• Les "BIPOS" sur Facebook !

     

    Les bipos sur Facebook

     Je vous propose ici de jouer les curieux et d’écouter l’extrait d’une conversation entre trois personnes bipolaires telle qu’elle s’est déroulée sur Facebook.
    Bien entendu, il ne s’agit pas d’une écoute clandestine, l’extrait nous a été fourni par l’une des personnes avec l’accord des deux autres.

    Cette personne est un ami diagnostiqué bipolaire depuis plusieurs décades sans que pour autant il n’ait jamais entrepris de psychothérapie.
    La psychiatrie, jusqu’à tout récemment, a été la seule réponse qui lui a été proposée.

    Nous avons désormais entamé des entretiens psychothérapeutiques sur une base hebdomadaire ou bien évidemment son histoire personnelle est évoquée, mais aussi la bipolarité en tant que généralité. 

    Il apparaît que la question génétique est souvent posée concernant la bipolarité, et c’est d’ailleurs l’angle sous lequel le sujet a été abordé dans le message qui accompagnait le « copier/coller » de la conversation ;

    Message que voici :

     Juste pour te montrer que la bipolarité n'est pas seulement je pense la résultante de traumatismes infantiles, même si dans mon cas cela n'a pas arrangé les choses c'est certain, cette peur que je ressens est sans doute liée aux terreurs que j'ai connu enfant lorsqu'un de mes parents s'approchait pour me battre, mais ce n'est peut-être pas ce qui fait de moi un bipolaire, bipolaire nous le sommes peut-être bien par la génétique, porteur de cette maladie que peut être nous allons développer, ou pas. Il y a des gens qui ont connu des traumatismes graves enfant et qui ne sont pas devenus psychotiques pour autant.
    Bien à toi,
    Signature

     Nous allons donc ici répondre à ce message après avoir écouté la conversation promise.

    Il faut bien prévenir le lecteur qu’un salon de bipolaires sur Facebook, ce n’est pas un repaire de petits rigolos !
    On y parle de dépression, de cafard, de peur, d’ennui, d’angoisse, de mort……Mais l’extrait à suivre est relativement court !
    Ils sont trois, nous les nommerons Entonin, Martin et Radha. 

     Entonin
     
    …. retour dans le cafard régulièrement comme quelque chose qui doit toujours revenir et ne veut pas me lâcher, ma dépression aussi est souvent liée à la peur, une peur sociale, je ne saurais trop expliquer, une angoisse mais une peur si ce n'est la même chose, je me rappelle qu'en phase basse tout me paraissait impossible, me trainer chez le psy, me confronter à d'autres personnes ou à des situations nouvelles, peur de mourir de sous-alimentation de folie d'angoisse, de douleur, de peine, peur en tout cas de tout ou presque, peur de la vie, peur de la mort, peur de la solitude, peur de l'abandon, peur de ne jamais sortir de la dépression. Etc. etc. mais pourquoi cette peur, me comprenez-vous, avez-vous ressenti ainsi ce genre de choses? D'où vient la peur?
    Moi j'ai subi des violences physiques enfant je pense que ma terreur vient de là. Je reste avec cette terreur qui se transforme en diverses peurs.
     
    Martin
     

    Je ressens ça aussi chaque jour. Et la peur est effectivement le sentiment dominant. D'où vient-elle? Je suppose que ça dépend des gens. Pour moi, je crois que la peur de la mort est centrale, ainsi que la peur de la vie. Du coup, j'ai développé un sentiment d'absurdité face à tout ça. La vie me semble absurde. Je n'ai jamais compris ce qui fait bouger les gens dits normaux. Leurs motivations. Ils m'ont toujours paru inhumains, et fous. "Certains ne deviennent jamais fous. Leurs vies doivent être bien ennuyeuses" comme disait Bukowski.
     

    Entonin
     
    Oui absurde, les autres et l'existence, Camus a parlé de cela dans le mythe de Sisyphe, mais n'as-tu pas l'impression Martin qu'a un moment donné tu as fait partie d'eux, et qu'en quelques sortes tu les comprenais alors? Mais que tu ne les comprends désormais plus. Moi j'ai cru pendant à peu près 20 ans être à peu près comme eux, je croyais être normal. Et je semblais alors mieux les comprendre. 

    Martin
     
    Entonin, je n'ai jamais vraiment cru que j'étais normal. Je me croyais et me voulais original. Je crois bien comprendre les autres, les gens dits normaux. J'ai l'impression de les comprendre même trop bien. Ils peuvent m'attendrir. Je suis comme eux, quelque part. Nous partageons la même condition humaine, un esprit coincé dans un corps mortel. Mais j'ai l'impression d'avoir quelque chose en plus avec cette maladie, et pas quelque chose de moins. C'est dur à vivre, mais ça donne un regard différent sur les choses. Pour revenir à la peur et au rapport avec les traumatismes de l'enfance, je suis un contre-exemple. Enfance heureuse, choyée, privilégiée. Mais je n'ai jamais vraiment été bien. L'exaltation et la tristesse, la mélancolie, sans raison apparente. Apparemment, l'événement qui a bouleversé mon équilibre et ma personnalité, c'est la naissance de ma sœur. J'avais quatre ans. D'après mes parents, avant sa naissance, j'étais un petit bonhomme sage et éveillé. Sa naissance a marqué le début de ma carrière d'enfant dit difficile. Pour moi, ce serait l'élément déclencheur. Mais pas de violences. Pas de coups, et pourtant je les cherchais. Que de l'amour. Et pourtant...

     Radah

     En fait si je comprends bien la plupart des maladies sont liées à ce qu'on a vécu dans notre enfance?

     Entonin 

    D’après les psychanalystes oui on peut dire cela Radah. Mais nous avons peut être une sensibilité génétique qui fait que les événements douloureux ont plus de chance d'être traumatiques que ceux vécus par les autres. L'arrivée d'une petite sœur dans la vie de Martin par exemple qui n'est en principe pas un événement traumatique. Martin malheureusement les autres ne m'attendrissent plus. Ça marche plus de ce côté-là... 

    Martin

    Je pense que les traumatismes de l'enfance ne servent que de révélateur. Certains vivent des traumatismes énormes et s'en sortent très bien, sans maladies psychiatriques. On a cette maladie dans nos gênes, et le traumatisme (au sens très large) la réveille. Mes deux grands-pères étaient maniaco-dépressifs (à l'époque, on ne disait pas encore bipolaire). J'ai de qui tenir... 

     REPONSE :

    Entonin,
    Je voudrais répondre à ton message en  trois volets:

    - Celui des faits.
    - Celui des mots et du lien traumatique.
    - Celui des gênes.

    Le premier volet, donc,  concerne la réflexion de Martin lorsqu’il dit : « J’ai l’impression d’avoir quelque chose en plus avec cette maladie, pas quelque chose en moins. »

    Comme j’ai déjà pu te l’expliquer, durant les phases maniaques le sujet est littéralement projeté à l’état de veille dans le monde de l’inconscient  et  se trouve exposé aux images primordiales de la psyché.
    Pour autant, cet état de veille, qui par nature est dédié à l’action dans le monde conscient, n’est « outillé » que pour les besoins de sa fonction et ne possède pas les filtres qui protègent des aspects irradiants et fascinants des archétypes.
    Les bipolaires en phase maniaque se retrouvent donc témoins hallucinés d’un spectacle ou les acteurs sont des principes psychiques actifs, porteurs de dimensions inconnaissables par les outils intellectuels de l’état de veille.
    Ils se trouvent tout simplement saisis par une puissance dont ils pressentent l’importance et la portée sans pour autant pouvoir comprendre ou mesurer ce qu’elle est.

    Alors, nous pouvons dire que cette étrange expérience d’un savoir inaccessible est ce fameux « quelque chose en plus » dont parle Martin.
    Les bipolaires ne connaissent pas ce qu’ils savent, mais ils savent que c’est extraordinaire, que c’est au-delà de la portée commune et que tout y est intensément réel.
    A bon droit, ils peuvent se considérer comme des gens différents, des « initiés » en quelque sorte,……tout au moins des personnes qui se reconnaissent entre elles  par rapport à une expérience commune rare.

    Le deuxième volet a trait au mot « maladie » utilisé par Radah et le lien qu’elle fait avec les traumatismes :
    Pour être clair, lorsqu’on parle de psyché et uniquement de psyché, c'est-à-dire lorsqu’on exclue tous les accidents physiques et biologiques qui peuvent entraîner des malformations ou des dommages neurologiques qui, eux, relèvent de la médecine spécialisée et peuvent être qualifiés de maladies, les termes à privilégier sont ceux de troubles et de disfonctionnement.

    Il n’existe pas de « maladies psychiques », il existe des troubles, des disfonctionnements, des déséquilibres qui par commodité ont parfois été affublées du terme de maladie.
    Pour autant, à titre d’exemple, si l’Alzheimer est bien une maladie, l’hystérie n’en est absolument pas une.
    De plus, si ces troubles et disfonctionnements ne sont pas d’origine accidentelle et s’ils ne dépendent pas du domaine de la médecine spécialisée, alors, ils sont liés à l’environnement social et sont nécessairement d’origine traumatique.

    Ce sentiment constant de peur et d’abandon chez le bipolaire en est la marque.
    1) Je suis attaqué
    2) Il n'y a personne pour me protéger

     
    Bien entendu, la palette des traumas est quasiment illimitée. Il existe autant de natures et de qualités de traumas que ce qu’il existe d’expériences humaines.
    Pour autant, à l’instar de la psyché qui fonctionne selon un certain nombre de principes, les traumas s’articulent autour de modes de fonctionnement et de schémas qui commencent à être désormais connus et décryptés.

    Le troisième volet concerne la génétique avec de grandes questions :
    Peut-on considérer que les gènes conditionnent à eux seuls la psyché ?
    Peuvent-ils  prédisposer  aux troubles et disfonctionnements ?
    Cela suggère-t-il  que les réponses à apporter à la bipolarité sont exclusivement médicales et médicamenteuses ?

    Alors tu vois, Entonin,  le bon raisonnement, lorsqu’on aborde ce genre de sujet, c’est de bien prendre soin de rendre à César ce qui appartient à César, à la médecine ce qui est à la médecine et à la psyché ce qui est à la psyché.

    Partons du principe que la fonction crée l’organe ( avec réversibilité possible ) et considérons qu’en tant que « bibliothèque » les gènes s’enrichissent de génération en génération selon le besoin en fonctions nouvelles liées aux changements d’environnement que chaque génération particulière rencontre.
     
    Si tu veux bien, nous allons laisser de côté toute cette partie de la bibliothèque génétique qui contient les modes de défenses et d’adaptations aux maladies dégénérescentes, les modes d’adaptation aux malformations accidentelles, et d’une façon plus générale tout ce qui relève du domaine de la médecine et de la psychiatrie.
    Nous ne nous intéresseront qu’a cette partie de la bibliothèque qui s’occupe de l’intégration des processus psychiques.

    A ma connaissance, et je pense que tu me le confirmeras, la bipolarité n’est pas systématiquement associée à une maladie ou à une dégénérescence physique spécifique et nous pouvons donc nous y intéresser !
    Certes, elle représente un handicap social certain, certes, elle représente un risque de mise en danger de soi et un inconfort flagrant, et à ce titre, il est justifié que la psychiatrie intervienne avec une prise en charge médicamenteuse stabilisatrice.

    Pour autant, cela ne doit pas nous empêcher de considérer que les gènes qui prédisposeraient à la bipolarité ne seraient que  des gênes qui contiendraient la mémoire d’une défense et d’une adaptation à une pression psychique.
    Cette adaptation, concernant les bipolaires, aura été  la rupture de l’unité de l’être et son découplage en périodes maniaco-dépressives.

    En d’autres termes, posons le cas d’une personne  donnée se trouvant aux prises de contradictions insolubles imposées par son environnement social.

    Si cette personne en arrive à basculer dans la bipolarité sans que jamais jusqu’à la fin de ses jours elle ne puisse comprendre et dépasser ce qui la bloque, alors, ce trouble pourra se retrouver chez sa descendance et devenir une difficulté psychique trans-générationnelle. 


    Lorsqu’à son tour, la descendance se retrouvera psychiquement dans une ornière infranchissable et qu’elle ira consulter la bibliothèque génétiques des solutions trouvées par les générations précédentes, elle y trouvera le mode d’emploi du découplage de la psyché.

    C’est ce mode d’emploi inscrit qui constitue ce que l’on appelle les dispositions génétiques à la bipolarité.

    Quelques soient ses ascendants, si le sujet ne se trouve jamais dans l’ornière, le mode d’emploi ne sera jamais consulté et la bipolarité ne se déclenchera jamais.

    Il est bien évident que le sujet puisse aussi se trouver dans une ornière mais qu’il soit capable de trouver en lui et en son entourage la ressource de se sortir de ce piège.
    Le contenu de la bibliothèque est donc écarté au profit d’un nouveau fondement mental, initié, par exemple, par une psychothérapie.

    Moralité, Entonin, je veux bien aller avec toi dans le sens de la prédisposition génétique, mais uniquement vu comme ça, et il faut de plus que tu me fasses crédit du fait que l’origine de ce qui est mémorisé dans le gène est de nature psychique et que nous parlons bien d’un trouble, d’un déséquilibre ou d’un disfonctionnement, et que quel que soit le maillon générationnel sur lequel il apparaît en premier,  il s’agit bien d’un évènement traumatique.

    C’est pour cette raison que le seul suivit psychiatrique stabilisateur me semble tristement insuffisant et sonne un peu comme un renoncement ou pire encore comme un abandon.
    Il me semble au contraire que derrière l’épaisse croute dépressive de vos propos sur facebook se faufile  la rivière souterraine du désir de vivre et que cela encourage à apporter aux bipolaires une réponse plus ambitieuse que celle de la psychiatrie, sans l’exclure, bien entendu, mais en parallèle.  

    Mais comme en toute chose il faut se forger sa propre opinion, et maintenant que tu es lancé dans l’aventure de la psychothérapie, nous comptons tous sur toi pour connaître ton ressenti et continuer le débat.

     


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 24 Février 2012 à 11:49

    Et si nous avions nous les bipos une particularité physiologique? Des recherches tournent autour de l'hipocampe qui pourrait avoir une particularité ou une anomalie. Moi je pense que nous avons des différences génétiques ou physiologiques ou que nos phases peuvent nous abimer physiologiquement d'une manière pas forcément réversible. Qu'en penses-tu?

    2
    Samedi 25 Février 2012 à 15:27

     


    Je voulais aussi te soumettre une hypothèse que je n'exclue pas: les structures génétiques, on peut penser que mes gènes effectivement ou ma combinaison de gènes font que je suis bipolaire, ensuite je dois être plus sujet à etre traumatisé par les événements traumatiques, on peut penser ainsi qu'au départ la structure est génétique, on peut penser de même pour d'autres structures à mon avis comme l'hystérie, la schizophrénie etc. après on développe des symptômes ou pas suivant les événements que l'on vit.


    Je veux dire que l'on est pas forcément tous égaux à la naissance, est-ce n'est peut être pas uniquement et tout simplement une question de vécu comme le pensait Freud je crois.


    Après peut -on "guérir"?


    Euh je n'emploierais pas ce mot, on peut apprendre de notre structure par la psychothérapie et l'analyse pour ensuite pouvoir s'adapter à notre structure. Il faut notamment comprendre notre histoire.


    C'est intéressant car cela casse un peu la psychanalyse, je veux dire que les interactions enfant-mère sont alors moins importantes, si c'est génétique, que ne le pensent les psychanalystes.


    Il y a un débat sur l'autisme en ce moment à cause d'un documentaire sur l'autisme et le rôle de la mère dans ce que disent les psychanalystes.


    L'autisme serait comme toute structure :génétique.


    Que penses-tu de tout cela?


    Come to where I am from, come to where I am come from

    3
    Florentin Gobbey Profil de Florentin Gobbey
    Mardi 28 Février 2012 à 15:30

    Entonin, Je répondrai ici à ta première intervention. Elle contient deux questions en une seule, si tu veux bien, nous allons les décomposer.

    Dans la première, tu me demandes si finalement ce ne serait pas une ou des particularités biologiques qui causeraient la bipolarité, et pour argumenter ta question, tu t’appuies sur les recherches faites actuellement autour de l’hippocampe.

    Dans la seconde, tu demandes si les passages d’une phase à l’autre ne peuvent pas, en eux même, induire des dommages physiologiques.

    Concernant la première, je dirais simplement  que tu es possiblement dans le vrai, ce sont des raisons que l’on ne peut pas écarter.
    De fait il est indispensable que la recherche avance et nous renseigne sans négliger aucune piste.
    Je le dis ainsi, et très sincèrement,  même si  mon avis est il y a ici confusion entre les causes et les effets.

    Mon sentiment est que si on constate des anomalies physiques liées à la bipolarité, elles ne sont apparues que comme les conséquences causées par les troubles qui entrainent la bipolarité.


    Pour illustrer mon raisonnement, je ferais un parallèle avec ce qui se passe avec les anticorps.
    Les anticorps disposent d’un système immunitaire inné et d’un système immunitaire adaptatif.
    C’est le système immunitaire adaptatif qui « réfléchit » et « invente » les nouveaux systèmes de défense lorsqu’un agent pathogène nouveau est rencontré.
    Ce « laboratoire de recherche » occupe un lieu physique sur l’anticorps lui-même et n’apparaît que chez ceux qui en ont besoin, un peu comme le besoin en une nouvelle fonction entrainerait la création d’un nouvel organe ou la modification d’un organe existant.
    ( Je ne dis pas que les anticorps sont des organes, hein, c’est juste une image ! )
    A titre d’exemple, tu ne trouveras d’anticorps structurellement adaptés à combattre la malaria que chez les sujets qui ont été exposés à la malaria.


    De la même façon, s’il y a des particularités cérébrales qui n’apparaissent que chez les bipolaires, c’est possiblement parce qu’ils  sont les seuls à avoir besoin de ces lieux ou se développent ce type de mécanisme de défense. Ils sont les seuls à avoir été exposés à ce qui conduit à la bipolarité, ou tout au moins, ils sont les seuls à y avoir été exposés avec une intensité telle que la bipolarité s’est déclenchée.

    Concernant la seconde, il me parait assez vraisemblable que des troubles psychiques aigües puissent finir par jouer sur le physiologique, mais à quel niveau, au bout de combien de temps, dans quelles circonstances ? Je suis très très loin d’être le mieux placé pour te répondre, tu sais que cela n’est pas mon champs de compétence.


    Pour résumer la manière dont je vois les choses, je dirais que les « particularités »  dont tu parles pourraient être soit une nouvelle organisation neurologique en formation….Soit, une zone « abimée » , une distorsion du schéma « normal »…..mais toujours induits par la pression de ce qui cause la bipolarité !
    Sans vouloir tenir de position idéologique sur le sujet mais basé sur l’observation, la connaissance de la nature et l’intuition, je dirais que la bipolarité est née d’un trouble psychique dont l’intensité a brisé l’unité de l’être d’une façon atypique.
    Je dis d’une façon atypique car tous les autres troubles destructeurs conduisent à de la dissociation et à de l’aliénation tandis que la bipolarité, elle, est un découplage.
    Le sujet est carrément enchâssé dans un monde binaire qui le domine.

    Bien entendu, tout ceci est spéculatif et je ne demande à personne d’être de mon avis, ce n’est que mon sentiment  par rapport à une question posée dans un domaine qui n’est pas le mien.

    Ceci étant, le fait que je me trompe ou pas sur ce point n’a pas beaucoup d’importance, je n’ai pas le pouvoir d’empêcher ce type de recherche, et même si je l’avais, je ne l’empêcherais pas car il nécessaire savoir !

    Par contre, pour revenir à un domaine qui m’est plus familier,  il me parait important d’attirer ton attention sur l’inconvénient qu’il y aurait  à mettre tous ses espoirs exclusivement dans la médecine et la recherche.
    L’espérance est une grande et belle chose, y compris pour les bipolaires, mais ici et en cette circonstance, elle conduirait à une position attentiste plutôt improductive.
    Pire que cela, elle transformerait l’attente en une sorte de dépendance envers un hypothétique succès médical.
    Je te ferais remarquer qu’en l’espèce, non seulement une telle attente obstinée rajouterait de l’enfermement et de l’impuissance là  où il y en a déjà mais elle deviendrait une véritable caricature d’une bipolarité qui s’autoalimenterait.


    L’espérance dans son aspect « attente de succès médical » y serait calquée sur la phase haute dans la mesure où la solution médicale n’existe pas à ce jour.
    Elle ne procède que d’une réalité purement hypothétique et se pose comme  un lieu où le sujet se projette hors de sa condition, un endroit où sa souffrance pourrait ne pas exister ou être différente……. Tout comme un sujet en phase haute trouve refuge dans le monde immatériel de l’inconscient en cherchant un lieu où sa souffrance pourrait ne pas exister ou être différente.


    A l’inverse, l’aspect « sans espoir de l’attente », la conviction que son destin est définitivement scellé et qu’on ne sortira jamais de cet état parce que justement il n’y a pas de médicaments ou pas de chirurgie qui peuvent aider ;
    La conviction que l’on est sur une pente fatale, aspiré par un trou noir dans lequel  on va disparaître et mourir, lui, se calque sur la phase dépressive.

    Dans ces deux cas, l’attente est prétexte à ….attendre, et justifie que l’on ne fasse rien…..


    Il se trouve que mon travail consiste, au contraire, à faire quelque chose !


    Et c’est pour cette raison que je dis, avec tout le respect dû à la médecine et à la psychiatrie, qu’il est humainement souhaitable de proposer aux bipolaires une perspective plus ambitieuse que la simple attente stabilisée et que s’il est important de mener de vraies recherches médicales sur la bipolarité, il est tout aussi important d’accompagner le sujet  en parallèle avec une vraie psychothérapie.


     


    Réponse à la seconde question à venir... 

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