Une femme est tenue prisonnière dans une cage à oiseau.

Elle est tenue à l’écart du village.

Elle est nue, en position de vulnérabilité, de honte et de souffrance.

Un champs de fleurs se trouve au premier plan, des animaux la veillent.

Deux palmiers porteurs de fruits s’élèvent du côté des animaux, des épineux bordent la scène du côté de la terre aride.

Un aigle plane au-dessus du tout.

Le monde psychique ne connaît que deux motifs qui poussent à enfermer des personnages.

Le premier est l’isolement d’une figure dangereuse, le deuxième est crapuleux.

C’est ce dernier motif qui est concerné par ce tableau.

Il a pour but de garder à disposition un être porteur de qualités naturelles, de le fixer dans une position d’impuissance, puis de piller ses richesses à l’envie.

C’est le mode de la maltraitance.

Pourquoi une cage à oiseau ?

Parce que selon les représentations traditionnelles, le chant de l’oiseau est la voix de l’âme naturelle du monde.

Parce que la femme, par nature, est porteuse de cette voix.

Parce que la femme est l’image de fonctions autonomes et agissantes de l’inconscient masculin.

Parce que certains hommes sont si effrayés par les voix des muses, et si contrariés dans leur toute puissance par l’influence qu’elles ont sur eux, qu’ils cherchent à contrôler le chant, la voix …..et la femme.

La cage est tenue à l’écart du village.

La distance marque la volonté du groupe, mené par la loi masculine, de se passer de ce que porte et contient le féminin. Elle est la matérialisation du rejet.

En d’autres termes, si la femme est bien présente physiquement au sein de la communauté, sa substance et son influence en sont exclus.

Elle est nue, en position de vulnérabilité, de honte et de souffrance.

Elle est exposée nue pour qu’elle sache qu’elle est offerte et ne s’appartient plus ;

Pour exprimer le fait qu’elle est réduite au statut de corps que chacun peut posséder par le regard, et aussi pour servir d’exutoire à tous les défoulements et à toutes les projections.

Elle est vulnérable parce que le rapport de force lui est défavorable, parce que sa situation la rend accessible à toutes les inquisitions et parce que l’humiliation brise ses résistances.

Elle a honte car sa soumission forcée déchoit la fertilité de son plan sacré et laisse l’homme vulgaire seul maître de la vie. 

Elle souffre d’être déchue de sa dimension cosmique et coupée de son lien avec l’éternel féminin.

Un champs de fleurs se trouve au premier plan, des animaux amicaux la veillent.

Deux palmiers porteurs de fruits s’élèvent du coté des animaux, des épineux bordent la scène du coté de la terre aride.

Un aigle plane au dessus du tout.

Les éléments végétaux  sont représentés à trois niveaux.

Les fleurs sont du domaine de la jeunesse et de la beauté, elles parlent de l’étincelle originelle d’où procède l’épanouissement de la féminité.

Les palmiers ont à voir avec le monde intérieur, la fécondité, le mystère de l’origine et du but, la sagesse ancienne et la transcendance.

Les épineux représentent la part archaïque de l’être féminin.

En dehors de l’aigle, qui a un statut à part, les animaux sont au nombre de quatre.

Le chien et la vache sont liés à la nature animale du corps.

Le bouc et l’âne parlent du tempérament.

Le chien représente l’enracinement dans la matière par l’instinct sexuel, la vache représente la fonction maternante, le don.

Le bouc représente ce qui a trait à la volonté, au courage, à la détermination et à la vision intuitive.

L’âne est le support de la spiritualité et aussi son mouvement.

Interprétation :

La personne qui peint prend ici la pleine mesure des maltraitances dont elle a été victime.

Elle a rencontré récemment de graves difficultés professionnelles.

Celles-ci ne sont que le parachèvement du travail de sape entrepris contre elle bien des années plus tôt sous d’autres cieux et d’autres lois.

Les prédateurs d’aujourd’hui ont suivis les balises et les cicatrices laissés par les prédateurs d’autrefois et les ont suppléés avec zèle.

La dissociation  apparaît ici dans sa phase la plus aiguë, mais pour autant, il n’y a aucune trace de déstructuration.

Bien au contraire, on pourrait  parler ici de « dissociation ordonnée ».

En effet, les systèmes de défense ont fonctionné, les éléments de la psyché se sont  dispersés en autant de cibles et de leurres.

Le point où nous en sommes rendus est celui du dévoilement.

Elle est à nu, elle est en lambeau….mais elle est libre, sans illusion ni attente,  plus aucun mensonge n’a de prise sur elle et c’est ce qu’il fallait.

L’artiste sait tout, maintenant, des faux amis, des faux amours, des discours creux et des faux semblants.

Il n’y a plus qu’elle, et l’immensité des blessures, et on ne peut plus rien lui prendre.

La voilà rendue à elle-même, prête à une expérience nouvelle, celle de commencer à vivre selon ses propres désirs, selon ses propres choix, prête à affirmer qui elle est, prête à réaliser son être.