique, on peut penser de même pour d'autres structures à mon avis comme l'hystérie, la schizophrénie etc. après on développe des symptômes ou pas suivant les événements que l'on vit.
    Je veux dire que l'on est pas forcément tous égaux à la naissance, est-ce n'est peut être pas uniquement et tout simplement une question de vécu comme le pensait Freud je crois.
    Après peut -on "guérir"?
    Euh je n'emploierais pas ce mot, on peut apprendre de notre structure par la psychothérapie et l'analyse pour ensuite pouvoir s'adapter à notre structure. Il faut notamment comprendre notre histoire.

     C'est intéressant car cela casse un peu la psychanalyse, je veux dire  que les interactions enfant-mère sont alors moins importantes, si c'est génétique, que ne  le pensent les psychanalystes.

     Il y a un débat sur l'autisme en ce moment à cause d'un documentaire sur     l'autisme et le rôle de la mère dans ce que disent les psychanalystes.

    L'autisme serait comme toute structure :génétique.

     Que penses-tu de tout cela?

    Bon, Entonin, il y a là aussi plusieurs questions !

    Je commencerai par l’autisme et l’extrait de deux articles.
    Le premier est paru dans le magazine « Futura Sciences ». Il s’agit plus exactement de la conclusion de cet article qui a trait aux travaux de l’AGP (Autism Genome Project ).
    Le second article, lui, est paru dans le magazine « Le Figaro santé »
    Ce ne sont pas des articles extraordinairement pointus, mais ils restent une bonne vulgarisation que nous pouvons utiliser.
    Voici ces extraits :

    Ces résultats indiquent que l’autisme n’est pas le résultat d’un simple désordre génétique, mais qu’il est une combinaison complexe de différentes mutations.
    Ces recherches pourraient toutefois permettre d’accélérer le diagnostic de la maladie, et à terme d’en améliorer la prise en charge pour des familles parfois en difficulté.

    L’origine de l’autisme reste un mystère.
    Il toucherait en France 400 000 personnes, selon l’OMS, avec un risque quatre fois plus élevé chez les garçons.
    Chez 10 à 20% l’autisme est dit « syndromique », car associé à une maladie génétique ou métabolique favorisante.
    Mais dans 80% des cas, il n’y a pas de cause connue. Les progrès réalisés ces dernières années permettent cependant désormais d’écarter la conception qui a longtemps dominé, celle d’une maladie due au repli précoce de l’enfant face à une relation avec la mère perçue comme négative.
    Les progrès de l'imagerie cérébrale suggèrent qu'une région particulière du cerveau est associée à l'autisme. Ce glissement d'une conception psychanalytique à une vision plus neurobiologique de l'autisme ne se fait pas toujours sans frictions entre professionnels, mais conduit peu à peu à une collaboration renforcée des psychiatres, des généticiens et  des neurologues. Déculpabilisées, les familles participent aussi de plus en plus à cette révolution en cours.

     Avec ta permission Entonin, je voudrais avant toute chose commencer par exprimer un petit coup de colère.
    Je dénonce à quel point il a été cruel et injuste d’avoir culpabilisé pendant des années des familles et plus particulièrement des mères en les désignant, par principe, responsables de l’autisme de leur enfant.
    Quand bien même cette relation serait une cause vérifiée de l’autisme, il ne s’agirait que de la partie inconsciente, donc involontaire, de celle-ci.
    De plus, les petits génies de la psychanalyse n’ont jamais été en mesure de désamorcer ce soi-disant disfonctionnement maternel ni de proposer des contremesures aux résultats déterminants.
    Dans ces conditions, il aurait sans doute été plus prudent d’attendre de savoir plutôt que de s’aventurer à stigmatiser des personnes.
    Il est certes frustrant de ne pas comprendre mais il est criminel d’administrer à autrui la violence d’une accusation, juste pour le confort d’évacuer sa frustration.


    Ouf ! Ça fait du bien ! ^^

    Pour revenir au centre du sujet, Entonin, tu vois que si la composante génétique de l’autisme est trop significative pour être écartée ( 10 à 20% des cas reste très significatif ), on ne parle pour autant que de combinaison complexe de différentes mutations, et au surplus, il reste quand même 80% de causes inconnues.
    Tout ceci fait que l’on ne peut pas classifier l’autisme en tant que trouble génétique pur et avéré.

    Le fait que les progrès en imagerie cérébrale puissent suggérer qu’une région du cerveau est associée à l’autisme ne font que nous rapprocher de l’observation que tu as déjà faite concernant l’hippocampe pour la bipolarité et à laquelle j’ai déjà répondu. 

    Cela veut dire que si le facteur génétique est bien présent, il ne l’est pas suffisamment pour que l’on puisse trancher et di
    re s’il s’agit d’une cause ou si les complexes de mutation ne sont pas finalement qu’une des conséquences ou qu’un des vecteurs qui permettent à l’autisme de s’installer.

    Sans vouloir jouer les vieilles barbes, l’hypothèse qui à ce stade intègre toutes les données connues sans entrer en contradiction avec aucune d’entre elles, reste celle que je t’ai indiqué plus haut concernant la bipolarité.

    Le schéma serait donc le suivant : Un évènement ou une série d’évènements induisent un trouble psychique dont l’intensité et la persistance conduisent à diverses modifications neurobiologiques.
    Ces modifications particulières (hippocampe, complexe de mutations….) deviennent alors, à la fois, le marqueur du trouble et le vecteur par lequel se propagent ses effets.
    La mémoire de ces effets se trouve stockée dans ces zones modifiées et peut se réactiver dans les générations suivantes.

    Pour aller plus loin il me semble possible d’isoler quelle famille de cause peut induire le trouble qui conduit à la bipolarité, quelle autre peut conduire à l’autisme et quelles autres peuvent conduire aux troubles de fragmentation de la psyché.

    Il est prématuré de le faire publiquement, mais je te ferai connaître la classification à laquelle je pense par MP.

     Maintenant, la grande question :  Peut-on guérir ?

     Dès lors que l’on parle de psychothérapie, la bonne question à se poser est la suivante : La conscience est-elle accessible et si oui, à quel niveau d’entendement ?

    Là se trouvent en effet les limites.
    Une thérapie réussie, ou en tout cas productive, ne peut exister que dans un cadre ou la conscience est accessible et ou son niveau d’entendement est satisfaisant.

    Cela me laisse très optimiste pour la plupart des bipolaires et pour la plupart des personnes sujettes à une aliénation partielle de la psyché, mais à ce stade, sauf à de très rares exceptions, je ne pense pas que les autistes puissent en tirer un profit satisfaisant.
    Il faut pour eux rechercher d'autres pistes.

    Revenons à ta préoccupation initiale, à savoir ce que pouvait apporter une cure à un bipolaire.

    Il faut regarder les indices,et s’il y en a, on peut suivre une piste.
    En analyse, les indices sont les symptômes.
    Or des symptômes, de prime abord, nous en voyons deux.
    Il s’agit de la fuite et de l’évitement.
    Or, la fuite et l’évitement sont la première trace du trauma.
    Bien entendu, il ne s’agit pas de la trace du trauma d’origine, ce qui serait un peu trop facile, mais il s’agit quand même de la signature d’un de ses rejetons qui lui est relié.
    Et parce qu’il lui est relié, le trauma d’origine est condamné.
    La résilience et la catharsis sont désormais inscrites dans le livre de vie de l’être, car nous connaissons tout du trauma.

    Le premier principe de fonctionnement du trauma consiste à instaurer un rapport douloureux à nous même.
    Cette douleur  à laquelle se rajoute la peur de la douleur prend de l’importance jusqu’à faire force de loi et induire en nous une acceptation tacite, celle de nous soumettre, en échange d’un peu de paix.
    Il se crée ainsi en nous un territoire interdit, une zone peuplée de menaces, que nous avons déserté, et sur laquelle nous n’avons plus aucun contrôle.

    Le deuxième principe du trauma consiste à devenir furtif, à disparaître de l’écran radar de notre objectivité et à disparaître de nos pensées.

    Ce deuxième stratagème est particulièrement ingénieux car personne ne s’intéresse à quelque chose qui n’existe pas.
    Aussi, nous finissons par l’oublier.
    A l’abris de cet oubli, l’onde de destruction se propage à l’infini dans le monde psychique.

    Pendant ce temps nous cherchons des solutions partout où elles ne sont pas.

    La psychothérapie consiste justement à rompre ce pacte du silence, à se souvenir de ce qui a été oublié, à établir que là où il semble ne rien y avoir, il y a pourtant quelque chose d’hostile et de malveillant.
    Elle consiste à nommer ce quelque chose, à rendre les fantômes impuissants, à faire disparaitre les menaces, à rappeler à l’être qu’il est le fils de ces terres intérieures, qu’elles lui reviennent de plein droit et que c’est là que se trouve le sens de sa vie. Elle consiste à reconquérir notre être, à nous replacer au centre de notre devenir et à occuper toute la place qui est la nôtre par la réalisation de notre potentiel.

    Florentin G.

     


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    Cet article fait suite à celui de la conversation reportée de facebook entre trois personnes bipolaires.
    Le titre "Bipo" vient de la façon dont les bipolaires s'appellent entre eux avec dérision et qu'il me plaît d'adopter car elle est comme un petit parfum d'humour dans le monde parfois sombre de la bipolarité.

    Il est composé sur le mode question/réponse, c'est avec Entonin que la conversation est engagée.

    Question du 24 Février à 11h49:

    Et si nous avions nous les bipos une particularité physiologique? Des recherches tournent autour de l'hipocampe qui pourrait avoir une particularité ou une anomalie. Moi je pense que nous avons des différences génétiques ou physiologiques ou que nos phases peuvent nous abimer physiologiquement d'une manière pas forcément réversible. Qu'en penses-tu?

    Réponse:

    Entonin, Je répondrai ici à ta première intervention. Elle contient deux questions en une seule, si tu veux bien, nous allons les décomposer.

    Dans la première, tu me demandes si finalement ce ne serait pas une ou des particularités biologiques qui causeraient la bipolarité, et pour argumenter ta question, tu t’appuies sur les recherches faites actuellement autour de l’hippocampe.

    Dans la seconde, tu demandes si les passages d’une phase à l’autre ne peuvent pas, en eux même, induire des dommages physiologiques.

    Concernant la première, je dirais simplement  que tu es possiblement dans le vrai, ce sont des raisons que l’on ne peut pas écarter.
    De fait il est indispensable que la recherche avance et nous renseigne sans négliger aucune piste.
    Je le dis ainsi, et très sincèrement,  même si mon avis est il y a ici confusion entre les causes et les effets.

    Mon sentiment est que si on constate des anomalies physiques liées à la bipolarité, elles ne sont apparues que comme les conséquences causées par les troubles qui entrainent la bipolarité.

    Pour illustrer mon raisonnement, je ferais un parallèle avec ce qui se passe avec les anticorps.
    Les anticorps disposent d’un système immunitaire inné et d’un système immunitaire adaptatif.
    C’est le système immunitaire adaptatif qui « réfléchit » et « invente » les nouveaux systèmes de défense lorsqu’un agent pathogène nouveau est rencontré.
    Ce « laboratoire de recherche » occupe un lieu physique sur l’anticorps lui-même et n’apparaît que chez ceux qui en ont besoin, un peu comme le besoin en une nouvelle fonction entrainerait la création d’un nouvel organe ou la modification d’un organe existant.
    ( Je ne dis pas que les anticorps sont des organes, hein, c’est juste une image ! )
    A titre d’exemple, tu ne trouveras d’anticorps structurellement adaptés à combattre la malaria que chez les sujets qui ont été exposés à la malaria.

    De la même façon, s’il y a des particularités cérébrales qui n’apparaissent que chez les bipolaires, c’est possiblement parce qu’ils  sont les seuls à avoir besoin de ces lieux ou se développent ce type de mécanisme de défense. Ils sont les seuls à avoir été exposés à ce qui conduit à la bipolarité, ou tout au moins, ils sont les seuls à y avoir été exposés avec une intensité telle que la bipolarité s’est déclenchée.

    Concernant la seconde, il me parait assez vraisemblable que des troubles psychiques aigües puissent finir par jouer sur le physiologique, mais à quel niveau, au bout de combien de temps, dans quelles circonstances ? Je suis très très loin d’être le mieux placé pour te répondre, tu sais que cela n’est pas mon champs de compétence.

    Pour résumer la manière dont je vois les choses, je dirais que les « particularités » dont tu parles pourraient être soit une nouvelle organisation neurologique en formation….Soit, une zone « abimée » , une distorsion du schéma « normal »…..mais toujours induits par la pression de ce qui cause la bipolarité !
    Sans vouloir tenir de position idéologique sur le sujet mais basé sur l’observation, la connaissance de la nature et l’intuition, je dirais que la bipolarité est née d’un trouble psychique dont l’intensité a brisé l’unité de l’être d’une façon atypique.
    Je dis d’une façon atypique car tous les autres troubles destructeurs conduisent à de la dissociation et à de l’aliénation tandis que la bipolarité, elle, est un découplage.
    Le sujet est carrément enchâssé dans un monde binaire qui le domine.

    Bien entendu, tout ceci est spéculatif et je ne demande à personne d’être de mon avis, ce n’est que mon sentiment  par rapport à une question posée dans un domaine qui n’est pas le mien.

    Ceci étant, le fait que je me trompe ou pas sur ce point n’a pas beaucoup d’importance, je n’ai pas le pouvoir d’empêcher ce type de recherche, et même si je l’avais, je ne l’empêcherais pas car il nécessaire savoir !

    Par contre, pour revenir à un domaine qui m’est plus familier,  il me parait important d’attirer ton attention sur l’inconvénient qu’il y aurait  à mettre tous ses espoirs exclusivement dans la médecine et la recherche.
    L’espérance est une grande et belle chose, y compris pour les bipolaires, mais ici et en cette circonstance, elle conduirait à une position attentiste plutôt improductive.
    Pire que cela, elle transformerait l’attente en une sorte de dépendance envers un hypothétique succès médical.
    Je te ferais remarquer qu’en l’espèce, non seulement une telle attente obstinée rajouterait de l’enfermement et de l’impuissance là où il y en a déjà mais elle deviendrait une véritable caricature d’une bipolarité qui s’autoalimenterait.

    L’espérance dans son aspect « attente de succès médical » y serait calquée sur la phase haute dans la mesure où la solution médicale n’existe pas à ce jour.
    Elle ne procède que d’une réalité purement hypothétique et se pose comme  un lieu où le sujet se projette hors de sa condition, un endroit où sa souffrance pourrait ne pas exister ou être différente……. Tout comme un sujet en phase haute trouve refuge dans le monde immatériel de l’inconscient en cherchant un lieu où sa souffrance pourrait ne pas exister ou être différente.

    A l’inverse, l’aspect « sans espoir de l’attente », la conviction que son destin est définitivement scellé et qu’on ne sortira jamais de cet état parce que justement il n’y a pas de médicaments ou pas de chirurgie qui peuvent aider ;
    La conviction que l’on est sur une pente fatale, aspiré par un trou noir dans lequel on va disparaître et mourir, lui, se calque sur la phase dépressive.

    Dans ces deux cas, l’attente est prétexte à ….attendre, et justifie que l’on ne fasse rien…..

    Il se trouve que mon travail consiste, au contraire, à faire quelque chose !

    Et c’est pour cette raison que je dis, avec tout le respect dû à la médecine et à la psychiatrie, qu’il est humainement souhaitable de proposer aux bipolaires une perspective plus ambitieuse que la simple attente stabilisée et que s’il est important de mener de vraies recherches médicales sur la bipolarité, il est tout aussi important d’accompagner le sujet  en parallèle avec une vraie psychothérapie

     

     


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    Les bipos sur Facebook

     Je vous propose ici de jouer les curieux et d’écouter l’extrait d’une conversation entre trois personnes bipolaires telle qu’elle s’est déroulée sur Facebook.
    Bien entendu, il ne s’agit pas d’une écoute clandestine, l’extrait nous a été fourni par l’une des personnes avec l’accord des deux autres.

    Cette personne est un ami diagnostiqué bipolaire depuis plusieurs décades sans que pour autant il n’ait jamais entrepris de psychothérapie.
    La psychiatrie, jusqu’à tout récemment, a été la seule réponse qui lui a été proposée.

    Nous avons désormais entamé des entretiens psychothérapeutiques sur une base hebdomadaire ou bien évidemment son histoire personnelle est évoquée, mais aussi la bipolarité en tant que généralité. 

    Il apparaît que la question génétique est souvent posée concernant la bipolarité, et c’est d’ailleurs l’angle sous lequel le sujet a été abordé dans le message qui accompagnait le « copier/coller » de la conversation ;

    Message que voici :

     Juste pour te montrer que la bipolarité n'est pas seulement je pense la résultante de traumatismes infantiles, même si dans mon cas cela n'a pas arrangé les choses c'est certain, cette peur que je ressens est sans doute liée aux terreurs que j'ai connu enfant lorsqu'un de mes parents s'approchait pour me battre, mais ce n'est peut-être pas ce qui fait de moi un bipolaire, bipolaire nous le sommes peut-être bien par la génétique, porteur de cette maladie que peut être nous allons développer, ou pas. Il y a des gens qui ont connu des traumatismes graves enfant et qui ne sont pas devenus psychotiques pour autant.
    Bien à toi,
    Signature

     Nous allons donc ici répondre à ce message après avoir écouté la conversation promise.

    Il faut bien prévenir le lecteur qu’un salon de bipolaires sur Facebook, ce n’est pas un repaire de petits rigolos !
    On y parle de dépression, de cafard, de peur, d’ennui, d’angoisse, de mort……Mais l’extrait à suivre est relativement court !
    Ils sont trois, nous les nommerons Entonin, Martin et Radha. 

     Entonin
     
    …. retour dans le cafard régulièrement comme quelque chose qui doit toujours revenir et ne veut pas me lâcher, ma dépression aussi est souvent liée à la peur, une peur sociale, je ne saurais trop expliquer, une angoisse mais une peur si ce n'est la même chose, je me rappelle qu'en phase basse tout me paraissait impossible, me trainer chez le psy, me confronter à d'autres personnes ou à des situations nouvelles, peur de mourir de sous-alimentation de folie d'angoisse, de douleur, de peine, peur en tout cas de tout ou presque, peur de la vie, peur de la mort, peur de la solitude, peur de l'abandon, peur de ne jamais sortir de la dépression. Etc. etc. mais pourquoi cette peur, me comprenez-vous, avez-vous ressenti ainsi ce genre de choses? D'où vient la peur?
    Moi j'ai subi des violences physiques enfant je pense que ma terreur vient de là. Je reste avec cette terreur qui se transforme en diverses peurs.
     
    Martin
     

    Je ressens ça aussi chaque jour. Et la peur est effectivement le sentiment dominant. D'où vient-elle? Je suppose que ça dépend des gens. Pour moi, je crois que la peur de la mort est centrale, ainsi que la peur de la vie. Du coup, j'ai développé un sentiment d'absurdité face à tout ça. La vie me semble absurde. Je n'ai jamais compris ce qui fait bouger les gens dits normaux. Leurs motivations. Ils m'ont toujours paru inhumains, et fous. "Certains ne deviennent jamais fous. Leurs vies doivent être bien ennuyeuses" comme disait Bukowski.
     

    Entonin
     
    Oui absurde, les autres et l'existence, Camus a parlé de cela dans le mythe de Sisyphe, mais n'as-tu pas l'impression Martin qu'a un moment donné tu as fait partie d'eux, et qu'en quelques sortes tu les comprenais alors? Mais que tu ne les comprends désormais plus. Moi j'ai cru pendant à peu près 20 ans être à peu près comme eux, je croyais être normal. Et je semblais alors mieux les comprendre. 

    Martin
     
    Entonin, je n'ai jamais vraiment cru que j'étais normal. Je me croyais et me voulais original. Je crois bien comprendre les autres, les gens dits normaux. J'ai l'impression de les comprendre même trop bien. Ils peuvent m'attendrir. Je suis comme eux, quelque part. Nous partageons la même condition humaine, un esprit coincé dans un corps mortel. Mais j'ai l'impression d'avoir quelque chose en plus avec cette maladie, et pas quelque chose de moins. C'est dur à vivre, mais ça donne un regard différent sur les choses. Pour revenir à la peur et au rapport avec les traumatismes de l'enfance, je suis un contre-exemple. Enfance heureuse, choyée, privilégiée. Mais je n'ai jamais vraiment été bien. L'exaltation et la tristesse, la mélancolie, sans raison apparente. Apparemment, l'événement qui a bouleversé mon équilibre et ma personnalité, c'est la naissance de ma sœur. J'avais quatre ans. D'après mes parents, avant sa naissance, j'étais un petit bonhomme sage et éveillé. Sa naissance a marqué le début de ma carrière d'enfant dit difficile. Pour moi, ce serait l'élément déclencheur. Mais pas de violences. Pas de coups, et pourtant je les cherchais. Que de l'amour. Et pourtant...

     Radah

     En fait si je comprends bien la plupart des maladies sont liées à ce qu'on a vécu dans notre enfance?

     Entonin 

    D’après les psychanalystes oui on peut dire cela Radah. Mais nous avons peut être une sensibilité génétique qui fait que les événements douloureux ont plus de chance d'être traumatiques que ceux vécus par les autres. L'arrivée d'une petite sœur dans la vie de Martin par exemple qui n'est en principe pas un événement traumatique. Martin malheureusement les autres ne m'attendrissent plus. Ça marche plus de ce côté-là... 

    Martin

    Je pense que les traumatismes de l'enfance ne servent que de révélateur. Certains vivent des traumatismes énormes et s'en sortent très bien, sans maladies psychiatriques. On a cette maladie dans nos gênes, et le traumatisme (au sens très large) la réveille. Mes deux grands-pères étaient maniaco-dépressifs (à l'époque, on ne disait pas encore bipolaire). J'ai de qui tenir... 

     REPONSE :

    Entonin,
    Je voudrais répondre à ton message en  trois volets:

    - Celui des faits.
    - Celui des mots et du lien traumatique.
    - Celui des gênes.

    Le premier volet, donc,  concerne la réflexion de Martin lorsqu’il dit : « J’ai l’impression d’avoir quelque chose en plus avec cette maladie, pas quelque chose en moins. »

    Comme j’ai déjà pu te l’expliquer, durant les phases maniaques le sujet est littéralement projeté à l’état de veille dans le monde de l’inconscient  et  se trouve exposé aux images primordiales de la psyché.
    Pour autant, cet état de veille, qui par nature est dédié à l’action dans le monde conscient, n’est « outillé » que pour les besoins de sa fonction et ne possède pas les filtres qui protègent des aspects irradiants et fascinants des archétypes.
    Les bipolaires en phase maniaque se retrouvent donc témoins hallucinés d’un spectacle ou les acteurs sont des principes psychiques actifs, porteurs de dimensions inconnaissables par les outils intellectuels de l’état de veille.
    Ils se trouvent tout simplement saisis par une puissance dont ils pressentent l’importance et la portée sans pour autant pouvoir comprendre ou mesurer ce qu’elle est.

    Alors, nous pouvons dire que cette étrange expérience d’un savoir inaccessible est ce fameux « quelque chose en plus » dont parle Martin.
    Les bipolaires ne connaissent pas ce qu’ils savent, mais ils savent que c’est extraordinaire, que c’est au-delà de la portée commune et que tout y est intensément réel.
    A bon droit, ils peuvent se considérer comme des gens différents, des « initiés » en quelque sorte,……tout au moins des personnes qui se reconnaissent entre elles  par rapport à une expérience commune rare.

    Le deuxième volet a trait au mot « maladie » utilisé par Radah et le lien qu’elle fait avec les traumatismes :
    Pour être clair, lorsqu’on parle de psyché et uniquement de psyché, c'est-à-dire lorsqu’on exclue tous les accidents physiques et biologiques qui peuvent entraîner des malformations ou des dommages neurologiques qui, eux, relèvent de la médecine spécialisée et peuvent être qualifiés de maladies, les termes à privilégier sont ceux de troubles et de disfonctionnement.

    Il n’existe pas de « maladies psychiques », il existe des troubles, des disfonctionnements, des déséquilibres qui par commodité ont parfois été affublées du terme de maladie.
    Pour autant, à titre d’exemple, si l’Alzheimer est bien une maladie, l’hystérie n’en est absolument pas une.
    De plus, si ces troubles et disfonctionnements ne sont pas d’origine accidentelle et s’ils ne dépendent pas du domaine de la médecine spécialisée, alors, ils sont liés à l’environnement social et sont nécessairement d’origine traumatique.

    Ce sentiment constant de peur et d’abandon chez le bipolaire en est la marque.
    1) Je suis attaqué
    2) Il n'y a personne pour me protéger

     
    Bien entendu, la palette des traumas est quasiment illimitée. Il existe autant de natures et de qualités de traumas que ce qu’il existe d’expériences humaines.
    Pour autant, à l’instar de la psyché qui fonctionne selon un certain nombre de principes, les traumas s’articulent autour de modes de fonctionnement et de schémas qui commencent à être désormais connus et décryptés.

    Le troisième volet concerne la génétique avec de grandes questions :
    Peut-on considérer que les gènes conditionnent à eux seuls la psyché ?
    Peuvent-ils  prédisposer  aux troubles et disfonctionnements ?
    Cela suggère-t-il  que les réponses à apporter à la bipolarité sont exclusivement médicales et médicamenteuses ?

    Alors tu vois, Entonin,  le bon raisonnement, lorsqu’on aborde ce genre de sujet, c’est de bien prendre soin de rendre à César ce qui appartient à César, à la médecine ce qui est à la médecine et à la psyché ce qui est à la psyché.

    Partons du principe que la fonction crée l’organe ( avec réversibilité possible ) et considérons qu’en tant que « bibliothèque » les gènes s’enrichissent de génération en génération selon le besoin en fonctions nouvelles liées aux changements d’environnement que chaque génération particulière rencontre.
     
    Si tu veux bien, nous allons laisser de côté toute cette partie de la bibliothèque génétique qui contient les modes de défenses et d’adaptations aux maladies dégénérescentes, les modes d’adaptation aux malformations accidentelles, et d’une façon plus générale tout ce qui relève du domaine de la médecine et de la psychiatrie.
    Nous ne nous intéresseront qu’a cette partie de la bibliothèque qui s’occupe de l’intégration des processus psychiques.

    A ma connaissance, et je pense que tu me le confirmeras, la bipolarité n’est pas systématiquement associée à une maladie ou à une dégénérescence physique spécifique et nous pouvons donc nous y intéresser !
    Certes, elle représente un handicap social certain, certes, elle représente un risque de mise en danger de soi et un inconfort flagrant, et à ce titre, il est justifié que la psychiatrie intervienne avec une prise en charge médicamenteuse stabilisatrice.

    Pour autant, cela ne doit pas nous empêcher de considérer que les gènes qui prédisposeraient à la bipolarité ne seraient que  des gênes qui contiendraient la mémoire d’une défense et d’une adaptation à une pression psychique.
    Cette adaptation, concernant les bipolaires, aura été  la rupture de l’unité de l’être et son découplage en périodes maniaco-dépressives.

    En d’autres termes, posons le cas d’une personne  donnée se trouvant aux prises de contradictions insolubles imposées par son environnement social.

    Si cette personne en arrive à basculer dans la bipolarité sans que jamais jusqu’à la fin de ses jours elle ne puisse comprendre et dépasser ce qui la bloque, alors, ce trouble pourra se retrouver chez sa descendance et devenir une difficulté psychique trans-générationnelle. 


    Lorsqu’à son tour, la descendance se retrouvera psychiquement dans une ornière infranchissable et qu’elle ira consulter la bibliothèque génétiques des solutions trouvées par les générations précédentes, elle y trouvera le mode d’emploi du découplage de la psyché.

    C’est ce mode d’emploi inscrit qui constitue ce que l’on appelle les dispositions génétiques à la bipolarité.

    Quelques soient ses ascendants, si le sujet ne se trouve jamais dans l’ornière, le mode d’emploi ne sera jamais consulté et la bipolarité ne se déclenchera jamais.

    Il est bien évident que le sujet puisse aussi se trouver dans une ornière mais qu’il soit capable de trouver en lui et en son entourage la ressource de se sortir de ce piège.
    Le contenu de la bibliothèque est donc écarté au profit d’un nouveau fondement mental, initié, par exemple, par une psychothérapie.

    Moralité, Entonin, je veux bien aller avec toi dans le sens de la prédisposition génétique, mais uniquement vu comme ça, et il faut de plus que tu me fasses crédit du fait que l’origine de ce qui est mémorisé dans le gène est de nature psychique et que nous parlons bien d’un trouble, d’un déséquilibre ou d’un disfonctionnement, et que quel que soit le maillon générationnel sur lequel il apparaît en premier,  il s’agit bien d’un évènement traumatique.

    C’est pour cette raison que le seul suivit psychiatrique stabilisateur me semble tristement insuffisant et sonne un peu comme un renoncement ou pire encore comme un abandon.
    Il me semble au contraire que derrière l’épaisse croute dépressive de vos propos sur facebook se faufile  la rivière souterraine du désir de vivre et que cela encourage à apporter aux bipolaires une réponse plus ambitieuse que celle de la psychiatrie, sans l’exclure, bien entendu, mais en parallèle.  

    Mais comme en toute chose il faut se forger sa propre opinion, et maintenant que tu es lancé dans l’aventure de la psychothérapie, nous comptons tous sur toi pour connaître ton ressenti et continuer le débat.

     


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  • Les entretiens sur la mémoire traumatique du 24 Septembre 2011 à Paris ont fait l'objet d'une synthèse que voici:

     
    1)      La proximité :

     Le travail de Bernard LEMPERT a été situé dans la lignée des pères de la psychologie des profondeurs  et il a été établi qu’il avait réalisé une intimité fondamentale avec l’inconscient ………
    Et que justement  un des aspects majeurs de ce qu’il avait transmis était la sortie des constructions mentales et des théories pour tendre à cette proximité ………
    Et qu’ainsi se créent les conditions du jaillissement de la réalité psychique et objective, à la manière d’un récit, au travers de l’analyse, du décryptage et de la description…….
    Et que du flux  des vérités cachées et apparentes  englobées par la conscience naît la liberté de l’être.

    2)      La bonne distance : 

    La notion d’instance psychique universelle a été prêtée aux archétypes et
    il a été évoqué le fait que la conscience était impactée par les contenus  archétypaux.
    Il a été exposé que la nature des archétypes était à la fois fascinante et irradiante  et que de fait, il était important de trouver la bonne distance par rapport à leur influence : Assez loin pour ne pas être happé et dissout par leur caractère numineux, assez près pour ne pas perdre le lien inspirant et sombrer dans le matérialisme froid et la technique pure.

    3)
         
    L’attaque :

     Il a été vu qu’en dehors des scénarii de type « agression de rue » ou de violences  manifestes, l’intrusion du trauma se fait aussi par la ruse et la séduction.
    Il a été insisté sur ce point car si la violence objective apporte son lot de dissociations et d’aliénations, elle ne se nie pas elle-même ;
    Tandis que la destruction introduite par la ruse se nie en tant que violence et rajoute une complication au problème.
     
    Il a été également établi que le désir de mort porté sur l’être au travers de ces attaques ne se compare pas à une mort naturelle pensée comme un passage mais s’établie comme un effondrement progressif hors du monde, souvent  décrit comme un isolement absolu ou un engloutissement  ou encore comme une décomposition du vivant.
    Il a été noté que les profils les plus susceptibles d’être trompés et séduits étaient les êtres abandonnés, délaissés, donc exposés.

    Il a été mentionné que la ruse et la séduction s’articulent autour d’un leurre.
    Le leurre feint son authenticité en utilisant les mêmes codes influents et impérieux que ceux des archétypes et offre à l’être une vision de paradis adaptée à l’âge et à la nature de la victime.

    Un des rêves étudié illustrait ce point avec l’existence d’un objet aux apparences de jouet fabuleux vers lequel un enfant portait ses désirs.

    Il a été souligné que le désamour induisait tristesse, mélancolie, découragement et besoin d’échapper au monde.

     C’est par ce double mouvement, celui de vouloir quitter la réalité, et celui de vouloir saisir  « le paradis » , c'est-à-dire de vouloir être « sauvé » que le piège se referme sur l’être qui se livre ainsi littéralement à l’agresseur.
    C’est ainsi que débute la perte de contrôle de la psyché dont une partie devient possession du trauma et dont la partie restée saine compense, refoule, fuit ou……combat !

     4)      Le choix

     Un des rêves étudié montrait un groupe d’adultes qui mettaient des objets surdimensionnés et inadaptés entre des mains d’enfants et que ceux-ci les rejetaient pour reprendre des objets identiques mais qui étaient les leurs et qui avaient la bonne taille.

     Cette scène illustre une constante dans le mode d’expansion du trauma qui est celui de la conversion.

    Le trauma se pose comme une idéologie puissante qui tend à entrainer l’ensemble de la psyché dans sa dynamique.
    Cela correspond au fait de pousser l’être à abandonner ce qu’il est pour rejoindre ce qu’il n’est pas avec pour bénéfice un certain sentiment de puissance et d’élévation au-dessus de sa condition.

    C’est au travers de cette « conversion », lorsqu’elle est réussie, que se produit le phénomène de reproduction et que la victime devient à son tour maltraitante.

    Dans le cadre du rêve étudié, il y a rejet de l’offre, mais si cette attitude prévient la reproduction,  ce rejet ne marque que la limite de l’expansion sous cette forme.

    Lorsque la violence a épuisé toute son énergie d’expansion,  si elle ne trouve pas en la victime le relais volontaire, converti, pour entretenir cette énergie, elle fige sa position et change de stratégie.

    Nous avons vu que le trauma imitait la nature des archétypes pour influencer et tromper la conscience.
     
           - Nous avons vu que les archétypes étaient irradiants ;  La phase de conversion du trauma se calque justement sur l’aspect irradiant des archétypes.

     -          Nous avons vu que les archétypes étaient fascinants ;  La deuxième stratégie du trauma se calque justement sur cet aspect fascinant pour aspirer l’être comme dans un trou noir.

     Pour autant, l’archétype inspire l’être, le nourrit et participe du vivant, alors que le trauma parasite  l’être, se nourrit de lui et désagrège le vivant.

    Il est à retenir que si les difficultés et souffrances psychiques sont des effets induits par la violence et relèvent du statut de victime innocente, le fait de reproduire, par contre, procède d’un choix et place l’individu devant des responsabilités bien réelles.

     
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    Notre invité s'appelle, disons....Némopode.
    Il nous livre un récit tel un reportage vécu de l'intérieur.
    Le grand intérêt de ce type de témoignage vient de ce que le débordement de l'inconscient est limité, la conscience ne s'éloignant jamais trop loin, mais il vient surtout du fait que la rencontre n'est pas destructrice.
    Elle se lit au contraire comme une tentativre de recréer du lien là où le contact avait été coupé par les circonstances extérieures et l'environnement familial.
    Même si c'est sur un mode de disfonctionnement que les deux mondes s'entrecroisent et interréagissent, ils se dévoilent à nous sous un angle rarement observé car Némopode n'a pas de crainte envers les contenus de l'inconscient. 

     

    Maison Blanche été 1994

    Je vais pêcher dans mes souvenirs douloureux pour vous raconter ma première phase dite maniaque et l'hospitalisation qui suivit, j'étais étudiant en psychologie alors à l'université de Censier à Paris, depuis peu j'allais voir un psychanalyste avec qui ça se passait fort mal et qui absorbait tout mon argent, je n'osais le regarder durant les séances, le transfert était puissant et j'avais sans doute peur de lui, ou de ce que l'analyse pouvait potentiellement me reveler. J'étais dépressif chronique depuis ma première dépression mélancolique à l'age de vingt ans, j'avais 23 ans, je sortais peu à peu du cauchemar que j'avais vécu et essayais de retrouver une place sociale. J'avais un petit travail, surveillant et maitre d'études dans une école primaire du 18ieme arrondissement. Je n'avais pas une vie très équilibrée, je vivais seul et avais quelque amis mais pas de petite amie. Je souffrais de solitude donc et de dépression. J'écrivais beaucoup, je tenais des carnets et un journal. Je voulais voir un psychanalyste en même temps que mes études de psychologie, j'y cherchais des clés pour vaincre mon mal. Je ne sais pas exactement comment la phase maniaque commença, je me souviens de phases étranges où allongé sur mon lit je semblais par l'esprit aller ailleurs, je buvais beaucoup beaucoup d'eau, comme une purification, j'entendis des voix à plusieurs reprises, deux voix dans un potager notamment semblant commenter ma naissance. C'était très étrange, mon esprit partait en voyage psychique, j'avais un peu peur mais le laissais aller, mon laisser aller était complet et cela me procurait du plaisir, je me sentais plus spectateur qu'acteur. J'eu une seance chez le psy à ce moment là, ces jours là, je ne sais pas trop ce que je pus bien lui dire mais je me souviens lui avoir tendu mon portefeuille  à la fin de la séance pour qu'il se serve lui même, mais il ne le prit pas, et me dit de ne pas le payer ce coup là, il me dit de me rendre par contre à l'Hotel Dieu. Moi en pleine rêverie mystique ne compris pas qu'il me demandait de me rendre aux urgences de l'hopital..., à l'Hotel Dieu donc alors. Je me souviens avoir ensuite sonné à une porte dans son immeuble, une femme m'ouvrit et je lui dit de bien se rappeler de "Mister Chance", j'étais Mister Chance lui dis-je et partis. Il faisait très chaud ce jour-là et je me suis d'abord promené dans le quartier, les Halles, j'y passais souvent, ce n'était pas très loin de chez moi, j'ai rejoins quelques jongleurs qui se réunissaient en ce temps là derrière le forum et jongla un peu avec eux. J'étais haut, très haut, je me suis ensuite allongé sur le sol puis ai déposé mon portefeuille à coté de moi, je le laissai sciemment au moment de repartir. J'entrai aussi dans un restaurant et demandai de l'eau que l'on me servit. J'ai trainé dans les rues toute la nuit, marchant et marchant encore, je suis rentré alors que le jour se levait.

    Le lendemain je me souviens avoir appelé mon père à son travail. Alors que je lui parlais, j'entendis deux voix distinctes dans le téléphone, une voix méchante, presque diabolique, et une voix gentille. Une amie me téléphona ensuite et j'entendis encore deux voix provenant d'elle dans le téléphone, encore une fois une voix était gentille et une autre méchante.

    Ensuite mes parents sont arrivés, je les reçus très calmement, autour d'un verre d'eau encore une fois. Ensuite nous sommes sortis, et j'ai traversé la rue sans regarder autour de moi, je me sentais protégé; rien ne semblait pouvoir m'arriver, et ce n'est sans doute pas la mort qui pouvait alors m'effrayer. Mais mon comportement effraya lui mes parents qui me conduisirent, sans me dire où l'on allait, à St Anne. Je ne me rebiffais en rien. Arrivés à St Anne je n'avais aucune idée d'où j'étais, je me souviens vaguement d'un entretien avec un pschiatre durant lequel je le quittai pour passer par la fenêtre qui donnait dans un jardin, d'un autre entretien avec une infirmière à qui j'ai demandé si l'on baisait ici. Ensuite mes parents sont partis, et juste après j'ai vu plusieurs hommes s'approcher de moi, m'encercler, m'attraper, et m'attacher tel un crucifié sur un lit, pieds et poings attachés aux quatre coins du lit. Ils me piquèrent ensuite et je m'endormis.

    Lorsque je me réveillai j'étais dans une autre chambre non attaché. En fait j'avais été transféré durant mon sommeil de St Anne à Maison Blanche mais je ne le savais évidemment pas encore. Là la porte close s'ouvrit, cinq ou six hommes entrèrent, certains je le compris vite étaient là en renfort au cas où je me rebifferais. Je glissai alors sous le lit afin qu'ils ne puissent pas une nouvelle fois m'attrapper, Je me mis alors à proclamer des termes Lacanien: point de capiton, forclusion, et autres, une voix dit alors étonnée: "c'est du Lacan?", je le regardai, il était plutot jeune, c'était lui qui allait s'occuper de moi.

    Mon cas semblait l'interesser. Pour les entretiens je sortais de ma chambre close, et voyait ce jeune médecin qui était m'avoua t-il en analyse didactique avec un Lacanien... Mais il n'avait que peu d'expérience je suppose car il me mit sous Prozac et je repartis de plus belle, il ne savait pas que j'étais bipolaire, le diagnsotic n'avait été encore posé par personne, et il ne faut surtout pas filer du Prozac à un maniaque, alors qu'il m'avait libéré de ma cellule je me souviens m'être un jour déshabillé devant tout le monde sans raison et l'on me renferma. Il est très dur d'expliquer les heures qui suivirent, des heures de souffrances absolues, de régression absolue où j'allais même jusqu'à jouer avec mes excrément et plonger littéralement dans mon pot de chambre comme si cela allait me permettre de m'évader. Je suis resté en plein délire des heures, des jours peut être. Je ne sais pas s'il comprit qu'il avait fait une bétise mais arreta le Prozac. Ensuite j'allais mieux, je discutais avec les autres patients et j'attendais de pouvoir enfin être libéré.

    Au bout d'un mois, le jeune psychiatre partit en vacances sans donner d'ordre me concernant, ce qui fit qu'aucun autre ne voulut prendre de décision à sa place et que je dus rester un mois supplementaire et non nécessaire dans ce lieu sinistre. J'eu le droit d'aller dans le parc, j'y passais mes journées à marcher, voila comment je passais le temps en attendant son retour. Mais septembre approchait et il n'était toujours pas revenu. Tous les autres médecins s'en foutaient royalement. Le problème était pour moi qu'il me fallait reprendre mon travail à l'école primaire car la rentrée approchait elle aussi. Finalement il rentra le 30 aout, je sortis le 31 et repris mon travail dans un sale état le premier septembre, je lui en veux encore de m'avoir laisser moisir pendant un mois.

    Je le revis une fois à la permanence près de chez moi et lui dis mes quatre vérités.

     


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  • L'archétype du SOI

    L'archétype du SOI

     

     

    Pour Carl Gustav Jung, le SOI désigne la totalité de l’être, sa part consciente et sa part inconsciente.

    C'est-à-dire qu’il désigne ce que nous sommes, au-delà de ce que nous pouvons percevoir de nous-même.

    A titre d’exemple, un enfant tout absorbé à ses jeux et à la très importante tâche de grandir, méconnaît son potentiel futur en termes de force de travail, de créativité, de procréation biologique…..

    Pour autant, les germes de ce potentiel sont déjà bien présents en lui et président à ses préférences en terme de jeu et à ses orientations en terme de caractère.
    Il est alors conscient de l’enfant qu’il est mais inconscient de son potentiel de réalisation d’adulte.

    En quelque sorte, d’une façon simplifiée et analogique, le MOI est ce que cet enfant connaît et perçoit de lui-même, et le SOI est ce qui le désigne plus largement en ce qu’il est maintenant et en ce qu’il est destiné à devenir plus tard.
    Les deux états, réalisé et non réalisé, cohabitent dans le même psychisme au même moment.

    L’archétype du SOI a une fonction de type initiatique, il annonce et dévoile à l’être les secrets cachés des germes psychiques encore inactifs.

    Pour cette raison, il est souvent personnifié dans les rêves et dans les légendes par une figure de sage, de mage, de guide bienveillant, et porte avec lui les attributs de son genre, à savoir une sphère, le plus souvent une perle de taille extraordinaire.

    La sphère représentant l’état de ce qui est complet, elle est l’image de la totalité.  

      

    L'archétype du SOI

     

     

    Parfois, toujours dans les rêves ou les légendes, le SOI est représenté véhiculé par l'inconscient, l'inconscient apparaissant alors sous les traits d'un animal fabuleux coopératif et bienveillant.

      

    L'archétype du SOI

      

    En Asie, l'archétype du SOI est souvent décliné en son mode binaire, en termes de but et d'origine, le but étant symbolisé par un Dragon-Lion lié au principe masculin et à la force......

      

    L'archétype du SOI

      

    .....Et l'origine étant symbolisée par un Dragon-Lion lié au principe féminin et à l'amour.

      

    Le Dragon-Lion masculin est protecteur et garant de la permanence du SOI, c'est le sens de la sphère placé sous sa patte.

      

    Le Dragon-Lion féminin est le rayonnement de la création infinie et du principe de régénérescence, c'est le sens de sa progéniture placée sous sa patte.


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  • Un rêve:

    Il y a moi et une avocate qui a l’air de mauvaise qualité pour s’occuper d’un enfant qui a l’air blessé et qui a possiblement été attaqué par des loups.
    Je la laisse diriger les opérations car elle est avocate, mais je n’aime pas du tout la manière dont elle s’y prend. Elle a dû elle aussi être attaquée par des loups, jadis, mais elle ne pense qu’à ça. Elle fait semblant de s’activer pour sauver ou protéger l’enfant, mais en fait elle ne veut que se servir de lui comme  pièce à conviction pour prouver qu’elle a été attaquée par des loups et pour demander des compensations.
    L’enfant et moi entrons dans la voiture, c’est elle qui conduit.
    Elle conduit très mal, zigzague et heurte une grosse structure métallique en aluminium qui était au bord de la route.
     

     

    Cela se passe devant des policiers. 

    Il y a comme un jeu de chaises musicales qui fait que c’est moi qui ouvre la portière côté conducteur et il apparaît aux policiers que c’est moi qui conduisais, alors que bien entendu ce n’était pas moi. 

    Je résiste à l’envie de dire aux policiers qui sont sympas que c’est l’avocate qui conduisait, une avocate dont je m’aperçois qu’elle ressemble de plus en plus à M... 

    La porte arrière s’ouvre et nous constatons que l’enfant est blessé. Il est noir. Il n’a pas été blessé dans l’accident, c’était d’avant. Il saignait du thorax, comme s’il avait reçu un coup de couteau. 

    Je dis qu’il faut appeler les pompiers et les policiers se proposent de le faire. 

    L’avocate s’y oppose et juge plus important d’aller au lieu où elle voulait aller pour obtenir des compensations pour elle et elle estime que pour ça, elle a besoin de l’enfant. 

    Un peu plus tard, un autre rêve  

    Je dors dans la cabine de mon fourgon, j’entends du bruit, je me réveille, je vois M... attaquer F... avec un couteau, il a 8 ans.
    Je me rendors ébranlé, mais je me rendors.
     

    Un peu plus tard, un autre rêve  

    Je vois un homme moustachu coiffé d’un casque de moto ( C’est Flanders de la BD les Simpsons ) sur lequel se trouve en lettres vertes le nom d’une piscine récréative, genre Aquabloulevard, qui ouvre les portes d’un local où était enfermé F... pour le faire aller vers cette piscine.
    Il y a un jardin avec du gazon pour accéder à cette piscine et des femmes matures nues et fortes s’y promènent, l’une d’entre elles est Martine Aubry, je sais que M... y est aussi, mais qu’on ne la voit pas, des murs la cachent.
    J’assiste à la scène, j’entends une voix off qui dit : ce sont des ten lovers.
     

      

    Les trois rêves se succèdent dans la même nuit, et bien entendu, ils sont liés. Il ne s'agit probablement que du même rêve qui a été entrecoupé par des pics d'émotion entrainant des micro réveils. 

     

     Il y a trois personnages impliquées qui sont : 

    - Le rêveur que nous appellerons P… (comme père ),  

    - L’avocate, que nous appellerons M… (comme mère )  

    - L’enfant que nous appellerons F…(comme fils ). 

    Les autres présences n’étant que des avatars représentant les uns ou les autres de ces trois personnages sous des aspects singuliers. 

    Il s’agit d’un rêve remarquable dans la mesure où il revient sur une situation vieille d’environ 15 ans. 

    Dans le rêve F… a 8 ans alors qu’il en a aujourd’hui 23. 

    Il s’agissait à l’époque d’une situation d’apparence assez classique avec un couple qui se sépare et un enfant qui devient un enjeu.  

    Le thème revient avec force car la psyché estime deux choses : 

    1) Elle estime qu’à l’époque un élément primordial est passé inaperçu.
    2) Elle estime que les protagonistes ont suffisamment évolué pour que cet élément puisse être maintenant considéré et traité.  
     

      

    Pour bien comprendre ce rêve il y a quelque clés à saisir au niveau de l’expression de l’inconscient. 

    La mère de F… est représentée sous la forme d’une avocate, et ceci est justifié à plusieurs titres :
    Tout au long de l’enfance, dans des conditions nominales, une mère est le cœur du
    foyer. 

    Elle porte la voix de l’enfant, elle fait valoir ses droits face au monde, elle le défend et le protège. 

    Elle détient la loi de l’amour, et cette vérité naturelle prend corps dans la société au travers des textes législatifs de protection de la mère et de l’enfant. 

    Il en est ainsi, non pas parce que l’enfant n’est pas vu comme un individu à part entière et qu’il n’est considéré que comme une simple extension de la personnalité maternelle ;
    Il en est ainsi parce qu’il est un individu vulnérable qui n’a pas encore acquis les moyens de son indépendance et que le meilleur moyen de l’y conduire est de le placer, en attendant, sous la responsabilité maternelle.
     

      

    Le rêve nous dit qu’il s’agit ici d’un avocat de mauvaise qualité. 


    Comprenons bien : il ne nous parle pas d’un avocat malhabile qui voudrait bien faire mais qui n'y réussit pas, ce qui après tout serait excusable, personne n'étant parfait
     ;  

    Non, il nous parle d’un avocat de mauvaise qualité, d’un avocat qui simule, d’un avocat qui trahit sa fonction.  

    En quelle espèce cette avocate « de mauvaise qualité » trahit-elle sa fonction ?
    Et bien, le rêve nous dit qu’elle ne fait que semblant d’œuvrer pour l’enfant, il nous dit même qu’elle l’utilise.
     

    C’est à dire que sous couvert de parler et d’agir pour lui, elle parle et agit pour elle, mais elle ne fait pas que ça, il y a quelque chose de plus grave. 

      

    Ce qui est plus précisément en jeu ici, c’est que derrière le terme « parole » se cache une valeur plus complexe que ce simple mot. 

    Il convient en effet d’y accorder un sens plus élevé et de bien comprendre que par «la parole de l’enfant » on entend « la vie de l’enfant » et plus généralement tout ce qui a trait à l’expression de cette vie.
    Ce point est primordial car si la parole de l'enfant représente la vie et son contenu, écarter la parole de l'enfant équivaut à nier la vie de son fils.   
      

    Que fait cette avocate ? 

    D’abord, elle écarte la parole de l’enfant,  puis elle grime sa parole à elle des attributs de celle de l'enfant, et enfin elle s’impose socialement comme une figure dont le statut fait force de loi.
    En d'autres termes, elle ne se contente pas de prendre la place de son fils, elle le fait aussi passer à la trappe sans que personne ne puisse trouver à y redire puisqu'elle pare son agression de tous les codes que la société reconnaît comme étant des gestes protecteurs et aimants !
     

      

    Pour autant, en usurpant sa parole, elle l’absorbe et lui reprend psychiquement la vie qu’elle lui a donné biologiquement. 

      

    En soi, le fait que M… cherche a exprimer sa propre souffrance n’est pas anormal. Bien au contraire, il est salutaire autant de l’exprimer que de la faire reconnaître, et on le sait : M…, en son temps, a été attaquée par des loups. 

    Autrement dit, à une époque pas si lointaine que ça, M… a été terrorisée, battue et peut être pire que cela par son beau-père.
    C’est ce que le fait d’être attaqué par des loups représente : le fait d’avoir été attaqué par un être humain qui pour le coup n’était pas vraiment humain. (*)
     

    Les loups représentent un désir de mort qui habite le psychisme de certaines personnes et qui se déchaîne contre d’autres personnes. 

    Le viol, l’inceste, sont des désirs de mort portés par le violeur qui se réalisent via la sexualité et qui se cachent derrière elle. 

    La maltraitance, elle, est un désir de mort porté par le maltraitant qui se réalise via de multiples formes de violences, d’insultes ou de privations et qui se cache derrière elles. 

    On retient le viol ou la maltraitance, mais ce ne sont que des paravents. 

    Derrière ces paravents, il y a des crimes. 

    Non pas des crimes sexuels ou des crimes de misère sociale, non, ce sont des crimes tout court, des actes porteurs de mort.  

    Lorsqu’on les écoute, les mots que les victimes associent aux agressions et autres abandons, ils parlent de part de soi tuée, volée, ils parlent de peur permanente, de confusion, de désorientation, de perte de repère, du sentiment de n’être plus rien……… 

    De fait, l’agresseur arrache une part de l’être, une part de la vie de sa victime pour s’en repaître et la posséder. 

    C’est pour cela  qu’il apparaît sous l’aspect du prédateur nocturne le plus emblématique : Le loup !    

    Alors: 

     oui, M… a été attaquée par des loups, 

     oui, elle a le droit de demander justice, 

     oui, elle a le droit de demander des compensations……. 

      

    Mais pas en devenant un loup elle même envers son fils ! 

       

       

       

    La suite de l'interprétation de ce rêve est à venir............ 

      

      

     

     

     


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  • Je suis dans une pièce avec mon compagnon, cela pourrait être une chambre, plutôt en désordre.  

    Nous sommes inquiets et pressentons que quelque chose de déplaisant va se produire. 

    Cela se produit, une tornade pénètre dans la pièce et chamboule tout, mais surtout cherche à fermer la porte et à nous enfermer.
    Je sais que cette tornade, c'est une personne, mais elle est invisible. 

    Nous nous défendons, nous lançons des objets contre la tornade, mais surtout nous mettons des objets ( un panier, des chaussures.....) pour empêcher que la porte ne se referme et ne nous enferme. 

    Cela réussit, nous pouvons nous enfuir et retournons dans une chambre assez semblable à celle que nous venons de quitter, mais c'est chez nous et on y est tranquille. 

    Mon compagnon et moi-même décidons d'y retourner et de nous confronter à cette personne, quelque soit sa forme. 

    Nous entrons dans la pièce et la personne-tornade entre. Cette fois c'est un homme, il nous parle et dit qu'il va nous enfermer, mais nous n'avons pas peur, nous sommes prêts.
    La porte se ferme, mais c'était attendu.
    Nous regardons autour de nous, trois des murs sont en verre, on y voit clairement au travers et je sens des courants d'air. 

    Je m'aperçois que ce n'est pas hermétique, qu'il y a des passages par où l'air s'engouffre et lorsque je touche le verre des murs, il se casse immédiatement.
    Je constate que si je ramasse les morceaux de verre je parviens aisément à reconstituer le mur. 

    Mon compagnon me dit alors qu'il souhaiterait créer son entreprise et que pour ça il a besoin d'emprunter de l'argent.
    Il pense que le type qui cherchait à nous enfermer pourrait nous en prêter. 

    A ce moment là, la l'homme-tornade entre, il est dédoublé, il est un homme sympa et un homme inquiétant. 

    Je les engueule par rapport à tout ce qu'ils ont fait mais mon compagnon me dit de calmer le jeu et de ne pas les braquer, et je suis son conseil. 

    Mon compagnon explique son projet d'entreprise et déclare qu'il a besoin de 15 000€. 

    Le double "gentil" dit ok, pas de problème, il sort son chéquier et fait un chèque de 15 000€ qu'il donne à mon compagnon.


      

    La personne qui rêve est déjà en analyse depuis plusieurs mois.
     
     

    Le lieu où se passe l’action est ambivalent. 

    Il est un refuge où elle se sent « chez elle », tranquille avec son compagnon mais il est aussi un champ de bataille où s’opère la confrontation aux effets du trauma. 

      

    Le refuge est la part d’elle-même que la thérapie a déjà réconciliée et réunifiée. Elle y est en paix avec son homme intérieur, et au-delà d’être en paix leur collaboration est visiblement dynamique.  

      

    Une des demandes de la rêveuse, lors de nos premières entrevues, était de trouver des réponses à ses angoisses envahissantes d’origine inconnue. 

      

    La tornade est justement une expression typique de cette sensation d’être exposé à un phénomène destructeur sans avoir la conscience de ce qu’il est.
    De plus, savoir être menacé sans pouvoir nommer cette menace aggrave l’anxiété.
     

      

    Le fait même de vouloir consulter marque la volonté de réagir, de ne plus rester prisonnière de l’inertie induite par les angoisses. 

    Cette combativité se manifeste dans le rêve par la défense très agressive contre la tornade, les jets de chaussures contrent l’avancée de la violence et le panier s’oppose à ses buts. 

      

    ( Dans tous les cas, la violence n’est jamais qu’un moyen, le but est la destruction ) 

      

    Il est à noter que les chaussures et le panier marquent la collaboration de deux principes complémentaires. 

    Les chaussures sont ce qui nous relie au sol ( les pieds sur terre ) et symbolisent ici la raison. Elles sont aussi ce par quoi on avance et marquent ici la volonté en action et plus généralement, la masculinité. 

    Le panier, par sa forme creuse représente le principe féminin. 

    D'un coté, le principe actif en la rêveuse ( l’animus ) inspire la force et la volonté de combattre; quand au principe féminin, il détecte intuitivement où il doit intervenir pour contrarier le but. 

      

    Pour autant, la rêveuse ne souhaite pas s’arrêter en si bon chemin. 

    Elle a pris goût à la lutte, sa science du combat s’étoffe, elle a accumulé de la confiance en elle. Elle sait se replier pour reprendre des forces, elle fait de la stratégie, les reculs momentanés ne sont plus vécus comme des défaites. 

      

    Dès lors que la rêveuse n’est plus dans la fuite, l'origine du phénomène se dévoile. 

    En l’occurrence, il s’agit de son animus malade qui se montre tel qu'il est. 


    A un moment de l’historique familial, la lignée féminine a été victime d’une violence masculine quelconque.
    La réponse et la compensation de cette violence n’a pas alors été portée contre l’agresseur en tant qu’individu mais contre l’homme en tant que genre.
     

    Le masculin étant alors vu comme maléfique, hostile et dangereux. 

    Celui-ci, pour autant, est une composante naturelle du psychisme féminin et y apparaît forcément, avec les troubles qui en découlent.

      

    D'une manière générale, c'est prioritairement l'historique et les évènements personnels qui sont considérés, mais à ce stade il n'est apparu aucune violence objective directe ou indirecte, c'est pour cette raison que l'hypothèse transgénérationnelle est évoquée.

      

     

    Le travail de conscience et d’identification des problèmes amène des améliorations : 

    La tornade est dévoilée et désormais personnifiée en homme dangereux ; 

    Les chaussures ont été intégrées, ce supplément de raison et de volonté ont désormais rejoint la partie guérie et font augmenter sa force et son influence; 

    Le panier est lui intégré sous forme de confiance en soi. 

      

    La rêveuse ne craint plus l’homme-tornade, il a perdu de sa toute-puissance et de son pouvoir anxiogène, elle sait qu’il a des failles et accepte le défi de l’enfermement pour mieux le démonter de l’intérieur. 

      

    Il y a des failles, des courant d’air et elle voit au travers des stratagèmes de la mécanique mal traitante. 

      

    Elle peut briser comme reconstruire les murs de verre, c'est-à-dire que tout dépend d’elle, c’est elle qui a le pouvoir d’échapper à l’enfermement ou de participer à le reconstruire, selon ses choix et selon les orientations de son attitude intérieure. 

      

    A ce moment du rêve, l'inspiration vient de l’homme intérieur.

    Il veut créer son entreprise. 

    En d’autres termes, il veut devenir autonome, en d’autres termes encore, il veut sortir de l’aliénation et de la soumission au trauma et réaliser son potentiel personnel, mais pour cela, il a besoin de force vitale ( 15 000€ ). 

      

    Le fait que la rêveuse reproche à son compagnon de « négocier » marque un comportement anxiogène résiduel, mais qui ne résiste pas à la dynamique  

      

    La force vitale, les 15 000€, sont à prendre là où ils sont retenus prisonniers. 

      

    En réponse à la démarche volontaire de la rêveuse, une part de l’animus malade est métamorphosée par la conscience.

    Cette part vient rejoindre avec sa force vitale de 15 000€ les forces grandissantes de la rêveuse. 

      

    Ce rêve conclus à une nouvelle étape de réduction du trauma et à un encouragement à la rêveuse de poursuivre sur cette voie. 

      

    G.B 

          


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