• PMA étendue

    PMA étendue

     

    Toute la période durant laquelle se sont déroulés les débats puis le vote sur la loi du mariage pour tous, a pris des allures de psychodrame national.
    Partant de ce constat, nous pouvons tabler que les débats qui aborderont le sujet de la PMA étendue, puis plus tard, celui de la GPA, ne seront probablement pas  beaucoup plus sereins !

    Le point le plus gênant, lorsqu’il est question d’éthiques, c’est que la commission du même nom ne répond pas à toutes les questions.
    Le flou ouvre des failles et les débats finissent par être confisqués par deux camps au militants :
        
    - Le camp de ceux qui s’érigent en gardien d’une morale conforme à une certaine orthodoxie ancestrale, 
    et,
    - Le camp de ceux qui vivent un drame personnel, et qui au nom de leur ressenti estiment qu’aucune limite ne peut être opposée à leur demande.

    Il y a un match tendu entre idéologie et pulsion, avec les politiques dans le rôle de l’arbitre.

    Les trois compères s’imposent et mettent hors-jeu toutes les positions équilibrées tendant à rechercher l’objectivité raisonnable.

    Il nous parait donc utile d’émettre rapidement une opinion avant que les vociférations emplissent tout l’espace médiatique et que la raison soit obligée de se retrancher aux abris.

    Nous souhaiterions ici introduire le point de vue d’un monde que l’on ne consulte jamais, sous prétexte qu’il est silencieux et qu’il ne semble pas être partie prenante.
    Nous parlons pourtant de ce qui est au cœur de la condition humaine, le monde psychique, celui-là même qui n’a d’autre objectif que l’essor du vivant.

    Les trois thèmes qui sont en jeu, lorsqu’on parle de PMA étendue et de GPA sont ceux de la pulsion, de la filiation et de la cohérence. 

    Il convient de préciser que le monde psychique et les processus inconscients figurent le réel à l’état brut, l’objectivité tout nue au moment même ou elle sort du puits.

    Cela veut dire que le psychique est indépendant de toute idéologie.
    Il ne cherche pas à faire du politiquement correct, il ne cherche pas à faire la morale et il cherche encore moins à coller aux canons des pensées dominantes ; 
    Bien que construit avec les briques de l’inconscient collectif, il est fait d’indépendance et de singularité à l’état natif.   

    Commençons par la pulsion, et ce « désir d’enfant » si souvent évoqué.

    Que savons-nous de la pulsion ?

    Il est établi qu’intrinsèquement la pulsion est innocente ;
    cela veut dire qu’elle est naturelle et que le message qu’elle délivre ne peut être évalué par aucune morale collective ni par aucune philosophie.
    Ce message ne peut être que constaté et évalué à l’échelle de l’individu, il est personnel, chacun d’entre nous le reçoit et se détermine vis-à-vis de lui selon ses critères propres. 

    Tant qu’il n’y a pas d’acte, tout reste dans les têtes et dans les cœurs et appartient à chacun.

    Il est également établi que les pulsions sont équivalentes entre elles.

    A titre d’exemple, une pulsion qui porte une image sociale positive, comme le désir d’enfant, est absolument équivalente à une pulsion socialement moins bien vue, telle que la pulsion sexuelle, qui selon certains clichés, se teinte d’une connotation plus ou moins menaçante.  

    Psychiquement parlant, il n’existe aucune hiérarchie de valeur pour les différencier ;
    il n’y a pas de bonnes ni de mauvaises pulsions, ce n’est que la façon dont chacun se détermine par rapport à elles qui peut être évalué en termes de bon ou mauvais, de légal ou d’illégal.

    Lorsqu’on se détermine, nos actes entrent dans le champ de la conscience sociale, et là, ils peuvent alors être légitimement évalués par la morale collective et par la loi.

    D’où vient la pulsion ?

    La pulsion est généralement liée à la chimie du corps, elle agit comme une balise qui nous renseigne de là où nous en sommes sur le cadran de notre horloge biologique.  

    En l’absence de toute pathologie, la pression pulsionnelle influe plus ou moins subtilement sur nos centres d’intérêts.
    De fait, nous devenons enclins à rechercher un environnement social favorable aux rencontres et à la réalisation de nos désirs.

    Si nous restons sur les exemples vus plus haut, la pulsion sexuelle orientera notre socialisation vers des rencontres qui permettront, entre autres, d’avoir une sexualité épanouissante, et le désir d’enfant, orientera, entre autres, notre socialisation vers des personnes pour lesquelles la notion de foyer est importante.

    Qu’est-ce qu’un foyer ?

    L’idée de foyer tourne autour d’un sentiment fondateur, d’un nouveau point de départ dans l’existence.  Il contient l’idée d’une nouvelle origine à partir du sentiment de se sentir en famille avec quelqu’un que l’on a connu à l’extérieur. (Extérieur, par opposition à la famille d’origine connue depuis la naissance).   

    Ces notions existent indépendamment de tous les standards de représentation traditionnels. 
    Les préférences sexuelles n’entrent pas en ligne de compte, tout foyer qui diffuse cet environnement familial, quel que soit sa composition, est légitime par le simple fait qu’il existe, il n’y a aucune exception.  

    Il est à noter que l’avènement non pathologique d’une réalisation dont la pulsion est le ressort, passe toujours par une rencontre.

    Le corolaire est que la réalisation d’un désir impliquant une autre personne, sans qu’il y ait d’échange sensible avec elle, est totalement pathologique et porte nom.

    Le fait de vouloir interférer avec autrui sans qu’il y ait échange sensible s’appelle « la réification de l’autre ». 
    Pour faire simple, l’autre est vu et/ou utilisé comme un simple objet au service de l’assouvissement de sa pulsion. 

    Nous voyons tout de suite de quoi il s’agit lorsque nous parlons de l’assouvissement d’une pulsion sexuelle.
    Passer à l’acte, sexuellement, à sa seule initiative comme si l’autre n’était qu’un objet est objectivement amoral. Le viol et l’abus sont caractérisés et sur le plan légal il s’agit d’un crime.

    Par contre, lorsqu’il est question d’une autre pulsion, celle du désir d’enfant ;
    même quand la dimension de la rencontre est absente,  
    même quand l’individu n’a fondé aucun foyer et veut assouvir son désir sur sa seule volonté, 
    il demeure très difficile de convaincre du fait que nous sommes, là aussi, devant un grave dysfonctionnement qui peut, à bon droit, être vu comme abusif.      

    Pourtant, il est flagrant que dans ce cas-là, la notion de foyer utilise l’enfant comme élément fondateur.

    Que le foyer existe pour l’enfant, on veut bien l’entendre ;

    Mais…., que le foyer existe par l’enfant, psychiquement parlant, ça fait des cours circuits partout !

    En effet, dans un tel schéma, l’enfant devient un membre fondateur du foyer, au même titre que le serait un conjoint, ce qui est une aberration psychique.    

    Lorsqu’un foyer existe PAR l’enfant, au niveau symbolique, c’est comme s’il était son propre père, la maman ayant conçu le foyer avec lui.  

    Malheureusement, le problème ne s’arrête pas là.

    Lorsqu’on est dans cette configuration, la relation parent/enfant se fait happer dans un complexe incestuel qui crée de la confusion à tous les niveaux. 

    Ce sont des confusions qui ne sautent pas tout de suite aux yeux et la mauvaise foi des idéologies peut en nier les effets.

    Cependant, sur le strict plan analytique, sans référence à la morale ou à l’idéologie, lorsqu’une femme célibataire, et soyons bien précis, je ne parle ici que des célibataires pures et dures qui rejettent toute notion de foyer, que ce soit avec avec un homme ou avec une autre femme, veut bénéficier d’une PMA pour constituer une famille faite d’elle et de son enfant, …..
    Tous les voyants de la bonne règle psychique se mettent au rouge !

    Bien sûr, la pulsion a un côté impérieux qui peut donner l’impression d’être irrépressible, mais s’il est demandé à toute personne civilisée de comprendre sa pulsion sexuelle, de l’apprivoiser et de la mettre en perspective avec la réalité  du monde, ce qui peut parfois conduire à s’abstenir, 
    la dignité humaine commande que l’on attende la même chose vis-à-vis de toutes les pulsions, y compris celle qui concerne le désir d’enfant.

    Soyons clair : Une certaine pensée idolâtre semble aujourd’hui vouloir sacraliser la pulsion du désir d’enfant alors qu’elle n’est jamais qu’au même rang que toutes les autres.

    Intéressons nous maintenant au sujet de la filiation.

    Même si l’adoption n’est pas au cœur de notre sujet, on ne peut se passer de l’évoquer dès lors que l’on parle de filiation.

    Nous savons que le monde psychique est capable d’adaptation et qu’il œuvre dans le sens de la croissance et de l’épanouissement.

    Lorsque pour X raison des parents laissent des orphelins, ces derniers doivent trouver des images parentales de substitution pour leur construction.

    Dans l’absolu, c’est parmi les adultes du cercle familial proche que les orphelins peuvent être idéalement recueillis.

    Ces adultes là ne sont pas demandeurs, ils n’ont pas le statut d’adoptants, mais ils s’adaptent au coup du sort qui a fait des orphelins et tiennent leur rôle.

    Dans ce cadre-là, les couples proches, ou à défaut des adultes seuls, grand frère, oncle grand père… ou sœur, tante, grand-mère… peuvent devenir des refuges familiaux très adaptés, même s’ils sont célibataires.

    Lorsque, par contre, il n’existe plus aucune filiation biologique et qu’il est question de chercher au dehors des parents adoptifs, là, les candidats célibataires, homme ou femme, posent problème. 
     
    Même si l’adoption n’est pas la PMA, adopter en tant qu’adulte célibataire recrée le même schéma que vu précédemment avec la création d’un foyer par l’enfant.
    Nous avons déjà vu à quel point une telle situation est intenable.   
      
    Par contre, dès lors que le foyer est déjà constitué la capacité d’adoption s’émancipe des représentations familiales traditionnelles, l’homosexualité ne disqualifie pas un couple pour ce qui est d’accueillir, de protéger et d’éduquer.
    Même au sein d’un couple du même sexe, la psyché de l’enfant saura trouver le vecteur qui le liera à l’archétype maternel et celui qui le liera à l’archétype paternel. 

    Des trois thèmes induits par le sujet de la PMA étendue, celui de la filiation est le plus facile à cerner puisqu’il est universellement acquis que la filiation peut s’émanciper de la lignée biologique et s’inscrire dans une lignée familiale fondée par un foyer.

    Il nous reste maintenant à nous intéresser au thème de la cohérence. 

    L’angle le plus souvent évoqué pour justifier la PMA étendue est qu’au nom de l’égalité des droits, on ne peut pas dire oui à des femmes engagées dans des relations hétéro et non à des femmes engagées dans des relations homosexuelles.

    Sur le plan du droit, l’argument est incontestable, sa logique est implacable et notre sens de l’égalité républicaine nous le fait approuver sans réserve.

    Par contre, sur le plan de l’entendement psychique, c’est une toute autre histoire. 

    La cohérence est un élément fondamental de l’équilibre psychique.

    Tous les ordinateurs du monde affichent des messages d’erreur si dans un programme de calcul on demande la division d’un produit par zéro. 
    C’est incohérent, c’est une opération impossible, ils ne peuvent pas la faire, 

    De la même façon, toutes les psychés du monde entrent en stress foncier lorsqu’on leur demande d’admettre que l’amour de deux femmes entre elles peut être biologiquement féconds.

    Lorsqu’on dit oui, pour la PMA à une femme impliquée dans un foyer hétéro, on donne un coup de main à la nature pour réaliser ce qu’elle aurait dû réaliser s’il n’y avait pas eu un obstacle quelconque.
    La sphère psychique ne s’en trouve pas perturbée puisque tout reste dans l’ordre connu des choses.

    Lorsqu’on dit oui pour la PMA à une femme impliquée dans un foyer ou le sentiment amoureux se réalise auprès d’une autre femme, on met la psyché en face d’une double contradiction, la première vis-à-vis du sentiment amoureux, la seconde vis-à-vis de la cohérence.

    Le sentiment amoureux est mis à mal par une conception qui ne peut pas être due à l’être aimé. 

    La conception vient d’un géniteur extérieur au couple, ce qui jette une ombre sur la sérénité du sentiment amoureux.
    Le sentiment amoureux se trouve hanté par une présence invisible étrangère au foyer, ce qui crée nécessairement et mécaniquement un stress diffus dans la relation.

    Là aussi, les mauvaises fois et les convictions passionnelles peuvent nier ce point parce que ça les arrange de le faire, mais personne de sérieux ne peut occulter la présence et le parasitage du père fantôme dans l’inconscient du couple homosexuel qui a bénéficié d’une PMA.

    La cohérence est aussi mise à mal, la filiation biologique au sein d’une relation qui ne peut pas la permettre soulève interrogation.

    Vouloir obliger l’être à enfanter à partir d’une relation par nature infertile revient à l’obliger à diviser par zéro, à faire quelque chose d’impossible.

    Si les constructions mentales peuvent s’accommoder d’une telle situation et construire des discours idéologiques qui justifient la PMA pour les couples homosexuels, la psyché ne sait pas composer avec l’impossible et les conditions névrotiques se mettent discrètement en place avec la bénédiction de la loi.

    Avec l’extension de la PMA, le législateur pense mettre fin à une injustice alors qu’il participe au trouble sociétal en aidant certaines personnes à fuir leur réalité et à s’émanciper de tout questionnement  philosophique ou moral. 

    C’est un peu comme si, là aussi, la pulsion était un commandement divin devant lequel tout devait se soumettre, quitte à briser la cohérence du psychisme et du sentiment.

    Dans le sujet qui nous intéresse, l’homosexualité fait partie du monde instinctif, l’amour homosexuel fait partie du psychique, la parentalité qui échoit de fait à des individus, à des couples d’individus, qu’ils soient hétéro ou homo fait partie du psychique et de ce qu’il sait appréhender. 

    Par contre, ce que le psychique sait, parce que cela fait partie de sa base de données structurelles, c’est que l’amour homosexuel n’est pas fertile.

    Vouloir imposer au psychique une réalité qui n’est pas la sienne et qui ne devient  possible qu’au travers d’une lourde intervention médicale ou d’une transaction avec un tiers revient à assassiner le sens et à forcer le psychique.

    Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme !
    L’incohérence détruit.
    Au fil du temps, des débris faits d’amertume et rancœur  sédimentent dans le marigot social et finissent par le scléroser.   


    Violences, hystérie, frustrations, superficialité, fuite en avant, égoïsme, irresponsabilité sont la rançon de toutes les incohérences que les sociétés imposent à leur membre.

     

    Les psychanalystes n’iront pas manifester contre la PMA étendue, elle n’est qu’une incohérence qui s’ajoute à toutes celles qui naviguent déjà dans l’inconscient collectif.


    Ils ne sont que les porte-parole du psychique, et comme lui, ils n’imposent rien, ils parlent un temps puis ils se taisent, laissant chacun développer sa pensée personnelle ou se diluer dans le grand n’importe quoi d’une pensée dominante délétère qui élude toute question sur le sens.



     


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