• TEXTES ET BILLETS D'HUMEUR

     

    Ci dessous

  • PMA étendue

     

    Toute la période durant laquelle se sont déroulés les débats puis le vote sur la loi du mariage pour tous, a pris des allures de psychodrame national.
    Partant de ce constat, nous pouvons tabler que les débats qui aborderont le sujet de la PMA étendue, puis plus tard, celui de la GPA, ne seront probablement pas  beaucoup plus sereins !

    Le point le plus gênant, lorsqu’il est question d’éthiques, c’est que la commission du même nom ne répond pas à toutes les questions.
    Le flou ouvre des failles et les débats finissent par être confisqués par deux camps au militants :
        
    - Le camp de ceux qui s’érigent en gardien d’une morale conforme à une certaine orthodoxie ancestrale, 
    et,
    - Le camp de ceux qui vivent un drame personnel, et qui au nom de leur ressenti estiment qu’aucune limite ne peut être opposée à leur demande.

    Il y a un match tendu entre idéologie et pulsion, avec les politiques dans le rôle de l’arbitre.

    Les trois compères s’imposent et mettent hors-jeu toutes les positions équilibrées tendant à rechercher l’objectivité raisonnable.

    Il nous parait donc utile d’émettre rapidement une opinion avant que les vociférations emplissent tout l’espace médiatique et que la raison soit obligée de se retrancher aux abris.

    Nous souhaiterions ici introduire le point de vue d’un monde que l’on ne consulte jamais, sous prétexte qu’il est silencieux et qu’il ne semble pas être partie prenante.
    Nous parlons pourtant de ce qui est au cœur de la condition humaine, le monde psychique, celui-là même qui n’a d’autre objectif que l’essor du vivant.

    Les trois thèmes qui sont en jeu, lorsqu’on parle de PMA étendue et de GPA sont ceux de la pulsion, de la filiation et de la cohérence. 

    Il convient de préciser que le monde psychique et les processus inconscients figurent le réel à l’état brut, l’objectivité tout nue au moment même ou elle sort du puits.

    Cela veut dire que le psychique est indépendant de toute idéologie.
    Il ne cherche pas à faire du politiquement correct, il ne cherche pas à faire la morale et il cherche encore moins à coller aux canons des pensées dominantes ; 
    Bien que construit avec les briques de l’inconscient collectif, il est fait d’indépendance et de singularité à l’état natif.   

    Commençons par la pulsion, et ce « désir d’enfant » si souvent évoqué.

    Que savons-nous de la pulsion ?

    Il est établi qu’intrinsèquement la pulsion est innocente ;
    cela veut dire qu’elle est naturelle et que le message qu’elle délivre ne peut être évalué par aucune morale collective ni par aucune philosophie.
    Ce message ne peut être que constaté et évalué à l’échelle de l’individu, il est personnel, chacun d’entre nous le reçoit et se détermine vis-à-vis de lui selon ses critères propres. 

    Tant qu’il n’y a pas d’acte, tout reste dans les têtes et dans les cœurs et appartient à chacun.

    Il est également établi que les pulsions sont équivalentes entre elles.

    A titre d’exemple, une pulsion qui porte une image sociale positive, comme le désir d’enfant, est absolument équivalente à une pulsion socialement moins bien vue, telle que la pulsion sexuelle, qui selon certains clichés, se teinte d’une connotation plus ou moins menaçante.  

    Psychiquement parlant, il n’existe aucune hiérarchie de valeur pour les différencier ;
    il n’y a pas de bonnes ni de mauvaises pulsions, ce n’est que la façon dont chacun se détermine par rapport à elles qui peut être évalué en termes de bon ou mauvais, de légal ou d’illégal.

    Lorsqu’on se détermine, nos actes entrent dans le champ de la conscience sociale, et là, ils peuvent alors être légitimement évalués par la morale collective et par la loi.

    D’où vient la pulsion ?

    La pulsion est généralement liée à la chimie du corps, elle agit comme une balise qui nous renseigne de là où nous en sommes sur le cadran de notre horloge biologique.  

    En l’absence de toute pathologie, la pression pulsionnelle influe plus ou moins subtilement sur nos centres d’intérêts.
    De fait, nous devenons enclins à rechercher un environnement social favorable aux rencontres et à la réalisation de nos désirs.

    Si nous restons sur les exemples vus plus haut, la pulsion sexuelle orientera notre socialisation vers des rencontres qui permettront, entre autres, d’avoir une sexualité épanouissante, et le désir d’enfant, orientera, entre autres, notre socialisation vers des personnes pour lesquelles la notion de foyer est importante.

    Qu’est-ce qu’un foyer ?

    L’idée de foyer tourne autour d’un sentiment fondateur, d’un nouveau point de départ dans l’existence.  Il contient l’idée d’une nouvelle origine à partir du sentiment de se sentir en famille avec quelqu’un que l’on a connu à l’extérieur. (Extérieur, par opposition à la famille d’origine connue depuis la naissance).   

    Ces notions existent indépendamment de tous les standards de représentation traditionnels. 
    Les préférences sexuelles n’entrent pas en ligne de compte, tout foyer qui diffuse cet environnement familial, quel que soit sa composition, est légitime par le simple fait qu’il existe, il n’y a aucune exception.  

    Il est à noter que l’avènement non pathologique d’une réalisation dont la pulsion est le ressort, passe toujours par une rencontre.

    Le corolaire est que la réalisation d’un désir impliquant une autre personne, sans qu’il y ait d’échange sensible avec elle, est totalement pathologique et porte nom.

    Le fait de vouloir interférer avec autrui sans qu’il y ait échange sensible s’appelle « la réification de l’autre ». 
    Pour faire simple, l’autre est vu et/ou utilisé comme un simple objet au service de l’assouvissement de sa pulsion. 

    Nous voyons tout de suite de quoi il s’agit lorsque nous parlons de l’assouvissement d’une pulsion sexuelle.
    Passer à l’acte, sexuellement, à sa seule initiative comme si l’autre n’était qu’un objet est objectivement amoral. Le viol et l’abus sont caractérisés et sur le plan légal il s’agit d’un crime.

    Par contre, lorsqu’il est question d’une autre pulsion, celle du désir d’enfant ;
    même quand la dimension de la rencontre est absente,  
    même quand l’individu n’a fondé aucun foyer et veut assouvir son désir sur sa seule volonté, 
    il demeure très difficile de convaincre du fait que nous sommes, là aussi, devant un grave dysfonctionnement qui peut, à bon droit, être vu comme abusif.      

    Pourtant, il est flagrant que dans ce cas-là, la notion de foyer utilise l’enfant comme élément fondateur.

    Que le foyer existe pour l’enfant, on veut bien l’entendre ;

    Mais…., que le foyer existe par l’enfant, psychiquement parlant, ça fait des cours circuits partout !

    En effet, dans un tel schéma, l’enfant devient un membre fondateur du foyer, au même titre que le serait un conjoint, ce qui est une aberration psychique.    

    Lorsqu’un foyer existe PAR l’enfant, au niveau symbolique, c’est comme s’il était son propre père, la maman ayant conçu le foyer avec lui.  

    Malheureusement, le problème ne s’arrête pas là.

    Lorsqu’on est dans cette configuration, la relation parent/enfant se fait happer dans un complexe incestuel qui crée de la confusion à tous les niveaux. 

    Ce sont des confusions qui ne sautent pas tout de suite aux yeux et la mauvaise foi des idéologies peut en nier les effets.

    Cependant, sur le strict plan analytique, sans référence à la morale ou à l’idéologie, lorsqu’une femme célibataire, et soyons bien précis, je ne parle ici que des célibataires pures et dures qui rejettent toute notion de foyer, que ce soit avec avec un homme ou avec une autre femme, veut bénéficier d’une PMA pour constituer une famille faite d’elle et de son enfant, …..
    Tous les voyants de la bonne règle psychique se mettent au rouge !

    Bien sûr, la pulsion a un côté impérieux qui peut donner l’impression d’être irrépressible, mais s’il est demandé à toute personne civilisée de comprendre sa pulsion sexuelle, de l’apprivoiser et de la mettre en perspective avec la réalité  du monde, ce qui peut parfois conduire à s’abstenir, 
    la dignité humaine commande que l’on attende la même chose vis-à-vis de toutes les pulsions, y compris celle qui concerne le désir d’enfant.

    Soyons clair : Une certaine pensée idolâtre semble aujourd’hui vouloir sacraliser la pulsion du désir d’enfant alors qu’elle n’est jamais qu’au même rang que toutes les autres.

    Intéressons nous maintenant au sujet de la filiation.

    Même si l’adoption n’est pas au cœur de notre sujet, on ne peut se passer de l’évoquer dès lors que l’on parle de filiation.

    Nous savons que le monde psychique est capable d’adaptation et qu’il œuvre dans le sens de la croissance et de l’épanouissement.

    Lorsque pour X raison des parents laissent des orphelins, ces derniers doivent trouver des images parentales de substitution pour leur construction.

    Dans l’absolu, c’est parmi les adultes du cercle familial proche que les orphelins peuvent être idéalement recueillis.

    Ces adultes là ne sont pas demandeurs, ils n’ont pas le statut d’adoptants, mais ils s’adaptent au coup du sort qui a fait des orphelins et tiennent leur rôle.

    Dans ce cadre-là, les couples proches, ou à défaut des adultes seuls, grand frère, oncle grand père… ou sœur, tante, grand-mère… peuvent devenir des refuges familiaux très adaptés, même s’ils sont célibataires.

    Lorsque, par contre, il n’existe plus aucune filiation biologique et qu’il est question de chercher au dehors des parents adoptifs, là, les candidats célibataires, homme ou femme, posent problème. 
     
    Même si l’adoption n’est pas la PMA, adopter en tant qu’adulte célibataire recrée le même schéma que vu précédemment avec la création d’un foyer par l’enfant.
    Nous avons déjà vu à quel point une telle situation est intenable.   
      
    Par contre, dès lors que le foyer est déjà constitué la capacité d’adoption s’émancipe des représentations familiales traditionnelles, l’homosexualité ne disqualifie pas un couple pour ce qui est d’accueillir, de protéger et d’éduquer.
    Même au sein d’un couple du même sexe, la psyché de l’enfant saura trouver le vecteur qui le liera à l’archétype maternel et celui qui le liera à l’archétype paternel. 

    Des trois thèmes induits par le sujet de la PMA étendue, celui de la filiation est le plus facile à cerner puisqu’il est universellement acquis que la filiation peut s’émanciper de la lignée biologique et s’inscrire dans une lignée familiale fondée par un foyer.

    Il nous reste maintenant à nous intéresser au thème de la cohérence. 

    L’angle le plus souvent évoqué pour justifier la PMA étendue est qu’au nom de l’égalité des droits, on ne peut pas dire oui à des femmes engagées dans des relations hétéro et non à des femmes engagées dans des relations homosexuelles.

    Sur le plan du droit, l’argument est incontestable, sa logique est implacable et notre sens de l’égalité républicaine nous le fait approuver sans réserve.

    Par contre, sur le plan de l’entendement psychique, c’est une toute autre histoire. 

    La cohérence est un élément fondamental de l’équilibre psychique.

    Tous les ordinateurs du monde affichent des messages d’erreur si dans un programme de calcul on demande la division d’un produit par zéro. 
    C’est incohérent, c’est une opération impossible, ils ne peuvent pas la faire, 

    De la même façon, toutes les psychés du monde entrent en stress foncier lorsqu’on leur demande d’admettre que l’amour de deux femmes entre elles peut être biologiquement féconds.

    Lorsqu’on dit oui, pour la PMA à une femme impliquée dans un foyer hétéro, on donne un coup de main à la nature pour réaliser ce qu’elle aurait dû réaliser s’il n’y avait pas eu un obstacle quelconque.
    La sphère psychique ne s’en trouve pas perturbée puisque tout reste dans l’ordre connu des choses.

    Lorsqu’on dit oui pour la PMA à une femme impliquée dans un foyer ou le sentiment amoureux se réalise auprès d’une autre femme, on met la psyché en face d’une double contradiction, la première vis-à-vis du sentiment amoureux, la seconde vis-à-vis de la cohérence.

    Le sentiment amoureux est mis à mal par une conception qui ne peut pas être due à l’être aimé. 

    La conception vient d’un géniteur extérieur au couple, ce qui jette une ombre sur la sérénité du sentiment amoureux.
    Le sentiment amoureux se trouve hanté par une présence invisible étrangère au foyer, ce qui crée nécessairement et mécaniquement un stress diffus dans la relation.

    Là aussi, les mauvaises fois et les convictions passionnelles peuvent nier ce point parce que ça les arrange de le faire, mais personne de sérieux ne peut occulter la présence et le parasitage du père fantôme dans l’inconscient du couple homosexuel qui a bénéficié d’une PMA.

    La cohérence est aussi mise à mal, la filiation biologique au sein d’une relation qui ne peut pas la permettre soulève interrogation.

    Vouloir obliger l’être à enfanter à partir d’une relation par nature infertile revient à l’obliger à diviser par zéro, à faire quelque chose d’impossible.

    Si les constructions mentales peuvent s’accommoder d’une telle situation et construire des discours idéologiques qui justifient la PMA pour les couples homosexuels, la psyché ne sait pas composer avec l’impossible et les conditions névrotiques se mettent discrètement en place avec la bénédiction de la loi.

    Avec l’extension de la PMA, le législateur pense mettre fin à une injustice alors qu’il participe au trouble sociétal en aidant certaines personnes à fuir leur réalité et à s’émanciper de tout questionnement  philosophique ou moral. 

    C’est un peu comme si, là aussi, la pulsion était un commandement divin devant lequel tout devait se soumettre, quitte à briser la cohérence du psychisme et du sentiment.

    Dans le sujet qui nous intéresse, l’homosexualité fait partie du monde instinctif, l’amour homosexuel fait partie du psychique, la parentalité qui échoit de fait à des individus, à des couples d’individus, qu’ils soient hétéro ou homo fait partie du psychique et de ce qu’il sait appréhender. 

    Par contre, ce que le psychique sait, parce que cela fait partie de sa base de données structurelles, c’est que l’amour homosexuel n’est pas fertile.

    Vouloir imposer au psychique une réalité qui n’est pas la sienne et qui ne devient  possible qu’au travers d’une lourde intervention médicale ou d’une transaction avec un tiers revient à assassiner le sens et à forcer le psychique.

    Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme !
    L’incohérence détruit.
    Au fil du temps, des débris faits d’amertume et rancœur  sédimentent dans le marigot social et finissent par le scléroser.   


    Violences, hystérie, frustrations, superficialité, fuite en avant, égoïsme, irresponsabilité sont la rançon de toutes les incohérences que les sociétés imposent à leur membre.

     

    Les psychanalystes n’iront pas manifester contre la PMA étendue, elle n’est qu’une incohérence qui s’ajoute à toutes celles qui naviguent déjà dans l’inconscient collectif.


    Ils ne sont que les porte-parole du psychique, et comme lui, ils n’imposent rien, ils parlent un temps puis ils se taisent, laissant chacun développer sa pensée personnelle ou se diluer dans le grand n’importe quoi d’une pensée dominante délétère qui élude toute question sur le sens.



     


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  • Il y a des clés à connaître pour comprendre et démanteler ces situations.

    Sur le plan psychique,
     toutes les violences sont phalliques, archétypale et aliénantes. Cela veut dire qu'une violence quelle qu’elle soit; y compris la violence carentielle malgré son apparente passivité, a très exactement les mêmes conséquences psychiques qu’une agression sexuelle factuelle. 

    Sur la caractéristique phallique :

    Si toutes les atteintes sexuelles et toutes les violences n’ont pas le même impact selon qu’elles s’imposent par la force, par la ruse, par la séduction ou par l’injonction, elles ont toutes des traits communs, à commencer par celui d’être imposées.

    C’est le fait de pénétrer un espace physique ou psychique en s’imposant qui caractérise l’aspect phallique de l’acte.
    Peu importe que ce soit à l’aide de coups, à l’aide d’un objet, d’un pénis ou à l’aide d’injonction, nous avons de toute façon à faire, sous une forme ou sous une autre, à une pénétration forcée de notre espace privatif.    

    Sur la caractéristique archétypale :

    Il convient de savoir que de façon tout à fait indépendante, à la fois de notre volonté et de notre pensée consciente, mais exclusivement selon un automatisme logique, le simple fait que nous soyons des êtres mortels qui ne connaissent pas l’heure de leur mort, nous subordonne à une autorité archétypale.

    Attendu que la nature ne tolère pas le vide, pas plus le vide physique que psychique ou que philosophique, le fait de ne pas contrôler la survenue de ce dernier moment, bien que nous ayons la certitude qu’il va survenir, induit automatiquement, selon la logique psychique, le sentiment que quelque part, ailleurs, hors de nous-même, ou en tout cas hors de portée de notre conscience, quelqu’un sait.  

    Quelqu’un d’autre que nous, peut-être aussi nous, mais autre que tel que nous nous connaissons, sait ce que notre conscience ignore.
    Et, parce que ce quelqu’un sait ce que nous ignorons concernant la poursuite ou pas de notre vie, et que d’une certaine façon  il tient notre vie entre ses mains, il est auréolé d’une supériorité hiérarchique que le psychisme reconnait et respecte.
    Cette instance supérieure douée d’un savoir que nous n’avons pas génère une influence, un courant, une pression, un flux, face auquel nous devons nous déterminer.
    En d’autres termes cette instance est de nature archétypale et il ne s’agit ici de rien d’autre qu’un des aspects de l’archétype paternel.   

    Même si nous refusons cette allégation de toutes nos forces au nom de notre dignité libertaire qui ne veut ni Dieu ni Maître, même si elle révulse notre fond laïque républicain, qu’il se carapace d’athéisme ou pas, cette réalité est un pilier inamovible du psychisme.
    Comprenez bien que nous ne parlons pas d’une réalité objective.
    Je ne sais pas si quelqu’un quelque part tient notre vie entre ses mains, ce que je dis c’est que le psychisme fonctionne comme s’il s’agissait pour lui d’une réalité flagrante et qu’il s’organise autour de cette réalité.
    Et, parce que le psychisme est ce qu’il est, nous n’avons pas d’autre choix que de composer avec lui puisque nous ne maîtrisons pas la mise en place de ses structures.
    C’est cette particularité psychique liée à la hiérarchie du savoir et à la propension naturelle au respect envers celui qui sait, que les malveillants connaissent, puis  détournent et manipulent en vue d'asseoir une position d’autorité sur leurs victimes.

    Le jargon psychanalytique utilise justement le terme de "sachant" pour qualifier le pervers qui met en œuvre une emprise psychologique sur autrui au moyen d’une prétendue connaissance irréfutable puisque inspirée, voire sacrée.  
       

    Sur la caractéristique aliénante :    

     

    On peut parler d’aliénation chez un sujet lorsqu’il interrompt ou dévie de sa trajectoire personnelle sous l’influence d’une pensée étrangère à lui.
    Nous ne parlons pas ici d’une adaptation à un milieu qui change, ni d’un conseil ou d’une suggestion que le sujet évaluera et suivra ou pas, nous parlons d’une pensée étrangère qui ne laisse pas le choix, qui s’impose et induit un tempérament, une manière d’être et une manière de penser qui ne correspondent ni à la nature du sujet ni à ce qu’il aurait fait ou pensé s’il n’avait pas été sous influence.  
     
    Nous parlons clairement ici d’une emprise, d’une prise de contrôle, l’aliénation c’est ça, et peu importe que l’emprise soit la conséquence d’un autoritarisme assumé ou d’une carence qui la délègue à autrui, le résultat est que le sujet passe à côté de sa vie aussi longtemps qu’il ne se révolte pas contre ceux qui s’ingénient à le rendre malheureux.


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  • Suite aux événements de la nuit de Noël à Ajaccio, une foule en colère s’en est pris à la population du quartier ou s’était produite l’attaque contre les pompiers.

    La foule reprochait à ces habitants d’être des agresseurs, des arabes, des musulmans.    

    Pour faire bonne mesure, les manifestants ont dévasté une mosquée, ce qui a constitué le point d’orgue de la violence physique.

    A ce stade, si nous mettions en parallèle une attaque de pompiers avec les enjeux qui secouent le monde, nous pourrions convenir qu’il y a une dramatisation disproportionnée pour des incidents relativement communs.

    Il s’en produit tous les jours en Europe et il n’y a peut-être pas besoin de faire toute une analyse psychologique là-dessus…

    Quoique !

    A Ajaccio, nous avons assisté à une première fois.

    Tous ces incidents ont tous commencé par une première fois, timide et maladroite, puis ils sont montés crescendo en puissance et en sophistication.

    Ils font tellement partie des choses établies qu’on ne se souvient déjà plus très bien ni ou, ni quand, ni en quelles circonstances ils ont commencés.

    Du coup, il est extrêmement rare de voir un tel phénomène apparaître pour la première fois,  et il est extrêmement intéressant de pouvoir l’analyser dans son état natif.   

    De plus, il suffit de constater la réaction des habitants d’Ajaccio, sans parler de l’émoi national, pour constater que nous touchons à un sujet universel et sensible.

    On ne peut pas tout mettre sur le tempérament Corse, les enjeux sont beaucoup plus profonds et beaucoup plus fondamentaux qu’une simple poussée de fièvre sociale dans une ville réputée paisible sur ce plan là.

    Il convient maintenant de poser ceci : Il arrive que l’on puisse être gêné par la lecture psychanalytique d’un évènement, dans la mesure où cette vision, parfois,  peut sembler amorale.

    Il est certain que l’angle selon lequel la psyché contemple un sujet n’est pas toujours politiquement correct, mais, cela ne signifie pourtant pas qu’il soit amoral.

    Nous devrions plutôt parler d’un point de vue naturel, totalement émancipé de contingences diplomatiques, et il est logique qu’il en soit ainsi puisque ce qui est en jeu, c’est la façon dont notre moi profond analyse en première instance une situation objective.

    Notre détermination première est instinctive.

    Nous ne nous déterminons pas en première instance en tant qu’être social, mais en tant qu’être vivant qui veut le rester et qui compte exclusivement sur lui pour ça.

    Ce temps instinctif est très court, il n’est contenu que dans une fraction de seconde, mais il constitue le noyau de notre conviction. 

    Après, bien sûr, nous réglons notre attitude sur le sentiment général, mais même ainsi, nous ne censurons nos sentiments les plus primaires et recommençons à fonctionner en être social, altruiste, que dans un second temps.

    De fait, la toute première question réflexe  que l’on se pose face à un événement  n’est pas :
    <<qu’est-ce que les autres attendent de moi en ces circonstances ?>>
    Ou :
    <<Que dois-je penser pour être en phase avec le sentiment général et continuer à être socialement intégré ?>>

    La toute première question réflexe  est :

    <<Quel impact cet événement a-t-il sur moi, comment dois-je le comprendre et quelle conclusion dois-je en tirer pour le meilleur de mes intérêts ?>>

    La fonction qui nous fournit cette première analyse brute, instinctive et réflexe à partir de laquelle se détermine notre sentiment intérieur s’appelle l’intuition.

    Avant d’aller plus loin, la bonne pratique analytique nous conduit à observer un fait significatif des événements d’Ajaccio:

    Au cours de cette manifestation de colère spontanée, il y a eu des situations d’affrontement potentiel avec les habitants du quartier.

    Certains manifestants voulaient entrer dans les immeubles et en découdre, ou,  exfiltrer manu militari les responsables présumés pour leur faire un sort, mais d’autres les en ont dissuadé.

    Il n’y avait pas consensus, toute la foule ne voyait pas les habitants comme la cible utile de leur indignation.

    Là où il y a eu consensus, ce fut pour la dégradation de la mosquée.

    Là, oui, cette dégradation avait quelque chose de cathartique.

    Pour les manifestants, les choses prenaient tout leur sens et chacun se sentait  apaisé par cet acte ressenti comme un fait de justice.

    Traditionnellement, lorsqu’il touche  un groupe important de personnes, ce sentiment instinctif qui permet d’être renseigné sur un sujet à partir d’une simple base intuitive est appelé " La sagesse populaire".

    On pourrait s'insurger et en dire: C’est totalement irrationnel, on ne peut absolument pas reconnaître et donner droit à ce type d’intuitions, regardez le résultat : des insultes, du racisme, de la destruction…. Ce n’est pas de la sagesse populaire, c’est de la folie populaire !

    En tant que psychanalyste, nous nous devons de préciser les choses :

    -       Oui, le contact soudain et abrupt avec l’inconscient peut troubler le discernement et conduire à des actes insensés et détestables……Mais, ce n’est pas pour autant que le message, lui, ne serait pas intéressant et vrai.

    Cette assertion peut sembler troublante, mais considérez ceci :
    Lorsque des contenus inconscients impactent directement et brutalement la conscience ils changent de milieu sans transition.
    Il se crée de fait une réfraction et les choses ne sont plus vues comme elles sont.
    Ce qu’on voit est vrai, mais on ne le voit pas de la bonne  façon.

    Soyons plus concret : Tout le monde a fait l’expérience de tenir un objet droit, un bâton par exemple, et de le tremper à moitié dans l’eau.
    A l’œil, le bâton parait brisé en deux, mais bien sûr, il ne l’est pas, ce qu’on voit, n’est pas ce qui est, c’est la réfraction qui donne une fausse impression.

    De la même façon, dans les circonstances d’intuition directes, ce qui est dit par l’inconscient n’est pas entendu comme il le faudrait par le conscient, mais ce n’est pas pour autant que ce qui est dit est faux.

    Figurativement parlant, on pourrait considérer que l’inconscient contient des messages utiles, mais, qu’il agit comme un alcool fort sur la conscience lorsqu’il les délivre.

    Recevoir un message intuitif direct, c’est un peu comme recevoir un papyrus dans un cruchon de vodka, on ne peut accéder au message qu’après avoir englouti tout l’alcool.

    En d’autres terme : Lorsque les manifestants insultent,  menacent et cassent, ce sont des actes d’ivrognes, c’est l’effet de la vodka…..

    Mais avoir compris qu’à la base, l’agression des pompiers un soir de Noël relève du champ religieux, ça, c’est avoir reçu le bon message du papyrus.

    Il y a un autre point qui mérite d’être souligné concernant la puissance significative des intuitions premières :

    Ceux qui ont  agressé les pompiers n’ont pas crié de slogans pour se faire reconnaître comme musulmans et les personnes agressées ont juste témoigné du fait qu’elles avaient été confrontées à des jeunes du quartier. 

    Certes, les manifestants en colère savaient que les jeunes du quartier étaient pour la plupart arabes, mais ça restait insuffisant pour faire le lien avec la mosquée.

    Le fait d’être arabe n’est pas systématiquement associé au statut de musulman, on peut être arabe, libre penseur et concevoir la vie autrement qu’en se référant à l’islam.

    Pour autant, les manifestants ont spontanément associé ces deux statuts.

    Or, il n’y a que deux raisons qui font que l’on se rende avec autant d’immédiateté à de telles certitudes :

    Soit la réflexion intelligente  a été rendue inopérante par le poids d’apriori débilitant, et dans ce cas, les pensées sont mécaniquement aspirées, sans censure ni filtre,  vers une pente idéologique.
    Cette propension à l’idéologie est de nature destructrice, elle agresse le vivant et finit par s’extérioriser sous forme de violences multiformes envers autrui. ….

    Soit, il existe en chacun de nous un savoir intuitif inébranlable sur lequel il se fonde mordicus. 

    Une fois que l’on a vu ça, les choses se simplifient.

    En effet, pour nous déterminer en conscience par rapport à ces événements nous n’avons plus qu’à sonder deux hypothèses :

    1)    Soit la foule des manifestants fait ces raccourcis et amalgames parce qu’elle est constituée d’individus résolument xénophobes et racistes.
    Leur violente dangerosité entre en résonance avec les heures les plus sombres du fascisme et il faut absolument dénoncer et poursuivre ces groupes pétris de stéréotypes qui ne sécrètent que du venin…..  

    2)    Soit, la foule a dérapé inconsidérément par un excès d’émotivité et de colère, ce dont elle doit rendre compte devant la loi le cas échéant, mais, parallèlement à ça, elle dispose de données suffisamment établies sur lesquelles elle peut légitimement fonder sa conviction.
    Cette conviction accuse certains musulmans d’avoir commis une agression au nom d’une certaine vision de l’islam, ce qui en fait définitivement une affaire religieuse, une atteinte à la laïcité qu’il est indispensable de dénoncer et de poursuivre avec la même vigueur que lorsqu’on dénonce et poursuit le fascisme, le racisme et la xénophobie.

    Il convient donc  de décrypter les événements de la nuit de Noël.

    Nous devons chercher à savoir si des islamistes ont voulu créer un précédent à Ajaccio, ou si des gamins farceurs ont juste poussé le bouchon un peu trop loin.

    Nous pouvons mener notre analyse à partir des acquis dont nous disposons.

    Il est acquis que les actes de simple incivilité ne contiennent pas de messages collectifs.
    Les incivilités sont l’extériorisation d’un état intérieur, elles ne s’expriment que lorsqu’un individu ou un groupe d’individu  est en phase d’excitation ou de crise.

    Un tel état est imprédictible dans la mesure où c’est le vécu récent qui est le principal déterminant des dispositions émotives de ces sujets.

    Or, nous savons, par les premiers éléments de l’enquête, que l’attaque avait été préméditée, que des objets inflammables tels que des palettes avaient été stockés dans le quartier comme préparatif à l’incident.

    La préméditation permet d’éliminer en partie l’hypothèse d’une banale crise de groupe puisqu’elle ne cadre pas avec l’imprédictibilité d’une délinquance d’humeur.

    En partie seulement car à côté de l’incivilité d’humeur il existe la possibilité d’un rébellion  d’adolescents envers des adultes qui se serait symboliquement projetée vers l’extérieur en s’attaquant à des instances sociales structurantes ( Pompiers ) et d’autorité ( police ).    

    Ceci étant, une telle crise  se déclare à n’importe qu’elle date plutôt qu’à une date symbolique comme le 24 décembre, même si elle peut aussi se produire un 24 décembre par pure coïncidence, mais il n’y a qu’une chance sur 365 pour que ce soit le cas.

    Sur ce sujet, nous savons aussi que les conflits de rancunes entre générations, qu’ils restent dans le domaine privé ou qu’ils soient projetés sur des figures symboliques extérieures, fonctionnent par cycles.
    Ils sont constitués de phases de montée en pression, qui sont les prémices d’une crise à venir, et de phases de paroxysme qui sont l’expression de la crise elle-même.

    Or, nous savons qu’il n’y a eu aucun événement précurseur qui aurait pu donner à penser qu’un feu était en train de couver.
    Nous sommes directement passés d’une situation calme  à une attaque violente qui a fait des blessés sans aucun signe avant-coureur.

    Cet ensemble de données nous permet d’établir que nous sommes en face d’un incident qui a été réfléchit et mis en œuvre avec l’intention de transmettre un message.

    Maintenant, jouons encore un peu les naïfs, et posons-nous la question : Ce message est-il islamiste ou est-il social ?

    A partir du moment où les auteurs décident de lancer un message, ils veulent qu’il ait le plus d’audience et d’impact possible, d’où le choix de s’en prendre à des symboles au niveau de la cible et au niveau de la date.

    Commençons par le choix de la date et prenons deux exemples imaginaires pour bien illustrer le sens que peut avoir une date choisie pour ce qu’elle représente symboliquement :

    Si les troubles s’étaient volontairement déclenchés le premier mai ou en conjonction avec d’autres dates d’actions syndicales, on aurait pu imaginer un message de dépit par rapport à une situation économique qui causait des problèmes ;

    S’ils s’étaient déclenchés le 14 juillet, on aurait pu imaginer de la défiance envers une république qui ne répartissait pas la liberté l’égalité et la fraternité à juste parts envers tout le monde….

    Le fait de déclencher les troubles le soir de la fête chrétienne par excellence  a pour conséquence de priver une société entière de son intime et peut être unique moment de paix et d’unité de l’année. 

    Avec Noël, nous parlons bien de la racine fondatrice d’une culture.
    Il s’agit d’une valeur abstraite mais quand même significative, au point que l’on peut, allégoriquement, parler d’âme culturelle, ce qui nous ramène, même allégoriquement parlant, à une notion de sacré.

    Cette teinte de sacré, lorsqu’elle irradie au sein d’une mosaïque nationale laïque, et qu’elle parvient à créer une même osmose entre croyants et mécréants, on peut à bon droit l’appeler une religion, dans ce sens où elle fait l’unité en reliant les gens.

    Ce n’est pas une religion classique, c’est plutôt un climat, c’est la France d’aujourd’hui avec ses limites et ses fractures, mais ce climat fait qu’un peuple vibre à l’unisson, dans une certaine euphorie communicatrice, le temps d’une soirée.

    Ce qui est attaqué le 24 décembre, c’est à la fois la chrétienté traditionnelle et l’humanisme unificateur français.

    Selon la loi des affinités et des prééminences, cette voix qui contredit le droit à l’existence de ces deux religions, ne peut être que la voix d’une autre religion, une religion concurrente qui veut parler plus fort que les autres, qui se veut exclusive et qui entends effacer tout ce qui n’est pas elle.

    Voilà que nous venons d’établir qu’il ne s’agissait donc pas d’un message social mais bien d’un message religieux de défi, même s’il n’apparait ici qu’à son stade embryonnaire, n’oublions pas que nous en sommes à la toute première fois ; mais peut-on pour autant parler d’islamisme ?

    Ce qui agace les savants coraniques, c’est que dans le mot islamisme il y a le préfixe islam.
    Ils ne tiennent absolument pas à ce que leur religion soit associée à un prosélytisme agressif ou à une violence antisociale, voire meurtrière…..

    Pour nous convaincre, ils nous expliquent avec véhémence que l’islam ce n’est pas ça, mais alors vraiment pas ça du tout, et qu’au contraire leur religion est un monde de paix, de tolérance et de respect……

    A priori, nous n’avons aucune raison de ne pas les croire.

    Du coup, nous voilà perplexe ! Ce serait donc une religion non identifiée qui serait passée à l’attaque le soir de Noël ? 
    Si nous comprenons bien, il s’agirait d’une religion qui détournerait et usurperait les codes de l’islam, une sorte de religion "ombre" de l’islam.

    Soit !

    En psychanalyse, l’ombre n’apparaît jamais de façon isolée, elle est toujours liée à la personne dont elle émane.
    C’est l’étendue et la qualité de la conscience qui fait que l’ombre puisse tendre à devenir autonome et menaçante ou bien rester circonscrite et stimulante.

    De fait, la position des savants traditionnels de l’islam est assez difficile à tenir lorsqu’ils nous déclarent la main sur le cœur que les djihadistes n’ont absolument rien à voir avec eux, mais alors, vraiment rien de rien…..

    Nous aurions un peu tendance à penser  qu’ils sont dans le déni et l’évitement, mais faisons leur crédit et disons qu’une religion ne puisse pas être regardée comme un regarde une personne ou un groupe social non religieux.

    Quoique il en soit,  quel que soit le nom qu’on lui donne ou qu’on lui refuse, ce dont nous devons prendre acte, c’est que nous sommes objectivement en face d’une mystique prosélyte, sure de sa force, qui se découvre et passe à l’action.

    Nous savons qu’elle est sure de sa force parce qu’elle attaque frontalement les symboles de l’état et les symboles de la religion  "autochtone".
    Attaquer frontalement cela signifie que l’on est pénétré de la certitude de vaincre.

    Attaquer frontalement c’est ne rien laisser en réserve, c’est être dans le tout ou rien, c’est la certitude de vaincre totalement et irrémédiablement sans laisser aucune place à l’autre.

    D’une certaine façon c’est une manière de contraindre le destin à accoucher d’un moment de vérité, ou plus exactement de contraindre le destin à entériner la vérité que nous voulons.   

    C’est au travers de cette volonté que la stratégie de ces sectateurs d’un nouveau type devient flagrante.

    Attendu que sur le terrain des religions ils sont certains de leur suprématie, le seul obstacle à leur consécration est la laïcité.

    Vous avez bien lu, nous n’avons pas dit l’état, nous avons dit la laïcité.

    L’état est constitué d’hommes et d’appareils politiques, or, ces hommes et ces appareils d’essence démocrate et républicaine vont  déjà chercher une part du financement  de leurs campagnes électorales dans les monarchies religieuses du golfe persique.

    Alors que ces monarchies se livrent à des exécutions à la chaîne et exposes leurs œuvres devant leur population, ces hommes et ces appareils d’état qui représentent le pays des droits de l’homme ne réagissent que d’un froncement de sourcils contrit. 

    Définitivement, les sectateurs de cette mystique, ombre de l’islam, savent que les hommes politiques peuvent se corrompre ou à défaut, s’accommoder d’idéologies assez diverses du moment qu’elles leur garantissent la position de pouvoir à laquelle ils aspirent.
    Ils savent que même dans une société moderne et occidentale, ils trouveront toujours des politiciens divers et efficaces, pour collaborer avec eux et faire accepter leurs valeurs……

    De fait, si les hommes et les appareils ne sont pas en eux même un rempart au déferlement de l’emprise de cette mystique "ombre de l’islam", les principes républicains inspirés par les lumières, eux, le sont, et c’est pour cette raison que les sectateurs activistes s’en prennent aux bases même des structures de la république, celles qui sont directement au contact de la population.

    Si les structures de force, de sécurité et de coordination d’une société peuvent être humiliées et présentées comme impuissantes et vulnérables, le sentiment d’insécurité s’installe,  la défiance envers les édiles s’installe, la société se délite jusqu’à ce qu’un certain fatalisme résigné s’empare des mentalités et les prépare aux multiples résignations.

    L’emprise idéologique devient alors un jeu d’enfant, un aboutissement naturel qui finalement satisfait tout le monde puisque là où il n’y a plus de résistance, il n’y a plus de conflit……

    De manière à ne surtout pas en arriver là, nous voudrions rappeler une campagne télévisée qui passait sur les écrans des grandes chaines TV il y a quelques mois de cela.
    Il s’agissait d’inciter les français à faire des tests de dépistage pour le cancer du côlon.

    Le message consistait à dire que même une maladie puissamment létale comme le cancer du côlon pouvait se guérir dans 9 cas sur 10 lorsqu’elle était dépistée à temps.

    Plus largement exprimé, le message était : Rien ne doit nous effrayer ni nous démoraliser dès lors que nous sommes capables de faire le bon diagnostic et de prendre de bonne heure les mesures appropriées.

    Ce qui est vrai pour le cancer du côlon l’est également pour les idéologies mortifères, quelque soit la puissance de fascination que leurs mystiques inspirent

    Il n’est pas douteux que les principes des lumières et les valeurs culturelles, soient des outils efficaces pour indiquer aux enfants de la république la manière de trouver librement le chemin de leur épanouissement personnel……

    A condition de ne pas faire d’erreur de diagnostic et à condition de ne pas faire l’autruche lorsque l’analyse du réel dérange et contrarie notre vision un peu trop illusoire du monde.

    C’est donc du courage de verbaliser le réel dont il est question ici.

    En corse comme ailleurs, Il est encore largement temps de reprendre les choses en douceur et d’apporter de l’éducation là où il faut, encore et encore, avec toute la patience qui convient…..

    Mais on n’a plus le droit de ne pas vouloir regarder la réalité en face ni d’accepter la mauvaise foi et l’indignité comme une façon admissible de faire de la politique ou de l’information…..

    On n’a plus le droit d’être indulgent envers des responsables qui se cachent sans cesse, il ne peut pas y avoir des zones de non droit mystique ou idéologique à partir desquelles un système meurtrier se déploie.    

    Il est impérieux de briser les deux certitudes qui habitent les sectateurs de cette religion ombre de l’islam.

    Ils ont la certitude que les occidentaux sont des gringos qui ne connaissent pas la  réalité humaine, qu’ils peuvent être aisément trompés, et que le fait de simuler et dissimuler pour mieux les trahir est un acte pieu.

    Ils ont la certitude d’avoir quelque chose de magique en eux qui leur confère un certain pouvoir d’invisibilité, un peu comme si leurs intentions ne pouvaient pas être captées et comprises par les gringos.

    Ces deux certitudes sont deux fausses idées.

    Le diagnostic est fait, ils n’ont rien de magique, et la conscience les arrête, par le verbe et par la loi.      


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    Selon la conception Junguienne, la psyché serait autant un véhicule qu’un lieu de manifestation, c'est-à-dire qu’elle serait à la fois le faisceau projeté et l’écran révélateur du contenu.

    Dans ce cadre, la parfaite loi des causes et des conséquences nous semble être un outil adéquat pour tenter de bien comprendre la tragédie de Charlie Hebdo.

    Il nous parait correct de poser que lorsqu’un évènement est causé par des actes dont la justification est un contentieux intellectuel entre groupes personnes, les conséquences, sont des entremêlements de destins tels qu’une loi traditionnelle ancienne en tisse les schémas. 

    Dès lors, puisqu’il ne s’agit pas de victimes choisies au hasard mais bien de sujets ciblés par rapport à la liberté de pensée qu’ils incarnent, on ne peut pas s’empêcher d’envisager que cette issue paroxysmique entre mécréants assumés et djihadistes radicaux, aurait déjà pu avoir été forgée de longue date dans les matrices de l’histoire.

    On ne peut pas s’empêcher de penser qu’une même racine du genre humain aurait pu conduire à l’émanation de compères  ennemis et à leur affrontement fatal en dernière logique.

    Indiscutablement, ces deux visions du monde se contredisent et se font ombre.

    Or, une vérité est universelle ou n’est pas, et lorsque deux idéologies opposées revendiquent un statut universaliste, il y en a forcément une de trop.

    Vu de notre fenêtre, nous pourrions même dire qu’il y en a deux de trop puisque nous savons que l’universalité unit les contraires et transcende le vivant sans jamais rien exclure de ce qui est.

    Vouloir être universel en excluant, c’est de la triche et du raccourci.
    Plus précisément, c’est de la limite intellectuelle, de la limite sensible et de limite philosophique. En un mot, c’est d’immaturité dont il s’agit.


    Force est de constater que nos deux familles de chercheurs de vérité ont basculé dans la combine, dans la triche et dans les expédients et qu’une dimension humaine fondamentale leur manque sans que cela ne le gêne beaucoup.

    En effet, pour en arriver à tout prix à leurs fins et bien faire coller la réalité du vaste monde à leur petite réalité idéologique privée, chacun accepte l’idée d’en arriver à être hégémoniques et destructeur.

    Commençons par les djihadistes :

    Les djihadistes radicaux sont des tricheurs parce que pour faire valoir leur point, ils importent dans le monde matériel, de manière littérale et concrète, des éléments figuratifs issus de l’intériorité  archétypale, auxquels ils donnent abusivement matérialité et sens raisonnable. 

    Le problème n’est pas d’accorder de la richesse ou pas à l’intériorité telle que la voie musulmane la conçoit, le problème – la triche – c’est de brusquer cette intériorité de nature mythique, éternelle, infinie, pour en déloger des fragments et les exhiber  hors contexte, dans le monde physique, ce qui induit nécessairement confusion et perte de sens.

    La triche c’est de faire passer pour explicite et objectif ce qui est symbolique et figuratif, la triche c’est de mettre sur le même plan ce qui est intérieur et ce qui est extérieur, ce qui est personnel et ce qui est collectif, ce qui est psychique et ce qui est matériel.

    Cet ailleurs, ce hors contexte où ces fragments d’intériorité sont exhibés, c’est notre  monde quotidien, ordinaire, visible, structuré par la matière, par l’actualité et par le temps, un monde différent de l’intériorité mythique et inadapté à ses contenus dissolvants surgis de l’inconscient comme des diables d’une boite.

    Les outils de la raison et de la conscience ordinaire ne sont pas faits et ne seront jamais faits pour être directement au contact des archétypes.

    Un contenu psychique est fidèle à lui-même.
    Lorsqu’il est archétypal il est irradiant, fascinant.

    Lorsque ces contenus débordent naturellement sur la conscience, comme dans le cas du délire par exemple, même si le phénomène est étrange et déroutant pour ceux qui en sont témoins, il reste gérable par la raison car nous pouvons rationnaliser la chose en disant « c’est quelqu’un de malade, ce n’est que du délire et je ne me sens pas impacté par ce qu’il dit ou ce qu’il fait. »

    Par contre, lorsqu’en dehors de toute régression maladive et involontaire, ces contenus inconscient sont, au contraire, introduits volontairement et en conscience dans le monde quotidien, les témoins du phénomène n’ont pas le temps de comprendre ou de rationaliser, l’impact est frontal, et ce contact direct et violent à l’archétypal génère de l’hébétude, de la fascination, il aspire littéralement comme par magie les consciences fragiles dans cette fausse réalité hallucinante et exalté.

    Cette propriété psychique n’a pas échappé aux djihadistes qui l’utilisent et en tirent le profit maximum.

    Ils savent qu’en important, et en incarnant le monde archétypal, ils lui donnent prise et pouvoir sur le monde rationnel, pouvoir qu’ils utilisent pour impressionner, déboussoler et manipuler les âmes mal ancrés dans le réel jusqu’à enfin les enrôler irrémédiablement dans les fantasmes de leur chaos mental et dans leurs actions meurtrières dans le monde.

    C’est en cela que consiste une partie de leur tricherie.   

    L’autre aspect de leur tricherie consiste à installer durablement le monde mythique dans l’espace réservé au monde matériel, à le fixer, puis à normaliser cette présence en ce lieu qui n’est pas le sien.

    Ils agressent abusivement un espace objectif et l’envahissent avec des réalités qui lui sont nuisibles, d’où de très graves dissonances dans les deux mondes et entre eux.

    Cela crée une dissonance dans le monde de l’intériorité qui n’a de réalité utile que lorsqu’il reste enfouis, et qui dysfonctionne dès lors qu’on l’ampute d’une partie de lui-même….

    Cela crée aussi une dissonance dans le monde matériel qui dysfonctionne dès lors qu’un  corps  étranger déraisonnable et chaotique l’envahit et menace sa réalité objective…..

    Cette double dissonance  affecte durablement le moral des sociétés modernes et mine la capacité de chaque individu à être objectif et tolérant.

    Bien  sûr, la raison, et la solidité mature des personnes d’expérience peuvent  préserver la société des conséquences de ces manœuvres manipulatrices.

    Le plus grand nombre a encore suffisamment de force instinctive et de culture pour garder de la distance s’en défendre.

    Pour autant, les djihadistes littéraux ont une stratégie qui leur assure un maximum d’impact sur les êtres délaissés et dans l’errance…..Mais très curieusement et très paradoxalement cette stratégie piège aussi les responsables gouvernementaux sensés pourtant être l’élite lucide de la nation.

    Les djihadistes savent créer autour de leurs actes, un sanctuaire idéologique, un monde inapprochable par la raison et inattaquable par la pensée.

    Ils ont trouvé le truc pour gagner le jackpot à tous les coups, ils utilisent un mot qui paralyse le bon sens commun et tient toute pensée critique à distance, il s’agit du mot « sacré ».

    Dès que le mot sacré est avancé, presque plus personne ne s’autorise à s’immiscer et encore moins à contredire.

    Or, de la manière intellectuellement malhonnête dont ils l’utilisent, le terme « sacré » ne désigne bien évidemment plus rien de sacré.
    Le terme « sacré » devient juste un masque pour couvrir le mot « prosélytisme ».

    Dans cette configuration, le terme sacré sécrète une carapace faite de tabou derrière laquelle s’épanouit un prosélytisme  bien à l’abri de toute investigation interpellatrice.

    Ces conditions permettent le développement d’une idéologie toxique bien protégée par les propres lois de cette société.

    C’est la parfaite illustration de l’expression « couver un nid de vipères en son sein ».

    Dans ce contexte de paralysie de l’intelligence sociale et de l’action politique, les nihilistes disposent de leur côté d’un espace médiatique inespéré puisqu’il n’y a quasiment plus qu’eux qui parlent haut et qui contestent frontalement le jihad littéral.

    Voyons donc comment de leur côté comment nos Charlie’s mettent en œuvre leur tricherie !

    La caricature s’appuie sur trois leviers : La perspicacité, le raccourcit et l’accentuation.

    A la base, la caricature est comme l’art du chansonnier, elle est un jeu, une comédie, c’est du théâtre.
    Le jeu peut être caustique et la parodie cruelle, mais  tant qu’il n’y a que du raccourcit et de l’accentuation, il n’y a jamais de doute, chacun sait que le caricaturiste anime une figure et que ce qu’il lui fait dire  reste une vérité de ventriloque, travestie, déformée, moquée, on reste dans le divertissement.

    Tout cela peut être très vexant, parfois choquant, mais cela ne trompe personne et chacun reste très distinctement à sa place, personne n’est manipulé contre son grès, chacun a le droit de rire ou pas, d’apprécier ou pas, et surtout de faire la part des choses entre la vérité parodiée par le caricaturiste et la vérité exprimée publiquement et dans son contexte par le caricaturé…

    La ou les choses deviennent inquiétantes et n’ont plus rien d’inoffensif, c’est lorsque la caricature perds sa perspicacité et que ses principes s’en trouvent modifiés.
    Elle finit alors par se prendre au sérieux en revendiquant un statut de vérité officielle.

    Il ne s’agit plus ici d’éclairer les choses sous un certain angle pour amuser la galerie ou pour stimuler la réflexion et la critique des esprits libres, il s’agit d’ériger la caricature en dogme fondateur d’une philosophie indiscutable, jusqu’à voir émerger un sacré d’une nouvelle sorte, celui d’un nihilisme devenu inamendable.  

    Nous avons dit que la caricature amusante qui ne leurrait personne était faite de raccourcit et d’accentuation.

    Maintenant, voici le processus qui transforme  les docteurs Jeckyll du dessin en Mister Hyde inspirateur de haine :  Ils utilisent une formule magique, ils remplacent, sans le dire,  le mot accentuation pas le mot exclusion.

    Ça n’a l’air de rien, mais pourtant ça change tout.
    C’est par cette nuance  que la caricature perds son sens du jeu et tends à devenir assassine.

    La caricature consiste maintenant à choisir un aspect et un seul d’un personnage ou d’une situation complexe, à ne garder que cet aspect et à exclure tous les autres alors que bien sûr, ils en sont  des composantes constitutives nécessaires et indissociables.

    Une fois ces composantes exclues, l’image du personnage ou de la situation caricaturée change d’identité, elle n’est plus elle-même et subit l’emprise du caricaturiste qui en fait sa possession.

    Nous comprenons bien qu’à partir d’ici nous avons changé de dimension, il n’est plus question d’amusement mais bien de toute-puissance portée sur un sujet, non plus pour l’accentuer et en rire, mais bien pour le vider de ce qu’il est et le remplir de ce qu’il n’est pas.

    En d’autre termes, le sujet caricaturé devient le support des projections névrotiques du caricaturiste, ce dernier y exerce la même toute puissance malsaine que celle des djihadistes dans leur domaine.

    Pour aller jusqu’au bout de la combine et être parfaitement efficaces, nos tricheurs rajoutent au dispositif un élément supplémentaire qui s’appelle la fixation.

    Cette fixation est obtenue en se perchant sur le principe de la liberté d’expression et en prenant la posture de ses défenseurs.

    L’aura de liberté dont le caricaturiste se pare rend sa parole indiscutable, inattaquable et tout aussi fondatrice du réel que celle  contenus  dans les divers textes religieux.

    Ce que dit un dessinateur  se trouve sur le même pied d’égalité que ce que disent les divers textes prêtés à Dieu et aux divers prophètes….On a beau se savoir simple mortel et se sentir cool et modeste, c’est quand même quelque chose.
    Etre en une telle compagnie et être en situation d’égal de Dieu comporte le risque d’une perte de lucidité.

    C’est justement parce que nos caricaturistes revendiquent les mêmes privilèges que les Jihadistes, à savoir la sacralisation de leur parole que cette dernière devient fixatrice de vérité.

    Oui, le sacré fixe la parole dans le réel, c’est pour ça qu’il est tant recherché.

    Si la parole est sacrée, elle a un pouvoir fixateur constructeur du réel, c’est une sorte d’officialisation.

    Celui dont la parole est sacrée a la capacité de construire le réel ; Or, pouvoir construire le réel et convertir toute l’humanité à sa vision personnelle du monde, c’est le Saint Graal de tous les névrosés de la terre !

    Pour en revenir à nos Charlie’s, le principe de leur caricature redevient triple et se formule comme suit : Raccourcit, exclusion ET  fixation.


    Il n’y a plus de mouvement dans leur expression dès lors qu’il n’y a plus de jeu.
    Le jeu permet d’inviter l’autre dans un monde imaginaire et d’échanger avec lui.
    Le JE, lui, est tout seul, il impose une vision du monde, il est hégémonique  et vide, il porte une tendance débilitante à tout remplir par du rien.

    Lorsque ce rien est fixé, les sujets caricaturés en sont remplis pour la plus grande gloire des nihilistes qui collectionnent leurs trophées numéro après numéro.

    Ils tuent en transformant un élan de vie en coquille vide.

    Soyons clairs, le journal CHARLIE HEBDO perdait de plus en plus de lecteur.

    Ce n’est pas le manque d’humour du public qui en était la cause, pas plus que son manque d’appétit envers la critique et la liberté.

    Ce qui était en cause c’était que ce processus d’exclusion quasi suicidaire à l’œuvre dans les caricatures du journal était une insulte à l’intelligence et à la liberté de penser.

    L’exclusion, quelle qu’elle soit, est une insulte à l’intelligence et à la liberté de penser. La grande escroquerie intellectuelle des Charlies était de se prétendre les chantres de la liberté de pensée alors qu’ils étaient les grands fixateurs qui crucifiaient le vivant sur du papier.

    On pourrait dire que c’est le talent qui détermine tout.

    A leur manière de barbare, les djihadistes caricaturent la recherche spirituelle, ils ont des comportements de chercheurs de raccourcis, de fixateurs shootés à la toute-puissance.
    Ils compensent leur manque de talent à s’exprimer intellectuellement par la réalisation de brutalités objectives et par le contrôle d’un monde qu’ils réifient…….

    Tandis que les Charlie’s sont les même assassins de vérité, les même chercheurs de raccourcis, les même shootés à la toute-puissance qui réifient le monde,  mais leur  talent et leur capacité à s’exprimer intellectuellement sur un support média les exonère de passer à l’acte.

    On ne peut évidemment pas conclure sans avoir souligné ce point fondamental :

    Si dans l’absolu nous présentons les Charlie’s et les Jihadistes comme autant d’assassins de vérité et comme autant de névrosés hégémoniques, nous ne pouvons pas occulter le fait que de passer à la moulinette de CHARLIE HEBDO ne conduit pas au cimetière……

    Mais nous ne pouvons pas occulter non plus le fait que les tempéraments suicidaires qui mettent de la pulsion de mort dans tout ce qu’ils expriment  créent les conditions pour que le cimetière vienne à eux.

    Entendons-nous bien, il ne s’agit surtout pas d’avoir un jugement partisan ou moral et de dire que les Charlie’s n’ont eu que ce qu’ils méritaient, ce n’est absolument pas ça !

    Ce qu’il s’agit de dire c’est que le fait de s’approcher de la substance des êtres, ce n’est pas neutre, c’est une responsabilité impliquante, créatrice de destin.

    Lorsqu’on le fait au travers de la caricature, mais que l’on prend le risque de s’émanciper du jeu de l’esprit et du rôle d’amuseur qui nous autorise à le faire, c’est la névrose et la pulsion de mort qui mènent la danse.   

    La tragédie de Charlie Hebdo ne peut évidemment pas se voir comme une justice immanente liée à un jugement moraliste, mais on peut l’analyser comme le point de rencontre entre des nihilistes qui appellent la mort en vidant toute chose de son élan de vie, et des et des assassins perdus, empressés de justifier leur raison d’être.

     

    Elle est le point de retrouvailles entre des compères qui ont besoin d’ennemis pour se sentir exister et qui ne se réalisent que dans la destruction.   


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     Le cas DSK

     

    I           Introduction
    II          Parlons complot
    III         Parlons instruction
    IV        Parlons enfumage
    V         Parlons des victimes
    VI        Parlons idéologie
    VII       Parlons méthodes
    VIII      Parlons vrai ! 

     

    I  Introduction

     Souvenons-nous !

    Après l’affaire du Hilton, le retour en France de DSK était très attendu.

    Ce fût Claire Chazal dans son journal de 20h qui eut la primeur de ses déclarations.

    Tout le monde se souvient de ce rapport exhibé à l’envie, de ces explications pleines d’assurances, qui convergeaient vers une conclusion naturellement évidente, à savoir que ce rapport qu’il tenait, là, dans sa main, était tout simplement vide de toute accusation de viol, et qu’au surplus, il y avait non-lieu !

    Devant tant de conviction et devant l’extraordinaire de la situation, la journaliste a alors interrogé son invité sur la possibilité d’un complot dont il aurait pu être victime.

    Tout le monde garde en mémoire cette gestuelle explicite et cette intonation grave, solennelle selon laquelle DSK suggérait que la violence politique pouvaient atteindre de tels degrés que selon lui, tout était possible…. Et que même s’il ne pouvait rien affirmer pour l’instant, il se réservait le droit d’investiguer sur le sujet.

    A l’heure où nous parlons, cette affaire n’est plus dans l’actualité ce qui nous laisse toute la tranquillité qu’il faut pour pouvoir l’examiner sur le fond sans être taxé d’être de vils récupérateurs et surtout, pour enfin apporter toutes les réponses que l’on n’espère plus aujourd’hui alors que tant de questions brûlaient les lèvres en 2011.

    En ce début 2015, quasiment plus personne ne s’intéresse au fait de savoir s’il y eu complot ou pas, abus sexuel ou pas, mais nous, cette envie de connaître la vérité vraie, elle nous titille toujours !

    Alors parlons d’abord complot et lançons l’analyse !

    II    Parlons complot

     Nous nous aiderons de l’interview de Pascal Quint, secrétaire général du groupe Accord, parue dans LEMONDE.FR du 08/12/11 dont voici un extrait. 

    Plutôt que de raconter immédiatement à son supérieur ce qu’il s’était passé avec l’accusé, la plaignante a questionné son responsable sur un hypothétique problème concernant le droit des clients à imposer des choses aux membres de l’équipe, et a rapporté les faits avec l’accusé seulement quand son responsable l’y a obligée.

    Elle répétait « I’m gonna lose my job ! » [« Je vais perdre mon travail »]. Elle était terrifiée à l’idée de dénoncer un client VIP. Elle n’était pas sûre de vouloir qu’on appelle la police. Au total, il s’est donc passé une heure pour écouter et comprendre ses explications et qu’elle accepte que la police soit appelée.


    Vous trouverez l’interview complète ici :
    http://www.lemonde.fr/dsk/article/2011/12/08/affaire-dsk-le-groupe-accor-s-explique-sur-les-zones-d-ombre_1615401_1522571.html

    Le point notable et signifiant qui au moment des fait n’a pas bénéficié de toute l’attention qu’il méritait, c’est que l’affaire N.D / DSK a tout simplement failli ne jamais exister !

    En effet, lorsque nous observons attentivement les évènements, nous constatons que  ND n’a jamais demandé à ce que la police soit impliquée.
    Il a fallu longuement la questionner et la pousser dans ses retranchements pour qu’elle cède et laisse finalement la direction de l’hôtel appeler.

     

    Les choses sont aussi simples que ça : Si la direction du Hilton avait été moins insistante, si, pour elle, la parole de leur salariée avait moins compté, cette affaire ne serait tout simplement jamais sortie.

    Ce détail est doublement éclairant, car s’il révèle que c’est l’écoute et l’insistance de la hiérarchie qui ont tout déclenché, il révèle aussi que ND était plutôt partie pour se résigner à prendre l’évènement sur elle.
    Nous constatons une attitude qui à priori semble plus relever du trouble, de la colère apeurée et d’un certain fatalisme que du  jeu d’une rouée ourdisseuse de complot……

    On pourrait bien sûr se dire qu’elle possédait au plus haut degré l’art de la manipulation et que cette résistance n’était que stratégie finement menée, mais nous nous apercevons que durant la longue session qui suit les faits, ND reste constamment sous l’influence de sa direction, elle n’est jamais en situation de diriger l’entretien ni même de l’orienter, ni même d’y peser.

    Elle n’induit pas, elle cède, et à ce stade, l’objectivité nous commande à minima d’envisager que ND n’avait probablement aucune intention hostile préméditée à l’endroit de DSK.

    C’est d’autant plus envisageable que si nous nous plaçons dans l’hypothèse inverse et si nous envisageons qu’elle jouait un jeu écrit à l’avance, nous devrions retrouver, ne serait-ce qu’à l’état de traces, des éléments de scénario construit, à commencer par des indices du contrôle du timing.

     

    Nous pouvons nous référer à tous les précédents de l’histoire, que ce soit  des attentats ou des pièges visant à mettre brusquement fin à une carrière.
    Il n’existe aucun exemple de complot ourdi envers une cible célèbre, dont l’emploi du temps est chargé, sans un contrôle minutieux du timing.

     

    Or, dans cette histoire, non seulement il n’apparait aucun fil conducteur pouvant lier le discours et l’attitude de ND avec le timing selon lequel DSK a quitté l’hôtel, mais il n’existe aucun évènement qui porte la marque du moindre contrôle.

     

    En effet :

    1)  La séquence d’échange entre ND et sa direction se déroule sur un mode dont la durée est non suspecte.
    Il s’agit du temps naturel que prend chacun des acteurs pour en arriver à une prise de décision.

    Il apparaît clairement, autant sur les images que sur les comptes rendus, que chacun réfléchit et prend le temps d’évaluer au mieux la situation avant de se forger une opinion et de prendre la décision d’appeler la police ou pas.

    2)  Personne ne s’est pressé pour appeler la police alors que DSK filait vers l’aéroport !

    3)  Personne ne pouvait savoir combien de temps la police allait mettre pour arriver sur place, ne serait-ce que par rapport aux conditions de circulation à N.Y, et personne ne s’en est inquiété.

    4)  Personne ne pouvait non plus savoir combien de temps la dite police allait mettre pour prendre la déposition de ND et du staff de l’hôtel, puis de juger de l’opportunité de faire intercepter DSK ou pas.

     

    Quant à l’interpellation de DSK, elle a eu lieu dans l’avion alors que tous les passagers avaient embarqués et il ne s’en est fallu que de quelques minutes pour qu’il n’ait plus été possible de l’interpeller aux USA.

     

    En ce qui concerne cet évènement, une chose est claire : Le contrôle du temps n’a pas été raté ou réussit ; Il n’y a tout simplement pas eu de contrôle du temps du tout !

     

    Or, dans un complot-attentat, le contrôle du timing est la clé essentielle.

     

    Ici, la neutralisation de la carrière de DSK a été brusque et violente, si cette neutralisation était vraiment l’œuvre d’un tiers, elle entrerait dans la catégorie  attentat.

    Concernant cette catégorie, le critère du contrôle du timing peut être appliqué avec pertinence pour déterminer s’il y a complot ou pas.

    Or, nous venons de le voir, ce contrôle n’existe pas et la conclusion est assez flagrante : Pas de contrôle du timing veut dire qu’il n’y a pas de volonté cachée et  personne en coulisse qui tire les ficelles. Donc……. Pas de complot ! 

    Ce point étant acquis, changeons maintenant de sujet et intéressons-nous à l’instruction car nous constatons qu’elle regorge d’éléments qu’il est indispensable de décrypter.

    III     Parlons instruction

     Cyrus Vence est un procureur expérimenté, les preuves matérielles à sa disposition sont solides, et dans le cadre de sa future réélection, ses intérêts personnels vont plutôt dans le sens de satisfaire la communauté noire de NY. 


    Sous cet aspect-là, le dossier de ND était plutôt bien engagé.

    Pour autant, chose à priori surprenante, il n’y a pas eu instruction d’un procès pénal.

    Trois raisons semblent pouvoir justifier une telle décision :

    1.      Les faits établis ne coïncident finalement pas avec les accusations et ne permettent pas à Cyrus Vence d’instruire un procès pénal crédible.

    2.      Le procureur n’était pas si indépendant que ça et a reçu des instructions suffisamment impérieuses pour que le risque de ne pas être réélu devienne secondaire.

    3.      Les avocats de DSK ont gagné la bataille de l’intimidation et le procureur a sombré, perdant ainsi tout discernement.

    Bien entendu, nous ne nous intéresserons qu’à la première hypothèse.

    Elle est la seule officielle et elle est la seule sur laquelle nous ayons des données concrètes à disposition.

    Pour autant, cela suffit car si nous l’analysons correctement, les deux autres hypothèses s’en trouveront révélées si elles existent ou s’évaporeront toutes seules si elles n’existent pas. 

    Le premier point intéressant concernant le rapport du procureur est l’importance qu’il accorde à l’étude de personnalité de la plaignante et de l’accusé.

    Ce n’est pas la teneur de ces études qui en elle-même attire notre attention, ce qui nous interpelle, c’est la disparité entre l’intérêt porté à la personnalité de N.D et celui porté à celle de DSK.

    Quasiment le tiers du rapport du procureur, qui fait quand même 19 pages, tend à démontrer le manque de fiabilité de N.D, sa propension à mentir et à changer de version.
    Il y est également très largement mentionné à quel point elle a de mauvaises fréquentations.


    Voici quelques éléments chiffrés concernant des qualificatifs utilisés pour décrire ND dans le rapport :
     
    - Pas honnête
    - Malhonnête
    - Non fiable
    - Mensonge
    - Mentir
    - Contre-vérité
    - Non crédibilité
    - Manque de sincérité
    - Fausse déclaration

    Tous confondus, ces termes ont été utilisés 37 fois en 19 pages à l’endroit de ND, ce qui en soi dénote d’un certain soucis d’insistance par la répétition, mais  à priori, cela n’a pas suffi à Mr Cyrus Vence pour faire valoir son point puisqu’il éprouve en plus le besoin d’en rajouter pour décrédibiliser la plaignante avec des phrases comme celle-ci :

    Mais la chose la plus considérable est sa capacité à raconter une invention comme un fait avec une totale conviction. 

    Même si le rapport se veut objectif et même s’il faut accepter de regarder en face ce qu’a rencontré le procureur, cela a fait beaucoup d’énergie et d’argument déployés pour décrire la plaignante sous un jour qui ne lui est pas exactement favorable.

    Bien entendu, ce regard porté sur ND pourrait parfaitement être admit tel qu’il est si parallèlement à cela, le même désir de froide objectivité avait aussi concerné l’étude de la personnalité de DSK. 

    Or, la grande disparité de traitement met en relief une anomalie qui déséquilibre le rapport et éveille le soupçon.
    Pour rester prudent, disons qu’à ce stade nous pouvons à minima penser que le portrait de la plaignante tel que dressé par le procureur est pour le moins excessif, si ce n’est subjectif.

    Voici pourquoi nous disons cela :

    7 pages du rapports sont dédiés à la description défavorable de ND ( la moitié de la page 1, la moitié de la page deux, les pages sept huit, neuf, dix onze douze et une partie de la page 18 ), et nous l’avons vu, des qualificatifs extrêmement péjoratifs ont été utilisés 37 fois à son endroit.

    ( Le rapport complet est en bas de page, il s’agit de la traduction faite par : Maryne Cervero, Aurélie Champagne, Blandine Grosjean, Valentine Pasquesoone, Pascal Riché, Lucile Sourdès, Sara Taleb.
     )

    En revanche, les éléments remarquables notés par Cyrus Vence concernant DSK se cantonnent à six petites lignes mentionnant superficiellement l’affaire banon et la traitant comme anecdotique.

    Extrait de ces six lignes :
    Il paraît cependant peu probable que les avocats de la partie civile soient autorisés à introduire dans leur dossier le témoignage relatif à l'attaque supposée.

     

    Nous voulons bien croire le procureur, nous voulons bien entendre ce qu’il dit et la manière dont il le dit, mais L’épisode de NY se passe peu après celui du FMI dans lequel on n’a pu sauver les apparences que grâce à une « négociation » avec Piroska Nagy.

    Mais même ainsi, même après avoir accepté des compensations en échange de sa discrétion, celle-ci n’a pas pu s’empêcher d’exprimer publiquement des propos durs et explicites à l’égard de DSK :

    Je pense que M. Strauss-Kahn a abusé de sa position dans sa façon de parvenir jusqu'à moi. Je vous ai expliqué en détail comment il m'a convoquée plusieurs fois pour en venir à me faire des suggestions inappropriées. [...] Je pense que M. Strauss-Kahn est un leader brillant, qui a une vision pour affronter la crise financière mondiale en cours. C'est également un homme agressif, bien qu'il soit charmant. [...] Je crains que cet homme ait un problème pouvant le rendre peu adapté à la direction d'une institution où des femmes travaillent sous ses ordres. »

    ( L’article complet est ici :http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2009/02/cher-m-smithje-crois-que-je-dois-vous-%C3%A9crire-apr%C3%A8s-l%C3%A9bruitement-d%C3%A9sastreux-dans-la-presse-de-certains-%C3%A9l%C3%A9ments-de-vot.html  )

    En dehors du FMI et des propos de Piroska Nagy, on peut comprendre sans avoir à faire trop d’investigations que l’histoire n’est pas un cas isolé et que l’abus de position d’autorité envers les femmes est bien une tendance lourde chez DSK.

    Les multiples confidences « off » des socialistes français pullulent d’anecdotes précises qui vont dans ce sens, sans parler des cas avérés de calls girls qui le rejoignent dans ses chambres d’hôtel.

    Cyrus Vence a beaucoup creusé pour se renseigner sur le passé ND, mais il n’y avait pas besoin de beaucoup se fatiguer pour connaître ce qu’il y avait à retenir d’important sur DSK dans une affaire comme celle-ci.

    Pour autant, le peu qu’il y avait à faire, il ne l’a pas fait et son rapport sanctuarise carrément la personne de DSK.

    Les termes inconduite, abus, harcèlement suggestion ou agressivité n’y apparaissent jamais alors que pourtant ils sont notablement attachés à la personnalité du directeur du FMI.

    On est allé chercher assez loin pour éplucher l’ancienne vie Africaine de ND, mais personne ne s’est intéressé au  quotidien visible et connu de DSK.

    Soit !

    Nous ne voulons pas tirer de conclusions à ce stade concernant cette étonnante différence de traitement, mais nous la posons ici comme étant une anomalie assez voyante.   
      

    Passons maintenant à un second point absolument passionnant que l’on pourrait nommer « La doctrine Pasqua ».

     

    IV       Parlons enfumage

     Charles Pasqua était un expert très reconnu de l’enfumage judicaire dont l’habileté a inspiré beaucoup d’imitateurs. 

    Quelle était sa doctrine, que disait-il ?

    Il disait ceci, et il s’agit d’une citation :
    "Quand
    on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire, et si nécessaire une autre affaire dans l’affaire de l’affaire jusqu’à ce que personne n’y comprenne plus rien."

    Bien, riche de cet enseignement, commençons par regarder qui est ND dans son cadre professionnel.

    Le procureur lui-même précise dans son rapport
    que pour la direction du Hilton, N.D est depuis son engagement, trois ans plus tôt, une employée modèle sans rapport d’incident ou problème disciplinaire.

    Ce Hilton de New York est un hôtel de luxe, hautement sécurisé.
    Ni la petite délinquance ni la loi de la rue n’y ont  accès, leur influence ne s’y exerce pas.

    Les seules lois qui s’y appliquent sont celles de la législation américaine sur le travail et le règlement intérieur de l’hôtel.

    Ce sont des règles qui s’appliquent à chaque employé selon son grade et sa fonction, elles contribuent à ce que tous les salariés forment un ensemble homogène, une équipe qui donne à la clientèle le standard de qualité de service qu’il attend. 

    N.D fait partie depuis trois ans de cette équipe.

    En d’autres termes, ce travail au Hilton permet à N.D de se réaliser professionnellement avec un fort sentiment d’appartenance dans un sanctuaire ou le droit de la personne est respecté et ou aucun petit ami, aucun huissier, aucun officier de l’immigration ne vient perturber son fonctionnement et nous savons, sa direction est formelle, que dans cet environnement normalisé et sécurisant, N.D est une personne autant fiable qu’honnête.

    Nous disons aussi que trois ans de travail sans la moindre faille c’est long, d’autant plus que le milieu hôtelier est un milieu exigent.

    Une salariée ne peut perdurer sur une si longue période que si elle est capable, adaptée à l’ordre, à la discipline, à la politesse, à la propreté.

    Comprenons bien, car ceci est très important et doit être mis en balance avec la façon dont le procureur décrit ND :

    Elle opère à l’étage VIP de son hôtel.
    C’est un étage de prestige, surveillé par camera, qui réclame un travail particulièrement soigné auquel seul des employés de confiance peuvent être affectés; Une confiance qui vaut autant pour leurs compétences professionnelles que pour leur courtoisie envers les clients.

    Cette confiance ne se gagne pas en un jour.

    Nous voulons en venir au fait que ND est une employée qui a été évaluée sur la durée par l’équipe compétente d’une chaîne d’hôtel internationale de haut standing dont les profils de postes sont standardisés et précis.

    Il est à noter que tous les aspects du profil doivent être vérifiés pour qu’une employée, même une femme de chambre, soit déclarée bonne pour le service, et justement ND a satisfait à tous ces critères et s’est vu confié cet emploie en ce lieu.

    Nous pouvons donc poser ici à bon droit que ND a été reconnue digne de confiance par une maison sérieuse qui s’y connaît en matière d’évaluation d’employés et qui exerce au surplus une surveillance par caméra.

    Nous pouvons également établir que dans l’accomplissement de ses fonctions il n’existe aucun antécédent concernant un quelconque incident envers la clientèle. On n’a jamais entendu parler d’indiscrétion, d’intrusion intempestive ou d’acceptation de flirt et encore moins de tentative de séduction de la part de N.D envers la clientèle.

    Aucune caméra n’a enregistré d’attitude suspecte, aucun client ne s’est plaint de ND et ND ne s’est plaint d’aucun client.
    Son parcours professionnel est irréprochable, il s’inscrit dans une trajectoire stable et constante depuis sa date d’embauche.

    En résumé, sa trajectoire est très limpide, tout ce qu’elle fait depuis trois ans lorsqu’elle rentre dans une suite du Hilton, c’est le ménage, elle ne fait que ça et elle le fait bien puisque bien notée par sa direction.

    Ceci posé, les choses sont limpides :

    Si nous figions et isolions la situation à ce stade, si nous nous contentions de mettre sur un plateau de la balance la parole de la ND que nous venons de décrire dans le cadre de son travail et sur l’autre plateau la parole du DSK autoritariste et libertin connu, couvert d’opprobre par Piroska Nagy, Tristane Banon et consort, ce dernier serait grillé, frit, bouilli, le prédateur flagrant qu’il paraîtrait alors n’aurait aucune chance de s’en sortir.

    Vue comme cela, la situation ressemble à un boulevard qui s’ouvre au profit de ND pour l’ouverture d’un procès d’école avec des perspectives de dédommagements record….. sauf que deux choses viennent brouiller cet horizon :

    1)    L’entrée en scène des avocats de DSK

    2)    Le comportement extraordinaire de ND durant les entretiens de l’instruction.

                              
    Les avocats de DSK sont des grands fans de Charles Pasqua, ils ont parfaitement assimilé la technique de l’enfumage par l’affaire dans l’affaire et par l’affaire dans l’affaire de l’affaire.


    Ils s’empressent de parler de l’Afrique, des mensonges pour entrer aux états unis, du visa qui n’était pas le sien, des fausses histoires racontées au services de l’immigration, des mensonges pour obtenir un HLM, du petit ami dealer, du prêt de son compte bancaire et pourquoi pas des commissions qu’elle touche sur les sommes qu’il y fait transiter…….


    Bref, ils font tout ce qu’il faut pour qu’on regarde partout ailleurs plutôt qu’à l’hôtel ou pourtant les seules choses qui comptent vraiment, se sont passées ! 

    V   Parlons des victimes

    Sur le comportement erratique de ND durant l’instruction, l’analyse nous fait apparaître deux raisons qui justifient une attitude si irrationnelle.

    La première est que oui, après que la police ait été impliquée, après que ND ait pris la mesure de la personnalité de DSK et de la dimension que pouvait prendre cette affaire, elle a sans doute pensé aux avantages financiers qu’elle pouvait tirer de la situation.

    Il est fort probable que le poids des enjeux et les mauvais conseils de son petit ami délinquant pour décrocher le jackpot par voie de justice lui ont mis une certaine pression qu’elle a eu du mal à gérer.

    Nous devons admettre cet opportunisme qui ne s’inspire pas de la plus haute moralité du monde, mais si nous en parlons, c’est surtout pour bien démontrer que nous acceptons de regarder les choses d’une façon équilibrée, sans apriori angélique envers ND.

    Il y a cependant un deuxième aspect des choses qui est beaucoup plus déterminant pour expliquer cette attitude contreproductive qui a tant décontenancé et irrité le procureur.

    Cyrus Vence sait qu’il y a eu contact sexuel, aucun des protagonistes ne le conteste, ce qu’il doit découvrir c’est si ce contact a été consenti ou pas, et visiblement, l’attitude de ND, sans parler de ce que les avocats de DSK déterrent de son passé lui posent problème.

    Ici, le problème qui conduit ND à dysfonctionner vient de ce que sa parole est mise en doute et qu’elle n’a absolument pas les connaissances qu’il faut pour répondre à tel dénie, ce qui provoque chez elle un grand stress, la fait paniquer et parfois répondre irrationnellement.

    A notre époque, le fait d’exiger des blessures bien visibles comme seules preuves de contraintes est autant dépassé qu’agressif envers la victime mise en doute dans sa parole.

    Bien sûr la contrainte se réalise le plus souvent par la force physique, mais nous savons qu’elle peut aussi se réaliser au travers de l’emprise mentale, de la fascination ou de la menace, sans qu’il n’y ait besoin d’engager de lutte.

    Nous voudrions également rappeler ici l’état de figement biologique qui peut survenir chez certaines personnes surprises par un danger immédiat, qui les rend incapables de résister ou de fuir.

    Ce sont des états observés chez le chevreuil au milieu de la route qui reste figé, fasciné par les phares et le rugissement du moteur du véhicule qui va le percuter.


    Le phénomène vaut autant pour les mammifères humains que pour les mammifères chevreuils.

    Nous voudrions aussi rappeler la fascination quasi hypnotique qu’une personne  puissante, agressive et sure d’elle peut exercer sur quelqu’un d’habitué à obéir à tout ce qui incarne l’autorité. 

    C’est selon ce phénomène, que des enfants peuvent être détournés par des prédateurs, ou que des adultes surpris ou fragilisés peuvent être abusés.

    Le processus d’emprise hypnotique la plus répandue consiste à créer une grande confusion dans l’esprit chez la victime.

    Il s’agit de proposer en alternance précipitée, sous forme de phrases courtes des sollicitations sous forme d’invite et de séduction, puis d’injonction autoritaire puis de menace, et de recommencer le cycle, tout en avançant physiquement sur la victime, comme pour l’envahir et la forcer.

    La victime n’a pas le temps de prendre la mesure d’une attaque et de s’en prémunir, qu’une autre très différente survient, puis encore une autre et ainsi de suite avec des séquences très rapides, et toujours le prédateur qui avance et agit, jusqu’à obtenir le résultat souhaité, la déconnection totale de la conscience, le figement et la soumission.

    Concernant la puissance de la suggestion et du conditionnement, voici une illustration : Il est sorti il y a quelques semaines, une affaire ou plus de 200 entreprises françaises d’envergure ont été escroquées de sommes très sérieuses sans arme ni violence.

    Un imposteur se faisait tout simplement passer pour le patron de la société et intimait à un employé habilité à le faire, de transférer une coquette somme d’argent sur un compte à l’étranger.

    Il n’y avait aucun motif logique pour ce transfert qui semblait autant farfelu que suspect, mais l’employé s’exécutait, subjugué par le ton impérieux de son interlocuteur et conditionné par son devoir d’obéissance envers ses chefs. 

    Voir ici : http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/arnaques-aux-virements-bancaires-200-entreprises-victimes-en-3-ans-0502-77728.html

    (laissez passer la pub s’il y en a une, le reportage de BFM TV est juste après).

    Nous sommes bien d’accord que des employés habilités à intervenir sur les comptes de société qui manipule des millions ne sont pas vraiment recrutés parmi un échantillon représentatif d’idiots du village !

    Et pourtant, ils l’ont quand même fait, il y en a eu plus de 200 personnes très intelligentes qui ont fait perdre beaucoup d’argent à leur société pour des raisons irrationnelles, sur simple injonction et par réflexe de soumission !

    Je ne veux surtout pas faire de lien entre les idiots du village et ND mais je voudrais souligner que le procureur déclare à son sujet qu’elle est inconstante, incohérente et que ses raisonnements s’effilochent.

    Quitte à oser poser sans frémir ce type de jugement, ne devrait-il pas au moins aussi en tirer des conclusions ?

    Ne peut-il pas en déduire qu’une personnalité de ce type  n’a pas grand chance de peser bien lourd, en huis clos, devant la détermination d’un agresseur qui déploie toute sa puissance d’intimidation ?

    DSK n’a-t-il pas le profil pour en imposer à ND ? La menacer du regard ?  La surprendre ? L’embrouiller ? La figer ?

    ND n’a-t-elle pas le profil d’une personne vulnérable aux intimidations ? Aux injonctions ? A l’emprise ?

    Nous insistons là-dessus, l’absence de structure compétente et adapté qui aurait permis d’interroger ND dans des conditions confortables pour elle a fait qu’elle se sente en grand danger de ne pas être crue.

     

    Ce qu’a été la vie de ND a induit la manière dont elle s’est construite et la manière dont certains réflexes se sont ancrés en elle.

    Oui, elle obéît à des réflexes conditionnés qui parasitent encore son raisonnement lorsqu’elle se trouve bousculée ou prise dans des circonstances qui la dépassent.

    Le fait que le procureur n’ait pas la moindre connaissance du pouvoir d’emprise qu’exerce un prédateur puissant ni ne tienne compte des particularités de sa sensibilité de victime expliquent sa panique et son comportement erratique.

    On peut d’autant mieux comprendre les angoisses de ND que le procureur a sur l’affaire une position intellectuelle qui nous semble assez désastreuse.

    VI        Parlons idéologie 

    Voici les fais de départ :

    - Nous savons, preuves scientifiques à l’appui, qu’il y a eu « contact » sexuel entre ND et DSK, et que ce contact a duré entre 7 et 9 minutes.

    - Nous savons que DSK a déclaré que ce « contact » était mutuellement consenti.

    - Nous savons que ND a déclaré qu’il y a eu viol

    - Quand au procureur, il en dit ceci :

    Les preuves physiques, scientifiques et d'autres natures, indiquent que l'accusé a engagé un acte sexuel précipité avec la plaignante, mais elles ne permettent pas de dire si l'acte a eu lieu sous contrainte et sans consentement. Mis à part la plaignante et l'accusé, il n'y a pas d'autre témoin de l'incident. 

    A la lumière de ces déclarations répétées d'absence de blessures physiques, aussi bien qu'au regard des constatations médicales, aucune charge attestant d'une blessure physique ne pourrait être invoquée dans une plainte criminelle ou devant un grand jury.

    Il constate donc qu’un acte sexuel précipité a bien eu lieu, mais que l’absence de blessure chez la présumée victime peut mettre en doute l’aspect contraint de ce contact, et il constate aussi qu’il n’y avait pas d’autres témoins que les protagonistes.

    Moralité : sans blessures, sans témoins, le doute doit profiter à l’accusé.

    Voilà une position qui conditionne tout.

    Dans l’absolue, elle est vraie et raisonnable, le doute doit toujours profiter à l’accusé.

    Cependant, lorsqu’on est en présence du loup et de l’agneau, sans déroger à ce principe, il n’est pas imprudent de douter du doute et d’envisager l’hypothèse d’une éventuelle ruse.

    Il aurait été important de le faire car dans cette situation, c’est un peu comme si le procureur avait dit :

    Il y a si peu de traces de crime, qu’on ne peut même pas véritablement établir qu’il y a eu un, et puisqu’il en est ainsi, autant dire qu’il n’y en a pas eut !

    Cela sous-entend qu’à N.Y, il est maintenant officiel, c’est quasiment une jurisprudence pour dire que toute personne qui saura créer des conditions de huis clos et saura contrôler sans violence une cible bien choisie, sera assurée que non seulement la justice n’ira pas chercher plus loin mais qu’en plus elle garantira son impunité.

    Voilà qui ouvre des horizons dorés à certains !

    C’est pour cette raison qu’il n’aurait pas été absurde que le procureur tienne compte des antécédents respectifs de DSK et de ND en matière de dérive sexuelle, et aille un cran plus loin en se posant une question de plus.

    Y a-t-il des éléments induits ou indirects, au-delà des faits immédiatement constatables, qui peuvent tendre à rendre la parole de l’un plus vraisemblable que celle de l’autre ?

    Y a-t-il des éléments dont la séquence ou la logique permettrait de confondre le menteur ?

    Répondre non d’entrée de jeu, ou ne carrément pas se poser la question du tout favorise le menteur.


    Pourtant, si DSK dit vrai, il fait face à une accusation mensongère insupportable et il a droit à une décision plus tranchée et plus honorable qu’un simple non-lieu, et si ND dit vrai, elle a droit de voir son agresseur comparaître au pénal.

    C’est vraiment important pour DSK s’il est vraiment innocent, il lui faut un blanchiment total qui lui rende son honneur, pas un glauque accord furtif par lequel il semble acheter sa tranquillité.  

    Alors, il va de soi que même si DSK a tout à fait le profil et les antécédents d’une personne capable de le faire et de passer à l’acte, et même si ND a tout à fait le profil d’une personne formatée à l’obéissance et intimidable, cela ne prouve pas formellement que dans ce cas précis DSK est coupable.

    Par contre, cela semble suffisamment interpellant pour que le procureur ait pu percuter là-dessus et il est assez frustrant qu’il ne l’ait pas fait.

    Mais revenons-en à l’essentiel, puisque nous ne sommes pas là pour faire le procès des limites de la justice américaine ni de l’impéritie de ses procureurs, mais bel et bien pour découvrir la vérité vraie selon nos méthodes analytiques.

     

    Les deux méthodes que nous allons utiliser sont celle de la cinétique et celle de la modélisation.

    VII       Parlons méthodes

    La méthode cinétique correspond à la comparaison des trajectoires de chacun des protagonistes, et nous semble être un bon critère d’évaluation quant à la culpabilité ou à l’innocence des personnes lorsqu’il y a à trancher entre deux paroles.

    Comprenons-nous bien, il ne s’agit pas d’accorder bêtement notre confiance à celui qui a le casier judiciaire le plus clean, il s’agit de voir, par rapport à une situation donnée quelle trajectoire l’emporte sur l’autre et quelle est la signature de la trajectoire qui ne dévie pas.

    Nos amis physiciens sont formels :

    Lorsque les trajectoires de deux bolides se croisent et qu’ils se heurtent, ils sont à la fois impactant et impacté.

    C’est celui qui a l’énergie cinétique la plus faible qui dévie le plus et bien sûr, c’est celui qui possède l’énergie cinétique la plus puissante qui dévie le moins, voire pas du tout.


    Lorsque nous transposons les choses en terme psychique, c’est la trajectoire et l’impact des volontés que nous comparons.

    La volonté de l’individu qui subit une situation dévie énormément de ses habitudes et en arrive à faire des choses qu’il n’a jamais faites jusqu’à l’impact avec une volonté dominante.


    La volonté de l’individu qui prend le pas sur l’autre reste dans des domaines d’action qui lui sont communs, habituels.

    Dans notre cas, nous devons alors chercher lequel des deux protagonistes a fait quelque chose d’extraordinairement excentrique par rapport à ses habitudes et lequel a cheminé dans une certaine routine.

    Nous avons très largement débattu des trois ans d’activités de ND au sein de son hôtel et de la façon dont sa hiérarchie la notait et nous savons que la seule et unique chose qu’elle a faite pendant trois ans dans les chambres du Hilton, c’est le ménage.

    Est-ce que pour ND, le fait de recevoir sur elle une coulée de sperme de la part d’un client est quelque chose de tout à fait habituel pour elle, où, s’agit-il d’un fait unique, totalement à l’écart de ses habitudes ?

    D’un autre côté, nous avons été un peu plus intéressés que le procureur concernant la personnalité et les habitudes de DSK et nous pouvons dire que lorsqu’il descend dans un hôtel c’est pour y travailler, y dormir et s’y ébattre sexuellement ; Les coulées de sperme dans les chambres d’hôtel font partie de son folklore.

    Il n’y a pas besoin d’un décodeur surpuissant pour conclure que la personne qui a dévié de sa trajectoire, c'est-à-dire qui a subis la volonté de l’autre c’est ND et que la personne qui s’est imposé à l’autre en restant dans le cours ordinaire de ses habitudes c’est DSK.

    Nous reconnaissons que cette méthode est un peu lapidaire, voire caricaturale et que, même si nous pensons qu’elle reste un révélateur très simple et très efficace, elle ne couvre pas tout le spectre des possibilités.

    En effet, même si cette hypothèse est hautement improbable, nous ne pouvons intellectuellement exclure la possibilité du coup de passion, du magnétisme irrépressible de deux corps qui s’attirent mutuellement et qui auraient poussé ND à s’affranchir de sa réserve, de sa prudence, de son professionnalisme, pour se jeter fiévreusement sur le french lover !

    La méthode cinétique ne réussit pas à contredire cette possibilité et donc DSK peut s’en emparer et crier à son innocence en affirmant que c’est très exactement comme ça que ça s’est passé, et que maintenant, il faut qu’on le laisse tranquille avec cette histoire !


    Par chance, la méthode suivante, est beaucoup plus élaborée et donne des résultats beaucoup plus étoffés qui couvrent absolument tous le spectre des possibilités et va enfin nous apporter LA réponse ! 

    VIII      Parlons vrai ! 

     LA CONSTRUCTION DU MODELE :
     

    C’est une méthode semblable à celle qu’utilisent les agences de renseignement militaire.

    C’est très mathématiquement que les services secrets du monde entier sont à même de connaître le déroulement de faits qui ont échappé à leurs caméras ou à leurs grandes oreilles, ou même de connaître les décisions qui ont été prises au cours de réunions en pays étrangers, auxquelles ils n’ont pas participé.

    Cela s’appelle le système de regroupement des données.
    Il s’agit de la mise en équation de l’ensemble des éléments connus d’une affaire et de ses acteurs.

    Il est tenu compte pour chaque élément, de sa dynamique, de son antériorité, de ses horizons, de son langage et de ses interactions avec la société.

    Cela conduit à une modélisation du réel à laquelle peuvent être confrontées les versions et les hypothèses de chacun.

    Les versions ou les hypothèses qui intègrent le plus des données du modèle sont celles qui ont le plus de probabilité d’être les bonnes…… Et lorsqu’une version ou une hypothèse intègre TOUTES les données, sans en contredire aucune, elle s’affranchit de toute probabilité, C’EST la bonne.


    Bien entendu, la quantité de  données recueillies est un facteur clé.
    Pour être consistant, un modèle doit être construit avec un ensemble suffisant de données sur l’ensemble des lieux, des personnes, des circonstances et des interactions publiques.


    Dans le cas qui nous intéresse les investigations des avocats, du procureur et la visibilité médiatique de DSK, nous avons une abondance de données suffisamment fournies pour constituer un modèle solide.


    Alors n’attendons plus, présentons là, puisqu’elle existe, cette hypothèse qui intègre toutes les données sans en contredire aucune !

    Sur les circonstances :

    Nous avons vu que l’hypothèse du complot était contredite par la manière dont ND avait déclaré l’incident et par l’absence de contrôle qu’elle pouvait exercer sur la suite des évènements.

    A titre de confirmation, deux ans après, alors qu’il aurait été du plus grand intérêt de DSK de pouvoir désigner à l’opinion publique l’ennemi sournois qui l’avait ainsi écarté de la course à la Présidence, il n’existe toujours aucun embryon de piste pouvant laisser envisager qu’il y a eut complot.
    Nous retiendrons donc que c’est selon une circonstance d’opportunité de situation que les choses se sont déroulées.

    Sur le consentement mutuel :

     
    Nous avons vu que professionnellement, ND fait un sans-faute depuis son embauche trois ans plus tôt et nous avons déterminé que cet emploi est pour elle un enjeu majeur.

     
    Nous savons que le temps d’intervention du personnel dans une chambre est standardisé, limité, et nous savons qu’il y a les caméras de surveillance pour rappeler aux employés que ces temps d’intervention doivent être respectés.

    Nous savons donc que le temps de séduction dont disposait DSK pour infléchir et faire succomber ND était très court, sans parler du temps de l’acte lui-même qui doit être retranché du temps disponible total.


    L’importance que représente cet emploi pour N.D et la discipline qu’elle y met depuis trois ans contredisent l’assertion qu’il aurait suffi d’une cour express de la part d’un inconnu pour que ND prenne le risque de se faire licencier, juste pour le plaisir de flirter un bref instant avec un client de l’hôtel.

    Sans vouloir nous immiscer dans l’intimité des personnes ni nous mettre à leur place, il reste raisonnable de penser qu’ici le rapport risque/bénéfice est disproportionné tant le risque est grand pour ND et minime son bénéfice. ( sauf respect aux talents de DSK )


    De plus, le fait que ND ne se satisfasse pas de la situation et se plaigne à sa direction, contredit l’assertion qu’il y ait pu avoir brève entente, brève complicité ou bref accord entre les deux protagonistes.  

    Cela veut dire au contraire que le sentiment d’injustice et d’abus ressenti par ND était plus fort que sa peur d’être licenciée, ce qui n’est pas rien quand on mesure ce fait à l’aune de l’importance qu’elle accorde à son travail.

    Nous retiendrons donc qu’il n’y a pas eu consentement mutuel et que la relation a été imposée par DSK à N.D.

    Sur la vraisemblance des versions:

    Nous savons, par ce que nous avons vu des trajectoires des deux protagonistes, que les hôtels, en général, sont pour DSK un lieu naturel d’ébats érotiques, alors que cet hôtel particulier est le lieu de travail de ND. 

    Nous savons que ND bannit tout érotisme de son travail et que les caméras sont là pour y veiller.

    Nous savons que les avocats de DSK qui ont déployé des moyens extravagants pour enquêter sur ND n’ont trouvé ni tâche, ni faille dans son professionnalisme.

    Nous rappelons qu’avec toute la puissance de leurs moyens d’investigation les avocats n’ont décelé aucune trace de complot.


    A côté de ça, nous savons que le fait de solliciter sexuellement des femmes dans un contexte inapproprié en s’appuyant sur son statut est coutumier à DSK.

    Nous pouvons donc établir que si DSK et ND ont eu un rapport sexuel opportuniste dans cet hôtel, cela cadre plus avec un but visé et atteint par le style de vie de DSK plutôt que par celui de ND.

    Cela nous amène à la conclusion que l’implication du hasard dans le fait que ND aurait perdu toute prudence et aurait dérogé à toute discipline JUSTEMENT le jour ou DSK était là et pas un autre jour, et JUSTEMENT avec lui et pas avec quelqu’un d’autre, est inenvisageable.

    Le facteur déclenchant est nécessairement DSK.

    Attendu qu’il ne peut s’agir ni d’un hasard, ni de la volonté de ND, nous retiendrons que seule la version de l’abus est vraisemblable.

    Sur l’emprise:

    Nous savons que DSK est conscient de sa puissance et de son autorité et qu’il sait en jouer auprès des femmes.

    Nous savons que ND est susceptible d’être vulnérable, mais nous savons aussi qu’après coup elle a pu trouver la ressource de signaler l’anomalie des faits à la direction. ( ND n’a pas directement et immédiatement déclaré à sa direction qu’elle avait été abusée, elle a interrogé sa direction pour savoir si ce genre de chose était normal ).

    Nous pouvons en déduire que le degré de contrainte et d’intimidation qui a pesé sur ND a été modéré.

    Attention : Nous ne sommes pas en train de minimiser l’emprise et la responsabilité de DSK.

    Si nous parlons de modération c’est exclusivement pour bien démarquer les faits qui se sont déroulés ce jour-là au Hilton de ce qui peut se produire dans le cadre d’agressions violentes avec menaces de mort.

    Par contre, nous pensons que c’est justement parce qu’il n’a pas été extra violent et parce qu’il n’est pas dans sa nature de menacer quelqu’un de mort que DSK s’imagine autorisé à pouvoir parler de séduction et de consentement mutuel.

    Mais il ne suffit pas de ne pas être violent pour ne pas être un abuseur, il y a des degrés dans la menace et l’intimidation.

    Même si l’emprise est modérée ou contenue  de telle façon qu’après quelques minutes ou heures, une victime puisse retrouver ses sens, cela n’enlève rien à la qualification d’agression et d’abus.

    Nous retiendrons donc que le degré d’emprise a été suffisant pour permettre l’abus, mais qu’il a été aussi modéré puisque ND a repris assez vite la maîtrise d’elle-même.

    Sur l’instruction:

    Nous avons pu constater que même si ND était la plaignante, c’est quasiment une instruction à charge contre elle qui a été menée.

    Pour cette raison, nous avons longuement examiné l’abondance de vidéos disponibles, concernant Cyrus Vence, lorsqu’il s’exprimait sur cette affaire. Nous n’avons décelé aucun indice comportemental ni aucune distorsion dans la logique de ses discours ou de son rapport qui puisse laisser soupçonner que le procureur n’ait pas été indépendant.

    Il se peut qu’il ait été un fantastique comédien incroyablement rodé à l’auto contrôle, mais il faut savoir que la psyché se distord lorsque l’intellect lui impose un point de vue qui n’est pas en phase avec son sentiment naturel, ce qui conduit l’inconscient à compenser.

    Cette compensation ne passe pas inaperçu en terme de manifestations de toutes sortes.

    Elle se révèle au niveau du langage écrit et parlé, mais aussi au niveau comportemental et biologique.

     Autant nous avons pu observer chez Cyrus Vence de la rigidité, de l’idéologie, du refoulement et de l’immaturité émotionnelle, autant nous n’avons pas trouvé chez lui la moindre trace d’allégeance ou de soumission aux instructions d’une autorité occulte concernant cette affaire.

    Nous retenons que c’est donc bien selon l’inclinaison de sa propre représentation du monde que ce procureur a mené cette instruction.

    Il n’a été à la botte de personne, il a juste été…ce qu’il était ; Le produit de son éducation, de son adaptation à la bonne société Newyorkaise, avec très peu d’idées personnelles.

    C’est  cette vision du monde qui fait que si à la place du Directeur du FMI, il y avait eu un livreur de pizza du Bronx, SA PERSONNALITE AURAIT ETE ETUDIEE ET IL AURAIT ETE TENU COMPTE DE SES ANTECEDENTS.

     

    Sur l’attitude ND:

    Il va de soi que les changements de versions sont tout à fait caractéristiques de la confusion post traumatique.

    Nous pouvons aussi tabler sur le fait que la solennité des interrogatoires, la personnalité du procureur et l’inaccoutumance de ND à de tels personnages et à de tels environnement aient pu apporter encore plus de confusion à sa confusion pour achever de la déstabiliser.  

    Mais nous passerons assez vite sur tous ces facteurs connus pour aller directement au point qui a interpellé tout le monde, à savoir la propension de ND et de son avocat à essayer de faire de l’argent avec cette affaire.

    Nous n’occultons pas qu’à un certain moment de l’évolution de l’affaire, un certain nombre d’intervenants ont flairé l’opportunité de s’enrichir de la situation.

    Nous pensons particulièrement au petit ami de ND, à ND elle-même et à son avocat.

    Nous n’occultons pas non plus les multiples récupérations par les différents lobbies ethniques et sociaux.

    Maintenant, souvenons-nous que c’est le procureur lui-même qui a refusé d’instruire au pénal.

    De fait, la seule question qui pouvait alors être posée était : A défaut d’aller au pénal, existait-t-il une alternative à une transaction financière pour compenser ND ?

    Et la réponse était non !

    L’empressement de ND et de son entourage à tirer un avantage financier de la situation, aussi voyant et aussi peu sympathique soit-il, ne doit pas occulter que ND est une victime.

    En plus d’avoir été abusée, elle faisait face au déni de son agresseur,
    il n’y avait ni aveux ni excuses de sa part sur la base desquels elle aurait pu s’apaiser.

    Nous retenons que le versement d’une somme d’argent restait le seul élément concret de reconnaissance de son statut de victime, et donc, qu’il était bon à prendre.

    En synthèse:

    Nous avons déterminé sans que rien ne puisse contredire ces conclusions :

    Que Madame ND et Monsieur DSK qui ne s’étaient jamais rencontré ont eu l’occasion de faire connaissance dans une chambre de ce Hilton de NY.


    Que Monsieur DSK a saisi cette opportunité pour imposer à Madame ND un contact physique qu’elle ne recherchait pas et n’approuvait pas, ce qui en soi est un abus.

    Que le mode selon lequel ce contact sexuel a été imposé est à minima celui de l’intimidation et de l’emprise.

    Que l’intensité de cette emprise a été suffisamment forte pour que l’abus puisse se produire, mais suffisamment modéré pour que Madame ND puisse assez rapidement retrouver ses esprits et signaler les faits.

    Que l’instruction a plutôt été déséquilibrée dans la mesure où le procureur  n’a accordé que très peu d’intérêt à la personnalité et aux antécédents de DSK tandis qu’il a laissé libre cours à son sentiment personnel concernant les femmes noires, immigrées modestes, qui vivent dans les quartiers populaires, et dont les circonstances de vie ont fait qu’elles ont déjà été prises en défaut de mensonge, de simulation….. 

    Que ce sentiment est visiblement défavorable puisque, semble-t-il, rien de bon ni de vrai, selon Cyrus Vence, ne peut être attendu de ces « gens-là ».

    Que la transaction financière stoppe l’action de la justice mais ne blanchit pas DSK.

    Pour finir:

    L’analyse de cette affaire nous a permis de passer en revue l’aspect psychique d’un certain nombre de phénomènes liés à l’abus de pouvoir, à l’emprise, au mensonge et à la manipulation.

    Il nous a semblé utile de le faire dans la mesure où le plus souvent ces phénomènes sont mal connus bien que très aliénants pour ceux qui les subissent, et que les affaires médiatisées n’ont malheureusement pas le monopole de ce genre de comportements, puisque la sphère familiale et les collectifs de toutes sortes peuvent aussi en devenir le cadre.

    Nous avons pu nous rendre compte qu’il n’y avait rien de nouveau sous le soleil de la justice américaine et que même à notre époque, il valait toujours mieux être un homme blanc, bien pensant, riche, très diplômé et très haut placé plutôt qu’une femme noire, immigrée, modeste, avec des fréquentations douteuses.

    Rien de nouveau sous le soleil de la politique française non plus.
    Sur la large palette qui va des speedés aux mollassons en passant par les arrivistes de tous poil, le déni reste une arme redoutable au service de la toute-puissance.

    Il va de soi que cette analyse qui est fondée sur un système de regroupement de données et sur une appréciation psychique des éléments factuels ne vaut que pour ce qu’elle est.

    Elle s’adresse à l’être, au bon sens de chacun, à sa sagacité personnelle, et c’est à l’aune de son sentiment intérieur que chacun pourra juger de sa pertinence.

     

    Nous espérons que le sujet vous a plu et dans la mesure du possible nous nous efforcerons de répondre aux questions s’il y en a.

    RAPPORT Cyrus Vence

    Inculpation No. 02526/2011.

    Au nom du peuple, l'Etat de New York demande l'abandon de l'inculpation de l'accusé, telle qu'elle est désignée ci-dessus, pour agression sexuelle sur la plaignante dans un hôtel du centre de Manhattan, le 14 mai 2011.

    La nature des accusations exige que l'on soit en mesure de prouver avec certitude que l'accusé a engagé un acte sexuel avec la plaignante sous la contrainte, et sans son consentement. Après enquête approfondie, il apparaît que la preuve de deux éléments essentiels – l'usage de la force et l'absence de consentement – ne peut reposer que sur le témoignage de la plaignante lors d'un procès.

    Les preuves physiques, scientifiques et d'autres natures, indiquent que l'accusé a engagé un acte sexuel précipité avec la plaignante, mais elles ne permettent pas de dire si l'acte a eu lieu sous contrainte et sans consentement. Mis à part la plaignante et l'accusé, il n'y a pas d'autre témoin de l'incident.

    Pour que le jury déclare l'accusé coupable, il est donc nécessaire qu'il soit convaincu, au-delà de tout doute raisonnable, que la plaignante est digne de foi. L'affaire dépend en effet entièrement de son témoignage.

    Au moment de l'inculpation, toutes les preuves disponibles nous ont laissé penser que la plaignante était fiable. Mais d'autres éléments recueillis durant l'investigation ont gravement remis en cause sa fiabilité dans cette affaire. Que des individus aient menti dans le passé ou commis des actes criminels ne fait pas nécessairement d'eux des gens indignes de notre confiance et cela ne nous empêche pas de les appeler à la barre des témoins durant le procès.

    Mais, quelle que soit la réalité des faits dans cette affaire, le nombre et la nature des mensonges de la plaignante nous empêchent de faire confiance sa version des faits au-delà de tout doute raisonnable. Si nous ne pouvons la croire sans douter, nous ne pouvons pas demander à un jury de le faire.

    Nous avons résumé ci-dessous les circonstances qui nous ont amenés à cette conclusion. Il ne s'agit pas d'une affaire où nous imposons à la plaignante des investigations excessives ou des critères élevés. Au contraire, nous sommes confrontés à une situation dans laquelle il est apparu de plus en plus clairement que la crédibilité de la plaignante ne résistait même pas à l'évaluation la plus basique.

    En résumé, la plaignante a donné des versions changeantes et contradictoires des événements concernant la supposée agression sexuelle, et par conséquent, nous ne pouvons pas être certains de ce qui s'est passé le 14 mai 2011, et nous sommes incapables de savoir quelle version la plaignante donnerait durant le procès.

    Au cours de chaque entretien avec des procureurs, alors qu'il lui était simplement demandé d'être sincère, elle ne l'a pas été, que cela soit sur des détails ou sur des faits importants, certains mensonges portant sur son passé et d'autres sur les circonstances même des faits incriminés.

    Dans deux entretiens, par exemple, la plaignante a évoqué de façon saisissante, et avec de nombreux détails, un viol dont elle aurait été victime dans son pays d'origine, viol dont elle admet aujourd'hui qu'il a été entièrement inventé. Elle a également admis avoir menti lorsqu'elle a raconté aux procureurs et au grand jury ce qu'elle avait fait immédiatement après l'agression.

    Cette tendance à dire des contre-vérités ne date pas des contacts de la plaignante avec le bureau du procureur. Notre investigation a montré que la plaignante avait déjà fait dans le passé de nombreuses fausses déclarations, dont certaines inscrites dans les fichiers du gouvernement et faites sous serment ou sous peine de parjure. Tous ces mensonges devraient, évidemment, être révélés au jury durant un procès, et leur accumulation aurait un effet dévastateur.

    Enfin, nous avons conduit une minutieuse investigation dans le but de découvrir des éléments permettant d'en savoir plus sur la nature de l'acte sexuel engagé entre l'accusé et la plaignante. Tous les éléments recueillis, qui auraient pu être pertinents pour statuer sur les questions de l'usage de la force et de l'absence de consentement, se sont révélés non concluants.

    Nous ne faisons pas cette recommandation à la légère. Notre scepticisme vis-à-vis de la crédibilité de la plaignante nous rend incapables de savoir ce qui s'est véritablement passé dans la suite de l'accusé, le 14 mai 2011, et empêche donc de continuer les poursuites judiciaires. Par conséquent, nous conseillons respectueusement que l'accusation soit levée.

    Critères des poursuites judiciaires

    Le pouvoir substantiel accordé aux procureurs leur donne aussi des responsabilités spécifiques. Plutôt que d'agir uniquement en avocat zélé au service d'un client, les procureurs ont un vaste ensemble d'obligations envers la communauté, la victime et l'accusé :

    « Le [procureur] n'est pas le représentant de telle ou telle partie dans une controverse, mais celui d'une souveraineté dont l'obligation de gouverner de façon impartiale est aussi irréfutable que son obligation de gouverner tout court ; et, par conséquent, dont les intérêts dans une poursuite judiciaire ne sont pas de gagner l'affaire, mais de rendre justice. Ainsi, il est d'une certaine façon le serviteur de la loi, et son but est double : le coupable ne doit pas s'échapper, ni l'innocent souffrir. »

    Les règles de conduite professionnelle de New York qui, comme les codes d'éthique ont cours dans toutes les juridictions, et l'American Bar Association's Criminal Justice Standards, se basent sur la même croyance selon laquelle la tâche du procureur est d'obtenir justice, et pas de simplement gagner des procès.

    Les procureurs doivent également respecter les règles spécifiques qui reflètent notre rôle particulier dans le système judiciaire. Plus précisément, une condamnation ne doit être prononcée que si la culpabilité est prouvée sans doute possible. Cette exigence est « basée sur la croyance fondamentale de notre société selon laquelle il est bien pire de condamner un innocent, que de laisser partir un coupable ».

    Cette exigence guide les décisions des procureurs, qui doivent décider s'ils doivent ou non poursuivre une enquête, au-delà de la décision des jurés de condamner ou non. Au début d'une affaire, les procureurs sont souvent appelés à porter des accusations avant que tous les éléments de l'enquête soient connus, ou que toutes les étapes de l'investigation exigées pour le procès soient remplies.

    Selon les règles éthiques de New York, les accusations peuvent être utilisées à charge de l'accusé si elles se basent sur des causes probables. Mais pendant des générations, avant de déterminer si une affaire devait être menée jusqu'au tribunal, les procureurs criminels du comté de New York ont insisté sur le fait qu'ils devaient être personnellement convaincus, sans aucun doute possible, de la culpabilité de l'accusé, et qu'ils devaient se savoir capables de prouver cette culpabilité à un jury.

    Les normes qui gouvernent la conduite des procureurs fédéraux, ainsi que l'American Bar Association's Criminal Justice Standards, prennent aussi en compte le besoin pour les procureurs de jouer le rôle de gardiens, en leur permettant d'évaluer librement les preuves et les éléments disponibles avant de décider de l'ouverture d'un procès.

    Ces principes essentiels, que ce Bureau respecte, sont donc clairs. Si, après un minutieux examen des faits, le procureur n'est pas convaincu que l'accusé est indubitablement coupable, il ou elle doit abandonner le procès. Bien qu'une certaine empathie pour les victimes d'un crime soit un attribut essentiel pour chaque procureur travaillant dans ce Bureau, cette empathie ne doit pas éclipser notre obligation d'agir en se basant exclusivement sur des preuves et des faits, en toute conscience de la haute importance des preuves dans une affaire criminelle.

    Cadre procédural

    L'accusé a été placé en détention provisoire le 14 mai 2011, et le jour suivant, a été identifié par la plaignante parmi d'autres individus, puis arrêté par les services de police de New York. Au nom du peuple, il a été déposé une plainte pour crime le 15 mai 2011, accusant le prévenu des mêmes crimes pour lesquels il a été plus tard inculpé, qui sont spécifiés plus bas.

    Le 16 mai 2011, l'accusé a été traduit en justice à la cour d'assises, et malgré une demande de mise en liberté sous caution, a été placé en détention provisoire sur demande du représentant du peuple. Suivant les codes du CPL, paragraphe 180.80, il a été demandé au représentant du peuple de présenter des éléments à un grand jury dans un délai de 144 heures, afin d'éviter que l'accusé ne soit remis en liberté.

    En se basant sur les éléments disponibles à ce moment-là, il a été estimé au nom du peuple que l'affaire devrait être présentée à un jury. Cette présentation a eu lieu le 18 mai 2011 ; l'accusé a choisi de ne pas témoigner durant la procédure. Le jury a décidé une mise en examen ce même jour.

    La mise en examen (numéro 02526/2011) portait sur le prévenu, Dominique Strauss-Kahn :

    • deux accusations d'acte sexuel criminel aggravé, en infraction au paragraphe 130.50 du code pénal ;
    • une accusation de tentative de viol aggravé, en infraction aux paragraphes 110 et 130.55 du code pénal ;
    • une accusation d'abus sexuel aggravé, en infraction au paragraphe 130.65 du code pénal ;
    • une accusation de détention illégale sans préméditation, en infraction au paragraphe 135.05 du code pénal ;
    • une accusation de relation forcée, en infraction au paragraphe 130.52 du code pénal ;
    • et une accusation d'abus sexuel au troisième degré, en infraction au paragraphe 130.55 du code pénal.

    Le 19 mai 2011, l'accusé a réitéré sa demande de libération sous caution, et la caution a été portée à 1 million de dollars, plus une garantie de 5 millions. Les conditions de libération incluaient la remise du passeport de l'accusé aux autorités, sa détention à domicile dans le comté de New York, et le port d'un bracelet électronique à ses frais.

    Il a été traduit en justice le 6 juin 2011, a plaidé non-coupable. Le procès a été reporté au 18 juin 2011.

    Le 30 juin 2011, dans une lettre destinée à l'avocat de la défense, il a été révélé une information à décharge, concernant la plaignante, conformément aux obligations du procureur sous CPL 240.20, la règle 3.8 des règles de conduite de New York, Brady v. Maryland, 373 U.S 83 (1963).

    L'affaire a été avancée au 1er juillet 2011 pour des raisons de renouvellement d'une demande de caution, pour laquelle cette cour a libéré l'accusé sur son propre engagement, à la demande de ce dernier et avec le consentement du procureur, à la condition que celui-ci garde possession du passeport et des documents de voyage de l'accusé.

    Le 7 juillet 2011, l'affaire a été administrativement ajournée, sur consentement des deux parties, du 18 juillet 2011 au 1er août 2011, afin de permettre la poursuite de l'enquête des deux côtés. Le 26 juillet 2011, l'affaire de nouveau été ajournée au 23 août 2011.

    Déroulé de l'enquête

    A - Enquête initiale et acte d'accusation

    Le 14 mai 2011, la plaignante, une femme de chambre de l'hôtel Sofitel, situé sur la 44e rue Ouest à Manhattan, fait état au service de sécurité de l'hôtel, puis plus tard aux forces de police new yorkaises (NYPD), qu'elle a été agressée sexuellement par l'accusé dans sa suite d'hôtel.

    Elle l'a tout d'abord signalé à son responsable, peu de temps après son interaction avec l'accusé, étant chargée de nettoyer sa suite (suite 2806). Son responsable a ensuite convoqué un responsable supérieur, à qui la plaignante a répété sa réclamation. Ce dernier a informé la sécurité de l'hôtel et la direction du personnel, qui a en retour informé la police new yorkaise.

    Des agents de la police de New York et des inspecteurs ont interrogé la plaignante, avant de l'emmener dans un hôpital du quartier pour un examen médical, plus tard dans l'après-midi.

    En substance, la plaignante a rapporté aux inspecteurs de la police de New York, puis aux procureurs par la suite, que peu de temps après être entrée dans la suite de l'accusé pour effectuer ses tâches de ménage, celui-ci est sorti nu de sa chambre, s'est approché d'elle et a attrapé ses seins sans son consentement.

    Selon la plaignante, l'accusé a fermé la porte de la suite, l'a forcée à entrer dans la chambre, l'a poussée sur le lit, et a tenté d'introduire avec force son pénis dans sa bouche, ce qui a entraîné un contact entre son pénis et les lèvres fermées de la plaignante. Celle-ci a déclaré que l'accusé l'a ensuite entraînée de force plus loin dans la suite, en la poussant à terre dans un couloir étroit.

    Selon elle, il a arraché son uniforme, a baissé ses bas, a atteint sa culotte puis a violemment saisi son sexe. Enfin, la plaignante a rapporté que l'accusé l'a mise à genoux de force, a introduit de force son pénis dans sa bouche, a tenu sa tête, puis a éjaculé.

    Selon la plaignante, cet acte sexuel a eu lieu au fond du couloir de la suite, à proximité de la salle de bain. La plaignante a affirmé avoir immédiatement craché le sperme de l'accusé sur la moquette du couloir de la suite, et l'a fait à plusieurs reprises alors qu'elle fuyait.

    Le département de police new yorkais a découvert que l'accusé devait prendre un vol Air France [note de bas de page 8 : les enquêteurs ont auditionné les employés de l'hôtel qui ont effectué le check-out de l'accusé aux alentour de 12h28 et ils ont également auditionné le concierge de l'hôtel] à l'aéroport John F. Kennedy, à destination de l'Europe. Il lui a été demandé de descendre de ce vol à 16h45, par des inspecteurs assignés au « Port Authority Police Department », avant d'être arrêté.

    [Note de bas de page 9 : jusqu'au 6 juin 20011, la défense n'a pas révélé l'endroit précis où l'accusé se trouvait entre son départ de l'hôtel et son arrivée à l'aéroport. Il s'agit du restaurant situé dans la sixième avenue entre la 51e et 52e rue].

    Le jour de l'incident et les jours qui ont suivi, la plaignante a été interrogée par des inspecteurs de la brigade des victimes de la police de New York (NYPD's Manhattan Special Victims Squad) et par d'autres enquêteurs et procureurs expérimentés, y compris des membres de l'unité spéciale pour les crimes sexuels du bureau (Office's Sex Crimes Unit).

    Comme dans toutes les affaires où la parole d'un témoin est essentielle pour prouver le crime, les procureurs ayant interrogé la plaignante lui ont expliqué que ses situations passée et présente seraient minutieusement examinées. La plaignante a exprimé sa volonté de coopérer avec les procureurs et d'être honnête.

    Lors de ces premiers entretiens avec les procureurs et la police, qui ont enquêté sur les détails de l'incident ainsi que sur la situation et l'histoire de la plaignante, la plaignante est apparue honnête. Son compte-rendu de l'incident était convaincant, et, comme elle l'a répété à plusieurs reprises aux inspecteurs et procureurs de l'unité spéciale aux victimes, il était matériellement cohérent.

    L'enquête, entre la date de l'incident et le 18 mai, n'a pas révélé de signaux d'alarme dans les origines de la plaignante. Elle travaillait à l'hôtel Sofitel depuis plus de trois ans, son dossier de salarié ne contenait aucun rapport d'incident ou problème disciplinaire, et ses responsables ont indiqué qu'elle était une employée modèle.

    Elle n'avait pas d'antécédents criminels, et a obtenu l'asile par la Cour de l'immigration des Etats-Unis. Bien qu'elle ait noté être entrée, à l'origine, avec un visa et des documents délivrés à quelqu'un d'autre, elle a reconnu ce fait sans hésitation.

    Les éléments dont nous disposons indiquent enfin que la plaignante n'avait pas connaissance au préalable du séjour de l'accusé à l'hôtel, ce qui lui aurait permis d'organiser une rencontre entre eux, et qu'elle est entrée dans la suite de l'accusé pensant qu'elle était vide. D'autres preuves étaient cohérentes avec l'idée d'une relation sexuelle non-consentie entre la plaignante et l'accusé.

    Comme décrit ci-dessus, la plaignante aurait laissé éclater son désarroi face à ses deux responsables. Tous deux ont été auditionnés par un procureur dans les premières 48 heures de l'enquête, et ont rapporté qu'elle était apparue bouleversée.

    Un résultat préliminaire des tests d'ADN conduits par l'Office of Chief Medical Examiner (OCME) a établi que plusieurs taches situées sur la partie supérieure de l'uniforme d'hôtel de la plaignante contenaient du sperme qui fournissait l'ADN de l'accusé.

    Bien que ce résultat d'expertise préliminaire n'ait pas déterminé si la relation sexuelle entre la plaignante et l'accusé était forcée, il a établi que l'accusé avait pris part à un acte sexuel avec la plaignante. Une enquête rapide a également indiqué que la rencontre entre la plaignante et l'accusé fut brève, suggérant qu'il était peu probable que l'acte sexuel soit le produit d'une rencontre consensuelle.

    L'enquête précédant la mise en accusation a indiqué que l'accusé avait quitté l'hôtel de façon précipitée, mais l'on ne savait pas à ce moment-là où l'accusé était allé directement après son départ de l'hôtel. Ce qui était connu, cependant, est que plus tard dans l'après-midi du 14 mai 2011, l'accusé avait embarqué à bord d'un vol Air France à l'aéroport John F. Kennedy, à destination de l'Europe, et qu'il était un citoyen français.

    Avant la lecture de son acte d'accusation, il était aussi établi qu'en tant que citoyen de nationalité française, il ne ferait pas l'objet d'une extradition pour motif de poursuites criminelles aux Etats-Unis.

    En se fondant sur de multiples entretiens avec la plaignante et une évaluation de toutes les preuves disponibles à l'époque, les inspecteurs de la police de New York et procureurs qui ont parlé avec la plaignante pendant la phase initiale de l'enquête sont arrivés, individuellement, à la même conclusion. Chacun a trouvé la plaignante crédible et était convaincu que les charges criminelles étaient fondées. En conséquence, l'affaire a été présentée devant un grand jury et l'accusé a été inculpé.

    B - Enquête ultérieure

    De la date de l'acte d'accusation jusqu'à ce jour, le bureau du procureur de la République a continué de mener une enquête complète et de grande envergure sur l'accusé, la plaignante et les faits de cette affaire.

    Cette enquête a inclus les résultats d'examens physiques sur la plaignante et l'accusé, et les tests scientifiques d'expertises médico-légales obtenues de chacun d'eux et de leurs vêtements.

    Agents de police, enquêteurs, témoins, personnel médical, médecins légistes et experts médicaux ont été interrogés. Documents, comptes-rendus et autres preuves ont été regroupés et analysés, y compris des rapports de communications électroniques, des rapports financiers, des rapports d'entreprise, des rapports médicaux, des enregistrements des caméras de vidéo-surveillance de l'intérieur de l'hôtel Sofitel et d'autres endroits, des rapports de police et autres rapports d'agences gouvernementales et de maintien de l'ordre.

    Etant donné qu'un témoignage crédible de la part de la plaignante était nécessaire à l'établissement des charges criminelles, procureurs et inspecteurs ont interrogé la plaignante de façon répétée, au sujet de son histoire personnelle, de sa situation actuelle et des détails mêmes de l'incident.

    Lors des entretiens menés entre le 14 mai et le 7 juillet 2011, la plaignante a fourni aux procureurs et enquêteurs des informations détaillées concernant l'incident, son histoire personnelle et sa situation actuelle.

    Le 7 juin 2011, l'avocat de la plaignante a signalé aux procureurs que celle-ci n'avait pas été honnête au sujet de son histoire personnelle, y compris concernant son compte-rendu d'un précédent viol présumé. Lors d'entretiens complémentaires menés les 8,9 et 28 juin 2011, la plaignante a elle-même admis ne pas avoir été honnête avec les procureurs sur certains aspects de son histoire personnelle et de sa situation actuelle.

    Au cours de l'entretien datant du 28 juin, en présence de son avocat, de trois procureurs et d'un enquêteur, la plaignante a non seulement admis avoir été malhonnête avec les procureurs au sujet de ses activités faisant suite à l'incident, mais également qu'elle avait menti au grand jury sur ce point important. Dans une lettre datée du 30 juin 2011, le Bureau du procureur a dévoilé les fausses déclarations et autres informations potentiellement à décharge à la cour et à l'avocat de la défense.

    Du 1er juillet 2011 jusqu'à ce jour, le Bureau a continué d'enquêter sur l'affaire, y compris en interrogeant davantage de témoins civils, de scientifiques, d'experts médicaux, en analysant d'autres résultats d'expertises médico-légales fournis par l'OCME, et en évaluant des informations supplémentaires fournies par les avocats de la plaignante et de l'accusé.

    Les procureurs ont également rencontré la plaignante une nouvelle fois, le 27 juillet 2011 ; la plaignante a alors de nouveau modifié son compte-rendu de ce qui s'était déroulé immédiatement après sa rencontre avec l'accusé.

    Raisons de la préconisation d'un non-lieu

    Au procès, l'accusation a en charge de prouver la culpabilité d'un accusé, au-delà d'un doute raisonnable. Pour une multitude de raisons, y compris celles présentées ci-dessous, les mensonges de la plaignante ne permettent pas de lui accorder de la crédibilité.

    Parce que nous ne pouvons pas donner du crédit au témoignage de la plaignante au-delà d'un doute raisonnable, nous ne pouvons demander à un jury de faire de même. Les preuves restantes sont insuffisantes pour justifier les poursuites criminelles. Nous sommes par conséquent obligés, au regard de questions aussi bien légales qu'éthiques, de nous diriger vers le non-lieu.

    Le témoignage de la plaignante au procès ne peut compter pour établir une preuve au-delà d'un doute raisonnable.

    Au cours de nombreux entretiens, la plaignante a donné des versions incompatibles avec ce qu'il s'est passé immédiatement après sa rencontre avec l'accusé, ce qui ne nous permet pas d'établir ce qui s'est réellement passé ni de se reposer sur l'honnêteté du témoignage de la plaignante à cet égard. Elle a également fait plusieurs fausses déclarations, que ce soit aux procureurs ou dans le passé. Certaines de ces déclarations ont été faites sous serment ou peine de parjure, ce qui constitue pour certaines d'entre elles des actes frauduleux.

    A. Les incessants récits contradictoires de la plaignante sur l'incident

    Première version. Depuis la date de l'événement jusqu'au 28 juin 2011, la plaignante a affirmé, a plusieurs reprises, qu'après l'acte sexuel avec l'accusé, elle s'est enfuie de la suite de l'accusé et est allée au bout du couloir du 28e étage.

    La plaignante a affirmé ensuite qu'après avoir craché sur le tapis du couloir du 28e étage, elle est restée sur place, terrorisée, jusqu'à ce qu'elle tombe par hasard sur son responsable. A ce moment, ils sont entrés tous les deux dans la suite 2806. Elle a alors commencé à raconter à son responsable ce qu'il s'était passé entre elle et l'accusé, et a répété sa version des faits lorsqu'un deuxième responsable est arrivé.

    Lorsque les procureurs lui ont demandé pourquoi elle était restée dans le couloir du 28e étage plutôt que de fuir dans une chambre vide de ce même étage pour téléphoner à ses responsables ou à la sécurité, elle a affirmé que toutes les autres chambres de l'étage indiquaient la mention « Ne pas déranger », ce qui les rendait inaccessibles.

    Deuxième version. Lors d'un entretien mené le 28 juin 2011, en la présence de son avocat, la plaignante a donné une version sensiblement différente de ses agissements après les faits dans la suite de l'accusé. Au début de cet entretien, elle a admis pour la première fois qu'elle avait été malhonnête à propos de ce point-clé avec les procureurs et qu'elle avait menti dans son témoignage face au grand jury.

    La plaignante a donné une nouvelle version de ces faits, affirmant qu'après avoir quitté la suite de l'accusé, elle est allée directement dans une autre chambre (la 2820) pour finir de la nettoyer. Elle a donné des détails précis, disant qu'elle avait passé l'aspirateur et nettoyé les miroirs ainsi que d'autres meubles dans la chambre. Elle a ensuite affirmé qu'après avoir fini ses tâches ménagères dans la chambre 2820, elle est retournée dans la chambre de l'accusé et a commencé à la nettoyer.

    Elle a rapporté que lorsque par la suite, elle s'est dirigée vers une armoire à linge dans le couloir du 28e étage pour récupérer des fournitures, elle a rencontré son responsable, et qu'ensuite ils sont allés tous les deux dans la chambre 2806.

    Plutôt que de raconter immédiatement à son supérieur ce qu'il s'était passé avec l'accusé, la plaignante a questionné son responsable sur un hypothétique problème concernant le droit des clients à imposer des choses aux membres de l'équipe, et a rapporté les faits avec l'accusé seulement quand son responsable l'y a obligée.

    Etant donné l'importance de cette nouvelle version – qui était en désaccord avec son témoignage sous serment devant le grand jury –, les procureurs l'ont beaucoup interrogée à ce sujet au cours de l'audition du 28 juin.

    La plaignante ayant affirmé qu'elle était entrée dans la chambre 2820, le cabinet du procureur a obtenu l'enregistrement électronique des badges de cette chambre. Ces enregistrements, qui ont aussi été donnés à l'avocat de la plaignante par quelqu'un d'extérieur à ce bureau, indiquent que la plaignante est entrée dans la chambre 2820 à 12h26, et est aussi entrée dans la suite de l'accusé à la même minute (12h26).

    Le laps de temps extrêmement court que la plaignante a passé dans la chambre 2820 contredit le fait qu'elle affirme avoir accompli plusieurs tâches ménagères dans cette chambre avant de rejoindre la suite de l'acccusé.

    Troisième version. Dans une audition ultérieure menée le 27 juillet 2011, la plaignante a de nouveau changé sa version concernant ses actes immédiats après la rencontre avec l'accusé.

    A cette date, elle a déclaré avoir nettoyé la chambre 2820 plus tôt dans la matinée du 14 mai. Immédiatement après les faits, elle a affirmé avoir quitté la suite 2806 et couru jusqu'à l'angle du couloir, comme elle l'avait d'abord indiqué, sans aller directement à la chambre 2820.

    Après avoir vu l'accusé prendre l'ascenseur, elle est entrée momentanément dans la chambre 2820 pour récupérer des fournitures. Concernant les propos de la plaignante du 28 juin, elle les dément et affirme qu'il y a dû avoir une erreur de traduction de la part de l'interprète ou une incompréhension des procureurs.

    [Note de bas de page 11 : la plaignante a fait la démonstration de sa capacité à parler et à comprendre l'anglais au cours de plusieurs entretiens avec les enquêteurs et les procureurs. En effet, par moments, elle a corrigé les traductions de ses remarques faites par l'interprète. Chose qu'elle n'a notamment pas faite sur ce sujet précisement lors de l'entretien du 28 juin.]

    Mais cette revendication n'est pas crédible à la lumière des nombreuses questions complémentaires posées concernant ce point, ainsi que l'insistance de la plaignante le 28 juin sur le fait que la version donnée ce jour-là était honnête.

    D'un point de vue critique, sa volonté de nier avoir tenu ces propos à ces mêmes procureurs qui l'ont entendue les tenir le 28 juin met sa crédibilité en question à une étape des plus importantes.

    [Note de bas de page 12 : il y a au moins un doute sur le fait que la plaignante est tout de suite sortie de la suite après que l'accusé a éjaculé. Le rapport du Sexual Assault Forsenic Examiner (Safe, examinateur assermenté médico-légal des agressions sexuelles) qui a examiné la plaignante à l'hôpital le jour des blessures décrit la version de la plaignante sur l'éjaculation de l'accusé et déclare : « La plaignante rapporte qu'il s'est habillé et a quitté la chambre et qu'il ne lui a rien dit durant les faits ».

    Ce rapport suggère certainement que l'accusé a quitté les lieux en premier, bien que l'examinateur reconnaît la possibilité que le rapport regroupe différentes parties du récit de la plaignante dans la même phrase.]

    En l'absence de preuve disponible, le procureur reste incapable de tirer un récit cohérent de la plaignante concernant ce qu'elle a fait après les faits – des problématiques qui pourraient être centrales au procès.

    Non seulement cela affecte sa fiabilité en tant que témoin, mais ces versions différentes compliquent la tâche d'établir ce qu'il s'est réellement passé dans le laps de temps crucial entre 12h06 et 12h26 ; et nous n'avons aucune confiance en la plaignante et sur l'honnêteté de ses propos si elle était appelée comme témoin au procès.

    B. Le choix persistant de la plaignante à faire de fausses déclarations, incluant les fausses versions d'un précédent viol.

    1. Fausse version d'un viol 

    En réponse aux questions des procureurs le 16 mai 2011, la plaignante a indiqué qu'elle avait déjà été violée par des soldats qui avaient envahi sa maison en Guinée. Dans un entretien le 30 mai 2011, elle a donné des détails précis et importants sur le nombre et la nature de ses assaillants et la présence de sa petite fille de 2 ans durant la scène qui, a-t-elle dit, a été enlevée de ses bras et jetée à terre.

    Pendant les deux entretiens, elle a identifié certaines cicatrices visibles sur elle, qui selon elle proviennent de l'attaque. A ces deux occasions, la plaignante a raconté le viol avec beaucoup d'émotion et de conviction : elle a pleuré, parlé avec hésitation, est apparue – chose qu'on peut comprendre – bouleversée, et pendant la première audition, elle a plongé son visage entre ses bras posés sur la table devant elle.

    Lors d'entretiens ultérieurs menés les 8 et 9 juin 2011, la plaignante a avoué aux procureurs qu'elle avait entièrement inventé cette attaque. Lorsqu'on lui a demandé pourquoi, elle a d'abord dit qu'elle avait menti sur ce viol collectif parce qu'elle avait inclus ce fait dans sa demande d'asile et qu'elle avait peur de ne pas dire la même chose que dans ladite demande. Elle a aussi ajouté qu'au moment où elle a affirmé cela, elle n'était pas sous serment.

    Lorsqu'elle a été confrontée au fait que sa demande d'asile écrite ne mentionnait pas de viol collectif, elle a assuré avoir inventé le viol collectif, comme d'autres détails de sa vie en Guinée, avec l'aide d'un homme non nommé qu'elle a consulté lorsqu'elle préparait son asile.

    Elle a dit aux procureurs que cet homme lui avait donné une cassette incluant la mention d'un viol fictif, mention qu'elle a mémorisée. Au bout du compte, elle a dit aux procureurs qu'elle décidait de ne pas faire référence au viol dans sa demande écrite.

    [Note de bas de page 14 : lors de ses auditions des 9 et 28 juin, la plaignante a déclaré qu'elle avait en effet été violée dans le passé dans son pays natal, mais dans un contexte complètement différent de celui qu'elle avait décrit lors de ses auditions précédentes. Nos auditions de la plaignante n'ont rien donné permettant d'enquêter sur ou de vérifier ce fait.]

    Il est clair que, dans le cas où une plaignante accuse un suspect d'agression sexuelle, le fait qu'elle ait donné précédemment une fausse version d'une autre agression sexuelle est hautement significatif. Ce qui a été dit aux procureurs comme un mensonge intentionnel, et fait d'une manière complétement persuasive – manière identique à celle que la plaignante a adoptée pour raconter la rencontre avec l'accusé – est aussi hautement significatif.

    Mais la chose la plus considérable est sa capacité à raconter une invention comme un fait avec une totale conviction.

    Les procureurs avancent souvent au jury que le comportement d'un témoin est un facteur-clé dans l'évaluation de la crédibilité, et un juge donne la même instruction aux jurés d'un point de vue législatif . Dans ce cas, la preuve des éléments de l'usage de la force et d'un manque de consentement reposent sur un seul témoin, la plaignante.

    Le fait qu'elle ait précédemment convaincu des procureurs et des enquêteurs aguerris qu'elle avait été la victime d'une autre agression sexuelle, sérieuse et violente – mais fausse –, avec la même attitude qu'elle aurait sûrement eu au procès, est fatal.

    Sachant que son attitude convaincante ne peut être le signe fiable de son honnêteté, et ajoutés à cela les nombreux mensonges lors de nos entretiens avec elle, nous sommes obligés de conclure que nous ne sommes plus convaincus de la culpabilité de l'accusé au-delà d'un doute raisonnable, et ne pouvons demander à un jury de condamner sur la base du témoignage de la victime.

    [Note de bas de page 15 : à certains moments, les mensonges de la plaignante étaient accompagnés de dramatiques étalages d'émotions. Au cours d'une des auditions, le procureur a interrogé la plaignante sur une circonstance personnelle particulière, et elle a calmement répondu par la négative à la demande.

    Dans une audition deux jours plus tard, elle a été interrogée de manière plus poussée sur le même sujet. En réponse, elle s'est laissée tomber sur le sol, puis s'est roulée en pleurant ; après s'être ressaisie, elle a dit ne pas connaître la réponse à la question du procureur. Encore dans un autre entretien, le procureur a reposé ses questions. Cette-fois, la plaignante a répondu par l'affirmative, d'une manière factuelle, à la question.]

    2. Faux témoignage sous serment 

    Egalement significatif, la plaignante a admis avoir fait une fausse déclaration sous serment, dans un témoignage devant le grand jury qui a décidé de la présente inculpation, et aussi dans des déclarations écrites, et dont la non-sincérité est soumise à des peines de parjure vis-à-vis du gouvernement fédéral.

    Dans un cas comme celui-ci, où le témoignage de la plaignante est crucial pour prouver les accusations de crime au-delà de tout doute raisonnable, le fait qu'elle ait fait un faux témoignage devant un grand jury à propos des faits incriminés et qu'elle ait fourni de faux documents soumis à des peines de parjure est hautement problématique.

    3. Autres contre-vérités 

    En plus des faux récits de la plaignante sur un viol et les fausses déclarations faites sous serment ou sous risque de peine pour parjure, elle a manqué de sincérité vis-à-vis des enquêteurs à propos de tant d'autres éléments que nous ne pouvons plus lui faire confiance.

    Par exemple, elle fait de nombreuses déclarations (qui, admet-elle maintenant, étaient frauduleuses) pour proroger son droit à résider dans un logement à loyer modéré, déclarations dans lesquelles elle omettait de déclarer ses revenus du Sofitel. La plaignante a également manqué de sincérité à de nombreuses reprises, sur des sujets divers touchant à son passé et ses relations personnelles.

    Ce n'est pas tout : en réponse à des questions de routine des procureurs concernant ses sources de revenu, la plaignante n'a pas évoqué des flux d'argent – 60 000 dollars au total – déposés sur son compte bancaire par d'autres personnes de quatre autres Etats. Quand elle a été interrogée sur ces transactions, elle a déclaré qu'elle avait autorisé son fiancé en Arizona à utiliser son compte courant pour y faire des dépôts pour ce qu'elle croyait être, a-t-elle déclaré, un commerce de vêtements et d'accessoires.

    [Note de bas de page 16 : le fiancé de la plaignante a été condamné en Arizona pour trafic de cannabis, après avoir livré 36 500 dollars à des policiers en civil [se faisant passer pour des vendeurs, ndlr] afin d'acquérir ce cannabis. La plaignante a déclaré qu'elle n'avait pas connaissance du fait que les fonds déposés sur son compte étaient issus du trafic de drogue.]

    A l'époque, a-t-elle déclaré, il lui avait demandé de retirer des sommes qu'il avait déposées et de donner l'argent à un partenaire commercial situé à New York. Elle a affirmé ne pas savoir combien d'argent avait transité sur son compte de cette façon. Bien qu'elle nie avoir profité d'aucune de ces transactions, des parts de chaque dépôt restaient fréquemment sur son compte.

    Par ailleurs, dès le 16 mai 2011, la plaignante a été interrogée sur ses potentielles motivations financières, sachant qu'elle avait recruté un avocat spécialisé dans les affaires civiles. Elle a déclaré sans équivoque qu'elle n'avait pas saisi la justice en vue d'obtenir de l'argent. Elle a maintenu cette position au cours d'auditions qui ont précédé ou succédé à l'inculpation [de Strauss-Kahn, ndlr], déclarant avec émotion, à une occasion, que personne ne pourrait « l'acheter ».

    Mais à une date très proche de ces déclarations, la plaignante a eu une conversation téléphonique avec son fiancé incarcéré, dans laquelle a été mentionné le potentiel gain financier qu'il était possible de tirer de l'événement du 14 mai 2011.

    [Note de bas de page 17 : cet appel a été traduit et certifié conforme par deux traducteurs peul-anglais. Bien que divergents dans le mot-à-mot précis, les deux traductions sont sur le fond similaires sur la question de gagner de l'argent avec l'assistance d'un avocat spécialisé au civil. Le 8 août 2011, la plaignante a introduit une plainte au civil contre l'accusé, demandant des dommages et intérêts dans des proportions non spécifiées.]

    Bien qu'il n'y ait rien de répréhensible à chercher une réparation financière à l'occasion d'une poursuite civile, le fait que la plaignante ait démenti avoir un intérêt financier contribue à affecter sa crédibilité.

    En résumé, la plaignante a manqué de sincérité de façon persistante et parfois inexpliquée dans sa description de faits, tantôt de grande, tantôt de petite importance. Dans nos entretiens avec elle, la vérité complète sur les faits incriminés et sur son passé est restée pour cette raison difficile à cerner.

    Les preuves physiques et les autres preuves ne permettent pas d'établir un usage de la force ou d'absence de consentement.

    Les preuves physiques, médicales ou autres qui sont disponibles dans cette affaire ne sont pas de grande valeur sur la question clé de l'usage de la force et de l'absence de consentement. Elles établissent de façon concluante que l'accusé a eu des contacts sexuels avec la plaignante le 14 mai 2011. Elles ne prouvent cependant pas que ces contacts ont été imposés par la force ou étaient non-consentis, et elles ne corroborent pas certains aspects du récit, par la plaignante, des faits incriminés.

    A. Les preuves sur les lieux des faits

    Sur la base du récit initial, par la plaignante, des faits incriminés, deux lieux à l'hôtel Sofitel ont été identifiés et examinés par les enquêteurs de la police criminelle de New York : la suite 2806, où les faits ont eu lieu, et la zone au bout du couloir du 28e étage où la plaignante affirme, dans ses premiers récits, qu'elle s'est réfugiée immédiatement après les faits.

    [Note de bas de page 18 : parce que la plaignante n'a pas indiqué avant le 28 juin 2011 qu'elle était entrée dans la chambre 2820, cette chambre n'a pas été examinée par les enquêteurs de la criminelle.]

    L'unité de police criminelle a identifié cinq zones, dans l'entrée de la suite 2806, qui recèlent potentiellement des secrétions biologiques telles que de la salive ou du sperme.

    [Note de bas de page 19 : les enquêteurs ont prélevé des échantillons de chacune de ces zones pour un examen plus approfondi au laboratoire de biologie médico-légale OCME. Ces échantillons ne recelaient pas la présence de sperme ou d'amylase, enzyme contenu dans la salive, le sperme et d'autres sécrétions biologiques, y compris les sécrétions vaginales.]

    Le jour suivant, l'unité de la police criminelle a retiré la moquette de l'entrée de la suite, ainsi que du papier peint du mur de cette entrée, et a livré ces éléments au laboratoire médico-légal OCME. Les tests préliminaires conduits par l'OCME ont permis d'identifier cinq zones sur le tapis qui contenait des sécrétions biologiques.

    Une de ces taches, qui a été localisée à environ 2 mètres du lieu où la plaignante affirme que le contact sexuel a eu lieu, recelait la présence de sperme et d'amylase et contenait un mélange d'ADN de l'accusé et de la plaignante. Aucune des autres traces sur la moquette ou sur le papier peint ne contenait de traces d'ADN de l'accusé ou de la plaignante.

    [Note de bas de page 20 : trois des autres taches sur la moquette contenaient le sperme et l'ADN de trois autres hommes non identifiés, et une tache contenait de l'amylase et un mélange d'ADN de trois autres individus non identifiés. La tache sur sur le papier peint contenait du sperme et l'ADN de quatre autres hommes non identifiés. Comme rien n'établit qu'une autre personne était présente durant les faits incriminés, les circonstances de la présence de ces traces d'ADN non identifiées n'ont pas de lien avec l'enquête.]

    Le 14 mai 2011, l'uniforme de la plaignante, qui consiste en une robe et une blouse, a été retrouvé par elle, à la demande de la police, et envoyé au laboratoire medico-légal de l'OCME. Trois traces sur la partie supérieure de l'uniforme ont été identifiées comme contenant du sperme ; deux des trois contenaient de l'amylase pouvant provenir de sperme, salive ou sécrétion vaginale. Seul l'ADN correspondant à celui de l'accusé a été obtenu de ces trois traces.

    D'autres prélèvements sur le corps de la plaignante, dans le cadre de l'examen matériel des preuves d'une agression sexuelle potentielle n'ont pas permis d'identifier de sperme ou d'amylase et donc n'ont donné aucun résultat ADN. De même, des prélèvements sous ses ongles n'ont pas donné de résultat.

    Les prélèvements sous les ongles de la main gauche de l'accusé contenaient son propre ADN ; ceux sous les ongles de sa main droite n'ont donné aucun résultat.

    Un prélèvement pénien sur l'accusé recelait du sperme et contenait de l'ADN de ce dernier, de même qu'une trace sur un caleçon retrouvé après son arrestation. Deux petites tâches de sang sur le caleçon contenaient également le propre ADN de l'accusé, de même qu'une petite tache de sang sur le drap du dessus de la suite de l'hôtel. Au cours de l'enquête, les taches sont apparues comme étant sans lien avec les faits incriminés, car au moment de son arrestation, l'accusé souffrait d'un problème de peau qui entraînait des saignements sur la peau de ses mains.

    A aucun moment la plaignante n'a affirmé avoir saigné pendant les faits, ou qu'un des deux avait subi une quelconque blessure entrainant un saignement ; de même, aucune trace de sang n'a été trouvée sur les vêtements ou le corps de la plaignante.

    Au moment des faits, la plaignante portait deux paires de collants (une plus sombre, une plus claire). 

    [Note de bas de page 21 : quand elle a été présentée à l'OCME, la paire claire était à l'intérieure de la paire sombre.]

    Sous les deux paires, elle portait une culotte. Le 14 mai 2011, la police s'est fait remettre ces effets par la plaignante, après qu'elle a été accompagnée à l'hôpital, et les a faits suivre pour examen à l'OCME. L'ADN de l'accusé, provenant de tissus cellulaires, a été trouvé sur la bande élastique des deux collants et sur celui de la culotte.

    L'ADN de l'accusé, également provenant de tissus cellulaires, a aussi été trouvé sur l'entrejambe des collants clairs, mais pas sur celui des collants sombres ou de la culotte.

    Parce qu'un individu peut toucher des textiles sans obligatoirement y déposer de l'ADN, ces résultats suggèrent que l'accusé à touché les sous-vêtements de la plaignante mais ils ne contredisent ni ne confirment les déclarations de la plaignante, qui affirment que l'accusé a placé sa main à l'intérieur de ses sous-vêtements et touché directement son sexe.

    Le 16 mai 2011, la police criminelle est retournée à l'hôtel, dans la suite, et a, entre autres examens, effectué des prélèvements dans le lavabo de la petite salle d'eau et a collecté des mouchoirs en papier dans la salle de bain proprement dite.

    La plaignante a déclaré qu'après l'incident et pendant qu'elle était dans la suite le 14 mai 2011 avec sa supérieure, elle avait craché dans l'évier de la salle d'eau. Les deux prélèvements dans l'évier et les mouchoirs ont été livrés à l'OCME ; ils n'ont pas révélé la présence de sperme mais d'amylase. L'OCME n'a pas pu extraire un matériel suffisant des prélèvements dans les éviers pour établir un profil ADN.

    B. Les preuves médicales

    1. Examen physique  

    Au moment de l'incident, la plaignante a été examinée par une infirmière assermentée qui est une examinatrice expérimentée et certifiée Safe à l'hôpital Roosevelt de St Luke. Pendant cet examen initial, l'examinatrice n'a noté aucune blessure visible faite à la plaignante et a relevé qu'elle ne souffrait de traumatisme ni sur son corps, ni dans sa cavité orale.

    Le seul constat physique que l'examinatrice a relevé est une « rougeur » qui a été observée lors de l'examen gynécologique. L'examinatrice n'a pas pu affirmer avec un degré raisonnable de certitude médicale que cette « rougeur » était une conséquence directe des faits incriminés, ni même que c'était une blessure ou un hématome. L'examinatrice a déclaré que cette rougeur pouvait être la conséquence des faits décrits par la plaignante, mais pouvait également être liée à une série d'autres causes.

    Pendant la période qui a suivi l'inculpation, nous avons sélectionné et consulté un deuxième expert médical, hautement expérimenté sur les questions liées aux agressions sexuelles. Cet expert a examiné le dossier médical de la plaignante postérieur au 14 mai 2011 et a abouti aux mêmes conclusions de l'experte certifiée Safe, à avoir que la coloration rouge était un élément non-spécifique, qui pouvait être attribué à de nombreuses causes autres qu'un traumatisme : friction, irritation, ou inflammation de la zone.

    Cet expert a confirmé qu'on ne pouvait exclure que la rougeur ait été causée par la façon dont la plaignante affirme avoir été saisie, mais c'est selon lui peu probable.

    2. Blessure à l'épaule 

    A l'hôpital, la plaignante a d'abord évoqué une douleur à son épaule gauche, qu'elle évaluait à 5 sur 10 sur l'échelle de la douleur. Comme il est rapporté dans son dossier médical, la douleur a clairement diminué lors des heures passées aux urgences.

    L'examen médical de la plaignante n'a pas révélé de luxation, et il n'a pas été effectué de radio. Une déchirure musculaire et une contusion ont été diagnostiquées, bien qu'aucun bleu ni gonflement n'aient été observés sur son épaule. Aucun anti-douleur ne lui a été prescrit à l'hôpital, ni aucun autre traitement.

    Dans les jours suivant les événements incriminés, il a été demandé à la plaignante à plusieurs reprises si elle souffrait de blessures à la suite des faits, et de façon constante elle a répondu que son épaule avait été douloureuse le jour des faits incriminés mais qu'elle allait beaucoup mieux dès le lendemain.

    Au cours de ces premières auditions, la plaignante n'a pas montré d'apparente souffrance et ne s'est pas plainte verbalement de douleur ni d'inconfort. Elle a même effectué de vigoureux mouvements en présence des enquêteurs.

    A la lumière de ces déclarations répétées d'absence de blessures physiques, aussi bien qu'au regard des constatations médicales, aucune charge attestant d'une blessure physique ne pourrait être invoquée dans une plainte criminelle ou devant un grand jury.

    Le 13 juin 2011, le défenseur de la plaignante a notifié au procureur que sa cliente souffrait assez sérieusement de son épaule pour devoir recevoir un traitement médical immédiatement qui l'empêchait de se rendre aux auditions.

    Le 22 juin 2011, son chirurgien orthopédique a diagnostiqué via un IRM un choc de type 2 sur l'épaule gauche, accompagné de tendinite, mais il s'est montré incapable de déterminer la date de la blessure ni son origine.

    Après avoir constaté d'autres symptômes, parmi lesquels engourdissement et picotements dans ses doigts, la plaignante a vu un deuxième médecin pour une évaluation de sa colonne vertébrale. A notre connaissance, ce médecin n'a pas dressé de diagnostic.

    Par la voix de son avocat, la plaignante a lors assuré au procureur que sa blessure à l'épaule (choc type 2) résultait de sa rencontre avec le défendant. Elle n'a pas fourni aux services du procureur le document permettant d'avoir accès à son dossier médical antérieur aux faits, ce qui aurait permis de savoir s'il existait une blessure à l'épaule.

    Plus important, le cabinet du procureur s'est adjoint les services d'un éminent expert orthopédique afin d'examiner tous les documents relatifs à la blessure de l'épaule. Cet expert a conclu qu'avec un degré de certitude médicale raisonnable, cette blessure, s'il s'agit bien d'une blessure, était plutôt causée par « un usage répété à la verticale de son avant-bras lors de gestes rotatifs et vifs », « comme ceux que peut effectuer un sportif lorsqu'il lance un poids en hauteur ».

    [Note de bas de page 23 : bien qu'il ne puisse pas donner une opinion définitive, l'expert a noté que les conclusions de l'IRM devraient être de l'ordre du normal. Du point de vue de l'expert, « son expérience et celle des autres indiquent que les comptes-rendus de l'IRM fournis par les radiologues ont tendance à trop diagnostiquer les déchirures du labrum (ligament entourant la cavité de l'épaule). Il est relativement possible que les résultats notés sur l'IRM soient considérés comme une variante normale, étant donné que les déchirures postérieures du labrum sont connues pour être présentes en l'absence de pathologie associée, c'est à dire comme variante normale.]

    L'expert en conclut donc que dans le cas où la blessure révélée par l'IRM aurait été causée lors d'un seul traumatisme, tel qu'elle l'a décrit, il aurait dû être accompagné “ d'une douleur importante, pas seulement au cours des douze premières heures, mais également lors des jours suivants ”.

    De plus, l'expert ne pense pas plausible que la douleur qui aurait disparu en 48 heures ressurgisse près de 28 jours plus tard.

    A la lumière de ces différents facteurs liés à la déclaration d'une blessure physique, et plus remarquablement suite aux conclusions de l'expert, la blessure à l'épaule ne vient pas corroborer l'accusation d'agression sexuelle.

    [Note de bas de page 24 : dans un entretien mené le 27 juillet 2011, la plaignante a affirmé pour la première fois qu'en conséquence du fait que l'accusé ait violemment saisi son sexe, elle avait souffert de douleurs en urinant lors des premiers jours suivant l'incident. Les rapports médicaux ne font pas état d'une plainte de cet ordre, la plaignante ne l'ayant pas non plus rapporté aux procureurs avant le 27 juillet, contrairement à ce qu'elle affirme désormais.]

    3. Les trous du collant 

    Comme indiqué plus haut, au moment des faits incriminés, la plaignante portait deux paires de collants.

    Il a été noté, au moment où elle a été recueillie, et plus tard à la police scientifique, que le le plus clair des collants avaient des trous. Un de ces trous mesurait approximativement 7,5 centimètres et était situé dans l'entre-jambes, tout près de la couture du vêtement. L'autre, située en haut du collant, mesure environ 4 centimètres.

    Comme les collants étaient recouverts au départ, la plaignante a volontiers admis devant le Safe examinateur, puis devant la police et le procureur qu'elle ne savait pas si ces trous étaient le résultat ou non de la conduite du défendant ou s'ils n'avaient aucun lien avec les faits incriminés.

    L'expérience commune indique que les collants en nylon peuvent être troués pour de multiples raisons, y compris un usage normal. Pour ces raisons nous sommes dans l'impossibilité de prétendre devant un jury que les trous observés sur les collants de la plaignante corroborent l'accusation d'un rapport sexuel non consenti.

    C. Chronologie de l'attaque supposée et les actions de l'accusé dans les suites immédiates

    La relative brièveté de la rencontre entre l'accusé et la plaignante a d'abord suggéré que l'acte sexuel n'était probablement pas consentant. Spécifiquement, les enregistrements des passes d'accès à l'hôtel indiquaient que la plaignante avait d'abord pénétré dans la suite 2806 à 12h06. Les enregistrements téléphoniques ont montré plus tard que l'accusé avait téléphoné à sa fille à 12h13.

    [Note de bas de page 25 : le jour de l'incident, il y a eu un possible décalage de deux minutes entre le temps indiqué sur le compte-rendu des entrées par clé électronique de l'hôtel et le temps réel, les temps enregistrés pouvant être antérieurs de deux minutes aux temps réels. Bien que nous ayons été informés que les temps des appels dans les comptes-rendus des téléphones portables sont synchronisés aux temps réels, le passage exact du temps ne peut pas être déterminé avec certitude du fait du décalage de l'hôtel.]

    Par conséquent, il apparaissait que, quoi qu'il se soit passé entre l'accusé et la plaignante, les événements s'étaient déroulés approximativement entre sept et neuf minutes.

    Mais à la lumière des défaillances de la plaignante à offrir un récit précis et constant de l'immédiat après-rencontre, il est impossible de déterminer la durée de la rencontre elle-même.

    Que l'accusé ait pu passer un bref coup de fil à 12h13 n'indique pas de manière infaillible quand la rencontre a eu lieu, quelle que soit sa durée, ni où se trouvait la plaignante entre 12h06 et 12h26.

    Toute déduction qui pourrait se concevoir quant à la chronologie de la rencontre est nécessairement affaiblie par l'impossibilité de consolider la chronologie elle-même.

    D. La preuve de la réaction qui a immédiatement suivi les faits

    Les témoins de la réaction qui a immédiatement suivi les faits ont été entendus de manière répétée et sont apparus fiables. Les témoins ont indiqué que la plaignante était apparue bouleversée au moment de raconter sa rencontre avec l'accusé.

    Mais à la lumière de notre impossibilité, précisée ci-dessus, d'accréditer le récit de la plaignante, de même que la capacité de celle-ci à mobiliser des émotions pour faire de l'effet, la force et l'effet des preuves relatives à sa réaction immédiate sont grandement diminués.

    Il est aussi notable que la version courante de la plaignante de sa réaction immédiate auprès de son premier superviseur n'est pas compatible avec certains aspects du compte-rendu du superviseur lui-même.

    E. Autres allégations d'inconduite sexuelle par l'accusé

    Pendant l'instruction de l'affaire, il a été porté à l'attention du Bureau l'existence d'une autre agression sexuelle supposée commise par l'accusé sur la personne d'une autre femme en France. D'après l'accusation rapportée publiquement dans le cadre d'une interview en France en 2003, l'accusé avait tenté de la violer dans un appartement vide.

    [Note de bas de page 26 : Claire Chartier & Delphine Saubaber, “Pourquoi je porte plainte contre DSK”, L'Express, le 4 juillet 2011.]

    Il paraît cependant peu probable que les avocats de la partie civile soient autorisés à introduire dans leur dossier le témoignage relatif à l'attaque supposée.

    Conclusion

    Pour tous les faits précités, le procureur demande que l'accusation No. 02526/2011 soit annulée. Aucune précédente demande de réparation n'a été faite devant aucun juge ou tribunal.

    New York, le 22 août 2011

    Joan Illuzzi-Orbon, assistant du procureur

    John (Artie) McConnell, assistant du procureur

    Traduction : Maryne Cervero, Aurélie Champagne, Blandine Grosjean, Valentine Pasquesoone, Pascal Riché, Lucile Sourdès, Sara Taleb.

    Rectifié le 23/8/2011 à 23h25 : faute de frappe dans le montant des sommes déposées sur le compte de Nafissatou Diallo (60 000 dollars et non 6 000).

    Note de la rédaction : les notes de bas de page ont été traduites, à l'exception de celles se référant à des textes de loi.

     

     

     


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  • Si nous voulons parler de la mauvaise conscience,  nous devons la distinguer de sa proche cousine l’angoisse.

    Vues de loin, angoisse et mauvaise conscience peuvent se ressembler, mais dès lors que l’on s’intéresse de plus près à leurs natures respectives, ce qui les différencie devient flagrant.

    Ceci dit, à un certain degré elles peuvent en arriver à fusionner et devenir semblables, mais nous verrons alors dans quel cas et sous quelles conditions.

    La différence principale tient en ce que la mauvaise conscience prend ses racines dans le monde de l’intériorité, elle est une sensation privée qui ne nous concerne qu’individuellement ;
    Tandis que l’angoisse, au contraire, naît de notre environnement, elle est une sensation liée à notre commerce avec le monde.

    Même si nous la ressentons à titre personnel,  même si elle peut aller jusqu’à nous habiter et nous envahir,  elle ne naît pas de nous et dépend d’un mode collectif situé hors de nous-même.

    La mauvaise conscience est un renseignement sensoriel donné par l’instinct.
    Notre instinct analyse en continu la façon dont nous nous déterminons par rapport au monde et par rapport à nous-même.

    S’il advient que l’harmonie de l’être se brise, une dissonance désagréable se fait jour.

    La rupture d’harmonie dont il est question ici est celle qui découle d’une transgression envers notre nature dans son aspect moral, émotionnel, affectif ou sensuel, ou bien encore d’une trahison que nous commettrions envers la vie au sens large.

    C’est le ressenti  de cette dissonance qui porte le nom de mauvaise conscience.           

    S’il advient que nous fassions le choix de rester insensible à cette alerte, indifférent aux conséquences de cette rupture d’harmonie  et  totalement sourds à nos rêves, les instincts montent alors d’un cran l’intensité du message et le rende explicitement constatable  par somatisation.

    Ce type de somatisation n’est pas un symptôme,  il s’agit de l’expression insistante d’un message  dont les manifestations précédentes, plus subtiles et exclusivement émotionnelles sont demeurées incomprises ou non suivies d’effet.

    Il est intéressant de poser à ce stade les deux grandes familles de somatisations.

    1)   I) La somatisation liée à la mauvaise conscience, somatisation ou le corps se fait messager pour porter plus explicitement une information incomprise jusqu’alors.

    Cette somatisation n’est ni un symptôme ni une conséquence mais un mode de communication voulu par la psyché qui le juge comme devenu indispensable.

    II) La somatisation liée à une atteinte extérieure anxiogène ( l'angoisse ), somatisation qui en arrive à atteindre le corps si la conscience ne perçoit pas la menace ou n’entame aucune action pour protéger l’être.

         Dans ce cas, par contre,  la somatisation est bel et bien  la conséquence d’une souffrance psychique, elle est bien le symptôme d’une insécurité, d’une carence,  d’une menace, d’une maltraitance subie par la psyché.

    Sur le plan analytique, le fait de ne pas savoir, pouvoir, ou vouloir faire le distinguo entre le langage et le symptôme, entre l’exprimé et le subi,  peut devenir la source de graves malentendus et conduire à de funestes erreurs de diagnostic……  

    Pour continuer et finir sur la mauvaise conscience, le fait de persister encore et encore et  de ne pas écouter ses sensations, ses rêves, son corps,  peut conduire à des situations extrêmes d’effacement de soi avec perte de sens et errance.

    D’errances en errances, à ne plus s’écouter,  à ne plus se considérer, on tend, en bout de course, à ne plus exister en tant qu’individu.

    C’est lorsque la notion d’individu n’éveille plus aucun écho en nous et ne trouve plus aucune parcelle de conscience pour se réaliser qu’est atteint le point de non-retour, à savoir le reniement, l’oublie  de nous-même et de ce qui nous constitue.

    C’est à ce niveau extrème, étant devenu extérieur à nous-même et de fait dépourvu d’intériorité connaissable, que la mauvaise conscience confine à l’angoisse et se confond avec elle puisqu’il n’y a plus ni intérieur ni extérieur mais juste un chaos impersonnel.

    Les facettes de notre déchéance peuvent alors prendre des teintes multiples et variées ; Elles peuvent aller de la clochardisation pour les personnalités les plus délitées, à la plus grande dépravation en passant par les fanatismes les plus obstinés pour les personnalités toujours debout mais sous influence totale.

     

    L’aiguillage vers le fanatisme ou la dépravation se faisant au grès des circonstances et des milieux fréquentés.


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  • La symbolique des saltimbanques

    La symbolique des saltimbanques

     

    On distingue qu’un processus naturel d’évolution a été contrarié, par la constatation que ce qui devait être intégré, au fil de ce processus, ne l’a pas été.


    On distingue que ces éléments psychiques ne sont pas intégrés lorsque la conscience d’un sujet est parasitée par des stéréotypes comportementaux sans vie ni imagination ni sens ni joie…..

    Ce qui contrarie le processus naturel peut être vu, au sens large, comme le trauma.

    C’est sous l’effet du trauma que cette substance psychique brute,  destinée à vivre et à s’épanouir au sein de l’être conscient, se perd et erre sans fin.

     

    Ces contenus ne peuvent plus retourner à leur source car le fleuve de la vie ne coule que dans un seul sens.
    Ils déambulent alors dans des lieux indéterminés de l’inconscient et animent certains rêves, de façon à ce qu’on ne les oublie pas.

    Ils apparaissent souvent, alors, au fil de ces rêves ou de l’imaginaire, figurés par des saltimbanques.

    Les saltimbanques sont des apatrides, des enfants de l’errance.

    Les saltimbanques font des tours extraordinaires.
    Ils indiquent ainsi qu’ils sont porteurs des qualités merveilleuses que confère l’inconscient, qu’ils appartiennent à sa nature et en sont ses messagers.
    Ils indiquent par leurs tours merveilleux que même abandonnées, leurs valeurs perdurent et même se bonifient.

    Mais comme on le sait maintenant, ce qui a été écarté n’est pas perdu, et le jour viendra où par thérapie naturelle ou thérapie aidée, les fils de l’errance retrouveront leur rang, dans la lumière de la conscience, et viendront enrichir de leurs dons extraordinaires et joyeux la vie de ceux qui n’auraient jamais dûs en être prives. 
      

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  •  

    Samedi 25 Février à 15:27 

    Question par Entonin
    Je voulais aussi te soumettre une hypothèse que je n'exclue pas:
    les structures génétiques, on peut penser que mes gènes effectivement ou ma combinaison de gènes font que je suis bipolaire, ensuite je dois être plus sujet à etre traumatisé par les événements traumatiques, on peut penser ainsi qu'au départ la structure est génétique, on peut penser de même pour d'autres structures à mon avis comme l'hystérie, la schizophrénie etc. après on développe des symptômes ou pas suivant les événements que l'on vit.
    Je veux dire que l'on est pas forcément tous égaux à la naissance, est-ce n'est peut être pas uniquement et tout simplement une question de vécu comme le pensait Freud je crois.
    Après peut -on "guérir"?
    Euh je n'emploierais pas ce mot, on peut apprendre de notre structure par la psychothérapie et l'analyse pour ensuite pouvoir s'adapter à notre structure. Il faut notamment comprendre notre histoire.

     C'est intéressant car cela casse un peu la psychanalyse, je veux dire  que les interactions enfant-mère sont alors moins importantes, si c'est génétique, que ne  le pensent les psychanalystes.

     Il y a un débat sur l'autisme en ce moment à cause d'un documentaire sur     l'autisme et le rôle de la mère dans ce que disent les psychanalystes.

    L'autisme serait comme toute structure :génétique.

     Que penses-tu de tout cela?

    Bon, Entonin, il y a là aussi plusieurs questions !

    Je commencerai par l’autisme et l’extrait de deux articles.
    Le premier est paru dans le magazine « Futura Sciences ». Il s’agit plus exactement de la conclusion de cet article qui a trait aux travaux de l’AGP (Autism Genome Project ).
    Le second article, lui, est paru dans le magazine « Le Figaro santé »
    Ce ne sont pas des articles extraordinairement pointus, mais ils restent une bonne vulgarisation que nous pouvons utiliser.
    Voici ces extraits :

    Ces résultats indiquent que l’autisme n’est pas le résultat d’un simple désordre génétique, mais qu’il est une combinaison complexe de différentes mutations.
    Ces recherches pourraient toutefois permettre d’accélérer le diagnostic de la maladie, et à terme d’en améliorer la prise en charge pour des familles parfois en difficulté.

    L’origine de l’autisme reste un mystère.
    Il toucherait en France 400 000 personnes, selon l’OMS, avec un risque quatre fois plus élevé chez les garçons.
    Chez 10 à 20% l’autisme est dit « syndromique », car associé à une maladie génétique ou métabolique favorisante.
    Mais dans 80% des cas, il n’y a pas de cause connue. Les progrès réalisés ces dernières années permettent cependant désormais d’écarter la conception qui a longtemps dominé, celle d’une maladie due au repli précoce de l’enfant face à une relation avec la mère perçue comme négative.
    Les progrès de l'imagerie cérébrale suggèrent qu'une région particulière du cerveau est associée à l'autisme. Ce glissement d'une conception psychanalytique à une vision plus neurobiologique de l'autisme ne se fait pas toujours sans frictions entre professionnels, mais conduit peu à peu à une collaboration renforcée des psychiatres, des généticiens et  des neurologues. Déculpabilisées, les familles participent aussi de plus en plus à cette révolution en cours.

     Avec ta permission Entonin, je voudrais avant toute chose commencer par exprimer un petit coup de colère.
    Je dénonce à quel point il a été cruel et injuste d’avoir culpabilisé pendant des années des familles et plus particulièrement des mères en les désignant, par principe, responsables de l’autisme de leur enfant.
    Quand bien même cette relation serait une cause vérifiée de l’autisme, il ne s’agirait que de la partie inconsciente, donc involontaire, de celle-ci.
    De plus, les petits génies de la psychanalyse n’ont jamais été en mesure de désamorcer ce soi-disant disfonctionnement maternel ni de proposer des contremesures aux résultats déterminants.
    Dans ces conditions, il aurait sans doute été plus prudent d’attendre de savoir plutôt que de s’aventurer à stigmatiser des personnes.
    Il est certes frustrant de ne pas comprendre mais il est criminel d’administrer à autrui la violence d’une accusation, juste pour le confort d’évacuer sa frustration.


    Ouf ! Ça fait du bien ! ^^

    Pour revenir au centre du sujet, Entonin, tu vois que si la composante génétique de l’autisme est trop significative pour être écartée ( 10 à 20% des cas reste très significatif ), on ne parle pour autant que de combinaison complexe de différentes mutations, et au surplus, il reste quand même 80% de causes inconnues.
    Tout ceci fait que l’on ne peut pas classifier l’autisme en tant que trouble génétique pur et avéré.

    Le fait que les progrès en imagerie cérébrale puissent suggérer qu’une région du cerveau est associée à l’autisme ne font que nous rapprocher de l’observation que tu as déjà faite concernant l’hippocampe pour la bipolarité et à laquelle j’ai déjà répondu. 

    Cela veut dire que si le facteur génétique est bien présent, il ne l’est pas suffisamment pour que l’on puisse trancher et di
    re s’il s’agit d’une cause ou si les complexes de mutation ne sont pas finalement qu’une des conséquences ou qu’un des vecteurs qui permettent à l’autisme de s’installer.

    Sans vouloir jouer les vieilles barbes, l’hypothèse qui à ce stade intègre toutes les données connues sans entrer en contradiction avec aucune d’entre elles, reste celle que je t’ai indiqué plus haut concernant la bipolarité.

    Le schéma serait donc le suivant : Un évènement ou une série d’évènements induisent un trouble psychique dont l’intensité et la persistance conduisent à diverses modifications neurobiologiques.
    Ces modifications particulières (hippocampe, complexe de mutations….) deviennent alors, à la fois, le marqueur du trouble et le vecteur par lequel se propagent ses effets.
    La mémoire de ces effets se trouve stockée dans ces zones modifiées et peut se réactiver dans les générations suivantes.

    Pour aller plus loin il me semble possible d’isoler quelle famille de cause peut induire le trouble qui conduit à la bipolarité, quelle autre peut conduire à l’autisme et quelles autres peuvent conduire aux troubles de fragmentation de la psyché.

    Il est prématuré de le faire publiquement, mais je te ferai connaître la classification à laquelle je pense par MP.

     Maintenant, la grande question :  Peut-on guérir ?

     Dès lors que l’on parle de psychothérapie, la bonne question à se poser est la suivante : La conscience est-elle accessible et si oui, à quel niveau d’entendement ?

    Là se trouvent en effet les limites.
    Une thérapie réussie, ou en tout cas productive, ne peut exister que dans un cadre ou la conscience est accessible et ou son niveau d’entendement est satisfaisant.

    Cela me laisse très optimiste pour la plupart des bipolaires et pour la plupart des personnes sujettes à une aliénation partielle de la psyché, mais à ce stade, sauf à de très rares exceptions, je ne pense pas que les autistes puissent en tirer un profit satisfaisant.
    Il faut pour eux rechercher d'autres pistes.

    Revenons à ta préoccupation initiale, à savoir ce que pouvait apporter une cure à un bipolaire.

    Il faut regarder les indices,et s’il y en a, on peut suivre une piste.
    En analyse, les indices sont les symptômes.
    Or des symptômes, de prime abord, nous en voyons deux.
    Il s’agit de la fuite et de l’évitement.
    Or, la fuite et l’évitement sont la première trace du trauma.
    Bien entendu, il ne s’agit pas de la trace du trauma d’origine, ce qui serait un peu trop facile, mais il s’agit quand même de la signature d’un de ses rejetons qui lui est relié.
    Et parce qu’il lui est relié, le trauma d’origine est condamné.
    La résilience et la catharsis sont désormais inscrites dans le livre de vie de l’être, car nous connaissons tout du trauma.

    Le premier principe de fonctionnement du trauma consiste à instaurer un rapport douloureux à nous même.
    Cette douleur  à laquelle se rajoute la peur de la douleur prend de l’importance jusqu’à faire force de loi et induire en nous une acceptation tacite, celle de nous soumettre, en échange d’un peu de paix.
    Il se crée ainsi en nous un territoire interdit, une zone peuplée de menaces, que nous avons déserté, et sur laquelle nous n’avons plus aucun contrôle.

    Le deuxième principe du trauma consiste à devenir furtif, à disparaître de l’écran radar de notre objectivité et à disparaître de nos pensées.

    Ce deuxième stratagème est particulièrement ingénieux car personne ne s’intéresse à quelque chose qui n’existe pas.
    Aussi, nous finissons par l’oublier.
    A l’abris de cet oubli, l’onde de destruction se propage à l’infini dans le monde psychique.

    Pendant ce temps nous cherchons des solutions partout où elles ne sont pas.

    La psychothérapie consiste justement à rompre ce pacte du silence, à se souvenir de ce qui a été oublié, à établir que là où il semble ne rien y avoir, il y a pourtant quelque chose d’hostile et de malveillant.
    Elle consiste à nommer ce quelque chose, à rendre les fantômes impuissants, à faire disparaitre les menaces, à rappeler à l’être qu’il est le fils de ces terres intérieures, qu’elles lui reviennent de plein droit et que c’est là que se trouve le sens de sa vie. Elle consiste à reconquérir notre être, à nous replacer au centre de notre devenir et à occuper toute la place qui est la nôtre par la réalisation de notre potentiel.

    Florentin G.

     


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    Cet article fait suite à celui de la conversation reportée de facebook entre trois personnes bipolaires.
    Le titre "Bipo" vient de la façon dont les bipolaires s'appellent entre eux avec dérision et qu'il me plaît d'adopter car elle est comme un petit parfum d'humour dans le monde parfois sombre de la bipolarité.

    Il est composé sur le mode question/réponse, c'est avec Entonin que la conversation est engagée.

    Question du 24 Février à 11h49:

    Et si nous avions nous les bipos une particularité physiologique? Des recherches tournent autour de l'hipocampe qui pourrait avoir une particularité ou une anomalie. Moi je pense que nous avons des différences génétiques ou physiologiques ou que nos phases peuvent nous abimer physiologiquement d'une manière pas forcément réversible. Qu'en penses-tu?

    Réponse:

    Entonin, Je répondrai ici à ta première intervention. Elle contient deux questions en une seule, si tu veux bien, nous allons les décomposer.

    Dans la première, tu me demandes si finalement ce ne serait pas une ou des particularités biologiques qui causeraient la bipolarité, et pour argumenter ta question, tu t’appuies sur les recherches faites actuellement autour de l’hippocampe.

    Dans la seconde, tu demandes si les passages d’une phase à l’autre ne peuvent pas, en eux même, induire des dommages physiologiques.

    Concernant la première, je dirais simplement  que tu es possiblement dans le vrai, ce sont des raisons que l’on ne peut pas écarter.
    De fait il est indispensable que la recherche avance et nous renseigne sans négliger aucune piste.
    Je le dis ainsi, et très sincèrement,  même si mon avis est il y a ici confusion entre les causes et les effets.

    Mon sentiment est que si on constate des anomalies physiques liées à la bipolarité, elles ne sont apparues que comme les conséquences causées par les troubles qui entrainent la bipolarité.

    Pour illustrer mon raisonnement, je ferais un parallèle avec ce qui se passe avec les anticorps.
    Les anticorps disposent d’un système immunitaire inné et d’un système immunitaire adaptatif.
    C’est le système immunitaire adaptatif qui « réfléchit » et « invente » les nouveaux systèmes de défense lorsqu’un agent pathogène nouveau est rencontré.
    Ce « laboratoire de recherche » occupe un lieu physique sur l’anticorps lui-même et n’apparaît que chez ceux qui en ont besoin, un peu comme le besoin en une nouvelle fonction entrainerait la création d’un nouvel organe ou la modification d’un organe existant.
    ( Je ne dis pas que les anticorps sont des organes, hein, c’est juste une image ! )
    A titre d’exemple, tu ne trouveras d’anticorps structurellement adaptés à combattre la malaria que chez les sujets qui ont été exposés à la malaria.

    De la même façon, s’il y a des particularités cérébrales qui n’apparaissent que chez les bipolaires, c’est possiblement parce qu’ils  sont les seuls à avoir besoin de ces lieux ou se développent ce type de mécanisme de défense. Ils sont les seuls à avoir été exposés à ce qui conduit à la bipolarité, ou tout au moins, ils sont les seuls à y avoir été exposés avec une intensité telle que la bipolarité s’est déclenchée.

    Concernant la seconde, il me parait assez vraisemblable que des troubles psychiques aigües puissent finir par jouer sur le physiologique, mais à quel niveau, au bout de combien de temps, dans quelles circonstances ? Je suis très très loin d’être le mieux placé pour te répondre, tu sais que cela n’est pas mon champs de compétence.

    Pour résumer la manière dont je vois les choses, je dirais que les « particularités » dont tu parles pourraient être soit une nouvelle organisation neurologique en formation….Soit, une zone « abimée » , une distorsion du schéma « normal »…..mais toujours induits par la pression de ce qui cause la bipolarité !
    Sans vouloir tenir de position idéologique sur le sujet mais basé sur l’observation, la connaissance de la nature et l’intuition, je dirais que la bipolarité est née d’un trouble psychique dont l’intensité a brisé l’unité de l’être d’une façon atypique.
    Je dis d’une façon atypique car tous les autres troubles destructeurs conduisent à de la dissociation et à de l’aliénation tandis que la bipolarité, elle, est un découplage.
    Le sujet est carrément enchâssé dans un monde binaire qui le domine.

    Bien entendu, tout ceci est spéculatif et je ne demande à personne d’être de mon avis, ce n’est que mon sentiment  par rapport à une question posée dans un domaine qui n’est pas le mien.

    Ceci étant, le fait que je me trompe ou pas sur ce point n’a pas beaucoup d’importance, je n’ai pas le pouvoir d’empêcher ce type de recherche, et même si je l’avais, je ne l’empêcherais pas car il nécessaire savoir !

    Par contre, pour revenir à un domaine qui m’est plus familier,  il me parait important d’attirer ton attention sur l’inconvénient qu’il y aurait  à mettre tous ses espoirs exclusivement dans la médecine et la recherche.
    L’espérance est une grande et belle chose, y compris pour les bipolaires, mais ici et en cette circonstance, elle conduirait à une position attentiste plutôt improductive.
    Pire que cela, elle transformerait l’attente en une sorte de dépendance envers un hypothétique succès médical.
    Je te ferais remarquer qu’en l’espèce, non seulement une telle attente obstinée rajouterait de l’enfermement et de l’impuissance là où il y en a déjà mais elle deviendrait une véritable caricature d’une bipolarité qui s’autoalimenterait.

    L’espérance dans son aspect « attente de succès médical » y serait calquée sur la phase haute dans la mesure où la solution médicale n’existe pas à ce jour.
    Elle ne procède que d’une réalité purement hypothétique et se pose comme  un lieu où le sujet se projette hors de sa condition, un endroit où sa souffrance pourrait ne pas exister ou être différente……. Tout comme un sujet en phase haute trouve refuge dans le monde immatériel de l’inconscient en cherchant un lieu où sa souffrance pourrait ne pas exister ou être différente.

    A l’inverse, l’aspect « sans espoir de l’attente », la conviction que son destin est définitivement scellé et qu’on ne sortira jamais de cet état parce que justement il n’y a pas de médicaments ou pas de chirurgie qui peuvent aider ;
    La conviction que l’on est sur une pente fatale, aspiré par un trou noir dans lequel on va disparaître et mourir, lui, se calque sur la phase dépressive.

    Dans ces deux cas, l’attente est prétexte à ….attendre, et justifie que l’on ne fasse rien…..

    Il se trouve que mon travail consiste, au contraire, à faire quelque chose !

    Et c’est pour cette raison que je dis, avec tout le respect dû à la médecine et à la psychiatrie, qu’il est humainement souhaitable de proposer aux bipolaires une perspective plus ambitieuse que la simple attente stabilisée et que s’il est important de mener de vraies recherches médicales sur la bipolarité, il est tout aussi important d’accompagner le sujet  en parallèle avec une vraie psychothérapie

     

     


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    Les bipos sur Facebook

     Je vous propose ici de jouer les curieux et d’écouter l’extrait d’une conversation entre trois personnes bipolaires telle qu’elle s’est déroulée sur Facebook.
    Bien entendu, il ne s’agit pas d’une écoute clandestine, l’extrait nous a été fourni par l’une des personnes avec l’accord des deux autres.

    Cette personne est un ami diagnostiqué bipolaire depuis plusieurs décades sans que pour autant il n’ait jamais entrepris de psychothérapie.
    La psychiatrie, jusqu’à tout récemment, a été la seule réponse qui lui a été proposée.

    Nous avons désormais entamé des entretiens psychothérapeutiques sur une base hebdomadaire ou bien évidemment son histoire personnelle est évoquée, mais aussi la bipolarité en tant que généralité. 

    Il apparaît que la question génétique est souvent posée concernant la bipolarité, et c’est d’ailleurs l’angle sous lequel le sujet a été abordé dans le message qui accompagnait le « copier/coller » de la conversation ;

    Message que voici :

     Juste pour te montrer que la bipolarité n'est pas seulement je pense la résultante de traumatismes infantiles, même si dans mon cas cela n'a pas arrangé les choses c'est certain, cette peur que je ressens est sans doute liée aux terreurs que j'ai connu enfant lorsqu'un de mes parents s'approchait pour me battre, mais ce n'est peut-être pas ce qui fait de moi un bipolaire, bipolaire nous le sommes peut-être bien par la génétique, porteur de cette maladie que peut être nous allons développer, ou pas. Il y a des gens qui ont connu des traumatismes graves enfant et qui ne sont pas devenus psychotiques pour autant.
    Bien à toi,
    Signature

     Nous allons donc ici répondre à ce message après avoir écouté la conversation promise.

    Il faut bien prévenir le lecteur qu’un salon de bipolaires sur Facebook, ce n’est pas un repaire de petits rigolos !
    On y parle de dépression, de cafard, de peur, d’ennui, d’angoisse, de mort……Mais l’extrait à suivre est relativement court !
    Ils sont trois, nous les nommerons Entonin, Martin et Radha. 

     Entonin
     
    …. retour dans le cafard régulièrement comme quelque chose qui doit toujours revenir et ne veut pas me lâcher, ma dépression aussi est souvent liée à la peur, une peur sociale, je ne saurais trop expliquer, une angoisse mais une peur si ce n'est la même chose, je me rappelle qu'en phase basse tout me paraissait impossible, me trainer chez le psy, me confronter à d'autres personnes ou à des situations nouvelles, peur de mourir de sous-alimentation de folie d'angoisse, de douleur, de peine, peur en tout cas de tout ou presque, peur de la vie, peur de la mort, peur de la solitude, peur de l'abandon, peur de ne jamais sortir de la dépression. Etc. etc. mais pourquoi cette peur, me comprenez-vous, avez-vous ressenti ainsi ce genre de choses? D'où vient la peur?
    Moi j'ai subi des violences physiques enfant je pense que ma terreur vient de là. Je reste avec cette terreur qui se transforme en diverses peurs.
     
    Martin
     

    Je ressens ça aussi chaque jour. Et la peur est effectivement le sentiment dominant. D'où vient-elle? Je suppose que ça dépend des gens. Pour moi, je crois que la peur de la mort est centrale, ainsi que la peur de la vie. Du coup, j'ai développé un sentiment d'absurdité face à tout ça. La vie me semble absurde. Je n'ai jamais compris ce qui fait bouger les gens dits normaux. Leurs motivations. Ils m'ont toujours paru inhumains, et fous. "Certains ne deviennent jamais fous. Leurs vies doivent être bien ennuyeuses" comme disait Bukowski.
     

    Entonin
     
    Oui absurde, les autres et l'existence, Camus a parlé de cela dans le mythe de Sisyphe, mais n'as-tu pas l'impression Martin qu'a un moment donné tu as fait partie d'eux, et qu'en quelques sortes tu les comprenais alors? Mais que tu ne les comprends désormais plus. Moi j'ai cru pendant à peu près 20 ans être à peu près comme eux, je croyais être normal. Et je semblais alors mieux les comprendre. 

    Martin
     
    Entonin, je n'ai jamais vraiment cru que j'étais normal. Je me croyais et me voulais original. Je crois bien comprendre les autres, les gens dits normaux. J'ai l'impression de les comprendre même trop bien. Ils peuvent m'attendrir. Je suis comme eux, quelque part. Nous partageons la même condition humaine, un esprit coincé dans un corps mortel. Mais j'ai l'impression d'avoir quelque chose en plus avec cette maladie, et pas quelque chose de moins. C'est dur à vivre, mais ça donne un regard différent sur les choses. Pour revenir à la peur et au rapport avec les traumatismes de l'enfance, je suis un contre-exemple. Enfance heureuse, choyée, privilégiée. Mais je n'ai jamais vraiment été bien. L'exaltation et la tristesse, la mélancolie, sans raison apparente. Apparemment, l'événement qui a bouleversé mon équilibre et ma personnalité, c'est la naissance de ma sœur. J'avais quatre ans. D'après mes parents, avant sa naissance, j'étais un petit bonhomme sage et éveillé. Sa naissance a marqué le début de ma carrière d'enfant dit difficile. Pour moi, ce serait l'élément déclencheur. Mais pas de violences. Pas de coups, et pourtant je les cherchais. Que de l'amour. Et pourtant...

     Radah

     En fait si je comprends bien la plupart des maladies sont liées à ce qu'on a vécu dans notre enfance?

     Entonin 

    D’après les psychanalystes oui on peut dire cela Radah. Mais nous avons peut être une sensibilité génétique qui fait que les événements douloureux ont plus de chance d'être traumatiques que ceux vécus par les autres. L'arrivée d'une petite sœur dans la vie de Martin par exemple qui n'est en principe pas un événement traumatique. Martin malheureusement les autres ne m'attendrissent plus. Ça marche plus de ce côté-là... 

    Martin

    Je pense que les traumatismes de l'enfance ne servent que de révélateur. Certains vivent des traumatismes énormes et s'en sortent très bien, sans maladies psychiatriques. On a cette maladie dans nos gênes, et le traumatisme (au sens très large) la réveille. Mes deux grands-pères étaient maniaco-dépressifs (à l'époque, on ne disait pas encore bipolaire). J'ai de qui tenir... 

     REPONSE :

    Entonin,
    Je voudrais répondre à ton message en  trois volets:

    - Celui des faits.
    - Celui des mots et du lien traumatique.
    - Celui des gênes.

    Le premier volet, donc,  concerne la réflexion de Martin lorsqu’il dit : « J’ai l’impression d’avoir quelque chose en plus avec cette maladie, pas quelque chose en moins. »

    Comme j’ai déjà pu te l’expliquer, durant les phases maniaques le sujet est littéralement projeté à l’état de veille dans le monde de l’inconscient  et  se trouve exposé aux images primordiales de la psyché.
    Pour autant, cet état de veille, qui par nature est dédié à l’action dans le monde conscient, n’est « outillé » que pour les besoins de sa fonction et ne possède pas les filtres qui protègent des aspects irradiants et fascinants des archétypes.
    Les bipolaires en phase maniaque se retrouvent donc témoins hallucinés d’un spectacle ou les acteurs sont des principes psychiques actifs, porteurs de dimensions inconnaissables par les outils intellectuels de l’état de veille.
    Ils se trouvent tout simplement saisis par une puissance dont ils pressentent l’importance et la portée sans pour autant pouvoir comprendre ou mesurer ce qu’elle est.

    Alors, nous pouvons dire que cette étrange expérience d’un savoir inaccessible est ce fameux « quelque chose en plus » dont parle Martin.
    Les bipolaires ne connaissent pas ce qu’ils savent, mais ils savent que c’est extraordinaire, que c’est au-delà de la portée commune et que tout y est intensément réel.
    A bon droit, ils peuvent se considérer comme des gens différents, des « initiés » en quelque sorte,……tout au moins des personnes qui se reconnaissent entre elles  par rapport à une expérience commune rare.

    Le deuxième volet a trait au mot « maladie » utilisé par Radah et le lien qu’elle fait avec les traumatismes :
    Pour être clair, lorsqu’on parle de psyché et uniquement de psyché, c'est-à-dire lorsqu’on exclue tous les accidents physiques et biologiques qui peuvent entraîner des malformations ou des dommages neurologiques qui, eux, relèvent de la médecine spécialisée et peuvent être qualifiés de maladies, les termes à privilégier sont ceux de troubles et de disfonctionnement.

    Il n’existe pas de « maladies psychiques », il existe des troubles, des disfonctionnements, des déséquilibres qui par commodité ont parfois été affublées du terme de maladie.
    Pour autant, à titre d’exemple, si l’Alzheimer est bien une maladie, l’hystérie n’en est absolument pas une.
    De plus, si ces troubles et disfonctionnements ne sont pas d’origine accidentelle et s’ils ne dépendent pas du domaine de la médecine spécialisée, alors, ils sont liés à l’environnement social et sont nécessairement d’origine traumatique.

    Ce sentiment constant de peur et d’abandon chez le bipolaire en est la marque.
    1) Je suis attaqué
    2) Il n'y a personne pour me protéger

     
    Bien entendu, la palette des traumas est quasiment illimitée. Il existe autant de natures et de qualités de traumas que ce qu’il existe d’expériences humaines.
    Pour autant, à l’instar de la psyché qui fonctionne selon un certain nombre de principes, les traumas s’articulent autour de modes de fonctionnement et de schémas qui commencent à être désormais connus et décryptés.

    Le troisième volet concerne la génétique avec de grandes questions :
    Peut-on considérer que les gènes conditionnent à eux seuls la psyché ?
    Peuvent-ils  prédisposer  aux troubles et disfonctionnements ?
    Cela suggère-t-il  que les réponses à apporter à la bipolarité sont exclusivement médicales et médicamenteuses ?

    Alors tu vois, Entonin,  le bon raisonnement, lorsqu’on aborde ce genre de sujet, c’est de bien prendre soin de rendre à César ce qui appartient à César, à la médecine ce qui est à la médecine et à la psyché ce qui est à la psyché.

    Partons du principe que la fonction crée l’organe ( avec réversibilité possible ) et considérons qu’en tant que « bibliothèque » les gènes s’enrichissent de génération en génération selon le besoin en fonctions nouvelles liées aux changements d’environnement que chaque génération particulière rencontre.
     
    Si tu veux bien, nous allons laisser de côté toute cette partie de la bibliothèque génétique qui contient les modes de défenses et d’adaptations aux maladies dégénérescentes, les modes d’adaptation aux malformations accidentelles, et d’une façon plus générale tout ce qui relève du domaine de la médecine et de la psychiatrie.
    Nous ne nous intéresseront qu’a cette partie de la bibliothèque qui s’occupe de l’intégration des processus psychiques.

    A ma connaissance, et je pense que tu me le confirmeras, la bipolarité n’est pas systématiquement associée à une maladie ou à une dégénérescence physique spécifique et nous pouvons donc nous y intéresser !
    Certes, elle représente un handicap social certain, certes, elle représente un risque de mise en danger de soi et un inconfort flagrant, et à ce titre, il est justifié que la psychiatrie intervienne avec une prise en charge médicamenteuse stabilisatrice.

    Pour autant, cela ne doit pas nous empêcher de considérer que les gènes qui prédisposeraient à la bipolarité ne seraient que  des gênes qui contiendraient la mémoire d’une défense et d’une adaptation à une pression psychique.
    Cette adaptation, concernant les bipolaires, aura été  la rupture de l’unité de l’être et son découplage en périodes maniaco-dépressives.

    En d’autres termes, posons le cas d’une personne  donnée se trouvant aux prises de contradictions insolubles imposées par son environnement social.

    Si cette personne en arrive à basculer dans la bipolarité sans que jamais jusqu’à la fin de ses jours elle ne puisse comprendre et dépasser ce qui la bloque, alors, ce trouble pourra se retrouver chez sa descendance et devenir une difficulté psychique trans-générationnelle. 


    Lorsqu’à son tour, la descendance se retrouvera psychiquement dans une ornière infranchissable et qu’elle ira consulter la bibliothèque génétiques des solutions trouvées par les générations précédentes, elle y trouvera le mode d’emploi du découplage de la psyché.

    C’est ce mode d’emploi inscrit qui constitue ce que l’on appelle les dispositions génétiques à la bipolarité.

    Quelques soient ses ascendants, si le sujet ne se trouve jamais dans l’ornière, le mode d’emploi ne sera jamais consulté et la bipolarité ne se déclenchera jamais.

    Il est bien évident que le sujet puisse aussi se trouver dans une ornière mais qu’il soit capable de trouver en lui et en son entourage la ressource de se sortir de ce piège.
    Le contenu de la bibliothèque est donc écarté au profit d’un nouveau fondement mental, initié, par exemple, par une psychothérapie.

    Moralité, Entonin, je veux bien aller avec toi dans le sens de la prédisposition génétique, mais uniquement vu comme ça, et il faut de plus que tu me fasses crédit du fait que l’origine de ce qui est mémorisé dans le gène est de nature psychique et que nous parlons bien d’un trouble, d’un déséquilibre ou d’un disfonctionnement, et que quel que soit le maillon générationnel sur lequel il apparaît en premier,  il s’agit bien d’un évènement traumatique.

    C’est pour cette raison que le seul suivit psychiatrique stabilisateur me semble tristement insuffisant et sonne un peu comme un renoncement ou pire encore comme un abandon.
    Il me semble au contraire que derrière l’épaisse croute dépressive de vos propos sur facebook se faufile  la rivière souterraine du désir de vivre et que cela encourage à apporter aux bipolaires une réponse plus ambitieuse que celle de la psychiatrie, sans l’exclure, bien entendu, mais en parallèle.  

    Mais comme en toute chose il faut se forger sa propre opinion, et maintenant que tu es lancé dans l’aventure de la psychothérapie, nous comptons tous sur toi pour connaître ton ressenti et continuer le débat.

     


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  • Les entretiens sur la mémoire traumatique du 24 Septembre 2011 à Paris ont fait l'objet d'une synthèse que voici:

     
    1)      La proximité :

     Le travail de Bernard LEMPERT a été situé dans la lignée des pères de la psychologie des profondeurs  et il a été établi qu’il avait réalisé une intimité fondamentale avec l’inconscient ………
    Et que justement  un des aspects majeurs de ce qu’il avait transmis était la sortie des constructions mentales et des théories pour tendre à cette proximité ………
    Et qu’ainsi se créent les conditions du jaillissement de la réalité psychique et objective, à la manière d’un récit, au travers de l’analyse, du décryptage et de la description…….
    Et que du flux  des vérités cachées et apparentes  englobées par la conscience naît la liberté de l’être.

    2)      La bonne distance : 

    La notion d’instance psychique universelle a été prêtée aux archétypes et
    il a été évoqué le fait que la conscience était impactée par les contenus  archétypaux.
    Il a été exposé que la nature des archétypes était à la fois fascinante et irradiante  et que de fait, il était important de trouver la bonne distance par rapport à leur influence : Assez loin pour ne pas être happé et dissout par leur caractère numineux, assez près pour ne pas perdre le lien inspirant et sombrer dans le matérialisme froid et la technique pure.

    3)
         
    L’attaque :

     Il a été vu qu’en dehors des scénarii de type « agression de rue » ou de violences  manifestes, l’intrusion du trauma se fait aussi par la ruse et la séduction.
    Il a été insisté sur ce point car si la violence objective apporte son lot de dissociations et d’aliénations, elle ne se nie pas elle-même ;
    Tandis que la destruction introduite par la ruse se nie en tant que violence et rajoute une complication au problème.
     
    Il a été également établi que le désir de mort porté sur l’être au travers de ces attaques ne se compare pas à une mort naturelle pensée comme un passage mais s’établie comme un effondrement progressif hors du monde, souvent  décrit comme un isolement absolu ou un engloutissement  ou encore comme une décomposition du vivant.
    Il a été noté que les profils les plus susceptibles d’être trompés et séduits étaient les êtres abandonnés, délaissés, donc exposés.

    Il a été mentionné que la ruse et la séduction s’articulent autour d’un leurre.
    Le leurre feint son authenticité en utilisant les mêmes codes influents et impérieux que ceux des archétypes et offre à l’être une vision de paradis adaptée à l’âge et à la nature de la victime.

    Un des rêves étudié illustrait ce point avec l’existence d’un objet aux apparences de jouet fabuleux vers lequel un enfant portait ses désirs.

    Il a été souligné que le désamour induisait tristesse, mélancolie, découragement et besoin d’échapper au monde.

     C’est par ce double mouvement, celui de vouloir quitter la réalité, et celui de vouloir saisir  « le paradis » , c'est-à-dire de vouloir être « sauvé » que le piège se referme sur l’être qui se livre ainsi littéralement à l’agresseur.
    C’est ainsi que débute la perte de contrôle de la psyché dont une partie devient possession du trauma et dont la partie restée saine compense, refoule, fuit ou……combat !

     4)      Le choix

     Un des rêves étudié montrait un groupe d’adultes qui mettaient des objets surdimensionnés et inadaptés entre des mains d’enfants et que ceux-ci les rejetaient pour reprendre des objets identiques mais qui étaient les leurs et qui avaient la bonne taille.

     Cette scène illustre une constante dans le mode d’expansion du trauma qui est celui de la conversion.

    Le trauma se pose comme une idéologie puissante qui tend à entrainer l’ensemble de la psyché dans sa dynamique.
    Cela correspond au fait de pousser l’être à abandonner ce qu’il est pour rejoindre ce qu’il n’est pas avec pour bénéfice un certain sentiment de puissance et d’élévation au-dessus de sa condition.

    C’est au travers de cette « conversion », lorsqu’elle est réussie, que se produit le phénomène de reproduction et que la victime devient à son tour maltraitante.

    Dans le cadre du rêve étudié, il y a rejet de l’offre, mais si cette attitude prévient la reproduction,  ce rejet ne marque que la limite de l’expansion sous cette forme.

    Lorsque la violence a épuisé toute son énergie d’expansion,  si elle ne trouve pas en la victime le relais volontaire, converti, pour entretenir cette énergie, elle fige sa position et change de stratégie.

    Nous avons vu que le trauma imitait la nature des archétypes pour influencer et tromper la conscience.
     
           - Nous avons vu que les archétypes étaient irradiants ;  La phase de conversion du trauma se calque justement sur l’aspect irradiant des archétypes.

     -          Nous avons vu que les archétypes étaient fascinants ;  La deuxième stratégie du trauma se calque justement sur cet aspect fascinant pour aspirer l’être comme dans un trou noir.

     Pour autant, l’archétype inspire l’être, le nourrit et participe du vivant, alors que le trauma parasite  l’être, se nourrit de lui et désagrège le vivant.

    Il est à retenir que si les difficultés et souffrances psychiques sont des effets induits par la violence et relèvent du statut de victime innocente, le fait de reproduire, par contre, procède d’un choix et place l’individu devant des responsabilités bien réelles.

     
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    Lorsqu'on arrive à la croisée des chemins, on a parfois l'impression que le temps s'arrête et que
    le destin est suspendu à nos décisions.
    Puis, une fois la direction choisie, le monde se remet en route et aussi toute la chaine des conséquences de nos actes.
    Ainsi se crée  notre futur.

    Parfois, c'est à l'échelle d'un pays entier que le phénomène se produit.
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    Dans les années 50, le Canada était à la recherche de lui-même et préparait son avenir.
    Le grand Nord était envahi par des marchands de fourrures, des missionnaires, des baleiniers, des prospecteurs de tous poils.
    D'immenses gisements pétrolifères furent découverts dans le bassin de Norman Wells.
    La tendance était à l'exploitation systématique et aveugle de toutes les ressources naturelles.
    De gros appétits d'enrichissement rapide, gouvernementaux et privés, se faisaient jour aux quatre coins des provinces, et le génie technique nord américain se mettait au service de l'avidité humaine.
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    Insensibles à ce type de richesses et inconscients des menaces qui pesaient sur eux, les Inuits poursuivaient leur vie traditionnelle de nomades. Organisation du Blog

    Dans un monde uniformément atteint par la fièvre de l'or, ils représentaient cette partie de l'humanité qui ignore tout du désir de puissance et de domination sur la nature.

    Ils n'étaient ni dangereux ni méchants et ne revendiquaient que peu de choses.
    Ils n'envisageaient pas de remettre en cause la souveraineté de la couronne ni la légitimité de ces messieurs d'Ottawa.
    Leur niveau de prélèvement sur le milieu n'en faisait pas non plus des compétiteurs redoutables pour les multinationales.Organisation du Blog

    Pourtant, quelque chose clochait entre les autochtones et les canadiens de souche européenne.

    Par leur présence et leur mode de vie, ces silencieux passagers de la nuit polaire, faisaient témoignage d'un autre rapport au monde.

    Vénération mystique et mode de vie intemporel côté Inuit, avidité froide et satisfaction immédiate des désirs, côté
     "civilisé"....
    Le Canada était face à lui-même, face à son identité.
    Il y avait des précédents, des exemples.
    Les désastres de la colonisation européenne en Afrique, en Asie et en Océanie étaient connus, tout comme étaient connues les recettes appliquées aux natifs par le voisin Américain.
    Le Canada ne pouvait pas ne pas savoir. 
    Cette fois, la modernité et la technique avaient la possibilité de s'émerveiller devant les immensités et l'abondance.
    On n'allait pas envahir des terres étrangères, on restait chez soi, au Canada, pays régi par des lois humanistes.
    Le pays avait la possibilité de recevoir l'inspiration et d'intégrer la voix de la nature portée par les premiers habitants.
    Le Canada pouvait devenir une grande nation de tempérence face au matérialisme offensif Américain.
    C'est là que le temps s'est arrêté, moment rare et précieux de tous les possibles….et c'est là qu'ils ont choisi. Choisi de faire comme tous les autres, de s'ennivrer de pouvoir, à grand renfort de dollars, de technologie et de refoulement.
    Le refoulement pour éviter de voir les germes de destruction contenus dans les pensées et dans les actes, à commencer par le sacrifice de la culture Inuit. 

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    Dès lors, le pire obstacle rencontré par les occidentaux, n'était plus ni le climat, ni les difficultés géologiques, c'était la mauvaise conscience, le fait de savoir être dans l'autodestruction, mais de continuer quand même, et de renvoyer aux générations futures les conséquences des actes d'aujourd'hui.
     
    Tous les chefs de chantier vous le diront, une bonne exploitation se réalise sans gêneurs, mais il n'était pas très difficile de tenir les Inuits à l'écart,  ils s'éloignaient eux-mêmes de l'industrialisation, fuyant ces zones abandonnées par la paix. 
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    Mais que faire lorsque les voix viennent du dedans de nous ?

    On les réfute, on les nie, on les refoule tout au fond de l'inconscient.....Mais elles sont têtues,  et selon un phénomène que nous connaissons bien, ce qui existe, mais qu'on ne veut pas entendre de soi, on le projette sur autrui.

    En ces latitudes assez peu fréquentées, en cherchant bien, on peut quand même trouver un bouc émissaire valable.
    Un peuple qui a la tête de l'emploi, que l'on retrouve toujours à rôder et qui surgit là où on ne l'attend pas.

    il y a plus de fantômes qui hantent les pionniers que d'esquimaux qui sillonnent la banquise,
    mais chacun d'entre eux, autant qu'eux tous dans leur ensemble, furent désignés comme l'origine de tous les problèmes.
    Il était devenu urgent de les uniformiser, d'en faire des Canadiens comme tous les autres, de les sédentariser  de les convertir à l'amour de la technique et du dollar, pour qu'enfin se taisent les voix.
    En les coupant de leur rapport mystique à la nature, la nature cessait de s'exprimer à travers eux, et les occidentaux qui s'en étaient, eux, coupés depuis longtemps retrouveraient au moins la paix de l'esprit, à défaut de la bonne conscience.

    Exit les témoins génants.
    En quelque mois le problème était réglé, les nomades Inuits étaient fixés en différents points du territoire choisis et administrés par le gouvernement fédéral.
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    Ce bouleversement culturel s'est fait sur le dos de 20 000 ( Vingt Mille ) chiens de traîneaux qui ont été sacrifiés. (1)
    Par sacrifiés, nous voulons dire abattus.
    Nous parlons d'une tuerie planifiée qui a été principalement perpétrée par la GRC (2) du Québec.

    Le chien est un élément majeur de la symbolique Inuit.
    Selon le sentiment Inuit, le chien connait les deux aspects de l'être et permet le passage de l'un à l'autre.
    Il est ( entre autres ) celui qui guide l'homme dans la nuit de la mort après avoir été son compagnon dans le jour de sa vie.
    Il est le lien entre ici-bas et le domaine du pur esprit.

    En assassinant le chien, on assassine le lien. 
    Sans lien avec les autres plans de l'existence,l'Inuit perd son âme, il perd le sens de sa vie, sa substance.
    Ainsi, il ne lui reste que le nouveau mode de vie qui lui est proposé par les maîtres du pays.
    En plus de les déposséder de leur moyen de nomadisme,  la mise à mort massive des chiens de traîneaux est  la mise à mort d'une culture toute entière..  Organisation du Blog

    Une enquête officielle est actuellement en cours, parce que 20 000 chiens, c'est un chiffre, et parce que les conséquences d'un tel massacre prouvent par elle-même la volonté gouvernementale de sédentariser tout un peuple de force.
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    Comme très souvent au Canada, dans les affaires qui opposent autochtones et gouvernement, tout tourne autour de compensations financières entremêlées de vieilles rancoeurs accusatrices qui ne vont que très rarement au fond des choses et qui laissent tout le monde frustré.

    Mais quel serait le fond des choses ?

    Nous ne sommes pas en train de dire que la plus grande sagesse et les plus hautes aspirations humaines ne peuvent se réaliser qu'au travers d'une vie tribale dans un monde sans technologie.

    Il y a depuis toujours le choix de se situer dans sa relation au monde selon un rapport de force ou selon un rapport d'harmonie.

    Les avancées techniques sont neutres, elles peuvent être mises au service de l'un ou de l'autre, ce ne sont pas elles qui sont en cause, mais bien nos choix, notre vision, notre pensée, notre rapport au monde.
    Aujourd'hui, la voix des Inuits est amplifiée par le réchauffement climatique, l'extrème pollution et la surpêche.
    Le gouvernement fédéral, pas plus que sa gracieuse majesté ni personne ne peut ignorer que notre environnement est en péril. Organisation du Blog
    Alors nous voilà à nouveau à la croisée des chemins, quels seront les prochains choix, quelles seront les prochaines conséquences, faudra-t-il encore faire taire quelque chose ou quelqu'un ou va-t-on enfin entendre …..?
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    (1) Source = Journal du Quebec du 12/04/08
    (2) GRC = Gendarmerie Royale du Canada
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